Journalistes honoraires

29.08.2022

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Photo credit: Gallery Rolland (Ange Lee, Rolland Park, Miriam Hartmann & Sujin Jung)

Ange Lee, Rolland Park, Miriam Hartmann & Sujin Jung ⓒ Gallery Rolland 



Par la Journaliste Honoraire de Korea.net Nicole BERGEAUD de France, photos Gallery Rolland et Miriam Hartmann

En Septembre 2021, quand personne ne pouvait voyager à cause du Covid-19, une artiste d'Aix-en-Provence a été invitée à présenter son travail au Kiaf SEOUL (le grand salon d'art contemporain). Au même moment, une exposition lui était entièrement consacrée à la Gallery Rolland à Seoul. Ceci est l'histoire de son itinéraire artistique et pourquoi elle est encore sous le charme de la Corée du Sud un an après.

J’ai connu Miriam il y a deux ans, alors que j’étudiais le coréen en ligne au Centre culturel coréen de Paris. Quand elle m’a dit qu’elle partait pour Séoul l’automne dernier, à un moment où y aller semblait un rêve inaccessible, j’ai été fascinée et j’ai suivi son voyage.

Le Kiaf SEOUL 2022 commence, c’est un bon moment pour se souvenir.

MIRIAM HARTMANN - Peintre et galériste à Aix-en-Provence, France

- Pouvez-vous nous dire d'où vous venez et comment vous avez découvert la Corée du Sud ?

Cela a été pour moi un long voyage à la fois artistique et spirituel. Je viens d’Allemagne où j’étais professeure d’art. À partir de mes 40 ans, j’ai commencé à faire des allers-retours en France pour dessiner, peindre et étudier d’autres artistes. J’ai trouvé un atelier en Provence et j’y ai travaillé jusqu’à ce que je décide de quitter mon pays pour l'hexagone. Les gens que j’ai rencontrés en Corée étaient très intéressés par mon itinéraire et son sens spirituel profond. Gallery Rolland a voulu que mon exposition montre ce qui se passe lorsque l’on quitte son pays et que l’on ne suit pas un chemin tout tracé. J’ai été influencée par l’histoire de mes parents, réfugiés dans leur propre pays après la 2e guerre mondiale. J’ai beaucoup déménagé quand j’étais enfant et je n’avais pas peur des changements. J’avais confiance en mon art et en Dieu. Cette foi m’a guidée.

2014 - J’ai d’abord vécu en Bourgogne, une région proche de l’Allemagne où mon père pouvait facilement me rendre visite. Il était ravi de voir à quel point ce changement de vie était positif pour moi. Je ne connaissais personne, ne parlais pas français et la seule façon pour moi de communiquer, c’était à travers mes tableaux. J'ai appris le français rapidement et découvert les livres de Marcel Pagnol « La gloire de mon père » et « Le château de ma mère ».

2017 - Le bail de ma galerie d’art en Bourgogne a pris fin l'année où mon père est décédé. Parlant français, je me sentais assez sûre de moi pour déménager dans une plus grande ville. Mon travail était déjà connu dans le sud de la France où j’avais mon atelier et j’y avais déjà été représentée par plusieurs galeries d’art. J’ai choisi de m’installer à Aix-en-Provence et d'y ouvrir ma galerie, Galerie A.

2018 – En tant que galeriste, j’ai participé au salon d’art d’Aix-en-Provence, le SM’ART. C'est là que j'ai eu mon premier contact avec l’art coréen... ce fut une révélation ! Les artistes coréennes présentes étaient connues dans le monde entier, travaillant avec le papier traditionnel coréen, le hanji (le plus ancien au monde, le plus durable, qui peut être utilisé aussi pour des collages et des sculptures). Aucune d’entre elles ne parlait anglais ou français à l’exception de Miyeun Yi qui a vécu en Provence et a étudié l’art à Paris. Depuis, elle a toujours voulu revenir. Nous sommes devenues amies. Quand elle m’a dit qu’il allait y avoir le Seoul Art Show en décembre 2019 et que je pourrais participer à une exposition de groupe à la galerie de son fils et de sa belle-fille, je ne pouvais pas dire non !

