Étranger

Par Thomas HAHN
Critique de danse


La Korea National Contemporary Dance Company est le fleuron de la danse contemporaine coréenne, plaçant la création sous un regard renouvelé sur les traditions culturelles du pays. En même temps, elle tisse des liens avec le reste du monde, de l’Europe aux Amériques. Créée en 2010, la KNCDC a su impulser une mouvance chorégraphique dynamique, en rendant possibles des créations phare et en apportant son soutien aux chorégraphes indépendants.

Pratiquer la danse en Corée, c’est naviguer entre des formes classiques pour la scène, les styles folkloriques liés aux cérémonies et aux fêtes et des formes importées d’Occident : le ballet classique et, depuis les années 1980, la danse « moderne », aujourd’hui dite « contemporaine ». Toute Coréenne, tout Coréen étudiant la danse passe par une formation au sein des universités du pays et acquiert au moins des bases dans chacun des quatre univers, pour s’orienter ensuite soit vers un parcours « technique » pour devenir interprète, soit vers la partie « chorégraphique » pour aborder la création. Pour soutenir l’émergence d’une vraie excellence en matière de danse d’auteur, moderne et liée au monde, le gouvernement coréen a créé deux compagnies nationales. La première, présentée dans notre n°95 (à travers la création Shiganè Naï en collaboration avec le chorégraphe français José Montalvo) date de 1962. Elle est rattachée au Théâtre National de Corée [1] et travaille sur les manières d’inscrire l’énergie et le vocabulaire des danses traditionnelles dans le monde actuel. L’autre, que nous présentons ici, est la Korea National Contemporary Dance Company (KNCDC), créée en 2010 pour encourager des productions qui reflètent l’évolution du quotidien au sein de la société coréenne, tout en faisant le lien avec les traditions culturelles du pays.


Des missions multiples

Le concept même d’une compagnie nationale dédiée à la danse d’auteur la plus actuelle est hautement distinctif. En Europe, seule la Norvège s’est dotée d’un tel outil, dont l’intérêt réside dans sa capacité à donner un vrai coup de pouce à une discipline artistique de pointe. En Corée, l’idée est particulièrement pertinente, notamment parce qu’ici seule la KNCDC permet de travailler en danse contemporaine avec de grands effectifs, comme on les connaît de la danse classique ou folklorique. Ensuite, il faut construire et gérer les tournées, pour permettre au public de se familiariser avec les sensibilités chorégraphiques actuelles. La KNCDC tourne donc chaque année à travers la Corée du Sud. Mais son rôle est autant celui d’une ambassadrice, la compagnie voyageant à l’étranger bien plus que toute autre structure chorégraphique du pays. La vocation à relier la Corée et le monde se reflète aussi dans l’accueil de chorégraphes européens représentant des écritures chorégraphiques actuelles. C’est ainsi que dans sa deuxième année, en 2011, le premier directeur Hong Sungyop invita la chorégraphe française Joëlle Bouvier à créer une pièce avec la compagnie séoulite, fraîchement constituée. Cette série d’invitations s’est poursuivie jusqu’en 2019 où la KNCDC a reçu le Madrilène Marcos Morau, fondateur de la compagnie La Veronal, l’un des chorégraphes les plus appréciés du moment par les programmateurs européens. Aussi, la KNCDC œuvre au Pays du matin calme pour créer une véritable référence dans un champ chorégraphique (injustement) réputé difficile, avec le but de familiariser les adultes comme le public jeune avec les langages chorégraphiques actuels. Et plus nos sociétés sont déstabilisées, plus cette danse est indispensable pour interroger l’humain. Mais la mission de la KNCDC se définit aussi en direction des jeunes chorégraphes auxquels cette institution puissante offre des plateformes pour expérimenter de nouvelles formes et permet aux talents chorégraphiques coréens d’éclore dans de bonnes conditions matérielles, en étant invités à travailler avec les interprètes de la KNCDC.




Découvrez l'intégralité de l'article sur le site du Centre Culturel Coréen : 

https://www.coree-culture.org/la-compagnie-nationale-de-danse,5567.html