Par la Journaliste Honoraire de Korea.net Adriana Rabe de France, photos fournies par Clotilde, Montages réalisés par Adriana Rabe sur Canva
Clotilde s’est rendue au temple bouddhiste Bulguksa.
Dans le précédent article consacré aux études en Corée, nous avons fait la connaissance d’Inès. Nous avons découvert comment, sur un coup de tête après une discussion avec son ami, elle a choisi de partir faire un échange universitaire en Corée du Sud. Grâce à l’aide de son école, elle a réussi à partir à Séoul pendant un an.
Dans cette deuxième partie de la série nommée « ÉTUDIER EN CORÉE », je souhaite vous présenter Clotilde, une autre française partie en Corée du Sud. Elle a eu l’opportunité de faire un Master of Business Administration (MBA) dans une grande université coréenne.
Vous avez sûrement déjà croisé Clotilde sur la chaîne YouTube de Korea.net. Cette année elle participe au projet K-UNESCO Adventures. A l’initiative de l’UNESCO et de Funday Korea Networks, le projet K-UNESCO Adventures a pour objectif de faire découvrir aux étrangers les lieux culturels coréens inscrits au patrimoine de l'UNESCO. C’est dans la ville de Gyeongju que la saison 2 a commencé. Dans les trois premiers épisodes, déjà disponibles en ligne, nous pouvons découvrir le temple Bulguksa, le parc des Tumuli (Daereungwon) où se trouvent des tombeaux royaux et le Musée National de Gyeongju.
* Début de l’interview *
Q1 : Bonjour, merci beaucoup de prendre le temps de participer à cette interview à destination des lecteurs francophones du site Korea.net. Pourriez-vous vous présenter en quelques mots (d’où vous venez, votre parcours…) ?
Clotilde : Bonjour, avec plaisir. J'ai grandi en région parisienne avant d'emménager en famille à Paris au début de mes études. J’ai eu la chance d’avoir des parents pour qui l’ouverture culturelle est primordiale, j’ai donc énormément voyagé dans mon enfance. Durant mon adolescence, je suis beaucoup partie en échanges linguistiques également, mes parents étant persuadés que l’anglais serait un excellent atout, et je leur dois mon niveau d’anglais actuel, c’est certain. À l’heure actuelle, je parle quatre langues : le français, l’anglais, l’espagnol et le coréen. J'ai suivi le Master Commerce International de l’ESCE International Business School. Et je suis partie en quatrième année en double diplôme au Pays de Galles (2018) ; c’est d’ailleurs à ce moment-là que j’ai découvert mes premières séries coréennes sur Netflix. Après la fin de mon Master spécialisé en Marketing digital et communications des produits de prestige, j'ai travaillé un an à Londres et j’ai ensuite décidé de réaliser mon rêve de vivre en Corée. (La France était paralysée par la Covid-19, c’était le moment idéal, je me suis dit que « je n’avais rien à perdre ».)
Q2 : La Corée du Sud est un pays qui attire énormément d’étudiants. Pourquoi avez-vous choisi de partir là-bas ?
Clotilde : Oui, je suis d’ailleurs extrêmement surprise que l’engouement ne diminue pas. Je le vois énormément au travers d’échanges avec mes followers français sur Instagram. La première raison est ma passion pour la culture que j’ai développé via la K-pop et les K-dramas mais aussi via mes discussions avec des amis y ayant déjà voyagé. J'ai eu l'occasion de voyager deux fois en Corée du Sud avant de me décider à franchir le pas pour de bon. Malgré ces deux voyages, en 2018 et 2019, ma curiosité restait intacte. Deuxièmement, spécialisée en commerce international, voyant les relations France-Corée s'intensifier, j'ai réalisé que dans le cadre de ma carrière cela serait un énorme plus, pouvoir connaître le marché coréen et ensuite travailler, par exemple, pour une entreprise coréenne voulant s’implanter en Europe ou au contraire une entreprise française ayant besoin de quelqu’un de confiance en Corée. Après quelques recherches le MBA de Korea University était une évidence !
Q3 : Que connaissiez-vous du pays avant de partir ?
