Par Jacques DEBS, réalisateur
« LA MEILLEURE FAÇON DE
COMPRENDRE UN PAYS EST DE
PLONGER DANS SA LITTÉRATURE,
SA MUSIQUE, SON ART. »
La Corée du Sud est un pays qui m’a
toujours fasciné. En 1953, à la fin de la
guerre de Corée qui a duré trois ans, le
pays était entièrement dévasté ; il était
considéré comme un des trois pays les
plus pauvres de la planète, juste avant
le Soudan. En soixante ans, La Corée du
Sud a rattrapé l’Occident, dépassant, depuis peu, la France en volume d’exportations. Malgré la colonisation japonaise, la
guerre, les régimes dictatoriaux, la Corée
du Sud est aujourd’hui membre du G20
et vit en démocratie.
Venant de Beyrouth, ville divisée pendant
quinze ans entre chrétiens et musulmans,
le destin de la Corée du Sud relève, pour
moi, du mystère et du miracle. C’est dans
cet état d’esprit que j’ai voulu tourner cinq
films documentaires sur ce pays si spécial
qui vit encore et toujours sous la menace
de son frère communiste du Nord. Pour
moi, la meilleure façon de comprendre
un pays est de plonger dans sa littérature,
sa musique, son art. C’est pourquoi, je
dévore avec gourmandise les plus grands romanciers et poètes coréens, Hwang
Sok- yong, Eun Hee-kyung, Lim Chul-woo,
Song Sok-ze, Ko Un et Moon Chung-hee.
Je découvre avec étonnement des musiciens hors pair tels l’ensemble de rock traditionnel coréen Noreum Machi, la diva
du pansori Ahn Sook-sun, « trésor national vivant », et enfin, la grande chanteuse
de jazz, Youn Sun Nah. L’œuvre de Kim
Jung-man, le plus respecté photographe
coréen, m’impressionne. Enfin, à Paris
Photo, je suis fasciné par une jeune photographe coréenne, Ahn Jun. Elle a inventé, d’après moi, un nouveau concept que
j’appellerais, photographie vertigineuse.
Sitôt le projet signé avec ARTE, je prends
l’avion pour découvrir enfin ce pays. Je
rencontre tous ces écrivains et artistes
qui acceptent pour mon plus grand bonheur de participer aux tournages. Je propose à chacun d’eux d’être mon « héros »,
« mon personnage », d’un de mes films.
Song Sok-ze me guidera dans la région
d’Andong et dans la cité médiévale de Hahoe, Lim Chul Woo me fera découvrir les îles de Jeju et Wando dont il est originaire,
Ahn Jun et Ahn Sook-sun m’accompagneront lors de mon pèlerinage à travers les
temples bouddhistes, et tous ces grands
artistes seront réunis dans les films sur
Séoul et sur l’industrie coréenne. Je suis
heureux de voir avec quel enthousiasme
les Noreum Machi, adhèrent aux films. Je
leur propose de composer avec le contreténor islandais, Sverrir Gudjonsson, avec
qui je travaille sur tous mes films depuis
2004, un spectacle que nous créerons à
Séoul pour les besoins des documentaires.
Nous voilà donc prêts à débuter cette
aventure.
En savoir plus :
Revue Culture Coréenne Culture Coréenne
« Culture Coréenne », dont le premier numéro remonte à l’automne 1981, est une publication destinée au public français présentant les arts, l’histoire, les traditions, et d’une façon générale, les multiples facettes de la Corée et de sa culture.
https://www.coree-culture.org/-printemps-ete-2015-no90,253-.html