Par la journaliste honoraire de Korea.net Nathalie Fisz

Arts, culture, traditions, et amitié aux couleurs de la Corée !

La ville et le pays de Fontainebleau, les équipes municipales et les Bellifontains sont prêts à lancer la seconde édition de leur « saison en Corée du Sud » qui va ravir les petits et les grands.

Bientôt, la délégation coréenne pour Paris 2024 foulera le sol de cette terre d’exception, et tout est mis en place pour les accueillir de la meilleure façon possible afin qu’ils gardent un souvenir inoubliable.

Après avoir écrit mon article sur l’accueil de la délégation olympique sur le site du CNSD/Citésports, j’ai fait connaissance avec celles et ceux grâce à qui cette histoire d’amitié soudée par le sport sera possible.

Micaela Arratia Iglesias, de la direction des Affaires culturelles de la mairie de Fontainebleau, a répondu à mes sollicitations et mesuré pleinement toute ma motivation.

C’est elle également qui a permis que je prenne contact avec Judith Reynaud, adjointe au Maire en charge de la culture et des jumelages.

Puis tout est allé très vite. Une proposition de rendez-vous m’a été faite.

C’est ainsi que le 13 avril dernier, accompagnée de Louisette Diane Breuil, membre de l’Association Nationale des Anciens et Amis des Forces Françaises de l’ONU (Anaaff-Onu, le bataillon qui a combattu pendant la guerre de Corée), j'ai pris mon train à la Paris Gare de Lyon, en direction de cette majestueuse destination.

Ouvrons ensemble le second temps de la saison coréenne de Fontainebleau !


Les attraits que présentent le pays de Fontainebleau pour les citoyens du pays du Matin clair sont nombreux.

Fontainebleau, c’est une forêt d’exception, un site reconnu pour l’escalade, et une destination de promenade. Les Coréens apprécient la randonnée, et croient pour certains en l'esprit de la forêt « Sansin », ou tout au moins en son énergie.

Fontainebleau c’est un héritage impérial, et un château qualifié par Napoléon de « vraie demeure des Rois ». Inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco, il a été habité pendant sept siècles par 36 rois et empereurs : François 1er, Louis XIV, Napoléon 1er, Napoléon III, etc.


Fontainebleau est un concentré d'histoire, d’art et d’architecture françaises.

Ce patrimoine fait écho au riche patrimoine culturel de la République de Corée. Séoul compte cinq palais tels que Gyeongbokgung, construit en 1395, et qui a été la demeure de la famille royale, ou Changdeokgung et son célèbre jardin secret.

Le château de Fontainebleau compte des magnifiques jardins comme le Grand Parterre imaginé par Le Nôtre, jardinier de Louis XIV.

Fontainebleau c’est la passion du cheval. Voyant l’exposition consacrée au cheval à la médiathèque, je n’ai pu m’empêcher de penser au Cheval céleste, provenant de la tombe royale de Cheonma-chong, l'un des symboles de la ville de Gyeongju.

Fontainebleau c’est la gastronomie. Les saveurs culinaires coréennes ont été proposées dès février.

Le pays de Fontainebleau a encore beaucoup d’attraits : les villages appréciés des précurseurs de la peinture impressionniste, écrivains, cinéastes et musiciens.

La Corée est également le berceau de grands talents.


La saison coréenne de Fontainebleau

Le premier temps d’activités coréennes s'est déroulé du 13 au 24 février. Sept ateliers ont été proposés.

Calligraphie, danse traditionnelle, danse K-pop, art martial Hapkido, cuisine, Madeup (nœuds coréens) et vannerie, découverte de la langue coréenne. Le public était enchanté.

Des visites guidées ont été organisées pour les publics empêchés offrant ainsi une expérience immersive à ces communautés. En Corée, on est attentif aux ainés et délicat envers autrui.


Une programmation de mai à septembre prochains

Plusieurs ateliers et conférences seront proposées avec le concours du centre culturel coréen de Paris, dont :

- Une promenade dans la littérature sud-coréenne, par Jean-Claude de Crescenzo.
- Une courte histoire du cinéma coréen, par Bastian Meiresonne.
- Nos adoptions et Couleur de peau : miel par Laëtitia Marty et Jung Henin.
- L’art de la Corée ancienne, patrimoine coréen, par Pierre Cambon.
- L’autre bande dessinée venue d’Asie, le Manhwa, par Nicolas Fienet.
- K-Shock, par Christelle Pecout.