Clotilde : J’avais bien évidemment un avant-goût de la culture, mais je dois avouer que durant mon premier voyage j’étais très « aveuglée » par l’image du pays parfait que les K-dramas reflètent. La réalité prend le dessus lorsqu’on y habite, aucun pays n’est parfait ! J’ai aussi beaucoup lu d'articles à propos de la Corée du Sud avant de me décider. Mais petite anecdote : je devais initialement partir seule au Japon dix jours en 2018 (passionnée de la culture japonaise depuis ma tendre enfance, j’ai encore une collection de mangas chez mes parents). Mais j'entendais tellement parler de la Corée, j’ai beaucoup hésité, je me rappelle avoir appelé deux amies en voyage en Corée à ce moment-là et elles m’ont convaincue ! J’ai donc visité en premier lieu la Corée et je suis partie presque un mois au Japon l’année d’après. Mais comme vous pouvez le voir, la Corée a su me convaincre davantage !
Clotilde dans les rues de Séoul.
Q4 : Comment avez-vous choisi l’université ? Quelles ont été les étapes que vous avez suivies pour postuler dans cette université coréenne ?
Clotilde : Ma réflexion était la suivante : je dois faire quelque chose en cohérence avec mon parcours scolaire et professionnel. Cela doit être un atout, pas juste une année de perdue entre guillemets. Deuxièmement, je me suis demandé comment on pouvait partir actuellement en Corée. En mars 2020, j’apprenais tout juste le coréen pendant le confinement, j’ai rapidement compris que les seuls visas possibles étaient les visas étudiants et professionnels (j’ai tenté d’obtenir un emploi à Séoul avant de penser à un MBA, mais cela s’est avéré impossible depuis la France et avec mon niveau débutant en coréen). J’ai pris quelques jours pour analyser les classements mondiaux de MBA, puis les classements en Asie : Korea University était dans le top 3 en Corée et son MBA semblait extrêmement reconnu en Asie. Je me suis rendue sur leur site, de mémoire il fallait envoyer un CV (deux ans minimum d’expérience professionnelle), des lettres de recommandations, écrire une lettre de motivation et répondre à un certain nombre de questions ouvertes. J’ai ensuite été pré-admise. La deuxième étape était un entretien avec le doyen du MBA. J’ai obtenu une bourse pour mon excellence académique et mon parcours professionnel (c’était ma seule condition pour partir, le MBA représentant un investissement conséquent pour moi). Je suis partie en août 2020. Je ne regrette pas ma décision !
Q5 : Pouvez-vous nous en dire plus sur votre expérience, sur la vie étudiante en Corée ? Notamment s’il existe une journée type et les différences ou similitudes que vous avez remarquées avec la vie étudiante en France.
Clotilde : Alors déjà je n'ai pas eu une vie étudiante normale avec la Covid, si je puis dire, mais c'est le cas de tout le monde. Je dois avouer qu’étudier à Korea University est un sacré défi, j’avais été prévenue quant au système éducatif coréen, mais je ne m’attendais pas à une charge de travail pareille au premier semestre ! Rien à voir avec les écoles de commerce françaises. Le système est très différent et les partiels sont sur les semaines de cours, donc aucun jour « off » pour réviser (beaucoup de nuits blanches !). Nous avons été chanceux, certains mois lorsque les cas baissent, l’école était autorisée à faire un mix de cours online et offline avec seulement, de mémoire, 20 % des élèves présents en offline, j’ai donc pu entrevoir la vie étudiante à KU. Le campus est immense, très à l’américaine (il y a même une patinoire !!!). En général, on commence les cours et à la pause du midi on se rend à l’un des restaurants/cafés du campus. Après les cours, il arrivait que nous dînions ensemble spontanément autour de Anam station. Je n’ai pas vu de différence extrême avec la France mis à part cette « américanisation » de l’université et le système éducatif très différent.
Q6 : Cette expérience a-t-elle changé votre vision de la Corée ? Si oui, comment ?
