Journalistes honoraires

09.07.2021

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Par la Journaliste Honoraire de Korea.net Danielle TARTARUGA de France

Pour cette seconde présentation des arts martiaux coréens pratiqués en France, j’ai souhaité mettre en lumière un maître qui représente le Taekkyon depuis 2010, Maître Jean-Sébastien BRESSY, 5ème dan. Il va ainsi nous faire découvrir son parcours et nous présenter cette discipline martiale classée au patrimoine culturel immatériel de l’humanité, par l’UNESCO.


Photo 1 : Coup de pied vrillé & sauté dans une forêt de cèdres japonais de Jeju en « cheollik » (manteau de la période Goryeo) ⓒ Maître Jean-Sébastien Bressy

Coup de pied vrillé & sauté dans une forêt de cèdres japonais de Jeju en « cheollik » (manteau de la période Goryeo) ⓒ Maître Jean-Sébastien Bressy


Photo 2: Coup de pied vrillé par J-S Bressy en hanbok au pied d'un « oreum » (cône volcanique) de Jeju ⓒ Maître Jean-Sébastien Bressy

Coup de pied vrillé par J-S. Bressy en hanbok au pied d'un « oreum » (cône volcanique) de Jeju ⓒ Maître Jean-Sébastien Bressy



1. Pourriez-vous nous expliquer l’origine du Taekkyon et son histoire ?

Le Taekkyon est cité dans des poèmes, encyclopédies et dictionnaires à partir du XVIIe siècle. On estime qu'il descendrait du Subak de la période Goryeo (X-XIVe siècle) qui était pratiqué comme sport de combat en plus d'être une épreuve de sélection pour la garde rapprochée du roi. Plus récemment, le Taekkyon a été reconnu comme « patrimoine culturel intangible » de la Corée du Sud en 1983 puis « patrimoine culturel immatériel de l'humanité » par l’UNESCO en 2011 et enfin, comme « sport national » de Corée du Sud en 2020.


Photo 3 : Saisie de coup de pied et projection (par Maître Bressy) ⓒ NAMT / Daniel Molinier

Saisie de coup de pied et projection (par Maître Bressy) ⓒ NAMT / Daniel Molinier



2. Quelles sont les particularités par rapport à d’autres arts martiaux et surtout par rapport à d’autres disciplines du même type, basées en grande partie sur des coups de pieds ?

Le Taekkyon est parfois qualifié « d’ovni » dans le monde des arts martiaux. Avec une apparence fluide et dansante et un esprit d’enthousiasme typiquement coréen, il est composé de techniques de frappe, de clefs et de projections et se rapproche donc du concept d’un art martial mixte.

Autre particularité, les combats sont traditionnellement ponctués par des démonstrations libres des compétiteurs, en musique. Au niveau des règles de compétition, il y a une notion de modération : pas de saisie des vêtements, pas de frappes des mains, ni de recherche du KO et un seul coup de pied au visage peut mettre fin au combat. On dispose d’une myriade de techniques avec les pieds sur toutes les hauteurs du corps, mais à la différence du Taekwondo, la saisie d’un coup de pied est autorisée et on peut remporter le combat en faisant chuter l’adversaire.

L’autre facette moins connue du Taekkyon est celle - plus martiale et non sportive - de la yetbeop qui est réservée aux adultes et utilise toutes les armes naturelles du corps.


