ⓒ Centre culturel coréen de Paris
Par la Journaliste Honoraire de Korea.net Charlotte Geoffray de France
Avec la réouverture des lieux culturels, il serait dommage de passer à côté de cette très belle exposition inaugurée le 17 juin dernier, et visible tout l’été jusqu’au 10 septembre 2021.
Nam Yun Hee, Chaekgado, 2017. ⓒ Centre Culturel Coréen
Le professeur Chung Byung-Mo, directeur de l’école du Minhwa coréen et professeur invité de l’Université de Gyeongju, a réuni 47 artistes qui perpétuent la tradition de la peinture populaire et la remettent goût du jour. Inédite en France, cette exposition trouve toute sa place au Centre Culturel Coréen de Paris (20 rue de la Boétie, Paris 8e).
Que sont le Minhwa et le Chaekgeori ?
Le terme minhwa signifie « peinture populaire ». Ce style pictural fait partie intégrante du patrimoine culturel coréen. Dominant entre le le XVIIIe et le XXe siècle, il trouve son inspiration dans le quotidien des Coréens. D’abord l’apanage des plus riches, le minhwa se popularise et se diffuse dans toutes les classes sociales. À cette occasion apparaissent de nouveaux sujets et le genre s’enrichit de lui-même. Encore aujourd’hui la peinture populaire reste très prisée.
La présente exposition met en avant d’abord le chaekgeori. Il se rapproche de la nature morte occidentale et représente le plus souvent des ouvrages et des objets liés à l’écriture comme le pinceau ou le papier. Il faut distinguer deux catégories : le chaekgeori – avec étagères, et le chaekgado – sans étagères. Elles incarnent l’évolution du style et la fracture entre les classes sociales. Les lettrés les plus riches demandaient à représenter leurs étagères remplies d’ouvrages, tandis que les classes plus populaires, qui n’en possédaient pas, préféraient représenter leur intérieur mais également des motifs floraux et animaux. Là, c’est davantage la symbolique qui primait. De nouveaux motifs ont ainsi fait leur apparition, notamment des Seosu qui sont des créatures symboliquement positives de l’imaginaire coréen. On retrouvait surtout des dragons, des tigres et des oiseaux, signes de bonne fortune et de protection contre les mauvais esprits.
Un tour dans l’exposition
L’exposition suit l’évolution du chaekgeori dans le temps. On débute d’abord par des salles où les artistes contemporains perpétuent au mieux la tradition du minhwa. Les premières œuvres rendent hommage au chaekgeori des débuts du XVIIIe siècle avec des peintures sur paravent et sur tableaux qui reproduisent des étagères, des ouvrages et des objets liés au domaine des lettres. Les tons sont plutôt neutres donnant une impression de froideur. En contraste, les salles consacrées au style plus populaire – chaekgado - donnent à voir des œuvres plus colorées où fleurs et animaux sont placés au centre. À mesure de mon avancée, les œuvres s’affranchissent de plus en plus des codes traditionnels. C’est là que le contemporain s’empare de ce style pictural pour continuer de le faire vivre aujourd’hui. Dans la dernière salle, des éléments actuels comme des circuits imprimés (voir œuvre ci-dessous), sont intégrés au style chaekgeori lui offrant une toute autre actualité.
Partie gauche de : Ryu Min Jeong, Voeux d’une légende 2.1, 2020. ⓒ Charlotte Geoffray
L’ensemble fait ressortir une belle cohérence. De la perpétuation de la méthode traditionnelle à l’intégration d’éléments contemporains, ce collectif d’artistes réuni par le professeur Chung Byung-Mo nous offre une belle immersion dans le minhwa. Petit bémol cependant au niveau de l’éclairage des œuvres tout au long de l’exposition. Certaines auraient mérité d’être mises en lumière différemment.
Si cela a piqué votre intérêt et votre curiosité…
L’exposition est en accès libre aux heures d’ouverture du Centre Culturel du lundi au vendredi de 10h00 à 17h50 jusqu’au 10 septembre 2021.
Et si vous ne pouvez pas vous déplacer jusqu’à Paris, le catalogue de l’exposition est disponible en format PDF sur la page dédiée sur le site du Centre Culturel Coréen de Paris (lien :
https://www.coree-culture.org/minhwa-chaekgeori-de-la-beaute-des,4962.html).
* Cet article est rédigé par un journaliste honoraire de Korea.net. Notre groupe des journalistes honoraires est partout dans le monde, pour partager sa passion de la Corée du Sud à travers Korea.net.
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