Journalistes honoraires

27.01.2022

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© Noëmie WILLIN, campus Université Le Havre Normandie

© Noëmie WILLIN, campus Université Le Havre Normandie



Par la Journaliste Honoraire de Korea.net CHIRON Millie de France

Il y a quelques années, la Licence LEA a été créée à l’Université du Havre à l’initiative de Madame Smith. Cette Licence pluridisciplinaire propose aux étudiants de parfaire leur anglais à travers des cours de spécialité tout en apprenant deux langues asiatiques. Je suis moi-même diplômée de cette formation. J’ai beaucoup apprécié le contenu des cours proposés et les options que j’ai pu choisir au cours de la Licence ont déterminé mon orientation professionnelle. C’est aussi cette ouverture sur la Corée et plus généralement sur les mondes asiatiques qui m’a donné envie de devenir Journaliste Honoraire pour pouvoir continuer d’approfondir mes connaissances sur la Corée à travers la rédaction d’articles thématiques et d’interviews. J’ai également eu l’opportunité d’effectuer un échange universitaire d’un an en Corée du Sud à Séoul en troisième année de Licence. J’ai donc souhaité échanger avec Madame Smith pour revenir sur la création de cette Licence.

Je remercie vivement Madame Smith d’avoir accepté de répondre à mes questions.

1) Madame Smith, vous êtes Directrice du Département d’Anglais de l’Université du Havre et Responsable de la Licence Langues Etrangères Appliquées : Anglais et deux langues Asiatiques. Pouvez-vous nous présenter en quelques mots cette formation que vous avez créée ?

L’objectif de cette Licence est d’amener l’étudiant à acquérir des connaissances approfondies dans les langues cibles, associées au contexte économique, social, politique et culturel. Le registre des cours couvre plusieurs domaines :
• Histoire, sociétés, cultures, arts contemporains ou plus anciens.
• Grammaire, phonétique, phonologie, linguistique, sémiologie
• Traduction anglais/français et vice versa : introduction à la traduction audio-visuelle, traduction de textes journalistiques, distance réflexive sur le système langagier étudié grâce à une comparaison avec le français.
• Compréhension et restitution de documents écrits, sonores et audio-visuels.
• Connaissances en économie, sensibilisation aux questions du développement durable, d’intelligence économique, des enjeux économiques et sociaux à l’international en lien avec les aires culturelles étudiées en langues vivantes.

En Licence 3, soit en France soit à l’étranger, l’étudiant devra mener un Projet Tutoré et si possible faire un stage (idéalement à l’étranger ou en lien avec l’étranger ou la pratique des langues étrangères). De plus en plus d’étudiants, grâce à notre réseau qui les encadre bien, choisissent de faire un stage dans le monde de l’éducation. Ils peuvent effectuer leur stage dans l’enseignement en maternelle ou dans le primaire en France dans le cadre de l’éveil aux langues étrangères, ou en enseignant le français à l’étranger.

2) Quelles ont été vos motivations pour mettre en place cette formation et depuis quand existe-t-elle ?

Nous avons ouvert cette formation en 2016 en Licence 1, puis progressivement nous avons ouvert les deux niveaux suivants. En juin 2019, nous avons eu notre première promotion de diplômés. La poursuite d’études en Master, soit en France, soit en Asie, est devenue la norme. Nous voulions offrir une ouverture sur le monde anglophone et les mondes asiatiques, originale dans le paysage universitaire français, en proposant d’emblée l’étude de deux langues asiatiques et de leurs cultures en plus de l’anglais, avec une ouverture également sur l’économie. Nous avions les forces vives localement pour mener à bien ce projet et il a rencontré le succès d’emblée auprès des candidats étudiants qui viennent soit du Havre et de sa proche région, soit de plusieurs régions de France éloignées du Havre, voire de l’étranger. De plus, des établissements du secondaire en Normandie proposent l’étude d’une langue asiatique dès la 6e, la 4e ou en seconde. Ces étudiants construisent et mûrissent bien le projet de se spécialiser en anglais et en langues asiatiques par goût, dès leurs premières années dans le secondaire. Nous avons aussi constaté qu’ils mettent de côté toutes leurs économies, dès le plus jeune âge pour aller en Asie un jour, et mûrissent donc un réel projet dans le temps.

3) Combien d’étudiants accueillez-vous ? et quel type de profils recherchez-vous ?

Nous accueillons désormais de 35 à 40 étudiants en première année de Licence, pour finir en Licence 3 année à environ 30-34 étudiants selon les années. Nous recherchons des étudiants qui ont une bonne maîtrise du français oral et écrit, de l’anglais oral et écrit et qui sont déjà capables de suivre en niveau 2 l’une des 4 langues asiatiques proposées à ULHN (Université Le Havre Normandie) parmi le chinois, le coréen, le japonais et l’indonésien, des étudiants qui sont curieux et ouverts d’esprit, travailleurs et motivés. Les étudiants doivent aussi être passionnés par les cultures et les phénomènes de société des zones géographiques étudiées. Ils étudieront aussi des aspects du monde économique, en anglais principalement, au cours de leur cursus. Ils ont besoin de pouvoir faire montre de capacités de réflexion, d’argumentation et de mise en perspective des connaissances acquises. Il est aussi attendu de ces candidats, une bonne maîtrise des codes sociaux et du savoir-être en général pour être ensuite capables de se comporter en Asie en dignes représentants de leur pays d’origine, de leur Université et de leur diplôme et de respecter les coutumes du pays et les comportements à adopter là où ils iront faire leur troisième année de Licence ou faire un semestre d’études selon leurs moyens financiers.

