Par la Journaliste honoraire de Korea.net Nathalie FISZ de France, photos Nathalie FISZ

« Pour vivre heureux vivons cachés ».

Cette citation correspond bien à mon tempérament. Elle viendrait d’une fable de Jean-Pierre Claris de « Florian » (1793), et raconte comment un grillon enviait un beau papillon. Mais le papillon périt après avoir été capturé par des enfants. Le grillon dit « qu’il en coûte trop cher pour briller dans le monde, combien je vais aimer ma retraite profonde ».

Active sur Facebook et Instagram, je partage beaucoup de publications sur la Corée, mais rarement des choses personnelles.

L’an passé, je prévoyais de partir en Corée, et en raison de la pandémie, j’ai dû renoncer à mon projet.

Lorsque ma manager m’a accordé des congés en me suggérant de partir à nouveau, je me suis dit : « pourquoi pas ».

Hormis mes collègues informés que j’allais m’absenter, j’avais décidé de n’en parler à personne, jusqu’à mon arrivée à l’aéroport d’Incheon. Pas de nouvelle déception.

La préparation a duré plusieurs mois, et je n’ai rien révélé jusqu’à la dernière minute.

Ce voyage a dépassé mes espérances, et chaque détail (egg wifi compris) a été si important pour moi, que cette fois, j’ai décidé de faire une petite « entorse ».

Du 23 octobre au 4 novembre 2022, voici comment j’ai rejoint mon second pays de cœur, la Corée.

1/ La préparation du Voyage :

K-Eta, Q-Code, Egg-Wifi mon « petit parcours du combattant » :

Dès mes congés validés, je me suis rapprochée de l’Agence « Entre Paris et Seoul » et de l’Office National du Tourisme Coréen.

En passant la porte de l’agence, j’ai commencé à réaliser ce que j’allais accomplir, moi qui n’avais pas voyagé à l’étranger depuis longtemps.

J’ai compris également que je devrais respecter les formalités de départ obligatoires et que « rien n’était gagné ».

Comme des centaines de voyageurs partant en Corée, j’ai commencé à me renseigner sur ces démarches que je trouvais difficiles, au point d’en rêver la nuit.

Ces formalités sont l’obtention du « K-Eta », le « Q-Code », la réservation d’une place pour le test Covid-19, le choix d’un moyen de communication approprié.

J’ai croisé les doigts pour ne pas contracter le Covid-19.

Des amis partageaient leurs expériences sur des forums. Je lisais leurs commentaires, sans me manifester, secret oblige.

Ils avaient des sueurs froides parce qu’ils n’arrivaient pas à trouver le code postal de leur lieu de résidence, parce qu’ils avaient rempli le K-Eta plusieurs fois.

Ces petits tracas, je les ai eus aussi.

Le K-Eta est une autorisation de voyage électronique, le Q-Code est aussi un système électronique pour une exemption de quarantaine.

Avant mon départ, les règles se sont assouplies. Le test anti-covid à l’aéroport d’Incheon n’était plus obligatoire.

Mon agence de voyage et l’Office National du tourisme coréen ont fait preuve d’une grande bienveillance face à mes nombreuses questions :

« Est ce que je dois aller d’abord au bureau de l’immigration ou faire mon test anti-covid, est ce que je dois passer mon test dans le Hall B ou C, est ce que je dois verser une caution pour mon egg wifi ». Quelle patience !

Le « Jour J » est arrivé et en me rapprochant de Roissy, je me suis pincée plusieurs fois.

Moi qui suis phobique de l’avion, je savais que je ne pourrais pas faire comme dans le métro en cas de stress, sortir de la rame et aller sur le quai.

C’était parti pour une bonne douzaine d’heures et en cas de panique, je ne pouvais pas sauter par le hublot !

Dans l’avion, les passagers étaient calmes. Entourée par les hôtesses d’« Asiana Airlines » aux visages souriants, j’ai commencé à me détendre.

Le commandant de bord a annoncé que nous commencions la descente vers l’aéroport d’Incheon.

J’ai passé les contrôles obligatoires et suis allée chercher mon egg wifi, qui serait au centre de mes préoccupations.

Abasourdie, et ouvrant tout grand mes yeux et mes oreilles, j’ai pris un taxi pour Seoul.

Impossible de dire si j’étais fatiguée ou pas. J’étais en Corée !

J’ai partagé une publication sur Facebook intitulée « vacances en Corée » et ai reçu plus de 230 commentaires.


