Une peinture bouddhiste datant de la fin de la Période Joseon (1392-1910) est, enfin, de retour en Corée, après un siècle d’errance. Cette grande toile, appelée «Triade de Bouddhas Sakyamuni» (traduction non officielle) représente le Bouddha prononçant un sermon, deux Bodhisattva à ses côtés, respectivement à sa droite et à sa gauche. Et, c’est le 7 janvier que la Fondation pour le Patrimoine Culturel Coréen à l’Etranger a présenté à la presse ce tableau. Abritée désormais par le Musée National de Corée dans le centre de Séoul, cette oeuvre avait été restituée à la Corée par l’Hermitage Museum and Gardens de la ville de Norfolk en Virginie aux Etats-Unis.
La toile «Triade coréenne de Bouddhas Sakyamuni» est de retour en Corée, un siècle après avoir été dérobée (photo publiée avec l’aimable autorisation de la Fondation pour le Patrimoine Culturel Coréen à l’Etranger).
Le 7 janvier, c’est au Musée National de Corée, situé à Séoul, que le tableau «Triade de Bouddhas Sakyamuni» est présenté à la presse (photo publiée avec l’aimable autorisation de la Fondation pour le Patrimoine Culturel Coréen à l’Etranger).
Cette toile fait 318,5 centimètres de long pour une hauteur de 315 centimètres. Elle aurait été accrochée derrière des statues de Bouddha et peinte dans les années 1730. En effet, les couronnes ornées de joyaux comme les accessoires portés par les Bodhisattvas rappellent ceux que l’on peut observer dans une peinture bouddhiste datant de 1731 et conservée au sein du Temple Songgwangsa à Suncheon, dans la province de Jeolla du Sud, c’est-à-dire Jeollanam-do.
Néanmoins, les critiques d’art objectent que le style de l’oeuvre qui vient de faire son retour en Corée est bien différent de celui des autres triades bouddhistes. Ainsi, peut-on remarquer, au bas de la toile, deux des dix élèves de Bouddha, Ananda et Kasyapa, assis devant leur maître. Or, dans les autres tableaux, ces deux personnages étaient représentés en miniature dans chaque angle supérieur de la peinture.
C’est en visionnant la vidéo «Dix chefs d’oeuvre de Virginie en péril» mise en ligne sur YouTube qu’un employé de la Fondation pour le Patrimoine Culturel Coréen à l’Etranger a découvert la toile en mai 2013. Ce court-métrage avait été réalisé par l’Association des Musées de Virginie pour une campagne de levée de fonds en vue de financer la restauration de ces oeuvres. Par la suite, la fondation a demandé à ce que la toile soit restituée à la Corée. A ce titre, elle a engagé des négociations avec l’Hermitage Museum and Gardens. Une grande société de jeux vidéo ayant offert son concours financier, le musée a donc finalement accepté de rendre la toile.
Par ailleurs, cette toile avait été extraite du temple où elle était préservée sans que personne n'en soit averti, lorsque la Corée était sous occupation japonaise. Elle avait, ensuite, été transférée au Japon. Là, Yamanaka & Co., un marchand d’art japonais, est entré en possession de cette peinture qui fut par la suite expédiée aux Etats-Unis où elle a fait le tour des musées et galeries d’art. A cet égard, elle a été notamment exposée au Toledo Museum of Art, mais après l’attaque japonaise de Pearl Harbor en décembre 1941, le gouvernement américain a saisi, par l’entremise du Bureau chargé de la conservation des biens étrangers, les biens japonais aux Etats-Unis dont ceux de Yamanaka. En outre, les autorités américaines ont procédé à la vente aux enchères des oeuvres confisquées. C’est ainsi qu’en 1944, l’Hermitage Museum and Gardens a achetée cette toile pour 450 dollars auprès d'une maison de vente aux enchères.
En 1954, la toile a fait l’objet d’un prêt pour 20 ans dans le cadre d’une exposition permanente au Musée d’Art et de Science de Norfolk, devenu par la suite le Musée d’Art Chrysler, puis il a été transféré à l’Hermitage Museum and Gardens en 1973. Il fut alors roulé pour être conservé dans les réserves du musée durant plus de quatre décennies.
«C’est une oeuvre rare dans l’histoire de l’art, car elle présente une composition que l’on n’a pas encore observé dans d’autres peintures», a déclaré Kim Seung-hee, responsable au Musée National de Corée, spécialiste des peintures bouddhistes de la période Joseon. «Il s’agit d’une oeuvre excellente parmi les peintures bouddhistes datant de la période Joseon car les personnages y arborent des expressions d'une grande finesse».
Catalogue des biens du marchand d’art Yamanaka & Co. mis aux enchères en 1944 (Photo publiée avec l’aimable autorisation de la Fondation pour le Patrimoine Culturel Coréen à l’Etranger).
Rédaction : Limb Jae-un (jun2@korea.kr) pour Korea.net
Version française : Alexia Griveaux Carron