Par Nathalie Fisz, journaliste honoraire de Korea.net

L’âge n’est qu’un chiffre !

Au pays ou l’estime de soi passe souvent par l’appréciation de critères esthétiques, ce message représente bien l’une des concurrentes de Miss Universe Korea ; une concurrente qui affiche 81 printemps à son actif.

Qui est cette femme dont on ne cesse de parler beaucoup aujourd’hui et qui dans certaines interviews se définit comme une « grand-mère pas forcément ordinaire ».

De son foyer familial, aux hôpitaux de Corée, et aujourd’hui aux podiums où elle rayonne sous l’œil admiratif de ses proches, comment en est-elle arrivée là ?

Qui est celle dont la notoriété ne cesse de grandir et dont le nom et prénom se répandent sur la toile comme une trainée de poudre ?

Cette femme, n’est autre que la citoyenne coréenne Choi Soon-hwa.

Ces derniers mois j’ai bien discuté avec l’un de ses amis proches, Dane Quesadilla producteur d’évènements, lequel m’a invité dans l’un de ses groupes Facebook dédié à la Corée.

Il m’avait dit textuellement : « vous allez voir, les seniors coréens ont beaucoup à démontrer, et vont sans doute vous surprendre ».

Je comprends maintenant, ce à quoi il faisait allusion.

Découvrons à présent cette femme au parcours étonnant, dont la foi en la vie et la persévérance forcent l’admiration, l’inspirante Choi Soon-hwa.


Choi Soon-hwa, une jeune femme qui rêvait d’être modèle

Le 30 septembre dernier a eu lieu le concours de Miss Universe Korea.

C’est finalement Han Ariel, une jeune femme de 22 ans, étudiante dans le domaine de la mode, qui représentera la République de Corée à Miss Universe, le 16 novembre prochain au Mexique.

Parmi les candidates, l’une d’elles n’a pas démérité, c’est Choi Soon-hwa. Elle a été remarquée pour son élégance, remportant le prix de la plus belle tenue.

Mais Choi Soon-hwa n’est pas une débutante, puisqu’elle est modèle depuis l’âge de 72 ans.

Choi Soon-hwa est née le 11 octobre 1943 à Changwon dans la province du Gyeongsang du Sud. A cette époque, la Corée est encore sous la dominance du Japon.

Dans ses interviews, elle évoque avec pudeur les temps difficiles de la colonisation, et ceux de la guerre de Corée.

Choi Soon-hwa a dû affronter des difficultés familiales en élevant seule ses enfants, tâche d’autant plus ardue en Corée. Elle a aujourd’hui deux enfants, et trois petits-enfants (deux petits-garçons, et une petite-fille).

Dès sa vingtième année, elle a travaillé comme aide-soignante pendant trois ans.

Elle explique qu’elle aimait déjà la mode dans sa jeunesse. Elle se souvient dans les années 1950, des photos de dames portant de beaux vêtements ; photos vues dans le magazine Yeowon.

Elle rêve de devenir comme ces femmes élégantes. Mais à l’époque en Corée, elle comprend qu’elle ne peut pas encore prétendre exercer un tel métier.

Avec beaucoup de dévouement, elle se consacre alors à sa vie familiale. Elle s’investit également comme évangéliste pendant une dizaine d’années.

Un fâcheux évènement change radicalement le cours de sa vie.

Choi Soon-hwa explique qu’elle a contracté un prêt de plus de 100 millions de wons pour venir en aide à quelqu’un.

Elle perd ses économies de retraitée, et doit faire face à une énorme dette financière.

Elle se voit alors dans l’obligation de retourner vivre chez son fils, et de reprendre un poste à temps plein comme infirmière.

En 2014, l’une de ses patientes la regarde et lui dit qu’elle est toujours une très belle femme, et devrait se tourner vers le mannequinat.

Choi Soon-hwa se dit alors très surprise. Elle raconte avoir à cette époque mauvaise mine, le teint pâle, et pour seul apparat sa tenue d’infirmière.

Elle explique dans un entretien accordé au Washington Times qu’elle se demande encore aujourd’hui comment cette patiente a pu voir en elle une mannequin. Elle pense qu’il devait y avoir à ce moment-là quelque chose d’invisible et de divin.

Une carrière de mannequin à plus de 70 ans

Choi Soon-hwa commence à faire du mannequinat un jour ou deux par semaine. Pleine de bon sens et de ressources, elle s’entraîne à marcher dans les couloirs de l’hôpital, qu’elle arpente tous les jours de midi à quatorze heures.

Elle s’imagine parcourant le « cat walk » d’un défilé et se demande : « comment cela serait si je défilais comme ceci, ou si je défilais comme cela ».

Un jour, elle reçoit un appel téléphonique de la designer Kimmy J.

Rappelons que Kimmy J. est une célèbre marque de streetwear coréenne, dont la directrice artistique est Heejin Kim. La marque est présente dans le monde entier et notamment lors de la Fashion Week de New York et de Séoul. Les célébrités du monde K-Pop comme Twice ou Shinee portent cette marque, et la mettent à l’honneur sur leurs pochettes d’album et leurs clips vidéo.

