Des coussins décorés avec les motifs traditionnels jogakbo, harmonie de formes et de couleurs.
"Les arts traditionnels seront toujours couronnés de succès", assure Kang Keum Seong, une conceptrice d'artisanat de ViiN Collection. Elle réalise des pièces de literie, des vêtements et d'autres objets d'artisanat en utilisant la méthode de couture traditionnelle en patchwork jogakbo.
"En comparaison des biens culturels immatériels et des maîtres qui ont créé leurs œuvres en travaillant dur pendant de nombreuses années, je suis encore une débutante", ajoute Kang qui a pourtant commencé à faire des objets en jogakbo depuis qu'elle a atteint l'âge adulte.
Kang Seong Keum de ViiN Collection maîtrise la méthode traditionnelle de patchwork jogakbo en ornant de ces motifs typiques des pièces de literie et des vêtements modernes, des objets que l'on peut utiliser tous les jours.
"Le Jogakbo est un don hérité de l'esprit des femmes coréennes, les joies et les peines des gens du peuple et l'intégrité professée par les érudits confucéens traditionnels seonbi, pendant les périodes difficiles" précise l'artisan pour expliquer le style jogakbo à base de formes géométriques traditionnelles et de couleurs vives.
"Par le passé, lors de pénuries, nos ancêtres ont recueilli les petits morceaux de tissu et les ont cousus ensemble pour créer de nouvelles choses. Le Jogakbo garde cet état d'esprit de nos ancêtres", souligne Kang Keum Seong, en détaillant la signification des pièces réalisées en patchwork traditionnel.
La Présidente Park Geun-hye (au centre) entourée d'autres dirigeants lors du Sommet commémoratif Corée-ASEAN : tous portent des écharpes décorées de motifs jogakbo. (Photo : Cheong Wa Dae)
Quand elle était petite, Kang a été élevée par trois grands-mères à Andong, dans la province du Gyeongsang du Nord. Elle a ainsi grandi entourée de couture et de vêtements.
"J'ai vu ma grand-mère maternelle coudre des hanbok, le costume traditionnel coréen, et élever les vers à soie quand elle vivait chez son cousin. J'ai commencé à faire de la literie jogakbo et mes oreillers en soie naturelle et faits à la main sont devenus vraiment populaire au Japon", confie Kang.
La directrice générale du FMI, Christine Lagarde, lors d'une conférence de presse à Séoul, en décembre 2013. Elle porte un foulard jogakbo qu'elle a reçu de l'ancien ministre de l'Égalité des sexes et de la Famille, Cho Yoonsun, qui occupe aujourd'hui le poste de Secrétaire présidentiel aux Affaires intérieures.
Les œuvres en jogakbo de Kang ne se limitent pas à de la literie. S'étant penchée sur la façon de préserver le jogakbo et de le mettre en harmonie avec la société moderne, elle a trouvé une réponse lorsque l'ancien ministre de l'égalité des sexes et de la famille Cho Yoonsun lui a demandé de réaliser une écharpe spéciale avec des motifs jogakbo, avant la visite en Corée de la directrice générale du FMI, Christine Lagarde. Le professeur français Guy Sorman a salué la qualité de l'écharpe en déclarant : "Il est rare de voir une telle variété de couleurs dans une civilisation. La Corée préserve une des plus belles cultures traditionnelles et des scènes de la mode en Asie".
Le Jogakbo peut être utilisé pour fabriquer divers articles d'habillement, par ailleurs, et pas seulement des écharpes. Il convient pour produire une gamme de produits textiles, depuis des châles jusqu'à des couvertures en cachemire en passant par des vêtements, des chaussettes ou des chapeaux pour bébés. Des écharpes décorées avec des motif jogakbo ont également été portées par les dirigeants et leurs conjoints lors du Sommet commémoratif ASEAN-République de Corée à la fin de l'année 2014.
"Créer des pièces en jogakbo n'est pas toujours une tâche facile, car il faut beaucoup de temps pour réaliser chaque point avec minutie", rappelle Kang.
"Quand j'observe des modèles de jogakbo, cela me rappelle les sillons du passé" assure Kang, ajoutant qu'elle reçoit dans sa boutique d'Insa-dong, à Jongno, au centre de Séoul, des amateurs du monde entier chaque jour. Kang a beaucoup d'anecdotes au sujet de ses clients. L'une de ses habituées est un Allemande qui lui a rapporté que la couverture en jogakbo qu'elle a achetée dans la boutique était maintenant très populaire en Allemagne. Un autre client, de Singapour, a acheté un grand nombre de couettes, en contactant la boutique par email après son retour. Et un client de Hong Kong a même visité l'atelier de Kang après avoir admiré son artisanat jogakbo.
Les motifs jogakbo en forme d'ailes de moulin représentent l'espoir que la vie d'une personne puisse se dérouler sans heurts. "Bien que ce ne soit pas un travail facile, car chacun des modèles transmet un sens spécifique et chaque création exige beaucoup de travail, je vais continuer à travailler le jogakbo" conclue Kang avec un sourire.
Rédaction & photos : Jeon Han (hanjeon@korea.kr) pour Korea.net
Version française : Bruno Caietti
Cette jetée de lit décorée de motifs jogakbo a été exposée au stand de l'artisanat traditionnel coréen lors du Salon du Meuble de Milan, en Italie.
Un coussin jogakbo est rempli avec des cocons de vers à soie ou du sarrasin.
Des motifs jogakbo apparaissent également sur des vêtements pour bébé. Suivant la croyance populaire, le logo jogakbo apposé sur le vêtement éloigne malheur.