ⓒ Sarah Catherine
Par la Journaliste Honoraire Sarah Catherine de France
Ce mardi 29 novembre a eu lieu au Centre culturel coréen le vernissage de l’exposition « Désert plein, soif, sommeil, silence » regroupant différentes oeuvres de Min Jung-Yeon. Je dois dire que ces tableaux sont simplement magnifiques, ils ont tendance à vous prendre au cœur.
Min Jung-Yeon est une artiste originaire de la ville de Gwangju où elle naît en 1979. C’est ensuite à l’université Hongik, à Séoul, qu’elle découvre l’univers des arts plastiques, avant de finalement intégrer les Beaux arts de Paris pour poursuivre sa formation. L’artiste s’installe d’ailleurs en France d’où elle poursuit sa pratique. Pratique interdisciplinaire puisqu’elle aime mêler les médiums, et c’est ainsi que le dessin se met à côtoyer la peinture, et l’encre rencontre intensément le monde de l’installation.
ⓒ Sarah Catherine
Artiste de renommée internationale, elle a exposé dans le monde entier, à Moscou dans le State Museum of Oriental art en 2017, ou encore Taichung pour le National Taiwan Museum of Fine Arts en 2010. Évidemment, l’artiste expose aussi régulièrement dans différentes villes de France comme Montpellier (Immortelle au MO.CO), Cannes (à l’occasion du Suquet des artistes) et bien sûr Paris où son œuvre fait partie des collections publiques du Musée des arts asiatiques Guimet.
Nous avons également la chance d’avoir accès à plusieurs écrits sur son travail, une monographie intitulée Hibernation parue en 2009, ainsi que le catalogue de son exposition personnelle de 2012 titré Demander le chemin à mes chaussures. Des recueils qui permettent aussi d’avoir une vue d’ensemble du travail de l’artiste et de saisir toute l’ampleur de son œuvre, rappelons-le de renommée internationale.
ⓒ Sarah Catherine
C’est donc une merveilleuse opportunité que de pouvoir contempler quelques-unes de ses œuvres au Centre culturel. D’autant plus qu’il s’agit de son travail le plus récent. Cette exposition se compose ainsi d’une quinzaine de productions de l’artiste et d’une vidéo documentaire de son travail. Il est possible donc de naviguer parmi ses dernières créations et de constater aussi son évolution plastique.
L’artiste, avec ses nouvelles productions, marque un passage significatif d’une évolution de son art qui se traduirait par une démarche d’épuration en quelque sorte. Là où son travail précédent se concentrait sur un travail des couleurs et des formes complexes, on se trouve ici face à un bouleversement de simplicité, de hasard et de pureté. Le parti pris cette fois est de tendre vers le vide et la légèreté.
ⓒ Sarah Catherine
Ces tableaux, qui semblent presque sortir d’un futur flou avec une certaine atmosphère de fin du monde, s’épanouissent dans cette palette épurée et des jeux de relation intermedium, interdisciplinarité au cœur du travail de Lin Jung-Yeon, et qu’elle n’abandonne pas quand bien même elle change pour l’abstraction. Il s’agit toujours de réconcilier les présupposés opposés et de les réunir dans des formes nouvelles. Un peu à la façon de Mallarmé et de ses poèmes inspirateurs de formes, lui réunissait dessin et écriture, Jung-Yeon mélange aussi à sa manière plasticité et spatialité lorsqu’elle mêle dessin et installation par exemple.
Cette primauté de l’épuration ne veut cependant pas dire abstraction totale du sujet, ces toiles traitent toujours de paysages, concentrés désormais seulement sur certains éléments caractéristiques comme un arbre, ou un rocher.
Mais sobriété ne veut pas dire absence d’émotions. Face à ces œuvres, c’est tout un univers intime qui s’offre à nous. Ces images d’arbres tombants ne sont en réalité que des transcriptions sensibles de l’être en lui-même.
ⓒ Compte Facebook de Centre Culturel Coréen
On est ainsi frappé par les lignes sensuelles rauques qui parcourent la toile, ces représentations minérales nous touchent parce qu’elles répondent à la détresse qui nous habite. Comme l’indique le titre de l’exposition, Désert plein, soif, sommeil, silence, il s’agit d’éprouver le sujet, l’aboutissement de l’être se fait au prix de sacrifices et d’échecs, comme si nous devions parcourir des déserts et des vallées nues pour atteindre une identité. C’est ce qu’évoque ces paysages, le combat mené en interne qui doit aboutir à la construction de l’être. Je finirai par les mots d’Amélie Adamo qui écrit sur le travail de Min Jung-Yeon :
« Que représentent ces paysages ? Ce qui reste. (…) Quand se sont tues lés illusions d’hier et qu’il reste à écrire dans une langue secrète, pour que revienne à l’aube ce qu’on ne connaît pas. Ce qui reste. Un presque rien. Ou presque tout. ».
L’exposition vient de débuter et se terminera le 11 mars prochain alors n’hésitez pas à la visiter !
* Cet article est rédigé par un journaliste honoraire de Korea.net. Notre groupe des journalistes honoraires est partout dans le monde, pour partager sa passion de la Corée du Sud à travers Korea.net.
etoilejr@korea.kr