2/ Mon séjour à Seoul - 서울 :

Avant de me rendre à Daegu chez ma fille, je suis restée quelques jours à Seoul/Gangnam, dans un endroit proche des transports en commun.

Je ne savais pas que j’allais avoir autant de surprises.

Le soir de mon arrivée je suis partie m’imprégner de l’atmosphère de Seoul.

Dans ce quartier de « Sinsa », j’ai regardé avec fascinations les grands panneaux lumineux multicolores ou une photo de Beyonce côtoyait des publicités pour des spectacles ou des cosmétiques coréens, et aussi le ballet des voitures et des bus.

Le lendemain, je suis allée chez « CU » chercher ma « T-money Card » pour le métro. J’étais déterminée à la demander en coréen, mais la timidité m’a gagnée.

Le vendeur a eu sans doute pitié de moi car il m’a montré son téléphone. Avec Google il avait écrit en français : « pas de problème Madame, nous sommes tous les mêmes ».

J’ai aimé me promener à « Garosu-gil ». Il y avait tellement de restaurants, et beaucoup de jeunes gens savouraient leurs « ramens ». J’étais fascinée par les panneaux extérieurs dans les rues, et par l’enchevêtrement de poteaux et de câbles électriques. Je trouvais une esthétique à ce décor urbain.

Plus tard ma fille me confiera qu’un soir de tempête à Daegu, elle s’était retrouvée sous des câbles, et avait eu une très grosse frayeur.

J’ai aimé regarder les passants, des amies complices sortant des magasins, une maman et sa fille, des enfants, des jeunes gens, filles ou garçons en jupe ou pantalon noirs, chemise blanche, pull sans manche noir, snickers blancs.

Je les trouvais élégants avec leurs épais cheveux noirs. Dans le métro, je n’ai pu m’empêcher de prendre des photos.

On m’avait dit que si je rencontrais le moindre problème, je pouvais me rendre au poste de police. J’y suis allée pour mon egg wifi. Bien que le problème n’ait pas été solutionné, un policier m’a noté très gentiment des explications.

Rendez-vous avec mon professeur Madame Han Yumi :

C’est alors que l’un de mes anciens professeurs du Centre culturel coréen à Paris, Madame Han Yumi a vu mes publications sur Facebook.

Elle m’a contactée via messenger, et m’a donné rendez-vous au Temple « Bongeunsa 봉은사 ». Ce temple bouddhiste est aussi situé à Gangnam. Sa fondation par le moine Yeon-hoe remonte à 794, sous le règne du Roi Wonseong. Il est situé en face du magnifique centre commercial « Coex ».

J’ai pris la ligne N°7 du métro sortie « Cheongdam », et me suis rendue au rendez-vous.

Je me suis encore pincée avant de rejoindre le temple. J’allais retrouver mon professeur en Corée. Madame Han Yumi m’attendait dans le salon de thé du temple tout sourire. Avec un délicieux thé citron, nous-nous sommes remémorées les bons moments à Paris.

Lorsque Madame Han Yumi était notre professeur, nous restions discuter longtemps après le cours. Nous allions voir ses spectacles. Quand nous avons appris qu’elle rentrait à Seoul, nous étions contents pour elle, mais chagrinés.

Madame Han Yumi organise toujours des spectacles de Pansori et a commencé l’apprentissage d’un instrument traditionnel coréen, le haegeum.

Mon egg wifi « a remis cela » et Madame Han Yumi avec toute la gentillesse qu’on lui connait a contacté une hot line.

Nous nous sommes promenées dans les jardins et à la sortie du temple. Me montrant les buildings, Madame Han Yumi m’a expliqué que dans les années 1970, il n’y avait quasiment rien, et que Seoul s’était considérablement développé.

Après avoir échangé nos contacts Kakao Talk, nous avons pris rendez-vous pour sa prochaine venue à Paris en février 2023.


Rendez-vous avec les amies de Racines Coréennes :

Deux amies de Racines Coréennes, Kim Le Quéré et Gaelle Irvoas ont vu aussi mes publications et m’ont contacté via messenger pour nous retrouver.

Elles voulaient visiter le « Starfield Coex ». Comme il est situé en face du temple « Bongeunsa 봉은사 », j’ai trouvé que c’était parfait pour moi craignant d’aller loin sans wifi. D’autres amies étaient également présentes et nous sommes allées nous régaler d’une boisson et d’un bon gâteau.

Puis nous sommes parties vers le « Starfiel Coex », et avons admiré la statue des mains croisées en hommage à « Gangnam style » de Psy.