2019 – À partir du moment où j’ai atterri à l’aéroport d’Incheon, j’ai été assaillie d’émotions, tout était si différent ! Je ne parlais pas coréen, mais grâce à Miyeun Yi, ses amis et sa famille, je me suis sentie la bienvenue. J’ai participé à une exposition de groupe à la Gallery Rolland à Samcheong-dong et aussi au Seoul Art Show au Coex pour ma galerie d’art, représentant deux artistes coréens ainsi que mes propres œuvres. J’étais l’une des rares galeries internationales présentes et j'ai eu l'occasion de découvrir l’art coréen, l’amour des matériaux et des couleurs, la précision, l’obsession de la perfection. En Corée du Sud, il y a un grand mouvement pour maintenir la tradition vivante. Pour moi, c’est ce que l’art a toujours été, se référant au passé et le ramenant à notre époque.

2021 – Planifiée longtemps à l’avance, l’exposition « An Artistic Journey to Provence » a dû être reportée plusieurs fois à cause de la pandémie, mais cela valait vraiment la peine d’attendre ! La galerie a sélectionné 100 peintures retraçant mon itinéraire d’artiste. C’était vraiment significatif, certaines peintures n’avaient jamais été exposées auparavant. Gallery Rolland voulait créer une expérience artistique dans leur belle maison traditionnelle en pierre à Samcheong-dong. Ils m’ont demandé d’envoyer des pinceaux et des pigments de mon atelier en Provence pour le recréer à Séoul. Mes pigments sont différents des pigments de pierre utilisés par les artistes coréens. Je travaille également avec du papier usagé, ce qui était étonnant pour les Coréens si fiers de la durabilité du hanji. Moi, Je suis influencée par le mouvement artistique français apparu après la 2e Guerre mondiale, se concentrant sur l’éphémère de tout dans la vie, y compris l’art, une conception très différente.

Il nous a fallu deux ans pour préparer l’exposition, sans aucun sponsor. Gallery Rolland m’a posé beaucoup de questions sur chaque tableau, car ils étaient très intéressés par leur signification et voulaient me connaître à travers mes œuvres. J’ai envoyé 100 tableaux, petits et grands formats, sur papier, carton et même sur du papier hanji (que j’avais acheté lors de mon premier voyage). La galerie voulait aussi de très grands formats que j’ai envoyés en rouleaux. Pendant que j’étais au Kiaf SEOUL pour mon autre exposition, l’équipe de la galerie et la designer Su-jin Jung du Studio SmmSmm, ont fait un travail incroyable. Je n’en croyais pas mes yeux à mon retour. La façon dont ils ont présenté mes peintures était complètement différente de ce que font les galeries en Europe. C’était comme un musée de mon travail. Ils ont créé différents petits espaces à l’intérieur de la galerie et même un jardin. Grâce au merveilleux automne coréen, certaines peintures ont même été accrochées à l’extérieur où je pouvais travailler et rencontrer les visiteurs.

Photo_credit: Gallery Rolland (Miriam Hartmann peignant dans le jardin de la galerie)

Miriam Hartmann peignant dans le jardin de la galerie ⓒ Gallery Rolland 


Gallery Rolland savait dès le début qu’ils allaient toucher un public jeune, pas habitué ou capable d’acheter de l’art. Ils ont donc fait faire des tirages de haute qualité de mes tableaux, prêts à être vendus encadrés avec ma signature. Mon exposition a duré deux semaines, au début je n’étais pas censée être à la galerie tout le temps, mais nous nous sommes vite rendu compte que ce que les visiteurs voulaient vraiment, c’était me rencontrer. Avec ma connaissance très basique du hangeul, j’ai même pu signer leurs noms en coréen. Ils pouvaient s’asseoir avec moi à ma table, dans mon studio recréé, ils étaient fascinés. Ils se sont sentis si bien accueillis qu’ils l’ont dit à leurs amis. Beaucoup sont venus par le bouche à oreille et les réseaux sociaux, les jeunes, les aînés, les familles, c’était une grande première pour moi que j’ai beaucoup aimée.

Photo credit: Miriam Hartmann Kiaf SEOUL

Kiaf SEOUL ⓒ Miriam Hartmann 


En même temps, je participais à une exposition de groupe au Kiaf SEOUL, le grand salon international d’art contemporain, une opportunité pour moi en tant qu’artiste. J’étais représentée par la galerie Igong de Daejong avec trois autres artistes coréens. Quinze de mes peintures ont été exposées au Kiaf SEOUL, plusieurs petits formats représentant des fleurs, un thème cher aux Coréens. J’avais également apporté un grand tableau représentant un « calvaire », une grande croix dans un mélange de styles à la fois expressionniste allemand et fauvisme français.

Ces peintures ont attiré beaucoup de visiteurs coréens, j’étais l’un des seuls artistes étrangers l’année dernière, donc ils étaient encore plus curieux. De nombreuses familles coréennes sont venues ainsi que des jeunes qui travaillent et veulent investir dans l’art.

