La romancière Han Kang donne un discours de remerciements après avoir reçu le prix Nobel de littérature 2024, à Stockholm, en Suède, le 10 décembre 2024. © Agence de presse Yonhap
Par Charles Audouin
La romancière Han Kang a reçu des mains du roi de Suède son prix Nobel de littérature, après d'autres lauréats (médecine, physique, chimie et économie), lors de la traditionnelle cérémonie organisée ce 10 décembre à Stockholm, en Suède.
Dans son discours de remerciements prononcé en anglais à l’occasion du grand banquet tenu après la cérémonie, la première Coréenne et première femme asiatique à recevoir le prix Nobel de littérature a partagé un souvenir d’enfance dans lequel elle réalise la manière dont elle se sent connectée aux autres.
« Un jour où j’avais huit ans, après mon cours de boulier, la pluie s’est mise à tomber très fort, à tel point que moi et une vingtaine d’autres enfants nous sommes réfugiés sous une corniche », a-t-elle débuté. « De l'autre côté de la rue, d’autres enfants s’étaient abrités comme nous l’étions, ce qui m’a presque donné l’impression de regarder dans un miroir », a-t-elle poursuivi.
« Cette pluie, ces gouttes d’eau sur mon visage, eux aussi les voyaient et les ressentaient », a-t-elle réalisé. « C’était un moment merveilleux, de voir tant de perspectives à la première personne », a-t-elle expliqué.
La romancière a continué en disant avoir toujours ressenti cette même émotion d’émerveillement lors de son temps passé à lire et à écrire en « suivant le fil de la langue jusqu'aux profondeurs d'un autre cœur, à la rencontre d'un autre intérieur ».
« J'ai toujours voulu savoir pourquoi nous naissons et pourquoi l’amour et la souffrance existent », poursuit Han Kang. « Quel est le sens de notre bref séjour dans ce monde ? À quel point est-ce difficile de rester humain, quoi qu'il arrive ? », s’est-elle interrogée. Des questions maintes fois abordées dans la littérature et qui continuent d’être posées, selon la romancière.
« Il existe un langage qui pose la question de savoir de quoi nous sommes faits, qui insiste pour imaginer les perspectives à la première personne des personnes et des êtres vivants qui habitent cette planète ; un langage qui nous relie les uns aux autres », a-t-elle déclaré.
« La littérature qui s’intéresse à ce langage s’apparente inévitablement à une sorte de chaleur corporelle, et tout aussi inévitablement, lire et écrire de la littérature s'oppose à ce qui détruit la vie. C’est ce que j’aimerais partager avec vous à travers ce prix Nobel », a-t-elle conclu en remerciant son auditoire.
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