Journalistes honoraires

04.11.2021

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Par la Journaliste Honoraire de Korea.net Danielle TARTARUGA de France

Ophélie Surcouf vient d’écrire un livre que j’aurais moi-même souhaité rédiger. Pouvoir coucher noir sur blanc un début d’explication sur l’engouement actuel qu’ont les gens, pour la Corée du Sud. Cet attrait pour le pays, touche tous les milieux sociaux, toutes les tranches d’âges (bien qu’il y ait quand même une forte proportion de jeunes adultes), aussi bien les hommes que les femmes et ceci dans presque tous les pays du monde. La France aussi est concernée et bien qu’elle « se réveille » un peu tard, elle est actuellement en pleine effervescence et rattrape rapidement beaucoup d’autres pays déjà « sous le charme » du pays du Matin calme. Je me demandais justement ces derniers mois, ce qui était à l’origine de ce coup d’accélérateur français. Le livre d’Ophélie permet de le comprendre. Elle offre au travers de ses interviews des éléments de réponses et ses invités ont été soigneusement choisis afin qu’ils soient très représentatifs de la variété des motivations qui peuvent déboucher sur une véritable passion pour la Culture de ce fabuleux pays. J’ai souhaité rencontrer Ophélie Surcouf, pour qu’elle nous explique sa démarche et sa méthode d’investigation pour répondre de la façon la plus exhaustive possible à cette question simple, mais pourtant si vaste… Pourquoi la Corée ?

Photo 1 : couverture du livre « Pourquoi la Corée » (crédit photo : Ophélie Surcouf)

Couverture du livre « Pourquoi la Corée » © Ophélie Surcouf


1/ Vous êtes journaliste et vous avez longtemps vécu en Corée du Sud, pourriez-vous nous présenter votre parcours ?

J’ai un parcours plein d’aller-retour ! Je suis partie en échange en Corée lorsque j’étais encore à l’école de journalisme, je suis rentrée en France un an, puis je suis repartie à Séoul un an. La culture coréenne, et plus particulièrement les séries coréennes, sont un sujet que j’ai toujours tenté de mettre en avant dès que je travaillais dans un média : sur Numerama, au Monde, au Figaro… J’ai participé à la création de K-society, le premier magazine français entièrement dédié à raconter la culture coréenne à travers les K-dramas et j’ai hâte de lancer de nouveaux projets.

2/ Vous êtes passionnée par le Corée du Sud depuis de nombreuses années, est-ce toujours la même passion qui vous anime au fil du temps ?

Ma passion pour la culture coréenne est encore plus forte aujourd’hui que lorsque j’étais adolescente. Plus j’en apprends sur elle, plus je la trouve complexe et passionnante. Je ne m’ennuie jamais – il y a toujours plus à découvrir (elle évolue en permanence) ou à redécouvrir (car elle change à toute vitesse).

Photo 2 : Ophélie Surcouf l’auteure (crédit photo : Anna Lefour)

Ophélie Surcouf l’auteure © Anna Lefour


3/ Vous venez d’écrire un livre « Pourquoi la Corée ? », qu’est-ce qui vous poussée à vouloir rédiger cet ouvrage ?

Le projet m’a été confié par ma maison d’édition, l’Atelier des Cahiers, en 2017 : on m’a laissé carte blanche pour parler de l’impact de la culture coréenne à l’étranger. Une ou deux semaines plus tard, j’ai rencontré Constanza Jorquera à Séoul, une professeure chilienne qui étudie les fans de K-pop à Santiago. En discutant avec elle je me suis rendu compte que je voulais raconter l’histoire de personnes comme elle, des passionnés de Corée qui pourraient aussi porter un regard informatif sur un pan de la Hallyu. Je crois que le livre est né autant d’une envie de partage – la culture coréenne est fascinante et ne cesse de grandir, il est important de savoir d’où elle vient –, que d’une quête personnelle – comprendre la force de mon attachement à la culture coréenne.




Photo 3 : Présentation du livre par l’éditeur l’Atelier des Cahiers ( Photo copie-écran du compte FB)

Présentation du livre par l’éditeur l’Atelier des Cahiers (Photo Capture d'écran du compte Facebook)



4/ Le lexique présente 12 verbes, qui dit verbe dit action ! pouvez-vous nous expliquer ? Pourquoi ce choix ? Quels sont les grands thèmes abordés dans ce livre ?