Des intervenants très qualifiés présenteront :

- Cuisine coréenne, un don du ciel avec l’ail 
- Au pays du matin rarement calme
- À la rencontre de Molang
- Regard sur les codes culturels français et coréens

Un mini festival proposera six projections au cinéma Ermitage, avec par exemple Dernier Train pour Busan. Un festival Off mettra en lumière sept réalisateurs majeurs. Le public pourra découvrir ou redécouvrir Parasite.

Le jeune public ne sera pas oublié avec Samulnori et Histoire de Gongs et Tambours du Pays du Matin calme.


Le spectacle du 19 mai, « Obangshingwa », réalisé en partenariat avec le Conseil coréen pour les arts et la culture et le centre culturel coréen fera voyager le public. Ajoutons que la salle de bal du château sera ouverte à ses invités coréens du 5 juin au 23 septembre prochains. 

Merveilleux !


Les acteurs de la saison coréenne

Louisette Diane Breuil et moi sommes arrivées en gare de Fontainebleau en fin de matinée.

Judith Reynaud a eu la délicatesse de nous conduire en mairie, où nous étions attendues par le maire de Fontainebleau, Julien Gondard, ainsi que le sous-préfet de Fontainebleau, Thierry Mailles.

Avec attention et bienveillance, nos hôtes ont écouté Louisette Diane Breuil et moi-même présenter nos expériences respectives de la Corée.

Nous avons ressenti toute l’implication du maire qui souligne le caractère unique de l’accueil de la délégation sportive de la République de Corée.

Avant notre rencontre à Fontainebleau, Judith Reynaud, qui occupe ses fonctions à la mairie depuis juin 2020, avait répondu à mes questions.

Pour la partie culture, elle représente le maire et la ville de Fontainebleau à toutes les manifestations culturelles et les spectacles.

Judith Reynaud est également en charge des jumelages. Elle explique que des accords de coopération ou de partenariats avec la Corée sont possibles dans le cadre de l’étroite collaboration avec le centre culturel coréen.

Judith Reynaud a travaillé dans le passé pour le groupe L’Oréal et a eu la chance de passer par Séoul. Elle est aussi exploitante de salles de cinéma et pense que les projections de films vont intéresser le public.

Elle explique également que cette programmation était à l’origine une demande du préfet de région en septembre 2023, qui souhaitait que les villes accueillent des délégations de sportifs étrangers afin de faire découvrir la culture de leur pays.

J'ai également rencontré Thierry Mailles, le sous-préfet de Fontainebleau.

Nathalie Fisz : Depuis quand prépariez-vous cette saison avec vos équipes ?

Thierry Mailles : Nous avons commencé à préparer cette programmation dès le mois de septembre 2024. Cela n’a vraiment pris réalité qu’avec l’assurance de la signature par la délégation coréenne avec le « CNSD » pour sa venue à Fontainebleau. La programmation a commencé à être construite dès le mois de décembre 2023. La venue de la délégation sportive coréenne pour la durée des jeux olympiques à Fontainebleau a été le motif d’élaborer une programmation culturelle autour de ce pays.

Aviez-vous mesuré l’ampleur de cette vague culturelle coréenne Hallyu ?

Pas vraiment. Je connaissais la notoriété de la K pop auprès de la jeunesse française, sans la partager étant plutôt adepte d’autres genres musicaux. Je connaissais en revanche la vitalité du cinéma coréen, de ses musiciens classiques qui essaiment dans les plus grands orchestres et de la littérature, sans en percevoir l’ampleur.

Aviez-vous déjà mesuré la spécificité de la culture coréenne ?

Oui, même si la connaissance de la Corée mérite d’être développée en France, notre perception est celle d’un pays particulier en Asie, dont la culture et l’histoire sont fort anciens.

Qu’est-ce qui vous a semblé spécifique à la Corée ?

