Par la Journaliste Honoraire Emilio Naud de France
Du haut de ses 25 ans, le réalisateur Jeong Seong Jun est venu présenter ses courts-métrages au Festival du Film Coréen de Paris dans le cadre d’une séance Spéciale FlyAsiana.
Lonely Island, une tranche de vie dramatique personnelle, presque autobiographique. Blue City Seoul, un film musical (et gagnant du prix FlyAsiana 2021). Et Sarah, un film d’horreur avec une ambiance sombre.
Originaire de la ville de Geoje, une petite île au sud de la Corée, l’accès a la culture était difficile. Il décide de faire des études de cinéma à Dong Ah Institute
Réalisateur Jeong Seong Jun ⓒ Emilio Naud
Pouvez-vous nous parler de vos inspirations ?
J’aime beaucoup le réalisateur Wong Kar Wai. J’aime le fait que ses films sont à la fois bruts et doux et puis je trouve qu’il a un certain talent pour montrer la ville. Notamment dans « Chungking Express », où le regard sur la jeunesse est intéressant. J’aime aussi Bong Jong Ho qui crée ses personnages en pensant à leur ville. Je m’inspire souvent de ses livres pour me donner de l’énergie.
J’aime beaucoup aussi Hur Jin Ho car il fait des films chaleureux tel que « Christmas in August ». J’aimerais devenir un cinéaste capable de faire ce genre de film. Et puis, le film « New York Melody » de John Carney
Je me prends moi-même aussi comme modèle pour écrire mes scénarios, d’ailleurs Lonely Island, tourné sur mon île natale, est à la frontière entre une fiction et un film documentaire autobiographique.
Quel effet le prix FlyAsiana a eu sur votre travail ?
C’était peut-être le jour le plus heureux de ma vie (rires). Etre invité à Paris pour présenter mes courts-métrages, c’était vraiment quelque chose d’incroyable. J’ai attendu ce jour pendant un an avec impatience. Ce prix me réconforte en me disant que je suis sur le bon chemin. C’était vraiment un honneur pour moi et j’ai particulièrement apprécié toutes les questions des spectateurs durant le Q&A. Merci encore au FFCP de m’avoir donné la chance de présenter mes films.
ⓒ Emilio Naud
Pouvez-vous nous en dire plus sur « Blue City Seoul » ?
C’est mon film de fin d’études. J’ai eu la chance d’obtenir un financement grâce au Festival International du Film d’Ulsan. Il y a beaucoup de structures de ce genre en Corée qui peuvent donner des fonds pour les courts-métrages.
Ce film est un peu un message que je voulais faire passer à l'un de mes amis en fac de cinéma qui n'a malheureusement pas poursuivi ses études dans ce domaine.
J’ai reçu beaucoup d’avis positifs de spectateurs qui m’ont confié s’être identifié au chauffeur de taxi qui avait un rêve, mais l’a abandonné. J’ai d’ailleurs choisi un acteur expérimenté relativement connu pour incarner ce personnage blasé de la vie. Et pour contraster, l’acteur qui joue le jeune guitariste est un amateur, avec une vision optimiste qui peut réconforter le public.
Une scène de « Blue City Seoul » ⓒ CENTRALPARK FILMS
Vos courts-métrages ne se ressemblent pas, vous cherchez encore votre style ?
C’est vrai que j’ai changé de genre à chaque film, film musical, film d'horreur ou encore tranche de vie. Je voudrais aussi me tester en faisant un film fantastique ou bien un road-movie. J’aime les défis, je crois que surtout, j’aimerais réaliser une comédie musicale, d’ailleurs, j’ai pu être assistant réalisateur sur un film musical Remember our sister (présenté au FFCP cette année). En parlant de cela, j’ai vraiment adoré le film d’ouverture Life Is beautiful, le regard chaleureux du réalisateur sur ce monde.
Quels sont vos projets pour le futur ? Est-il difficile de produire un long-métrage ?
Je n’ai pas encore de scénario en tête pour un long-métrage. Je vais me lancer dans un master de deux ans pour creuser un peu plus le cinéma et je parviendrai peut-être à sortir de ces études avec un long-métrage.
C’est un point de vue très subjectif, mais en tant que jeune diplômé, il est difficile de se lancer dans le cinéma. Peut-être que seulement 20 % des diplômés vont réellement continuer à travailler dans l’industrie du septième art. Si on parle de « long-métrage à succès » alors que je pense qu’1 % seulement aura la chance d’en faire un. Le cinéma coréen a atteint une vraie renommée mondiale et les projets se sont multipliés, mais ils ne sont pas pour autant confiés à des jeunes cinéastes. J’espère qu’une nouvelle voie va s’ouvrir.
* Cet article est rédigé par un journaliste honoraire de Korea.net. Notre groupe des journalistes honoraires est partout dans le monde, pour partager sa passion de la Corée du Sud à travers Korea.net.
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