Par Jung Joo-ri et Lee Jihae, photos MillFactory Studios
Le mot « gori », qui signifie la chaîne en coréen, symbolise la carrière musicale de Torben Westergaard, bassiste et compositeur danois. Depuis la sortie de son premier album « What I Miss » en 1990, il a fait fusionner des éléments musicaux d'autres pays tels que le Brésil et l'Argentine avec ceux de l'Europe du Nord. Sa musique sert de lien entre deux cultures différentes.
Pour lui, « Gori Project » est une aventure audacieuse. Dans ce nouvel album, sorti le 27 mars, il a essayé d’harmoniser l’esprit danois au coréen.
Voici une interview écrite avec le musicien de jazz basé à Copenhague, au Danemark, à propos du nouvel album.
- Combiner la musique traditionnelle coréenne avec le jazz est un concept unique. Qu'est-ce qui vous a amené à produire cet album ?
En septembre 2019, j’ai appris que Choi Eun-hee et Choi Byung-gil avaient été invités à Copenhague en tant qu'artistes en résidence pour le JazzDanmark. J’ai sauté sur l’occasion parce que je suis fasciné par les instruments de musique asiatiques depuis ma vingtaine. J'ai fait confiance à mon intuition et j'ai contacté Eun-hee et Byung-gil. D'après mon expérience, les aventures musicales ont souvent été guidées par l'intuition et les tripes plutôt que par la logique et le raisonnement.
- Qui a participé à « The Gori Project » ?
J'étais le compositeur et responsable de la basse, Jacob Andersen jouait de la batterie occidentale, René Damsbak de la trompette, Choi Eun-hee du gayageum (instrument à 12 cordes traditionnel coréen) et Choi Byung-gil du janggu (tambour traditionnel coréen).
- Comment s'est déroulé l'enregistrement de l'album ?
La plupart des pistes de l'album ont été improvisées dans des structures libres. Jacob, René et moi sommes habitués à l'improvisation. Eun-hee et Byung-gil ont dit qu'ils n'avaient jamais improvisé auparavant, mais cela n'a pas posé de problème du tout car ils sont très doués pour utiliser la musique.
- Ce disque est votre première collaboration avec des musiciens traditionnels asiatiques. Quelle a été votre impression en entendant les instruments coréens ?
J'ai pu me remplir des sons d'autres cultures que je n'avais jamais entendus auparavant. Contrairement aux instruments occidentaux comme le piano, le gayageum et le janggu peuvent exprimer une microtonalité, donc les deux sont plus facilement compris par les oreilles occidentales.
- Quel est votre meilleur souvenir durant l'enregistrement de l'album ?
Quelques jours avant l'enregistrement, j'ai rêvé de mon père décédé. Il se promenait parmi les pins avec de la musique en fond sonore. Je me suis réveillé et j'ai enregistré la mélodie sur mon téléphone. J'ai ensuite ajouté des accords et des harmonies pour l'accompagner et j'ai nommé la chanson « Far (Blandt Graner) ». Le mot « far » signifie « père » en danois. Après avoir écouté ce son, Byung-gil m’a dit qu'elle avait des similitudes avec une mélodie coréenne. Nous avons trouvé un terrain d'entente grâce à cette chanson.
- Qu'aimeriez-vous dire à ceux qui écoutent l'album ?
Cet album illustre la possibilité de coexistence entre deux cultures. A travers cet album, nous nous sommes rencontrés au milieu, en nous montrant tel que nous sommes. Nous avons transcendé les différences culturelles et communiqué à travers la musique, et j'espère que les auditeurs aborderont l'album de manière ouverte.