Nous avons arpenté les couloirs du Centre qui n’a rien à envier à un centre commercial en occident. Nous sommes ensuite restées un moment à admirer la bibliothèque et son magnifique escalator central.

Elles avaient prévu d’aller au mariage d’une autre amie, Hana Kang à Seoul. Hana m’avait proposé de venir mais comme je partais à Daegu la veille, cela n’a malheureusement pas été possible.


Rendez-vous avec mes amis artistes coréens dans le quartier « Insa-dong » :

Je vous ai parlé de ces artistes coréens venus en avril dernier présenter leurs peintures au salon « Art Shopping » du Carrousel du Louvre.

Sachant que j’étais en Corée, ils m’ont proposé de les rejoindre dans leur galerie, située à Insa-dong, la galerie Sinsang. J’ai pris la ligne N°3 du métro jusqu’à la station « Jongno-3ga », sortie 5.

En sortant du métro, j’étais perdue et ne savais comment me diriger, alors j’ai vu un jeune homme au visage occidental (au sens non péjoratif) et lui ai demandé s’il pouvait m’aider. Très gentiment, ce jeune homme nommé Aurèle m’a accompagnée jusqu’à la galerie.

Mes amis artistes nous ont accueillis avec enthousiasme, et invités au restaurant avec Aurèle : un vrai sens de l’hospitalité coréenne.

Aurèle a une fiancée japonaise, il a pu parler en japonais avec l’une des artistes qui avait vécu au Japon.

Nous nous sommes régalés et avons passé une belle soirée. Puis nous avons pris rendez-vous pour leur prochaine venue à Paris en avril 2023.

3/ En route pour Daegu – « 대구 » :

Tôt le matin j’ai pris le taxi pour la gare de Séoul.

Stop chez « Paris Croissants » pour ramener des pains aux raisins à ma fille.

Puis direction le « KTX ». J’ai fini par trouver ma place, à côté d’une sympathique jeune femme.

C’était une musicienne qui avait déjà joué en France. Elle était aussi DJ en Corée.

Ma fille et moi sommes tombées dans les bras l’une de l’autre sur le quai.

J’ai visité Daegu. Il y avait beaucoup de jeunes gens que j’ai trouvés très débrouillards et organisés.

Face à son immeuble, des constructions très modernes côtoyaient des temples traditionnels ornées de Dancheong. Dans les parcs, des personnes âgées admiraient le Danpung « 단풍 », les feuilles d’arbres et couleurs de l’automne.

Les jeunes ont acheté maquillage, et accessoires pour Halloween.

Le soir nous sommes allés à Dongseong-ro et j’ai été stupéfaite. Des centaines de jeunes joyeux déferlaient dans le quartier. Je ne me lassais pas de les regarder.

Ils étaient déguisés avec beaucoup de recherche. Des soldats américains retrouvaient leurs amis coréens.

Après la K-pop, les jeunes ont chanté « Oh djadja d’Aya Nakamura » ou « Sapés comme jamais de Maître Gims » en plein Daegu.

Nous sommes rentrés tard, puis avons eu connaissance des tragiques incidents d’Itaewon.

De retour à Seoul j’ai retrouvé d’autres amis qui m’ont emmenée au restaurant, chez des antiquaires. Je me suis entretenue avec M. John Hae-oung, ancien directeur du Centre culturel coréen de Paris. Le 4 novembre, retour à Paris.

Je lève le mystère de l’egg wifi. Ma fille m’a expliqué. Il me restait 2% de batterie. Elle l’a rechargé une nuit et tout est rentré dans l’ordre (sans commentaire).

Quelques mots encore :

Je n’ai pas plus de prérogatives que tout un chacun. Si j’ai fait ce voyage tout le monde le peut. Je remercie de tout cœur ma fille et tous ceux qui m’ont si bien accueillie, et j’adresse plus que jamais toutes mes pensées aux victimes d’Itaewon.

Liens :
K-Vox :
http://www.k-vox-festival.com/ -Vox :
Temple Bongeunsa :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Bongeunsa
Starfiel/Coex :
https://www.starfield.co.kr/coexmall/main.do
Sinsang Gallery :
https://kr.geoview.info/sinsanggaelleoli_sinsang_gallery,368728075n


* Cet article est rédigé par un journaliste honoraire de Korea.net. Notre groupe des journalistes honoraires est partout dans le monde, pour partager sa passion de la Corée du Sud à travers Korea.net.

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