Coup de pied sauté au visage ⓒ NAMT / Daniel Molinier

Coup de pied sauté au visage ⓒ NAMT / Daniel Molinier



3. Vous êtes français et maître de Taekkyon, un art martial coréen. Pouvez-vous nous expliquer votre parcours ?

Je ne suis pas sportif à la base, mais j’étais attiré depuis tout jeune par l’Asie orientale. Un ami coréen m'a parlé du Taekkyon en 2003 à Paris. Alors quand je suis allé visiter la Corée du Sud l’année d’après, je me suis rendu dans un club par curiosité ; mais j’ai trouvé bizarres et peu martiaux les déplacements dansants et les kihaps (cris) répétitifs. J’ai ensuite eu la chance de suivre à Séoul des cours collectifs de Taekwondo pour adolescents sous la direction d’un coach olympique. C’était très intense et strict, je me suis senti dépassé avec mes 26 printemps et j’ai rapidement renoncé. Je suis passé par une phase de doute vis-à-vis des arts martiaux. Enfin, j’ai découvert en 2006 une vidéo en ligne de Chris Crudelli qui rencontrait un certain « Professeur Ki » maître de Taekkyon (je n’ai su que plus tard qu’il s’agissait du grand maître DO Ki-Hyun) et là, il y a eu un déclic. J'ai cherché sur internet et j’ai finalement trouvé un club pas trop éloigné de l’endroit où j’habitais. Je suis arrivé chez Maître MOON Young-cheol et suis devenu son élève au bout de quelques séances d’entraînement. Il m’a par la suite suggéré de développer la discipline en France et je suis resté finalement trois ans et demi dans son école avec des entraînements quasi quotidiens, tout en participant à des démonstrations et des compétitions. En 2008 j’ai été rejoint par Guillaume PINOT et nous avons décidé ensemble, de notre retour en France, afin d’y fonder le Centre Français du Taekkyon (CFTK) en 2010.

Une forme synchronisée par les maîtres coréennes LEE Ji-su et GO Yun-young et l'équipe de démo du CFTK (avec Maître PINOT devant) ⓒ Tuan Nguyen

Une forme synchronisée par les maîtres coréennes LEE Ji-su et GO Yun-young et l'équipe de démo du CFTK (avec Maître PINOT devant) ⓒ Tuan Nguyen



4. Pourriez-vous nous préciser quelles sont les structures officielles de la discipline en France ? où se situe le siège du Taekkyon ?

Il y a deux structures officielles actuelles : le Centre Français du Taekkyon (http://cftk.fr) qui gère des clubs sur Paris et Orléans avec des cours en visioconférence et la France Taekkyon Association qui est présente sur Lyon et Chamonix.

5. A qui s’adresse le Taekkyon ? Comment est-il pratiqué ? Ses principes ?

La compétition et les cours de Taekkyon s'adressent aux enfants, ados et adultes. On pratique en salle ou en extérieur de préférence sur des tapis rembourrés. Pour la sécurité on mettra un protège dents et une coquille.

On peut aussi pratiquer seul ou en groupe et sans contact, les formes (bonttae ou holsaegim équivalents de katas).

Il existe également une pratique non sportive et sans opposition appelée Taekkyon-Santé, basée sur la médecine traditionnelle coréenne et le Taekkyon, qui se fait en rythme avec (ou sans) musique.

Compétition enfants-adolescents (Crédits photos : Photos en Corée www.tkbattle.com )

Compétition enfants-adolescents ⓒ Photos en Corée www.tkbattle.com 



Coup de pied

Coup de pied « roue » (compétition adolescents) ⓒ Photos en Corée www.tkbattle.com


6. Quels sont ses bienfaits pour le corps et l’esprit ? développer de nouvelles capacités ?

Ce n’est pas une question facile, car il me semble que les transformations sont souvent progressives. Mais pour avoir pratiqué depuis bientôt quinze ans sans interruption ou presque, je pense que le Taekkyon m'a apporté plus de compréhension et d’aisance corporelle et un meilleur sens de l’équilibre, une meilleure lecture des autres. Il m’a apporté aussi un sens de la compétition modérée et du respect pour l’autre ; ce qui n'est pas évident au premier abord surtout dans le monde d'ultra compétition de la société actuelle. Autre point, l’esprit d’enthousiasme (heung en coréen) présent dans la culture coréenne et le Taekkyon est à distinguer je pense de celui plus strict, peut-être inspiré du zen, que l’on retrouve souvent dans les arts martiaux asiatiques.

Photo 8 : Saisie de la jambe d'attaque et projection (Crédits photos : Photos en Corée www.tkbattle.com)

Saisie de la jambe d'attaque et projection ⓒ Photos en Corée www.tkbattle.com



7. Quels sont les événements les plus marquants en France depuis ces dix dernières années ?


Il y en a beaucoup ! Par ordre chronologique, le 13e championnat « ChoegosuJeon » à Versailles en 2012 avec sept joueurs (terme employé en Taekkyon pour désigner les compétiteurs) coréens de haut niveau venus faire la 1ère compétition officielle de Taekkyon hors de Corée, accompagnés par grand maître LEE Yong-bok – quel honneur pour nous !

