© Yunhee Yang
Par la Journaliste Honoraire de Korea.net AGnès Calvache de Belgique
Sensible à la culture traditionnelle coréenne depuis quelques années, je m'étais déjà fort intéressée lors de mes précédents voyages au « pays du Matin clair et frais », à différentes formes d'art et d'artisanat qui avaient traversés les différentes périodes de l'histoire de la Corée.
J'avais déjà entendu parler de ce fameux papier très ancien, dont on attribue l'invention au peuple chinois au IIème siècle avant notre ère, et qui aurait été importé sur les terres aujourd'hui coréennes, au VIIème siècle... Je parle donc du papier Hanji (한지).
Grâce au Centre Culturel Coréen de Bruxelles, j'ai réussi à obtenir les coordonnées d'une artiste coréenne qui s'est installée en Belgique, il y a quelques années de cela.
Je l'ai contactée, et nous avons régulièrement échangé par email - situation sanitaire exceptionnelle oblige.
En conversant, nous nous sommes vite rendues compte que nous avions des atomes crochus et des connaissances en commun.
De là, est née une collaboration enthousiasmante pour écrire cet article pour les lecteurs du site Korea.net.
Je vous souhaite, à vous qui le lisez, de l'apprécier, autant que moi j'ai eu du plaisir à l'écrire.
Pour tout vous dire, lorsque je reçois un message de 양윤희 (Yang Yunhee), je mets de la musique relaxante et je me fais chauffer de l'eau pour me faire un thé...
À chaque fois que j'ouvre les mails de cette jeune femme, passionnée et passionnante, je voyage dans son beau pays, je me laisse porter par sa culture et je découvre toujours un peu plus ces arts ancestraux.
Yunhee Yang est une artiste investie, intègre et sincère, on le sent rien qu'à la lire. Elle est aussi d'une très grande humilité.
Elle s'excuse auprès de moi à plusieurs reprises pour son français, qu'elle estime « maladroit » ; moi je le trouve très bien ce français, qui révèle il est vrai quelques tournures de phrases peu communes.
Ces indices témoignent discrètement de ses origines non-francophones qui rendent le récit encore plus captivant.
J'ai laissé volontairement dans ces quelques lignes avec beaucoup de tendresse et de respect, sa manière particulière de s'exprimer, car cela fait partie d'elle, de ses origines, de sa manière d'être avec les autres, et cela illustre parfaitement aussi ce qu'ont laissé comme empreinte sur moi, nos échanges virtuels :
- Une odeur de voyage dans son pays qu'elle affectionne tant, si loin, à 9000 km d'ici.
- Mais aussi la musique des langues ; il nous arrivait d'écrire nos mails en « français-anglais-coréen » pour mieux nous comprendre ou pour apprendre toujours un peu plus de la langue de l'autre. Et puis, même si on ne s'est jamais parlé directement car tous nos échanges étaient épistolaires, j'imaginais sa voix lorsqu'elle me racontait ses histoires.
- Et enfin le gout du partage et de l'échange.
Nous nous sommes proposées pleins de fois des liens pour aller voir différents articles et explorer toujours un peu plus, et aller un peu plus loin sur le sujet... Jusqu'à parfois digresser...
Ce que je fais actuellement! ^^
가자! (ndlt. Allons-y !)
Entrons maintenant dans le cœur du sujet, si vous le voulez bien...
© Yunhee Yang
A - Bonjour chère Yang Yunhee !
Y - 안녕하세요 아니애스씨! (ndlt. Bonjour chère Agnès)
A - Nous savons déjà que vous êtes coréenne. Pourriez-vous nous dire d'où venez-vous plus précisément en Corée ?
Y- Je peux vous dire que je suis venue de Gwangju car j'ai grandi et étudié là-bas depuis quand j'avais 7 ans.
Mais mon adresse permanente est Naju, où mes grands-parents étaient, et où maintenant mes parents habitent toujours après leurs retraites.
A - Vous êtes aujourd'hui une artiste et vous donnez des ateliers artistiques. Quel est donc votre parcours ? (Etudes/Formations...)
Y - Si je résume, j'ai fait mes études en Corée du Sud, puis je suis arrivée en Belgique. En 2012, j'ai fini mes études en illustration à l'école supérieure des Arts de Saint-Luc à Bruxelles, et en 2018 j'ai fini ma formation en Arts du Spectacle au CFA (Centre de formation d'animateurs).
