Journalistes honoraires

05.06.2020

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Plusieurs représentations de techniques , illustration réalisée par Danielle TARTARUGA , à partir d’images anciennes issues de livres tels que le Muyedobotongji de 1795.

Plusieurs représentations de techniques , illustration réalisée par Danielle TARTARUGA , à partir d’images anciennes issues de livres tels que le Muyedobotongji de 1795. ⓒ Danielle TARTARUGA



Par la Journaliste Honoraire de Korea.net Danielle TARTARUGA
de France

Personnellement, je suis entrée en Corée du Sud en poussant la petite porte des arts martiaux, pratiquante depuis mon enfance et curieuse à en essayer les différentes formes, j'ai découvert en Corée des écoles très variées, avec une tradition martiale particulièrement ancienne. Terre de passage , la Corée a subi des invasions et des occupations, qui ont obligatoirement enrichi ses propres pratiques martiales au cours des siècles ; mais la Corée a toujours su garder son identité propre, y compris dans les arts du combat. Ainsi, les techniques sont souvent bondissantes, très aériennes avec une gestion toute particulière de l'espace et certaines armes sont propres à la Corée. On peut également observer que l'épée ou le sabre sont souvent tenus en main (contrairement au sabre japonais dont le fourreau – appelé saya – est attaché sur la hanche).

Au XVIIIe siècle, le roi Jeongjo (1740-1810) demande à trois Maître d'arts martiaux de renom, dont Beak Dong Soo* (1743-1816 / sabreur réputé dans tout le pays / une série-Drama présente sa biographie) de répertorier toutes les techniques de combat et pas uniquement du sabre coréen (bonguk geom). Les armes sont variées puisqu'on en dénombre à l'époque une vingtaine avec des techniques aussi bien à pied, à mains nues, qu'à cheval. L'ouvrage sera précieux pour les générations suivantes, c'est le travail d'une vie, il est illustré par des dessins, avec un classement par catégories d'armes. Ce manuel illustré de compréhension des arts martiaux s'appelle Muyedobotongji (무예보통지 en coréen).



Le livre Muyedobotongji (1795) exposé au National Taekwondo Museum en Corée du Sud / Muju-gun, Jeolla du Nord. ⓒ National Taekwondo Museum

Le livre Muyedobotongji (1795) exposé au National Taekwondo Museum à Muju-gun, dans la province de Jeolla du Nord en Corée du Sud. ⓒ National Taekwondo Museum



En 1610 un premier manuel d'arts martiaux avait déjà été écrit le Muyejebo (무예제보 en coréen), sous le règne du roi Seonjo, puis le Muyesimbo (무예신보 en coréen), et bien avant cela à l'époque des Trois Royaumes, il existait des ordres militaires d’experts (les Sonbae ou encore les Kukson ) et notamment durant le Royaume de Silla (de 57 av JC à l’an 676), une élite de guerriers appelés Hwarang (화랑 en coréen)* maîtrisaient déjà parfaitement une multitude de techniques et pratiquaient même une danse du sabre (Geommu, 검무 en coréen) aussi efficace qu'esthétique, avec semble-t-il une épée à double tranchant.

Bien que les arts martiaux aient été interdits pendant la période de l'occupation japonaise, ces derniers n'ont jamais été oubliés. Ils ont été adaptés et remis à l'honneur dans les années 55-65 et pour certains, sont même devenus une discipline olympique. Ils ont été codifiés et ont ainsi donné naissance au Taekwondo (également sport national depuis 1971), au Hapkido et autres disciplines, qui, comme le Hwa Rang Do (화랑도 en coréen), et bien que ne faisant pas partie de la même fédération (cf : World Hwa Rang Do ® Association), trouvent leurs origines dans le mouvement du même nom Hwarangdo datant du VIe siècle.

En fait, Il existe de nombreux arts martiaux en Corée, qu’il s’agisse d’arts martiaux anciens, ou actuels, ils sont toujours pratiqués avec passion, on peut citer les traditionnels Tae Soo Do, Gwonbeop, Taekkyon, Subak, Hankumdo, Ssireum (ce dernier est inscrit sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l’Unesco) ou encore le Gunmudo (군무도 en coréen)…, ils reflètent l’histoire d’un peuple combattant qui a su également enrichir ses différentes pratiques en y intégrant les enseignements d’autres peuples, c’est d’ailleurs ce qui fait toutes leurs richesses.

Cette histoire des pratiques martiales est passionnante, elle méritait ces quelques lignes car elle illustre le courage du peuple coréen, l'application que celui-ci a eu, à vouloir toujours laisser une trace des acquis pour les générations à venir, malgré les interdictions et les freins qui ont pu exister durant certaines périodes de l'histoire de la Corée.

*Voir les dramas : « Baek Dong Soo » ou encore « Hwarang »

* Cet article est rédigé par un journaliste honoraire de Korea.net. Notre groupe des journalistes honoraires est partout dans le monde, pour partager sa passion de la Corée du Sud à travers Korea.net.

etoilejr@korea.kr