Ange Lee, Rolland Park, Miriam Hartmann & Sujin Jung ⓒ Gallery Rolland
Par la Journaliste Honoraire de Korea.net Nicole BERGEAUD de France, photos Gallery Rolland et Miriam Hartmann
En Septembre 2021, quand personne ne pouvait voyager à cause du Covid-19, une artiste d'Aix-en-Provence a été invitée à présenter son travail au Kiaf SEOUL (le grand salon d'art contemporain). Au même moment, une exposition lui était entièrement consacrée à la Gallery Rolland à Seoul. Ceci est l'histoire de son itinéraire artistique et pourquoi elle est encore sous le charme de la Corée du Sud un an après.
J’ai connu Miriam il y a deux ans, alors que j’étudiais le coréen en ligne au Centre culturel coréen de Paris. Quand elle m’a dit qu’elle partait pour Séoul l’automne dernier, à un moment où y aller semblait un rêve inaccessible, j’ai été fascinée et j’ai suivi son voyage.
Le Kiaf SEOUL 2022 commence, c’est un bon moment pour se souvenir.
MIRIAM HARTMANN - Peintre et galériste à Aix-en-Provence, France
- Pouvez-vous nous dire d'où vous venez et comment vous avez découvert la Corée du Sud ?
Cela a été pour moi un long voyage à la fois artistique et spirituel. Je viens d’Allemagne où j’étais professeure d’art. À partir de mes 40 ans, j’ai commencé à faire des allers-retours en France pour dessiner, peindre et étudier d’autres artistes. J’ai trouvé un atelier en Provence et j’y ai travaillé jusqu’à ce que je décide de quitter mon pays pour l'hexagone. Les gens que j’ai rencontrés en Corée étaient très intéressés par mon itinéraire et son sens spirituel profond. Gallery Rolland a voulu que mon exposition montre ce qui se passe lorsque l’on quitte son pays et que l’on ne suit pas un chemin tout tracé. J’ai été influencée par l’histoire de mes parents, réfugiés dans leur propre pays après la 2e guerre mondiale. J’ai beaucoup déménagé quand j’étais enfant et je n’avais pas peur des changements. J’avais confiance en mon art et en Dieu. Cette foi m’a guidée.
2014 - J’ai d’abord vécu en Bourgogne, une région proche de l’Allemagne où mon père pouvait facilement me rendre visite. Il était ravi de voir à quel point ce changement de vie était positif pour moi. Je ne connaissais personne, ne parlais pas français et la seule façon pour moi de communiquer, c’était à travers mes tableaux. J'ai appris le français rapidement et découvert les livres de Marcel Pagnol « La gloire de mon père » et « Le château de ma mère ».
2017 - Le bail de ma galerie d’art en Bourgogne a pris fin l'année où mon père est décédé. Parlant français, je me sentais assez sûre de moi pour déménager dans une plus grande ville. Mon travail était déjà connu dans le sud de la France où j’avais mon atelier et j’y avais déjà été représentée par plusieurs galeries d’art. J’ai choisi de m’installer à Aix-en-Provence et d'y ouvrir ma galerie, Galerie A.
2018 – En tant que galeriste, j’ai participé au salon d’art d’Aix-en-Provence, le SM’ART. C'est là que j'ai eu mon premier contact avec l’art coréen... ce fut une révélation ! Les artistes coréennes présentes étaient connues dans le monde entier, travaillant avec le papier traditionnel coréen, le hanji (le plus ancien au monde, le plus durable, qui peut être utilisé aussi pour des collages et des sculptures). Aucune d’entre elles ne parlait anglais ou français à l’exception de Miyeun Yi qui a vécu en Provence et a étudié l’art à Paris. Depuis, elle a toujours voulu revenir. Nous sommes devenues amies. Quand elle m’a dit qu’il allait y avoir le Seoul Art Show en décembre 2019 et que je pourrais participer à une exposition de groupe à la galerie de son fils et de sa belle-fille, je ne pouvais pas dire non !
2019 – À partir du moment où j’ai atterri à l’aéroport d’Incheon, j’ai été assaillie d’émotions, tout était si différent ! Je ne parlais pas coréen, mais grâce à Miyeun Yi, ses amis et sa famille, je me suis sentie la bienvenue. J’ai participé à une exposition de groupe à la Gallery Rolland à Samcheong-dong et aussi au Seoul Art Show au Coex pour ma galerie d’art, représentant deux artistes coréens ainsi que mes propres œuvres. J’étais l’une des rares galeries internationales présentes et j'ai eu l'occasion de découvrir l’art coréen, l’amour des matériaux et des couleurs, la précision, l’obsession de la perfection. En Corée du Sud, il y a un grand mouvement pour maintenir la tradition vivante. Pour moi, c’est ce que l’art a toujours été, se référant au passé et le ramenant à notre époque.
2021 – Planifiée longtemps à l’avance, l’exposition « An Artistic Journey to Provence » a dû être reportée plusieurs fois à cause de la pandémie, mais cela valait vraiment la peine d’attendre ! La galerie a sélectionné 100 peintures retraçant mon itinéraire d’artiste. C’était vraiment significatif, certaines peintures n’avaient jamais été exposées auparavant. Gallery Rolland voulait créer une expérience artistique dans leur belle maison traditionnelle en pierre à Samcheong-dong. Ils m’ont demandé d’envoyer des pinceaux et des pigments de mon atelier en Provence pour le recréer à Séoul. Mes pigments sont différents des pigments de pierre utilisés par les artistes coréens. Je travaille également avec du papier usagé, ce qui était étonnant pour les Coréens si fiers de la durabilité du hanji. Moi, Je suis influencée par le mouvement artistique français apparu après la 2e Guerre mondiale, se concentrant sur l’éphémère de tout dans la vie, y compris l’art, une conception très différente.
Il nous a fallu deux ans pour préparer l’exposition, sans aucun sponsor. Gallery Rolland m’a posé beaucoup de questions sur chaque tableau, car ils étaient très intéressés par leur signification et voulaient me connaître à travers mes œuvres. J’ai envoyé 100 tableaux, petits et grands formats, sur papier, carton et même sur du papier hanji (que j’avais acheté lors de mon premier voyage). La galerie voulait aussi de très grands formats que j’ai envoyés en rouleaux. Pendant que j’étais au Kiaf SEOUL pour mon autre exposition, l’équipe de la galerie et la designer Su-jin Jung du Studio SmmSmm, ont fait un travail incroyable. Je n’en croyais pas mes yeux à mon retour. La façon dont ils ont présenté mes peintures était complètement différente de ce que font les galeries en Europe. C’était comme un musée de mon travail. Ils ont créé différents petits espaces à l’intérieur de la galerie et même un jardin. Grâce au merveilleux automne coréen, certaines peintures ont même été accrochées à l’extérieur où je pouvais travailler et rencontrer les visiteurs.
Miriam Hartmann peignant dans le jardin de la galerie ⓒ Gallery Rolland
Kiaf SEOUL ⓒ Miriam Hartmann
Rolland Park, Ange Lee, Miriam Hartmann & Sujin Jung ⓒ Gallery Rolland