Depuis l'époque ancienne des Trois Royaumes (57 avant J.-C. à 668) jusqu'à celle de la dynastie Joseon (1392 à 1910), différents modèles de tuiles et de briques ont été utilisés par les Coréens dans leur architecture lors de la construction des palais ou des temples. Les tailles, formes et détails des motifs se sont ainsi transformés en une variété de dessins, en fonction de l'époque et du lieu.
Chaque modèle portait son propre message. Il y avait des motifs, par exemple, qui symbolisait le statut prestigieux d'une personne et d'autres qui appelaient la chance et devait protéger des mauvais esprits.
L'Institut national de recherches du patrimoine culturel (NRICH) s'est penché sur ces motifs architecturaux traditionnels de la Corée gravés sur des tuiles, des rives de toit et des briques, et il a publié ses résultats dans un livre de 400 pages intitulé "Korean Traditional Pattern Roof Tiles and Bricks" (Motifs traditionnels coréens sur tuiles et briques). Les styles architecturaux sont divisés en sept catégories : plantes, animaux, paysages, objets divers, personnages, formes géométriques et formes humaines.
Selon le rapport, les motifs les plus populaires étaient les plantes, et particulièrement les fleurs. Elles étaient en effet symboles de beauté, de splendeur, de magnificence et de prospérité.
Une tuile se plaçant à l'extrémité d'un toit et portant un dessin de Lotus. Époque Goguryeo. Musée central de l'université Kyunghee.
La fleur de lotus est la plus récurrente, en partie parce que le bouddhisme avait alors une grande influence sur la société. Bouddhisme et fleurs de lotus sont en effet étroitement liés. Le lotus fait éclore une belle fleur même s'il pousse dans un étang boueux. Ceci est souvent mis en relation avec la doctrine bouddhiste qui pense fondamentalement que la nature humaine est sincèrement pure de naissance. Outre cette croyance, des mythes ayant trait au lotus ont aussi été racontés de génération en génération. Une histoire rapporte ainsi que lorsque Gautama Bouddha est né, cinq lotus colorés en pleine floraison entouraient Maya, sa mère biologique.
Les dessins de plantes sont également souvent utilisés avec d'autres motifs. Des végétaux sont ainsi associés avec des animaux comme des oiseaux ou des poissons, avec des paysages rocailleux ou des montagnes ou encore avec des nuages et de l'eau, symbolisant alors une vie heureuse, une grande harmonie entre mari et femme, la prospérité et une vie heureuse après la mort.
Les animaux qui ont des liens étroits avec la vie des hommes ont été aussi souvent représentés, comme les chevaux, les tigres, les oiseaux ou les cerfs. Parfois, on trouve également des animaux mythologiques tels que des dragons, des phénix ou bien Haechi, une sorte de croisement entre un lion et un chien de garde qui est un symbole de justice. De leur côté, dragons et phénix étaient des symboles de l'autorité royale tandis que les grues et les tigres étaient des indications du statut officiel de quelqu'un.
Tuile de bord de toit illustrée par un visage. Époque Silla. Musée national de Gyeongju.
On trouvait aussi des motifs représentant des formes humaines. Les figures bouddhistes étaient les plus nombreuses d'entre elles, en particulier celle du Bouddha lui-même, mais il y avait aussi quelques jeunes filles célestes et des bébés garçons. Un modèle créé pendant la période de Silla unifié (668-935) représente un homme à cheval qui chasse un animal. Ce type d'œuvres sophistiquées de l'art architectural nous permettent alors d'entrapercevoir la sensibilité artistique du peuple de Silla.
Tuile se plaçant à l'extrémité d'une arrête de toit et portant des inscriptions. Époque Joseon. Musée de l'université Yonsei.
Au final la publication du NRICH présente de nombreux modèles de tuiles traditionnelles ayant une valeur historique et culturelle, avec une description détaillée de la signification et des caractéristiques de chaque symbole. En outre, l'ouvrage apporte des informations sur la manière dont les motifs se sont développés au gré des royaumes et des dynasties, nous donnant alors un aperçu de l'ensemble du processus. Au côté des photographies des motifs présentés, le NRICH a inséré dans son livre quelques illustration délicates avec l'espoir de donner un coup de pouce à la réutilisation de ces modèles traditionnels dans des designs modernes.
Le NRICH a édité ce livre rassemblant les motifs architecturaux traditionnels avec la volonté de participer à l'effort "gouvernement 3.0", un projet du gouvernement actuel visant à investir davantage dans les industries créatives et à rendre toutes les informations publiques plus facilement accessibles. Le NRICH espère ainsi que son rapport pourra favoriser les études universitaires aussi bien que participer au développement de produits et marchandises s'appuyant sur du contenu culturel.
Les illustrations des motifs peuvent ainsi être consultées gratuitement sur le site www.alright.or.kr
Rédaction : Lee Seung-ah (slee27@korea.kr) pour Korea.net
Version française : Bruno Caietti