4) Pourriez-vous nous parler de votre équipe pédagogique ?

L’équipe pédagogique est composée de membres qui sont tous aussi très motivés par cette formation, les enseignants de l’anglais, locuteurs natifs ou pas, les enseignants des langues asiatiques qui sont tous des locuteurs natifs, ont tous à cœur de promouvoir l’esprit du diplôme et de réfléchir sur des thématiques liées au monde anglophone et au monde asiatique, séparément ou en lien les uns avec les autres. Nous avons des enseignants de tous les âges et d’expériences diverses sur le terrain, que ce soit dans le monde anglophone ou/et en Asie. L’esprit convivial est de mise pour fonder comme une grande famille aux intérêts communs dans ce diplôme, sans pour autant nier ou oublier les différences entre ces diverses cultures à travers le temps.

5) Quels sont les points forts de votre Licence LEA ?

Le premier point fort est l’importance des trois langues et cultures en plus d’une bonne maîtrise du français.

Un deuxième point fort est la possibilité donnée à l’étudiant de construire son propre profil de spécialisation : plus linguiste, plus civilisationniste, plus en médiation culturelle ou/et histoire de l’art, plus économiste. Ainsi son choix de Master sera mûrement réfléchi.

Un autre point fort est la possibilité de faire sa Licence 3 en Asie. Nous allons dès la fin de l’année 2021 pouvoir reprendre nos négociations interrompues par la situation Covid pour construire dans un premier temps un double diplôme de Licence entre l’ULHN et une Université en Corée (à la demande de cette dernière, ce qui nous fait très plaisir).

6) L’implantation de cette formation au Havre est-elle déterminante ?

Nous avions déjà dans notre faculté l’offre des langues asiatiques et orientales, en plus des langues romanes et germaniques, depuis la création de la Faculté des Affaires Internationales au Havre, un port ouvert au commerce international. Les étudiants de la Licence d’anglais créée en 1992, se sont de plus en plus tournés vers l’étude de leur LV2 obligatoire en langue asiatique, ce qui m’a confortée dans l’idée que nous pourrions nous distinguer des autres LEA en France en proposant l’étude deux langues asiatiques en plus de l’anglais.

7) Pouvez-vous nous parler de la place de la mobilité à l’étranger dans la formation ?

La mobilité en Asie notamment, est cruciale en Licence 3 LEA « anglais et deux langues asiatiques » pour permettre aux étudiants de se confronter sur le terrain à la pratique et à l’étude poussée de la langue et de vivre en immersion dans le pays sur un temps assez long.

© Millie CHIRON, village Hanok de Namsangol, Séoul

© Millie CHIRON, village Hanok de Namsangol, Séoul



8) Si vous acceptez, pourriez-vous nous détailler un peu votre parcours professionnel et/ou personnel (France-Angleterre) ?

J’ai eu une pratique de l’enseignement en Angleterre à la « Grammar School for Girls » à Bournemouth, Dorset dans le sud de l’Angleterre, et à l’Université de Sheffield dans le Yorkshire dans les années 80. Et j’ai obtenu un poste fixe à l’Université du Havre Normandie en 1996, après 7 années de vacations à la Faculté des Affaires internationales, j’ai également une expérience de 9 années d’enseignement de l’anglais dans le secondaire en France, à Orléans puis au Havre, grâce aux concours de l’enseignement, du Capes et de l’agrégation d’anglais.

9) Quel(s) conseil(s) auriez-vous à donner à nos lecteurs qui seraient intéressés par des études universitaires en langues asiatiques ?

Pour étudier les langues et civilisations asiatiques à l'Université, ce qui compte le plus ce sont la motivation, la curiosité et le travail régulier. Il faut être curieux des langues, des cultures et des gens qui vivent dans une culture complètement différente de la sienne. Pour nourrir cela, il faut lire des revues sur les pays asiatiques et des romans des pays asiatiques traduits en français ou /et en anglais, regarder des documentaires, des séries et des films, fréquenter les centres culturels des pays asiatiques, aller voir des expositions et des manifestations culturelles liées aux pays asiatiques, s’intéresser par exemple à la danse, à la musique, au théâtre, mais aussi s’intéresser aux pratiques culinaires et sportives du monde de l’Asie, voire les pratiquer, fréquenter un « café des langues » quand c’est possible pour discuter avec des locuteurs natifs, s’imprégner de la culture, de la philosophie, des rites, des sons et des rythmes, pour un jour pouvoir peut-être penser, respirer et habiter dans les langues de ces pays.




Merci beaucoup Millie de m’avoir invitée à répondre à vos questions. Mme Smith

* Cet article est rédigé par un journaliste honoraire de Korea.net. Notre groupe des journalistes honoraires est partout dans le monde, pour partager sa passion de la Corée du Sud à travers Korea.net.

etoilejr@korea.kr