La designer demande à Choi Soon-hwa de participer à un défilé et de porter sa marque, ce qu’elle accepte. C’est ainsi qu’en 2019, à 76 ans, elle défile notamment avec un blouson destiné dit-elle, à la jeune génération.

Sa carrière prend une grande ampleur à ce moment là et sa notoriété s’accroit puisqu’on la qualifie même de « légende ».

Choi Soon-hwa qui a défilé lors de la Fashion Week de Séoul est apparue dans les éditions coréennes de Elle et de Harper’s Bazaar. On l’a vue également dans GQ Korea et Vogue Art.

Dane Quesadilla m’a envoyé un message sur Kakao Talk disant qu’elle avait également présenté d’autres marques prestigieuses comme Ami, Balenciaga, Dolce&Gabbana, Givenchy, Louis Vuitton, Ralph Lauren, Roger Vivier ou Valentino Garavanio.


Des défilés au concours de Miss Universe Korea

Choi Soon-hwa est consciente d’avoir un bon capital santé et en connaît sa valeur.

Elle pratique régulièrement l’activité physique comme la marche, les étirements et accorde beaucoup d’importance à manger sainement. Elle invite toutes les personnes et notamment celles dites « senior » à faire de même.

Mais surtout, Choi Soon-hwa a à cœur de garder toujours un état d’esprit positif et de chasser, dans la mesure du possible, toutes les pensées négatives qui pourraient venir assombrir son état d’esprit.

Par ailleurs, les critères de participation au concours de Miss Univers ont changé.

Les restrictions d’âge ont été supprimées (la limite d’âge était de 28 ans), et il n’est plus obligatoire d’être célibataire.

Choi Soon-hwa a voulu saisir cette opportunité d’entrer à nouveau sur la scène internationale. Elle est la candidate la plus âgée de l'histoire de ces concours de beauté.

Elle est supportée par sa famille, et ses amis proches. Choi Soon-hwa raconte d’ailleurs qu’elle avait eu au départ une petite appréhension à dire à son fils qu’elle entamait une carrière de mannequin.

La réponse de celui-ci l’a rendue heureuse et l’a soulagée car il a dit : « Bon travail Maman. Tu mérites d’avoir tes propres loisirs ».

Un trio gagnant à l’esprit positif

Pour en arriver à concourir pour Miss Universe Korea, Choi Soon-hwa a pu compter sur le soutien sans faille du photographe Franchely et du producteur Dane Quesadilla.

Franchely Figueroa qui a travaillé en Chine, Japon, Vietnam, Thaïlande et Corée a dit ceci à propos de Choi Soon-hwa : « Elle a été sous mon objectif à trois reprises, et la dernière fois c’était pour effectuer ses portraits destinés au concours de Miss Univers Corée. Elle m’inspire par son histoire, sa persévérance et son talent. Elle a brisé les barrières que nous imposent la société, cette société qui nous limite à réaliser nos rêves et à atteindre nos objectifs lorsqu’un certain âge est atteint.

Il ajoute que le message de Choi Soon-hwa est puissant. « Personne ne doit jamais cesser de faire ce qu’il n’aime, ni renoncer à ses objectifs parce qu’elle a un certain âge. L'âge n'est qu'un chiffre, va au bout de tes rêves et de tes objectifs et continue à te battre pour atteindre tout ce que tu veux ».

Son ami Dane Quesadilla a déclaré à son attention : « La foi est la plus grande force motrice qui nous a conduits, Choi Soon-hwa et moi-même jusqu’à ce jour. J’avais promis faire de mon mieux pour l’aider à devenir une star mondiale en cinq ans, et cela est devenu une réalité en deux ans. Je suis sûr que c’est à cause d’une pure croyance positive. Je considère le travail d’équipe comme la foi dans le meilleur ».

Choi Soon-hwa qui a souligné son désir d’inspirer positivement les autres voudrait qu’on se souvienne d’elle comme d’un mannequin qui a bien réalisé son travail.

Avec élégance, elle porte ce message : « La jeunesse commence lorsque l’on commence à rêver ».

Quelques mots encore

C’est ainsi que grâce à Dane Quesadilla que je remercie de tout cœur, que j’ai pu découvrir cette incroyable citoyenne coréenne au parcours peu commun.

Bien sûr, il faut être dans de bonnes conditions physiques pour accéder à une telle carrière, et l’on sait combien la vie peut être cruelle, quand elle emporte des personnes parfois très jeunes frappées de maladies.

Mais Choi Soon-hwa qui en plus était soignante connaît certainement sa chance et voudrait justement partager son expérience et son vécu au plus grand nombre.

Il est long le chemin parcouru par cette jeune fille qui rêvait en regardant les photos du magazine Yeowon jusqu’au concours de Miss Universe Korea 2024.

C’est certain, Choi Soon-hwa n’a pas fini de nous inspirer.


* Présents partout à travers le monde, les journalistes honoraires de Korea.net ont pour mission de faire connaître et partager leur passion de la Corée et de la culture coréenne au plus grand nombre.

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