© Yunhee Yang
A - Vous avez un parcours très créatif, pourquoi vous êtes-vous dirigée (entre autre chose) vers le papier Hanji ? Comment s'est passée cette rencontre et quand ?
Y - Avant de venir en Belgique (avant de quitter mon pays), j'ai voulu apprendre quelques chose typiquement coréenne pour ne pas oublier mon pays, et j'ai pensé que peut-être je peux l'utiliser, si j'ai de la chance un jour. C'était le « Hanji Craft ». Et puis en 2014, je suis retournée à Gwangju après 9 ans de séjour en Belgique, et j'ai travaillé en tant qu'une artiste pendant 3 mois là-bas. J'ai utilisé Hanji sur mes travaux et j'ai également fait une exposition. Ce voyage fut pour moi la révélation de Hanji ! En 2015, une céramiste coréenne Kim myungjoo m'a recommandée au Centre Culturel Coréen (KCC) pour animer l'atelier Hanji Craft. Après cet atelier, Park Hye-Yeon du KCC, m'a proposé un atelier régulier là-bas.
© Yunhee Yang
A - Avant de continuer sur la vie de Yang Yunhee, le papier coréen hanji (한지)... Comment c'est fabriqué, plus précisément ?
Y- Le papier coréen hanji (en coréen : 한지, hanja : 韓紙), ou en coréen littéraire joseon jongi (조선 종이 ndlt. papier Joseon). La matière première se compose de fibre de mûrier à papier. Les branches de mûriers ont été cultivées dans l’année et récoltées l’hiver. La cuisson se fait à la vapeur pour enlever l'écorce noire des branches pour ne garder que l'intérieur de celles-ci.
On effectue une seconde cuisson avec des cendres de végétaux comme pille de riz, pille du blé, pille du haricot. Et puis, on lave les branches. On les fait tremper dans l’eau pendant 5 à 7 jours et puis ils sont blanchis au soleil.
Dans un deuxième temps, il convient de préparer la pâte à papier par le mucilage des végétaux et l'ajout de racines d'hibiscus. À l'aide de maillets de bois, le papetier effectue un battage doux sur pierre ou sur bois. Les feuilles sont réalisées à l'aide de panneaux qui font des tissages de fibres ; la pâte est posée deux fois sur le panneau pour que les structures soient équilibrées à gauche et à droite. S'ensuivent : les actions de pressage, d'essorage, de séchage sur les panneaux.
À la finition s'effectuent les actions de lissage avec des maillets, de dotchim, de battage manuel qui augmente la densité du papier afin que le papier offre une surface régulière la moins poreuse possible.
Source:
http://www.jhanji.or.kr/bbs/board.php?bo_table=main04_01.
A - Alors, dites-nous Yunhee Yang, comment et pourquoi utiliser le papier 한지 ?
Y- Comment ? Comme quand je l'utilise pour Hanji Craft (한지공예), j’utilise comme cela. Je le coupe – colle - sèche - vernis.
Pourquoi ? Car le papier Hanji a les qualités suivantes :
La force résistante au déchirer est très haut. C’est un grand avantage pour un papier très fin. Le papier est préservé pour un long temp, car l’acidité du PH est 7,89 (neutre).
Ex: The great Dharani (trésor national), la qualité du papier dak entre 704 et 751. C’est le plus vieux imprimerie en bois au monde.
Le papier est écologique : aération et régulation de l'humidité naturel.
Ndlr : Grâce à ses nombreuses qualités, le Hanji a été employé en 2017, pour la première fois, lors de la restauration du bureau du prince électeur Maximilien II Emmanuel de Bavière, fabriqué à Paris au début du XVIIIe siècle et conservé au Musée du Louvre.
Source : Article Korea.net http://french.korea.net/Events/Overseas/view?articleId=5524.
« Le papier est utilisé pour la calligraphie, la peinture et les emballages de toutes sortes. Grâce à ses propriétés isothermes, il sert à tapisser les sols, les murs et les fenêtres des maisons traditionnelles. »
« Très résistant, il était également utilisé autrefois pour fabriquer des armures et des carquois : longévité, résistance, doux, lisse au toucher, blanc allant jusqu'à être translucide, absorbant, excellent pour la peinture, résistant aux insectes et aux champignons. »
Source: https://artsdelacoree.hypotheses.org/4399 .
