Un visiteur contemple l’œuvre de Paik Nam June ‘PhotosynthesisⅡ' ('광합성Ⅱ,' ou, '光合成Ⅱ') présentée dans le cadre de l’exposition « Trois en un : une exposition de trois artistes coréens », qui se déroule actuellement au Today Art Museum de Pékin, le 8 novembre 2014. ⓒ Jeon Han / Korea.net
Par la Journaliste Honoraire de Korea.net Précillia Cécile de France
Nam June Paik est l'un des rares artistes Sud-coréens reconnus comme pionniers internationalement !
De nos jours, il est considéré comme un visionnaire. Exposé dans les musées les plus célèbres: le Centre Pompidou à Paris, le Musée d'Art Moderne de New York, … il est une influence mondiale. Il semble que tout le monde ait vu au moins une fois l’un de ces TV robots.
Nam June Paik est né à Séoul en 1932, a fui la guerre avec sa famille en 1950 et a étudié au Japon pendant de nombreuses années avant de s'installer aux États-Unis en 1964. Il a en fait suivi une formation de pianiste classique, mais est reconnu pour son influence dans le Video Art.
Ses œuvres sont divertissantes, certes, mais aussi très intrigantes. Dès le début, Nam June Paik remettait en question notre culture visuelle et tout en étant fasciné par les nouvelles technologies, il semble qu'il comprenait son influence potentielle bien avant nous.
Pour remettre les choses en contexte :
- La télévision a été inventée en 1926
- En 1951, les premières émissions de télévision en couleur sont diffusées
- En 1956, les premiers magnétoscopes ont été vendus pour 50 000 $.
- En 1965, il a été l'un des premiers à utiliser un caméscope pour l'art.
J'aimerais parler en particulier de son installation « TV Buddha » qu'il a créée en 1974.
Ce n’est pas seulement Bouddha qui regarde la télé, c'est Bouddha qui se regarde à la télé - contemplant sa propre image.
Il y a plusieurs interprétations possibles et c’est ce qui fait l’intérêt et le charme du travail de Nam June Paik. Le spectateur n’est pas passif ! Il fait partie de l’œuvre et son opinion, son questionnement en font partie aussi.
Avec trois éléments : une télévision, une camera et une statue de Bouddha, Nam June Paik mets en opposition l’Est et l’Ouest, la modernité et le passé… Il pose la question de la place des religions millénaires dans le monde d’aujourd’hui. Le fait qu'il ait réinterprété cette configuration à plusieurs reprises au cours des 20 années suivantes est assez révélateur.
Cette installation n’était pas seulement pertinente en 1976, elle l’est toujours aujourd’hui !
Il me semble que le TV Bouddha nous met en face de la vanité des temps modernes et remet en question l'influence des médias, d’Instagram et autres Tiktok sur les masses.
Avant Nam June Paik, la télévision n'était pas un médium pour l'art. Non seulement Nam June Paik a ouvert la voie à ses pairs, mais même après sa disparition en 2006, il pousse encore les visiteurs à questionner la société dans laquelle ils vivent, les choix qu’ils font et le pouvoir qu’ils ont de décider leur place à eux dans le monde. Notre responsabilité individuelle.
Mais ici encore, ce n’est que mon interprétation.
En Corée du Sud, vous pouvez voir les œuvres d'art de Nam June Paik au centre d'art Nam June Paik à Yongin et au musée Leeum de Séoul.
Precillia Cecile - Les pieds en Corée
* Cet article est rédigé par un journaliste honoraire de Korea.net. Notre groupe des journalistes honoraires est partout dans le monde, pour partager sa passion de la Corée du Sud à travers Korea.net.
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