Le 25 mars, lors d’une rencontre trilatérale en marge du troisième sommet sur la Sécurité Nucléaire à La Haye, les dirigeants de la Corée du Sud, des Etats-Unis et du Japon ont qualifié d’inacceptable une Corée du Nord nucléaire.

Au cours de cette réunion tripartite, la première depuis six ans, la Présidente Park Geun-hye, le Président Barack Obama et le premier ministre japonais Shinzo Abe ont insisté sur la nécessité pour les trois pays d’afficher une unité sans faille s’agissant de la question nucléaire nord-coréenne.


Selon Cheong Wa Dae, les trois chefs d’Etat et de gouvernement ont estimé que les pourparlers à six sur le programme militaire nucléaire de Pyongyang ne pourraient reprendre que lorsque les conditions seraient réunies pour permettre des avancées substantielles en matière de dénucléarisation, non pour le simple principe de convoquer une réunion. Ils ont aussi accepté de continuer à coopérer étroitement et à réfléchir aux voies envisageables pour répondre à la question nucléaire nord-coréenne.

En effet, ils ont convenu d’appeler Pyongyang à procéder au démantèlement de l’ensemble de ses programmes nucléaires, en particulier l’enrichissement en uranium et son arsenal nucléaire, d’une manière complète, vérifiable et irréversible. A cette fin, les dirigeants ont admis qu’il était essentiel de s’assurer de la coopération de la Chine pour convaincre le Nord de renoncer à ses ambitions nucléaires d’une manière constructive.

«La coopération tripartite entre Séoul, Washington et Tokyo est devenue plus importante que jamais, le Nord ayant multiplié les provocations et les menaces à l’encontre de la sécurité nucléaire et renforcé sa puissance nucléaire, que ce soit sur le plan quantitatif ou qualitatif», a expliqué le Président Obama. «Il nous revient de prendre les mesures permettant de dénucléariser le Nord d’une manière complète et vérifiable, et nous devons faire comprendre à l’Etat communiste qu’il devra désormais assumer les conséquences de ses actes et que nous répondrons d’une seule voix à ses provocations comme à ses menaces».


Par ailleurs, la chef de l’Etat coréen a souligné la nécessité pour les trois pays, comme pour la communauté internationale, de s’en tenir à la politique de tolérance zéro au sujet du programme militaire nord-coréen et d’apporter une réponse concertée et unie. «Il faut dégager un solide consensus international sur le fait que le programme nord-coréen est inacceptable et que le Nord doit changer de stratégie pour sécuriser son arsenal nucléaire».

De plus, la Présidente Park a indiqué qu’elle ne reprendrait les discussions en vue de relancer les pourparlers avec le Nord, que si de telles discussions pouvaient permettre de réaliser des avancées tangibles sur le plan de la dénucléarisation de l’Etat nord-coréen et de contenir le développement de sa puissance nucléaire.

«La coordination entre les trois pays jouant un rôle crucial lorsqu’il s’agit d’aborder la question des armes nucléaires nord-coréennes, les négociateurs en chef pour le dossier nucléaire se rencontreront très prochainement et nous pourrons débattre des moyens de coopérer sur cette question», a souhaité la Présidente Park.

«Il est tout à fait significatif que les dirigeants des trois puissances régionales se soient réunis pour évoquer le problème que pose la sécurité nucléaire», a expliqué le Premier Ministre japonais. «Il est crucial pour la Corée, le Japon et les Etats-Unis de poursuivre leur collaboration sur le dossier nucléaire nord-coréen», a-il ajouté.

Le dirigeant japonais a exprimé l’espoir de voir les trois Etats continuer à conjuguer leurs effort afin d’inciter le Nord à adopter une attitude positive sur les questions du nucléaire, des missiles et de l’humanitaire, à l’image des familles que la Guerre de Corée (1950-1953) a séparées.

Pour sa part, la Présidente Park a fait allusion à l'opportunité inespérée que représenterait pour la péninsule, comme pour le monde entier, la réunification coréenne qualifiée d'aubaine selon la perspective proposée par son gouvernement. A ce titre, la chef de l’Etat coréen a plaidé pour que les dirigeants mondiaux s’emploient à créer un contexte dans le cadre duquel le Nord n’aurait pas d’autre option que de changer de position et de s’engager en faveur de la dénucléarisation et d’une paix durable dans la péninsule coréenne. «Dans le même temps, les dirigeants devraient tout mettre en oeuvre pour progresser sur la voie de la réunification pacifique des deux Corées», a-t-elle ajouté.

«Notre gouvernement ne cesse de privilégier une approche de principe en faveur d’une aide humanitaire à la Corée du Nord et s’est efforcé de promouvoir les échanges non-gouvernementaux dans les domaines sportif et culturel, se préoccupant des plus vulnérables comme les enfants nord-coréens», a-t-elle précisé.

En outre, elle a affirmé qu’il était vital d’instaurer la paix et la sécurité en Asie du Nord-est pour relever l’ensemble des défis abordés, à savoir régler la question nucléaire nord-coréenne, convaincre Pyongyang de changer d’attitude et pour finir parvenir à l’unification des deux Corées. A cet égard, elle a insisté sur l’importance de la stratégie de rééquilibrage des Etats-Unis vers l’Asie et du «pivot» américain* dans la région, ajoutant que son initiative en faveur de la paix en Asie du Nord-est s'inscrivait dans la stratégie américaine.

* NDLT : une stratégie qui a pour objectif de façonner l’environnement sécuritaire de l’Asie sur le court terme (source : «Le pivot américain en Asie du Sud-est», affaires stratégiques, 7 janvier 2014). En effet, «c’est dans la région Asie-Pacifique que la croissance économique, l’innovation et les perspectives d’augmentation du commerce international sont les plus fortes et les États- Unis entendent y défendre au mieux leurs intérêts» Yves Boyer, la Stratégie et rééquilibrage des Etats-Unis vers l’Asie-Pacifique et la Chine, Fondation pour la Recherche Stratégique, juin 2013).

Rédaction : Wi Tack-whan, Sohn JiAe (whan23@korea.kr) pour Korea.net
Version française : Alexia Griveaux Carron