Par la Journaliste honoraire de Korea.net Nathalie FISZ de France, photos Nathalie FISZ

La Corée du Sud et sa capitale Seoul, lieux de modernité et de traditions.

Cette constatation est certainement un peu trop « évidente » et il existe maintes subtilités historiques ou sociales qui nécessitent (à mon humble avis) de retourner plusieurs fois en Corée, ou de les étudier pour les comprendre.

Mais les visiteurs étrangers comme moi, sont unanimes pour indiquer que dans certains quartiers de Seoul, la modernité et la tradition se mêlent totalement.

Les innovations architecturales et technologiques, côtoient des maisons traditionnelles ou des palais. Ainsi le dépaysement est total.

C’est ainsi qu’en me promenant à Séoul, j’ai eu la chance de visiter deux lieux d’art totalement différents et insolites, et serais bien incapable de donner ma préférence pour l’un ou l’autre.

C’est très plaisant de pouvoir admirer dans la même journée du Bojagi et des broderies de la dynastie Joseon, puis les créations de Gwon Osang, Keith Haring ou Andy Warhol.

Ces lieux incroyables sont l'« Arario Museum in Space » et le « Seoul Museum of Craft Art ».

Laissons-nous emporter par la visite de ces lieux insolites tous deux situés dans le quartier d’Insa-dong.


« L’Arario Museum in Space » :

Tout est étonnant en Corée. La fondation des Musées Arario et le parcours de leur fondateur n’échappent pas à la règle.

Depuis son ouverture en 1989, la Galerie Arario a présenté plusieurs exhibitions à Séoul, Cheonan, Pékin, Shanghai et New York.

Le musée existe aussi à Jeju. J’ai visité celui de Seoul dans le quartier d’Insa-dong.

A côté du magnifique palais Changgyeong, c’est un Musée d’Art moderne qui présente les créations d’artistes coréens et étrangers, avec leurs œuvres du moment.

Il a été créé par le président de la société Arario, Kim Chang-il.


Le musée est situé dans un bâtiment conçu par le grand architecte coréen Kim Swoo-geun. Le bâtiment a été une maison et un bureau, jusqu’à la mort de celui-ci.

Après une période de rénovation de 9 mois, le bâtiment a réouvert ses portes en Musée d’art moderne au premier septembre 2014. Recouvert de lierre c’est une œuvre architecturale emblématique et l'un des hauts lieux culturels de Séoul. Il est possible de prendre une consommation avant de visiter le musée (et aussi de se restaurer en étages) ce qui est particulièrement agréable.

Le musée a été conçu tel un labyrinthe avec des pièces à taille réduite et des plafonds bas. Cette impression étrange est assez saisissante mais ce « faux négligé » est tout sauf une désinvolture, elle met bien en valeur les œuvres conceptuelles.

On peut découvrir les créations d’artistes coréens tels que :

CI Kim (le fondateur), Nam Jun Paik, Hyung Koo Kang, Lee Ufan, Osang Gwon, Lee Dongwook, Kim Soun-Gui, Jang Woonsang, Yoon Hyangro, Kim Beom, Kang Tae Seong, Heaven Baek etc.

Revenons sur :

L’architecte Kim Swoo-geun (1931-1986) :

Il est lui-même une personne hors norme. Né à Cheongjin, actuellement en Corée du Nord, il était inspiré à la fois par l’architecture traditionnelle coréenne et par des formes avant-gardistes. On lui doit le Stade olympique et l'église catholique Bulgwang à Séoul. Marié à une épouse japonaise, il a enseigné à l’Université nationale de Seoul (SNU) et l’Université de Tokyo. C’était aussi un éducateur, un éditeur et un mécène.

