2 / Quelles sont ses particularités par rapport à d’autres arts martiaux ? Et surtout, par rapport à d’autres disciplines du même type.
Du fait de son origine bouddhiste, elle a toujours été empreinte d'une grande spiritualité. Chaque séance commence ou finit par la méditation.
Le mental calme, permet un mouvement plus fluide, une meilleure circulation de l’énergie et donc une meilleure efficacité sur le plan physiologique, énergétique et martial.
De très bon atouts pour la vie quotidienne.
3 / Vous êtes français et maître de sonmudo, un art martial coréen, pouvez-vous nous expliquer votre parcours ?
Je pratique les arts martiaux depuis le début des années 60. Après le judo, le sabre et la boxe, un maitre coréen Lyuh sohn Koo arrive à Toulouse fin des années 70. Je le rencontre en 1980 et je pratique un an avec lui. Puis je deviens élève de Michel Dellanegra, qui ouvre un centre non loin de chez moi. Il est lui-même élève direct du maître et médaillé au niveau mondial, c’est un des pionniers français de cette discipline encore confidentielle à l'époque.
Il y avait dans ses cours une énergie folle qui englobait tout ce que j'avais pu faire par ailleurs.
Très vite, je pars en Corée, en 1983. J'y rencontre un jeune maître de Taekwondo à Séoul, maître Kim Kap Sik* qui est toujours mon maître à ce jour et qui me fait comprendre la racine philosophique de son art.
Je garde également le lien avec le maître coréen de Toulouse qui me confiera de nombreuses missions de développement en Midi-Pyrénées (arbitrage, développement de la pratique auprès des enfants, communication...). Ce dernier décèdera peu après l'ouverture de ma structure en 1995.
A partir de 1983 je me rends en Corée chaque année, parfois deux fois par an. J'en suis aujourd'hui à plus de 60 séjours au pays du Matin Calme.
En 1993 je rencontre le moine Toshin senim à Séoul. Il me parle du Seonmudo et me dit que pour l'étudier il faut aller dans un petit temple près de Gyeongju : Golgulsa. Un ami coréen m'y conduit, j’y rencontre le Maître actuel, le moine Jeog Un Seol et c'est ainsi que je commence cette pratique. Cet été-là, lorsque j’arrive au temple, j’ai de nombreuses blessures liées aux combats de Taekwondo. Grâce aux exercices respiratoires de Seonmudo, je me remets sereinement et je rentre à Toulouse avec une énergie renouvelée. Je décide donc de suivre son enseignement et de partager mes séjours entre Taekwondo et Seonmudo.
La branche Taekwondo que j'étudie en Corée est en lien avec la philosophie Bouddhiste du Sonmudo, initialement je ne le savais pas. J’ai découvert cette racine commune bien plus tard, mais, il n 'y a pas de hasard.
Tous les printemps et souvent en automne je suis à Séoul, puis à Golgulsa et j'étudie. Je gravis les échelons jusqu'à ce que le Maître du Seonmudo, après l’obtention du 2ème dan me suggère d'enseigner Seonmudo en France. Personne ne connait, ce seront donc quelques-uns de mes élèves ceintures noires de Taekwondo qui seront les premiers disciples de Seonmudo.
Je deviens arbitre international en taekwondo en 1995, maître de taekwondo la même année et de sonmudo en 2010.
En 2000, nous créons l'Association Nationale de Sonmudo et en 2005 l'Ecole des Cadres pour former les premiers instructeurs.
Il y a donc deux filières, avec soit la possibilité de se former en Corée, soit celle de se former en France, par le biais de notre structure (les deux sont possibles également et complémentaires).
Il y a plus de vingt structures aujourd'hui sur tout le territoire et plus de 45 instructeurs-trices diplomé(e)s.
4 / Pourriez-vous nous préciser quelles sont les structures officielles de la discipline en France ? Où se situe le siège du sonmudo ?
Notre groupement est une association Loi 1901, son nom complet est l’Ecole Française et Européenne de Sonmudo. Notre nom « commercial » est Sonmudo France.
Il y a une équipe qui gère l'administratif et le soutien aux clubs, une autre qui s'occupe des formations, une également de la communication pour la relation-clubs et le site www.sonmudo.eu. La partie technique est à la charge des plus gradés. Nous sommes le pays, en dehors de la Corée, où il y a le plus de gradés.
Le rôle de ce groupement est de faire le lien avec la Fédération mondiale coréenne et de veiller à la bonne utilisation du Sonmudo, en respectant l'art et sa diffusion.
En 2010, j'ai été nommé représentant officiel du Sonmudo pour la France, le siège est à Toulouse. Car tout a commencé ici.
5 / A qui s’adresse le sonmudo ? Comment est-il pratiqué ? Pourriez-vous nous en expliquer les principes ? Y a-t-il des bienfaits pour le corps et l’esprit ? Permet-il de développer de nouvelles capacités et si oui, lesquelles ? Peut-on pratiquer à tout âge ?
Il s'adresse à tout public. Des personnes âgées aux plus jeunes en passant par la pratique en entreprise ou en club. C’est un art sans limite de type de pratiquant, car il s'adapte à vous et vous vous adaptez à lui. Cette recherche d'harmonie, cœur-corps-esprit est une bénédiction pour ceux qui le découvrent. Un bienfait pour ce monde manichéen, cartésien et en même temps si complexe dans lequel nous vivons. Le calme de l’esprit, ce qu'on appelle l'esprit clair, permet de mieux se connaître et de faire la part des choses. Le corps n'est pas dissocié de l’esprit. C’est cette union, cette alchimie qui nous permet d'être plus forts, mieux ancrés.
6 / Quel est l’évènement le plus marquant en France dans cette discipline, depuis ces dix dernières années ?
Nous organisions avant la crise Covid un événement majeur à Toulouse, qui a été ensuite décentralisé vers Paris, puis Strasbourg ; avec la venue des grands maîtres du sonmudo tous les deux ans. En 2018 nous avions refusé du monde tellement l'événement avait eu de retentissement.
La première date marquante fut le Festival de Bercy en 2006 je crois. Un grand succès, puisqu’il fut aussi retransmis à la télévision. Cela nous a ouvert des portes pour le développement.
Les premiers passages de ceintures noires en France ont aussi participé au développement. Les médias et en particulier les revues d'arts martiaux ont aussi aidé à promouvoir la discipline.
7 / Avez-vous des projets pour le développement du sonmudo en France et en Europe ?
Tout est au point mort actuellement. Des structures sont fermées, faute de présentiel. Il faudra d'abord reconstruire avant de développer. L’idée future est de proposer le Sonmudo partout où les gens en manifesteront le besoin ou l'envie. Il y a un potentiel de développement quasi illimité. Il faudra voir l'investissement des uns et des autres, car la relève doit être assurée.
8 / Si vous aviez un souhait particulier, quel serait-il ?
Que les gens ne perdent pas confiance et gardent un œil curieux sur ces disciplines comme le Sonmudo, qui dans la simplicité peuvent amener bien-être et centrage, en lien avec sa vie quotidienne, un art qui est le prolongement de la vie.