« Pourquoi » est volontairement une question ouverte - on ne peut pas y répondre par oui ou non -, mais je voulais que la réponse tienne tout de même en un mot. Les verbes se sont imposés assez naturellement car ils peuvent être actifs, passifs, conjugués… C’est une catégorie de mots qui s’adapte à ce qui l’entoure et au contexte. Or l’une des choses qui m’a obsédée avec ce livre était que je ne voulais pas qu’il soit obsolète à sa sortie. La culture coréenne avance tellement vite ! Je voulais que l’on puisse le lire dans cinq ou dix ans et qu’il ne soit pas hors-sujet. C’est pour ça que c’est un recueil d’histoires et donc que les thèmes abordés ne sont pas simplement les K-drama, la K-pop ou la K-food. On y parle aussi de la montée en puissance des cultures considérées en marge par l'Amérique ou l'Europe, la recherche de son identité en dehors de ses frontières, l'évolution de la fan-culture avec le web, s'approprier le féminisme...

5/ Comment avez-vous choisi les personnes interviewées ? Et à qui s’adresse cet ouvrage ?

Le choix des portraits a été un mélange de connaissances personnelles, de longues recherches, d’e-mails et d’appels. Je voulais des profils de personnes qui portent un regard informatif sur la culture coréenne et qui auraient une histoire très forte avec la Corée. Il fallait qu’elle ait changé leur vie. On a discuté d’abord pendant environ une heure avec chaque personne pour déterminer ensemble si leur histoire convenait, comment la raconter, et puis il fallait que je m’assure qu’elles auraient le temps et la motivation de participer au projet jusqu’au bout. Certaines ont écrit leur texte en anglais (ce sont ceux où il est écrit « par » en début de chapitre), d’autres préféraient que je le fasse. Dans tous les cas, je voulais vraiment approcher leur histoire de manière biographique donc l’investissement de temps allait être conséquent. Je leur suis vraiment reconnaissante de m’avoir tant fait confiance et d’avoir osé partager autant de leur intimité pour le livre. Pour cette raison, je pense que le livre s’adresse, bien sûr, aux passionnés de la Corée, mais aussi à ceux qui veulent la découvrir, ceux qui aiment lire des portraits ou même ceux s’intéressent à la psychologie.


Photo 4 : Ophélie Surcouf l’auteure (crédit photo : Marco Glauser)

Ophélie Surcouf l’auteure © Marco Glauser


6/ Est-ce que les Coréens sont conscients et sensibles à cette passion que des gens du monde entier peuvent avoir pour leur culture et leur pays ?

Les Coréens sont conscients qu’il y a un engouement autour de leur culture. Je ne crois pas qu’ils comprennent pourquoi il existe, mais ils savent que la vague coréenne séduit partout. Cela provoque un effet miroir : comme les étrangers aiment leur culture, les Coréens qui la boudaient se mettent à l’aimer également.

7 / Selon vous, est-ce que cette passion pour la Corée va perdurer dans les années à venir ? Si oui, avez-vous déjà réfléchi aux conséquences positives et négatives d’un tel succès international ?

Je pense que la passion pour la Corée ne fait que grandir et c’est vraiment quelque chose que j’ai pu observer de près pendant que j’écrivais mon livre. En l’espace de quatre ans, BTS est devenu le groupe le plus populaire au monde, le film Parasite de Bong Joon-ho a été oscarisé Meilleur Film et la série Squid Game est devenue la plus regardée de l’histoire de Netflix. Chaque succès permet au suivant d’avoir un impact encore plus grand et il n’y a pas de raison que cela s’arrête. Ce succès a des conséquences positives : la langue coréenne est en train de devenir très populaire, les étrangers s’intéressent aux spécificités de la culture coréenne… et négatives : ces productions pourraient perdre une partie de leur authenticité ou de l’omniprésence de la langue coréenne pour mieux s’adapter au marché international.

8 / Avez-vous d’autres projets d’écriture pour les mois à venir ?

Je travaille pour un magazine spécialisé sur les séries coréennes qui s’appelle K-Society donc j’ai toujours des projets d’écriture pour les prochains numéros !



Informations complémentaires :
https://www.ksociety.fr/
https://twitter.com/opheliesurcouf
http://www.atelierdescahiers.com/pourquoi-la-coreacutee.html



* Cet article est rédigé par un journaliste honoraire de Korea.net. Notre groupe des journalistes honoraires est partout dans le monde, pour partager sa passion de la Corée du Sud à travers Korea.net.

etoilejr@korea.kr