Le Fondateur Kim Chang-il dit « Ci Kim- 씨킴 » :

Incroyable parcours que celui de cet homme. Né en 1951, autodidacte, il hérite d’un petit commerce par sa mère. A force d’acharnement et de travail, il acquiert des commerces et des restaurants. Il devient homme d’affaires, multimillionnaire et collectionneur d’art. Sa collection est impressionnante mais il ne s’arrête pas là. Il devient lui-même artiste. Ci Kim, de son nom d’artiste a présenté plusieurs expositions comme « Overcome such Feelings », en 2022, Voice of Harmony, en 2019, et « Play the fool » en 2017 à l’Arario Gallery de Cheonan.

Il est aussi mécène et s’occupe de jeunes artistes talentueux. Il souhaite surtout créer des liens entre les artistes et le public, pour rendre l’art plus accessible.


Paik Nam June :

Incroyable artiste aussi que Paik Nam June (1932-2006), né à Seoul et mort aux États-Unis à Miami. Marié aussi à une épouse japonaise, il a reçu la prestigieuse bourse Guggenheim des arts pour les États-Unis et le Canada. Il est considéré comme fondateur de l’art vidéo. Il a aussi exposé au célèbre « MoMa » (Museum of Modern Art) de New York. J’ai pu admirer son mini-bus avec des antennes paraboliques sur le toit (série « TV Cello »).


Gwon Osang :

J’ai aussi pu découvrir les créations de cet artiste plasticien coréen né à Seoul, combinant la sculpture et la photographie.

Il a choisi une sculpture légère et un aspect lisse et brillant ce qui fait que ses créations semblent issues directement de magazines de mode avec un aspect très clinquant d’une société de consommation dont il fait partie. Dès 1999 il crée la série « Déodorant type », et assemble des centaines de tirages photographiques d’une personne qu’il colle ensuite sur une structure en polystyrène la représentant à l’échelle réelle.

Le musée accueille aussi des artistes étrangers comme :
Douglas Gordon, Liam Gillick, Barbara Kruger, Tracey Emin, Damien Hirst, Sam Taylor Johnson, Neo Rauch, Cindy Sherman, Gavin Turk, Sarah Lucas, Sophie Calle, Subodh Gupta, Kiki Smith, Nalini Malani, Tatsuo Miyajima, Géraldine Javier, Leslie de Chavez, Jörg Immendorff, George Segal, Kohei Nawa, Marc Quinn, Li Qing, Robert Indiana et les célebres Keith Haring et Andy Warhol.


Tracy Emin :

J’ai vu le travail de patchwork « remembering 1963 » de l’artiste britannique Tracy Emin. De père turc et de mère britannique, elle délivre un message contre le racisme dont elle dit avoir souffert lorsqu’elle était enfant. Son art inclut la peinture, la vidéo, les installations et la sculpture.


Subodh Guptac :

Le musée présente les créations de l’artiste plasticien indien Subodh Guptac né en 1964 à Khagaul au Bihar. C’est une véritable icône de l'Art contemporain en Inde, qui vit et travaille à Delhi, et qui est de renommée internationale.

« Tout est à l’intérieur » est une masse de bronze placée au-dessus d’un semi-taxi. Gupta utilise des objets « ordinaires » de son pays comme des bagages pour délivrer lui aussi un message social.

Même si on ne les présente plus :


Keith Haring (1958-1990) :

Né à Reading en Pennsylvanie et mort à New York, il est un artiste, dessinateur, peintre et sculpteur. Son univers est fait de peintures murales avec des graffitis, des petits hommes stylisés. Son street et pop Arts sont incontournables.


Andrew Warhola ou Andy Warhol (1928-1987) :

Né à Pittsburgh en Pennsylvanie et mort à New York, c’est un artiste visuel qui a commencé sa carrière comme dessinateur publicitaire. Il travaille pour les revues Glamour, Vogue, The New Yorker, Harper's Bazaar et comprend l’importance de l’image. Il est l'une des figures les plus influentes de l'art (pop Art) et de la culture contemporaine. « Shot Sage Blue Marilyn », peint en 1964 est l’œuvre la plus chère du XXe siècle vendue aux enchères publiques. Andy Warhol était un ami proche du célèbre couturier Yves Saint Laurent.