Le Kiaf SEOUL c'est une occasion unique pour les artistes coréens de découvrir l’art contemporain international.

- Vous semblez toujours sous le charme de la Corée du Sud, un an après.

Totalement ! Cela a été l’une des meilleures expériences de ma vie.

Submergée d’émotions sur place, je ne pouvais pas peindre ou dessiner. Alors, j’ai utilisé les pigments que j’avais apportés de France pour créer une nouvelle palette de couleurs exprimant mes émotions sur la Corée du Sud : la paix, la joie et le travail acharné de ces moments uniques de ma vie. J’ai ramené deux tableaux avec moi, je travaille actuellement sur une série. Je veux partager mon expérience artistique dans ma galerie avec des tableaux mais plus important encore, j’aimerais recréer l’atmosphère de la galerie à Séoul. Gallery Rolland m'a appris à quel point il est important de rendre l’espace d’exposition significatif, non seulement sur les œuvres d’art, mais il faut aussi que ce soit une expérience.

Ce que j’ai le plus aimé pendant les six semaines que j’ai passées en Corée du Sud, c’est que c’était une expérience immersive totale. L'artiste Miyeun Yi m’a invitée chez elle. Nous avons vécu, travaillé et même voyagé ensemble (mais c’est une autre histoire que je raconterai peut être un jour...).

GALLERY ROLLAND – Galerie d’art contemporain à Seoul

Photo credit: Gallery Rolland (Rolland Park, Ange Lee, Miriam Hartmann & Sujin Jung)

Rolland Park, Ange Lee, Miriam Hartmann & Sujin Jung ⓒ Gallery Rolland


Gallery Rolland est une galerie dirigée par un couple marié appartenant à la génération MZ (mot tendance coréen pour désigner les 20-30 ans), Rolland (Shinyoung Park) et Ange (Jiwon Lee) qui expérimentent divers arts complexes sous le thème de « possibilités et culture » depuis 2012 et qui sont installés depuis 2019 à Samcheong-dong. Ils travaillant en étroite collaboration avec les artistes sur « comment » et « pourquoi » leurs œuvres doivent être exposées.

- Pourquoi avez-vous choisi Miriam Hartmann pour une grande exposition solo ? 

Nous l'avons rencontrée au SM’ART à Aix-en-Provence. À ce moment là, nous étions fascinés par le livre The Shock of Happiness de Hwa-Young Kim, l’écrivain et traductrice d’Albert Camus. Quand nous avons vu les peintures de Miriam, nous avons senti qu’elles étaient connectées. Nous nous sommes dit « c’est Aix-en-Provence ! Nous avons voulu raconter l’histoire (voyage) de ceux qui y ont vécu en tant qu’étrangers, écrivant et peignant à des époques différentes.

L’exposition était initialement prévue en octobre 2020, mais en raison du Covid-19, nous avons attendu un an de plus pour que Miriam puisse voyager. Nous étions convaincus que, pour le public coréen, la rencontrer était essentiel pour comprendre son travail, elle l’incarne. Les touches, les lignes et les couleurs de la Provence qu’elle dessine sont chaleureuses et confortables tout comme elle. La Provence c’est un lieu que les artistes comme Van Gogh, Matisse, Picasso, Cézanne ont aimé. Personnellement (Ange), j’adore le film « Jean de Florette » connu en Corée sous le nom de « Manon’s Fountain ».

- Quels sont vos projets ?

Notre slogan est IT’s ART et nous sommes actuellement soutenus par le gouvernement dans le cadre de projets d’innovation numérique au sein de la galerie.

Nous voulons aussi que Gallery Rolland devienne un pont et un lieu d’échange et de collaboration entre des artistes français, allemands et coréens. Dans ce but, nous pensons que Miriam va nous rejoindre et nous aider en tant qu'amie et artiste.

Merci Miriam Hartmann et Gallery Rolland d’avoir partagé l'histoire de votre collaboration avec nous !


Liens utiles :
Miriam Hartmann Galerie 

9, rue Loubon, 13100 Aix en Provence, France
www.miriam-hartmann.com

Gallery Rolland Seoul
Jongno-gu, Samcheong-ro 143, 03049 South Korea
https://rolland.gallery

Kiaf SEOUL 키아프 서울
https://kiaf.org/


* Cet article est rédigé par un journaliste honoraire de Korea.net. Notre groupe des journalistes honoraires est partout dans le monde, pour partager sa passion de la Corée du Sud à travers Korea.net.

etoilejr@korea.kr