Réalisatrice Han Kyung-mi © Han Kyung-mi
Par la Journaliste Honoraire de Korea.net Eléonore Bassop de France
Depuis novembre 2021, le Centre culturel coréen à Paris abrite un ciné-club qui propose au public français des films coréens souvent inédits. Ces productions qui vont des années 50 aux années 2000 sont commentées et analysées à la fin de chaque séance par l’animatrice de ce ciné-club, Mme Han Kyung-mi, elle-même réalisatrice. Nous nous sommes rencontrées un jour de printemps dans une brasserie parisienne pour parler d’elle, de ses réalisations et du cinéma coréen.
Bonjour Mme Han Kyung-mi, pourquoi la création d’un ciné-club au centre culturel coréen de Paris ?
Depuis longtemps déjà, le Centre culturel coréen a pris l’habitude d’afficher des films coréens dans sa programmation. Avec ce ciné-club voulu par M. John Hae-Oung, le directeur du Centre Culturel Coréen à Paris qui est un grand cinéphile, il s’agissait de structurer cette programmation de films et d’ouvrir des débats avec le public sur des sujets qui traversent la société coréenne d’hier et d’aujourd’hui.
Comment s’est fait le choix des films présentés au public ?
En réfléchissant à la programmation des films à diffuser lors de ce ciné-club, j’ai d’abord pensé à 3 thèmes : la jeunesse, les femmes et les années 60. Puis, le directeur du centre culturel a proposé d’y ajouter un autre thème, le romantisme, qui fait écho à la sensibilité romantique des Coréens mais aussi qui rappelle les dramas tant prisés du jeune public. C’est ainsi que les films diffusés ont été répartis en quatre thèmes : le romantisme, la jeunesse, les femmes et les années 60, 1er âge d’or du cinéma coréen. C’est en regardant les films coréens pendant le confinement pour m’en imprégner, que je suis tombée amoureuse des films coréens des années 60.
Quel est le genre de public qui vient voir les films ?
Au début, il y avait beaucoup de jeunes, d’environ 20 ans qui venaient voir les films, la plupart arrivait des classes de cours de coréens dispensés au centre culturel. Puis, les adultes ont peu à peu remplacé le jeune public, d’abord beaucoup de femmes, ensuite des couples et enfin de plus en plus d’hommes. Mes interventions ont ainsi trouvé une autre résonance parce qu’elles s’adressent surtout à un public de connaisseurs du cinéma en général. Je suis ravie de constater que le ciné-club réunit un public de plus en plus fidèle à nos rendez-vous. Au début, les réactions des spectateurs étaient plutôt timides, peut-être parce que beaucoup d’entre eux découvraient le cinéma coréen. Mais aujourd’hui le débat est très animé, la participation très active, ce dont je me réjouis.
Pouvez-vous nous parler de vous et des films que vous avez réalisés ?
Après ma licence en Littérature française obtenue en Corée, je suis arrivée en France en 1989 pour poursuivre mes études. J’ai fait une année de stage de langue française à Besançon, 2 années de Maîtrise à Chambéry, puis j’ai préparé un DEA à Paris X. Je m’étais inscrite en Doctorat lorsque j’ai estimé en avoir assez fait et j’ai donc arrêté. De plus, je savais que je continuerais à vivre en France car je fréquentais mon futur mari.
Après mes études, j’ai écrit pour des revues coréennes, j’ai fait de la traduction en publiant 3 livres littéraires et j’ai été interprète. Mais tout a commencé lorsque j’ai écrit mon premier article pour le journal en ligne OhMyNews. Mon article, paru fin 2006, parlait de Na Hye-seok, une peintre coréenne célèbre qui a vécu à Paris en 1927 et qui a laissé de nombreux écrits sous forme de romans, de nouvelles ou de journaux intimes. J’ai ensuite écrit un second article sur elle en allant à la rencontre de la dernière personne à l’avoir connue, Mme Park In-Kyung, la femme du célèbre peintre Lee Ungno. La vie de cette peintre m’a accompagnée pendant quelques années, puis m’est venue l’idée de faire un documentaire sur ses traces en France. Na Hye-seok à Paris est sorti en 2012 et a tout de suite attiré la curiosité. La vie de Na Hye-seok m’a beaucoup intéressée parce qu’il y avait un parallèle entre sa vie de Coréenne en 1927 et la mienne en 1989, deux époques où la Corée n’était pas du tout connue. Cette expérience de réalisation de film m’a beaucoup plu, c’est ainsi que je me suis lancée dans la réalisation d’un film par an pendant 10 ans dont Canards Mandarins, une œuvre sélectionnée au Festival International des Cinémas d’Asie de Vesoul en 2018.
De tous les films que vous avez présentés pendant les 8 derniers mois, lequel est votre préféré et pourquoi ?
Je pourrais dire que Le Retour (1967) de Lee Man-hee est le film que je préfère. Chaque fois que je regarde ce film, j’y trouve des prouesses techniques et artistiques impressionnantes pour l’époque. Mais il faut dire que j’ai beaucoup appris en analysant ces films de maîtres pour le ciné-club, c’est un apprentissage en accéléré, ça vaut plus qu’une école de cinéma.
Le cinéma et les dramas coréens sont très tendances actuellement. À quoi attribuez-vous le succès du cinéma coréen ?
C’est la vague Hallyu qui a déclenché cette appétence pour le cinéma coréen d’abord en Asie puis en Europe. Nous sommes en pleine apogée du cinéma coréen !
Il y a une distinction à faire entre les films et les dramas coréens. Dans les films, on peut traiter de tous les sujets (violence, politique, sexe), ce qui n’est pas le cas dans les dramas qui s’adressent à un public plus familial.
Est-ce que le ciné-club sera reconduit à la rentrée prochaine ?
Normalement oui, et du moins je l’espère fortement.
En tout cas, nous espérons vous retrouver à la rentrée. Merci Mme Han Kyung-mi d’avoir accepté de répondre à nos questions.
* Cet article est rédigé par un journaliste honoraire de Korea.net. Notre groupe des journalistes honoraires est partout dans le monde, pour partager sa passion de la Corée du Sud à travers Korea.net.
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