Puis, il y a eu en 2015 le spectacle Taekkyeon Arirang à la maison de l'UNESCO de Paris avec des danseurs, des musiciens et taekkyonistes coréens et français, un moment fort et beau, partagé avec près de 600 spectateurs.

Ensuite, en 2016, la démonstration au festival de BERCY de maître MOON Young-cheol et son disciple HAM Jin-seok avec une équipe du CFTK, énorme pression dans l’arène du mythique événement avec des milliers de spectateurs !

En 2017, il y eu des stages et démonstrations de grand maître DO Ki-hyun où j'ai rencontré mon épouse qui faisait partie de la délégation !

J’ajouterai aussi les visites d’autres maîtres coréens qui ont chaque fois partagé avec nos élèves leur passion et leur savoir-faire au fil des ans : KIM Giyoung qui nous a épaulé comme assistant pendant les cours en 2011, « Les trois mousquetaires » SEO Jung-woo, AHN Hyeongsu et YU Sang-geun en 2013 avec qui nous avons fait des stages en région parisienne, mais aussi en Allemagne. La jeune HA Seung-ah en 2014, le grand-maître SON Il-whan, en 2019, co-fondateur de l'école Daehan, les deux expertes LEE Ji-su multiple championne de Taekkyon et l’ultra souple GO Yun-young en 2018 et aussi maître HWANG In-mu fondateur du Yetbeop Taekyun et expert en casse de marbre à mains nues en 2018.


Projection (compétition adultes) (Crédits photos : Photos en Corée www.tkbattle.com )

Projection (compétition adultes) ⓒ Photos en Corée www.tkbattle.com


8. Quels sont vos projets pour le développement du Taekkyon en France ?

Dans l’esprit, continuer avec la passion qui nous a animés dès la création du CFTK, l’engouement pour pratiquer et faire connaître cet art. Dans le concret, développer nos clubs et former de nouveaux instructeurs de Taekkyon.

9. Un souhait particulier ?

Que le Taekkyon soit épaulé par le Taekwondo pour toucher un public plus large et participe à faire connaître la culture traditionnelle et moderne des arts martiaux et sports de combat coréens. Ces deux disciplines partagent l’esprit du « bigak » les jambes volantes. Je pense qu’il y a de quoi rassembler.

10. Comment avez-vous adapté la pratique du Taekkyon face à la pandémie ?

Les enseignants du CFTK proposent des cours hebdomadaires en visioconférence. Ça ne remplace pas le présentiel qui permet de pratiquer avec contact et évoluer avec la pratique à deux, mais le professeur et les élèves peuvent continuer à s’entraîner, à progresser et à garder le contact ce qui n’est pas négligeable. Et comme nous sommes en petits groupes, on prend le temps de donner des indications, de coacher nos élèves.


Forme synchronisée (avec Maître Bressy-Hwang) (Crédits photos : Photos en Corée www.tkbattle.com)

Forme synchronisée (avec Maître Bressy-Hwang) ⓒ Photos en Corée www.tkbattle.com



11. Quel conseil donneriez-vous à quelqu’un qui souhaiterait commencer le Taekkyon ?

De nous contacter (sourire). Plus sérieusement, de faire un cours d’essai, même par visioconférence et de ne pas se décourager en ne pensant pas être apte : J’ai trop d’embonpoint ? Le poids peut être un énorme avantage en combat. Je ne suis pas assez souple ? On peut progresser en amplitude même adulte. Je suis trop lent ? La vitesse de frappe et les réflexes peuvent s’améliorer avec méthode et entraînement ! Bref de se lancer et faire un essai, sans hésiter.

Informations complémentaires :
Vidéo de présentation du Taekkyon : https://youtu.be/8sZ9BLpT6b0 et https://youtu.be/oQKL85EZdB0
Site internet du CFTK : : http://cftk.fr
Site du Taekkyon-Santé : http://tksante.fr
Email : contact@cftk.fr Tél. : 06.13.73.32.40
Instagram : @cftaekkyon @jean.sebastien.bressy


* Cet article est rédigé par un journaliste honoraire de Korea.net. Notre groupe des journalistes honoraires est partout dans le monde, pour partager sa passion de la Corée du Sud à travers Korea.net.


etoilejr@korea.kr