A - Vous nous avez parlé du « Hanji Craft » précédemment, pourriez-vous nous montrer votre travail et nous parler de cette activité particulièrement ?
Y - Mes œuvres en Hanji Craft. C’est un peu embrassant, car tout le monde peut le faire si on connait la manière de faire (couper-coller-sécher-vernir) sur des structures déjà existées en carton. Mais, si je crée un design à mettre Hanji sur cette structure, c’est tout à coup devenu un objet personnel, qui est également une œuvre d'art pour moi. C’est exactement comme quand je dessine sur le papier blanc. J’essaie d'aider des gens pour trouver soi-même et faire un design personnel et unique, et je donne également des ateliers créatifs et des activités ludiques utilisant différents moyens d’expression.
© Yunhee Yang
A - Vous nous avez montré ici votre travail avec du « Hanji Craft », maintenant pourriez-vous nous montrer votre autre travail ?
Y - Je fais aussi beaucoup des illustrations, je vous montre quelques-unes d'elles... (Techniques mixtes)
© Yunhee Yang
A - Parlons maintenant de vos goûts personnels et de ce qui vous inspire. Dites-nous, qui est votre artiste préféré(e) ? Et pourquoi ?
Y - Oh! Il y en a beaucoup! ^^
(Ndlr: Oui il y en avait beaucoup! J'ai dû la restreindre à seulement deux artistes, car sa première liste était beaucoup trop longue!) ;)
* Kitty Crowther (illustratrice belge) :
J'aime ses histoires et ses styles de dessin avec crayons en couleurs et son parcours est très intéressant.
Biographie et Bibliographie:
https://www.confluences.org/artiste/kitty-crowther/
(Ndlr : Son père est anglais et sa mère suédoise. Kitty est malentendante de naissance, elle dit à ce propos : « je vois un peu à travers les gens et je suis toujours étonnée de la différence entre l'apparence et la réalité. C'est déstabilisant de ne pas pouvoir s'appuyer sur ce qu'on entend. Alors je lis la manière de se tenir, la manière de bouger etc.»)
© Kitty Crowther
* Lee Myung-Ae (illustratrice coréenne) :
J'aime ses histoires et ses styles de dessin avec crayons en couleurs.
Son Instagram:
https://www.instagram.com/myungaelee/
© Lee Myung-Ae
A - Peut-être, pourrions-nous terminer en revenant sur le sujet initial, parlez-nous de votre « amour » pour le papier Hanji...
Y - Quand je touche Hanji, je me sens que je suis liée avec mon pays. Cette phrase parle à tous, en tant que personne résidant à l’étranger. Je me suis dit aussi qu’il y a une seule personne qui donne un atelier de Hanji Craft (pour l’instant) en Belgique. C’est moi! Quand je l’ai pensé, je sens que je suis devenue spéciale et je prends un poids sur mes épaules pour présenter les qualités de Hanji aux gens d'ici. Donc, je continuerai de le parler et de l'utiliser pour le faire connaitre au maximum des personnes en Europe.
<3
© Yunhee Yang
Madame Yunhee Yang donne des ateliers de Hanji, entre autre, au Centre Culturel Coréen (http://brussels.korean-culture.org/fr) et d'autres ateliers créatifs. N'hésitez pas aller voir son blog et son site internet pour de plus amples informations.
Merci à elle pour nos échanges, et le partage de cette passion qui l'anime. En me renseignant sur le sujet, j'ai découvert à quel point les gens qui utilisaient le Hanji ressentaient un véritable amour pour ce papier.
Personnellement, je me suis d'ores et déjà inscrite au prochain atelier donné par 양윤희씨 (ndlt. Madame Yang Yunhee) !
Et vous ? Cela vous dit ?...
« La curiosité n'est pas qu'un vilain défaut ! »
© Yunhee Yang
Website:
https://www.yunheeyang.com/
Blog:
http://yangyunhee.blogspot.com/
Mail: yunheeyang02@gmail.com
* Cet article est rédigé par un journaliste honoraire de Korea.net. Notre groupe des journalistes honoraires est partout dans le monde, pour partager sa passion de la Corée du Sud à travers Korea.net.
etoilejr@korea.kr.