L’histoire ancienne, celle d’un pays vivant à proximité de puissants voisins et qui a toujours su préserver son identité. Cela façonne son histoire récente que nous connaissons à travers la guerre de Corée au XXe siècle ou de la domination Japonaise qui prit fin après la 2e guerre mondiale. C’est pour moi un pays qui a développé sa propre identité, synthétisant les influences religieuses et culturelles étrangères pour bâtir sa propre voie. L’histoire récente et le bond technologique et industriel de la Corée, qui se traduit à travers son soft power dans les arts et l’industrie, je pense en particulier au manhwa ou aux arts numériques, est aussi très impressionnant.

Quels sont les retours à l’issue des activités de février ?

Excellents. Nous sommes ravis de constater que les propositions d’ateliers de découverte, à la fois des arts traditionnels, mais aussi de productions récentes ont attiré un public nombreux. Nous avons affiché complet pour chaque activité. Le festival du cinéma coréen est très attendu, avec une programmation éclectique destinée à toutes les classes d’âge. Nos programmes de contes musicaux pour les enfants des écoles permettront d’appréhender cette culture pour les plus petits. Le château de Fontainebleau a inclus dans le parcours de visite des pièces coréennes prêtées par le musée Guimet des arts asiatiques. Les visites font l’objet de dépliants traduits en coréen pour faciliter la venue des membres de la délégation sportive ou des touristes.

Quels ont été vos contacts avec vos interlocuteurs coréens pour préparer la première édition ?

Le centre culturel coréen, rattaché à l’ambassade de Corée en France, nous a permis d’assurer une très belle programmation de spectacles, d’animations en un temps très court, ce qui compte tenu des programmations culturelles réservées souvent plus d’un an à l’avance, fut remarquable. Nous sommes par ailleurs en contact via l’INSEAD, une école de management installée à Fontainebleau, avec le think tank Key qui se propose d’animer des conférences autour de l’économie du sport à l’occasion du passage de la flamme olympique à Fontainebleau.

Avez-vous déjà imaginé l’enchantement que vos invités vont ressentir ?

Nous souhaitons les accueillir dans les meilleures conditions possibles en leur donnant accès à des informations en coréen, même si nous savons qu’ils pratiquent l’anglais avec aisance. Il y a autour de Fontainebleau et de son château que Napoléon Ier appelait « la vraie demeure des rois », d’autres villes et villages célèbres dans le monde entier, comme Barbizon ou Moret sur Loing, connus par les tableaux des peintres impressionnistes Millet ou Sisley. Fontainebleau, outre le patrimoine culturel, s’illustre dans les activités sportives, notamment ses écoles d’équitation avec le site du « grand parquet » où sont organisées des compétitions internationales de saut d’obstacle. Mais avant tout, c’est la forêt de Fontainebleau, aménagée pour l’escalade et la randonnée depuis le XIXème siècle, célébrée par les artistes, qui est le pôle central d’attractivité.

Avez-vous déjà à l’esprit des questions que vous aimeriez leur poser ?

Par goût je suis plutôt attiré par l’histoire de la Corée, en particulier celle de la période des trois royaumes. Je trouve le travail musical entrepris autour des influences traditionnelles et de la musique électronique très intéressant. C’est à travers ces deux vecteurs principaux que se construit mon « envie de Corée ».

Envisagez-vous un voyage en Corée ?

Oui, bien sûr !

C’est tout le Pays de Fontainebleau qui se mobilise.


Quelques mots encore

Après notre rendez-vous, Judith Reynaud et Thierry Mailles ont passé encore un peu de temps avec nous, malgré leurs occupations dominicales pendant que Louisette Diane Breuil et moi avons déjeuné et visité le château et ses jardins.

Sur le chemin du retour, encore touchées par ces marques d’attention, nous avons imaginé l’éblouissement des futurs visiteurs coréens.

A compter de mai, la saison sera belle à Fontainebleau, et une fois encore elle sera coréenne.


* Présents partout à travers le monde, les journalistes honoraires de Korea.net ont pour mission de faire connaître et partager leur passion de la Corée et de la culture coréenne au plus grand nombre.

caudouin@korea.kr