Clotilde : Bien sûr ! La Corée est un merveilleux pays (sinon je n’y resterais pas), mais on veut tous idéaliser la Corée du Sud et j’imagine que c’est normal quand le pays vend tant de rêve à la TV ou via la K-pop. Ayant une communauté française sur mon Instagram, j’essaie de ne pas être dans le stéréotype de la Française en Corée qui vends un idéal coréen et je m'attache à être la plus transparente possible, tout en conseillant mes followers pour leur prochain voyage (mais aussi quant aux meilleurs brunchs et cafés 😉). Y voyager et y vivre, c’est totalement différent, et je veux que toute personne envisageant d’y étudier le réalise. Il y a un réel fossé avec notre culture et société françaises et, parfois, cela peut « choquer » notre mentalité européenne, voire rendre notre vie difficile au quotidien. Il faut s’adapter au us et coutumes, comme dans tout pays, et respecter ses valeurs.
A gauche : Clotilde visite l’exposition « 2021 Delight Seoul » A droite : Clotilde est à E-World, à Daegu
Q7 : En Corée, comment maintenez-vous le lien avec la culture française ?
Clotilde : Je partage énormément avec ma communauté qui est d’ailleurs en majorité française. J’ai récemment fait partie du programme K-UNESCO Adventures qui permet de présenter des sites Unesco sur YouTube. J’ai pu faire découvrir les merveilles de Gyeongju à la communauté de Korea.net et à celle de Funday Korea. Je fais également partie de plusieurs réseaux de professionnels français et participe à des webinars. C’est essentiel pour moi puisque le but de ce MBA était aussi de développer mon réseau pour trouver un emploi ici, de préférence en lien avec la France.
Q8 : Quels conseils donneriez-vous aux autres étudiants souhaitant également étudier en Corée ?
Clotilde : Apprenez les bases du coréen avant de partir (Hangeul et niveaux 1-2 seront nécessaires dans la vie de tous les jours). Partir en Corée a un coût, vous devez le transformer en opportunité ! N’envisagez de partir que si cela est en parfaite adéquation avec votre parcours et que cette expérience est cohérente sur votre CV. Prévoyez votre budget, la vie est moins chère qu’en France, mais on est dehors aussi plus souvent et on voyage davantage, donc les dépenses sont énormes (notamment en café : la Corée est le pays le plus consommateur de cafés, haha, il y en a partout !). Voyager une première fois pour vous faire une idée avant de vous lancer entièrement serait mon conseil. Renseignez-vous sur les réseaux de Français en Corée sur Facebook. En général un premier échange (avec votre université) de six mois pourrait être judicieux avant d’envisager un Master (ou autre formation) en Corée.
Si vous envisagez d’y travailler : visez les meilleures écoles de Corée, à savoir Yonsei et Korea University. Il faut également un niveau minimum 4B en coréen. N'hésitez pas à me suivre sur Instagram si vous avez des questions ou si vous voulez en savoir plus sur la vie de tous les jours !
* Fin de l’interview *
Je remercie une nouvelle fois Clotilde qui a pris le temps de répondre à cette interview. Les réponses ont été recueillies en juin 2021.
Pour les personnes souhaitant avoir plus de renseignements sur les différentes opportunités d’études en Corée du Sud, vous avez la possibilité de visiter le site Study in Korea qui est le portail officiel du NIIED. Vous y retrouverez notamment les informations sur les Masters et aussi sur la bourse du gouvernement coréen (Global Korea Scholarship) dont les candidatures ouvrent deux fois par an (une fois pour les Bachelors, une fois pour les Masters). Au cours de l’année, il y a également plusieurs salons de l'éducation organisés vous permettant de mieux comprendre les formations offertes par les universités coréennes et de rencontrer le corps enseignant.
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Où retrouver Clotilde ?
Instagram :
https://instagram.com/clotildealienor
YouTube :
https://m.youtube.com/c/ClotildeAlienor
Vous pouvez également voir Clotilde dans les vidéos suivantes (K-UNESCO Adventures) :
Épisode 1 :
https://youtu.be/2L-BMYuGOrg
Épisode 2 :
https://youtu.be/wVo3rrd67i4
Épisode 3 :
https://youtu.be/kSetqEDJPhg
* Cet article est rédigé par un journaliste honoraire de Korea.net. Notre groupe des journalistes honoraires est partout dans le monde, pour partager sa passion de la Corée du Sud à travers Korea.net.
etoilejr@korea.kr