Chaque année, de plus en plus de Français font le choix de venir s’installer en Corée du Sud. Si l’on ne recensait que 26 Français en 1937, l’ambassade de France en Corée estime aujourd’hui leur nombre entre 4500 et 5000, bien qu’officiellement, seulement 3100 soient enregistrés comme tels. Mais qui sont exactement ces Français partis s’aventurer si loin de leur terre natale ?
Il est difficile de dresser un portrait précis de cette communauté puisqu’elle évolue en permanence. Deux tiers des Français résident dans le grand Séoul et un tiers, dans le sud de la Corée. À Séoul, une grande partie des Français a déposé ses valises à Seorae Maeul. Une autre partie s’est installée dans les alentours du quartier des étrangers, Itaewon. La majorité qui s’est installée au départ est, sans aucun doute, formée d’expatriés arrivés dans le cadre d’une proposition de travail. Des hommes et femmes en quête d’opportunités professionnelles qui ne manifestaient pas d’intérêt particulier pour la culture coréenne.
Aujourd’hui, c’est une autre histoire. Le rêve américain a laissé place au rêve coréen en Asie. Et depuis quelques années, on assiste à un défilé de jeunes Français dans les rues de Séoul. La plupart sont arrivés sur le sol coréen, via la hallyu, cette vague coréenne qui a commencé à envahir la France en 2011 avec, notamment, le premier concert de SM Town à Paris. Ces jeunes arrivent avec un but bien précis, celui de vivre en Corée et de découvrir sa culture : musique, films, dramas, cuisine... Malheureusement, beaucoup débarquent avec un désir mais sans projet véritablement construit et viable pour s’y établir... Certains (environ un millier) sont inscrits à l’université, le plus souvent pour apprendre le coréen. D’autres arrivent, parfois dans le cadre d’un « visa vacances-travail », juste avec l’espoir de trouver un emploi sur place, persuadés d’avoir leurs chances. Leur motivation est importante mais, au final, ils rencontrent surtout des obstacles...
Certains jeunes Français finissent par se perdre à Séoul et se voient contraints de rentrer en France, d’autres restent en Corée de manière illégale, d’autres encore s’y retrouvent impliqués dans des affaires criminelles… Le Consulat nous a confirmé que le nombre de délits chez les jeunes Français augmentait. Drogues, affaires de mœurs, échauffourées lors de soirées alcoolisées... Les Français ne sont, malheureusement, pas tous irréprochables. Néanmoins, ils ont encore, dans l’ensemble, une bonne réputation aux yeux des Coréens. La France et les Français font toujours rêver. Mais ce n’est pas pour autant que c’est plus facile pour eux de trouver du travail en Corée.
Les offres d’emploi à destination des Français sont rares et celles proposées concernent souvent des postes bien spécifiques qui nécessitent des qualifications particulières. Un excellent niveau de coréen donne évidemment une valeur ajoutée importante à ceux qui postulent. Cependant, certains ont réussi à s’imposer en établissant des partenariats avec des Coréens ou alors en proposant un service typiquement français. Et que de mieux que la cuisine française, réputée dans le monde entier, pour trouver sa place en Corée. Ce n’est pas une surprise, les Coréens apprécient notre gastronomie. Depuis quelque temps, les boulangeries-pâtisseries et restaurants français fleurissent à Séoul mais aussi dans d’autres grandes villes. Nous pouvons prendre l’exemple d’Arnaud Landrin. Ce jeune Breton, marié à une Coréenne, a commencé son aventure séoulienne en vendant des crêpes dans un pojangmacha... Le succès est cependant au rendez-vous et il investit ensuite dans un camion-crêpes. Son projet se concrétise véritablement avec l’ouverture de Yec’hed Mat, vers Hapjeong, une crêperie dans laquelle il travaille désormais avec sa femme tous les soirs et qui est devenue une sorte de bastion pour les Français. On peut aussi citer Joël Vial, boulanger bien installé avec deux boutiques dont une à Itaewon (Bread Show). Ce dernier a confectionné une galette des rois géante qu’il a offerte en dégustation à une centaine de francophones. Il y a également ces trois Français qui ont créé France Gourmet (en 2013), qui propose de la charcuterie, de la boucherie et du fromage dans un style typiquement français même si les produits sont d’origine coréenne. Il est donc devenu possible de se procurer saucissons, rillettes et autres spécialités françaises à Séoul à des prix relativement corrects.
Dans un tout autre domaine, d’autres Français se sont affirmés doucement mais sûrement. Sandra Meynier Kang est une jeune styliste très active qui commence à percer en Corée avec sa marque SMK et son fameux Lunch Bag. Le jeune acteur et présentateur Fabien Yoon a réussi à trouver sa place en Corée à force de travail. Il vient de publier en France un livre sur la cuisine coréenne aux éditions du Chène. La French Touch n’est pas en train de s’épuiser, bien au contraire ! « Le Français a le vent en poupe » nous a affirmé Pierre Banconi, consul attaché à l’ambassade de France en Corée. Qui dit langue, dit aussi culture...
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Revue Culture Coréenne
Culture Coréenne
« Culture Coréenne », dont
le premier numéro remonte à l’automne 1981, est une publication destinée au
public français présentant les arts, l’histoire, les traditions, et d’une façon
générale, les multiples facettes de la Corée et de sa culture.
http://www.coree-culture.org/-printemps-ete-2017-no94,341-.html