Une représentation de Pansori au palais Changdeokgung à Séoul. © Korea.net DB
Par la Journaliste Honoraire de Korea.net Laura Manseau Il se dit qu'à l'écoute du plus beau morceau de pansori votre cœur pourrait s'arrêter de battre.
Le pansori (판소리) est l'art coréen du récit chanté accompagné au Janggu (장구) sorte de tambour à double face. Ce genre musical est apparu au XVIIIe siècle au cours de la période Joseon. Au départ, les chanteurs de pansori accompagnaient les chamans, d'où le côté mystérieux qui en émane. Il est, de plus, particulièrement caractéristique de la musique coréenne, par la difficulté de sa technique vocale, son rythme et ses mélodies. Cet art n'est d'abord apprécié que des paysans, puis gagne ses lettres de noblesse au cours du XIXe siècle. Par ailleurs, en 1964 le pansori s'est vu proclamé « Bien culturel immatériel national », puis s'est vu nommé « Chef-d’œuvre du patrimoine culturel immatériel de l'humanité » par l'UNESCO en 2003.
Le mot pansori est composé de Pan (판) qui indique un lieu, la place publique dans les villages et Sori (소리) qui signifie littéralement « bruit ». Au-delà du chant, le « bruit » peut se référer aux bruissements du vent dans les feuilles, aux clapotis de l'eau, aux bavardages un jour de marché, en passant par les accents sonores des sentiments, en se questionnant sur la tonalité qu'arbore la tristesse ou de celle que revêt la colère.
Le chanteur de pansori incarne les personnages dont il narre l'histoire, il transmet leurs sentiments, leurs environnements. Cette incarnation passe par la voix, le chant, mais également par leurs expressions faciales et leurs gestuelles. Parfois, le chanteur peut se munir d'un éventail qu'il utilise pour appuyer son récit, en l'ouvrant ou le refermant brusquement pour marquer la soudaineté, ou en l'agitant avec délicatesse pour figurer le vol d'un papillon. L'éventail est alors sujet aux projections imaginaires des spectateurs, et ceux-ci par la stimulation de leurs sens que sont la vue et l’ouïe, sont emmenés au cœur du récit, qui semble dès lors prendre vie.
Une performance de pansori est avant tout une trinité, elle requiert : un chanteur, un percussionniste et un public. Si vous avez un jour l'occasion de faire partie de ce public, alors quand bien même vous ne comprenez pas la langue, il est fort probable que vous serez à même de saisir le fil de l'histoire qui vous est contée, de ressentir les intentions, les émotions que véhicule le chanteur au travers des variations de son souffle et de ses vocalises empruntes de sentiments sonores. Le pansori est une invitation au voyage intérieur, un hymne à l'humanité.
etoilejr@korea.kr
* Cet article est rédigé par un journaliste honoraire de Korea.net. Notre groupe des journalistes honoraires est partout dans le monde, pour partager sa passion de la Corée du Sud à travers Korea.net.