Journalistes honoraires

01.12.2022

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Affiche de « I am More » © Lotte Entertainment

Affiche de « I am More » © Lotte Entertainment


Par la Journaliste Honoraire de Korea.net Alicia Baca Mondéjar de France, photos Lotte Entertainment

La 17e édition du Festival du film coréen à Paris (FFCP) nous fait grâce d'un thriller en bonne et due forme. Remake du film espagnol « Contratiempo (The Invisible Guest) », il nous tiendra en haleine jusqu'à la dernière seconde.


Photo2 © Lotte Entertainment

© Lotte Entertainment


Synopsis

Min-ho, riche chef d’entreprise, se réveille dans une chambre d’hôtel fermée de l’intérieur, sa maîtresse assassinée à ses côtés. Il est immédiatement arrêté et accusé de meurtre. Clamant son innocence, Min-ho engage la meilleure avocate du pays pour le défendre… (source: FFCP)

Impressions

Il est curieux de constater à quel point certains films engendrent des adaptations de toutes sortes. Cela peut s'agir parfois d'une copie conforme qui nous laisse dans ce questionnement ultime et philosophique, à savoir, mais pourquoi ce besoin de faire un remake alors que le film d'origine était déjà parfait ? Mais on dirait que chaque pays a besoin d’interposer ce détail inhérent à sa culture, cette touche qui déshabillera toute trace du pays d'origine pour le rendre plus fidèle aux mœurs locaux.

La série « Criminal » nous donnait un aperçu flagrant de ce que c'est de tourner le même sujet dans des pays différents. Même si le scénario de chaque épisode était différent, la base, « la carcasse », était la même. Des enquêtes sous forme d'interrogatoire. C'était vraiment très intéressant de remarquer comment la couche culturelle s'incrustait indéniablement dans chaque version.

De temps en temps, un pays se voit dans l'obligation, peut-être existentiel, de faire un remake d'un film à succès mondial. Malheureusement l'âme du film se voit atrocement extirpée pour donner un résultat désastreux. On pourrait citer « Intouchables » ou non chers « Visiteurs ». Les Américains s’apprêtent à pondre un remake de « Dernier train pour Busan » (WTF !!!). Mais parfois des réalisateurs sont envahis par une force primale qui les conduit à changer certains détails, à les polir, les développer ou encore, entreprise très dangereuse, à changer la fin.

Les deux films du réalisateur espagnol Oriol Paulo ont connu plusieurs adaptations. Le premier, El cuerpo avait été adapté par le réalisateur sud-coréen Lee Chang-hee. The Vanished avait été une belle réussite même si le scénario ne change pas d'un poil. Kim Sang-kyung et Kim Kang-woo avaient excellé dans leurs rôles respectifs. Pour une fois un remake « copie conforme » semblait s'épanouir dans son pays d'adoption, sans se voir parasité par la couche culturelle dont nous avons parlé plus haut. À se demander si la culture espagnole et la culture coréenne ne transpirent pas des sentiments et des sensations similaires !

Photo3 © Lotte Entertainment

© Lotte Entertainment


« The Invisible Guest » a connu aussi plusieurs remakes avant d’arriver jusqu’à « Confession » :

Le remake italien, intitulé « Le Témoin invisible », adapté et réalisé par Stefano Mordini en 2018. 

Le remake indien, intitulé « Badla », adapté et réalisé par Sujoy Ghosh en 2019. (Amitabh Bachchan, absolument magistral dans le rôle de l'avocat et dont la sagesse du réalisateur l'a conduit à ne pas le laisser danser). 

L’adaptation indienne en langue télougu intitulée « Evaru », réalisée par Venkat Ramji en 2019.

Nous arrivons finalement au remake coréen. Nous attendions tous le come-back de So Ji-sub. Imposant, majestueux comme à son habitude, il intègre le rôle de l'accusé. Lors d'une récente interview, il exprimait sa lassitude concernant ses sempiternels rôles de gentil garçon. Et pourtant, mis à part « Rough Cut » (2008) que l'on pourrait juger du rôle de sa vie, ce sont plutôt les rôles de beau gosse (glamour et gentil) qui semblent lui aller le mieux. Son impassibilité, son assurance, sa détermination, sa façon de changer de mensonge comme l’on pourrait changer de veste, toute cette force et énergie restent enfermées à l’intérieur de son pull moulant (qui lui va à ravir, il faut tout dire).

Il en va de même pour Kim Yun-jin. Entourés de couleurs très froides, par la neige, par la décoration statique et aseptisée de la villa, toute la puissance de l’intrigue repose surtout sur le rapport de force entre l’avocate et l’accusé. Leurs échanges calculés, plus que leur conversation, prennent appui à chaque fois sur une nouvelle histoire, un nouveau mensonge, nous permettant de soupçonner l’intrigue sous différents angles. Les deux personnages et les deux acteurs se retiennent. Les deux personnages craignent d’être dévoilés. Cela bride les deux acteurs les empêchant d’aller plus loin et c’est bien dommage.

C'est peut-être faute d’avoir visionné toutes les autres versions avant le remake coréen mais cette adaptation pèche d'une certaine platitude. C'est comme si le réalisateur s'empressait de résumer le film qu'on connaît déjà pour pouvoir donner libre arbitre à ce qu’il a pu imaginer comme dénouement. Depuis le début, le film n'arrive pas à se débarrasser d'une inconsistance qui pourrait rayer l'ennui. Cette atmosphère empêche les deux acteurs principaux de s'épanouir complètement.

Cela devient trop prévisible et pourtant… « Confession » est incontestablement un thriller bien ancré avec un rythme assez régulier qui ne permet pas la moindre distraction. Il nous accapare et même quand le suspense est dévoilé, les répercussions de l'intrigue donnent un bon coup de punch à tout le film.


* Cet article est rédigé par un journaliste honoraire de Korea.net. Notre groupe des journalistes honoraires est partout dans le monde, pour partager sa passion de la Corée du Sud à travers Korea.net.

etoilejr@korea.kr