C’est incroyable d’avoir réuni tous ces artistes au parcours étonnant dans ce musée de Séoul, et le lieu lui-même est vraiment peu commun.


Le « Seoul Museum of Craft Art (서울공예박물관) » :

C’est également un musée magnifique situé à Insa-dong dans le district de Jongno, non loin de la Cour constitutionnelle de Corée.

Il se compose de trois bâtiments pour les exhibitions, d’une magnifique boutique et d’un salon de thé. Il y a également une annexe, et tout un bâtiment est consacré à l’éducation, avec deux salles du musée dédiées aux enfants.

Le musée de l’artisanat propose des expositions permanentes :


« Embroidery in Bloom - Broderies en fleurs » :

On découvre comment le travail de broderies peut être appréhendé comme celui de la peinture. On nous explique aussi la signification des motifs et les différentes techniques de broderies. J’ai vu des vidéos de toutes ces femmes à l’ouvrage exceptionnellement talentueuses, qui ont la broderie dans leur âme, chaque jour de leur vie.


« Bojagi Embracing Daily Life – Le Bojagi embrasse la vie quotidienne » :

Dans cette exposition, on découvre les matériaux et compositions de toutes tailles qui sont utilisées pour créer un Bojagi (보자기).

Cet art textile coréen est destiné à créer un tissu pour emballer superbement divers objets. La pièce de tissu souvent carrée, peut être brodée ou fabriquée à partir de morceaux de tissu cousus. Il est utilisé pour des mariages, des cérémonies bouddhistes, ou des cadeaux.

Ce classique incontournable et raffiné perdure plus que jamais de nos jours.

Sont exposés les Bojagi de luxe qui ont été utilisés dans les palais, et également les Bojagi plus simples des citoyens du peuple coréen.

J’ai vu une magnifique coiffe et un superbe Hanbok pour enfant, des petites chaussures, des dés à coudre et même des jouets, le tout dans des tons de violet, rouge, vert, jaune, bleu. C’était très beau.

« Artisans Making the better World – Des artisans pour un monde meilleur » :

Le musée explique que la dynastie Joseon régissait le travail des artisans par le biais de lois.

L’artisanat nécessaire aux cérémonies de relations internationales était produit.

Les artisans créaient pour des évènements nationaux destinés à la famille royale, et également pour le secteur privé, mais l’artisanat était indissociable des affaires d’état. L’artisanat sera érigé en fondation, conférant à la nation coréenne une grande dignité.

D’autres thèmes sont aussi présentés tels que :
« From Nature to Craft – De la nature à l’Artisanat ».
« Craft opens the Door to Modern Times – L’artisanat ouvre la porte aux temps modernes ».
« Craft, A Reflection of the Modern Times – L’artisanat reflet des temps modernes ».


J’ai passé un moment charmant au musée, ou j’ai été très bien accueillie et bien orientée. Il y avait des jeunes gens d’écoles d’art, des familles ou des amis qui prenaient un thé ;

Je me suis promenée dans la boutique du musée avec ses objets délicats et raffinés.

Je suis partie en emportant certainement « une part de beauté coréenne » avec moi, ce qui fait du bien à l’esprit.

Quelques mots encore :

C’est sur place à Séoul, puis en rentrant à Paris et en me documentant sur les lieux et les artistes, que j’ai pleinement pris conscience de la richesse des lieux que j’avais visités.

Un jour une jeune femme m’avait demandé : « qu’est-ce qui vous attire le plus en Corée » et j’avais répondu « entre autres, sa dimension artistique ».

Mais finalement, je crois que c’est plus que cela. Le « Seoul Museum of Craft Art » conserve et transmet la grandeur du patrimoine coréen, alors que l'« Arario Museum in Space » nous met en connexion avec des artistes du monde entier sans cesse en mouvements.

L’art est à Séoul, ou Séoul est Art, et c’est aussi cela que j’aime.



* Cet article est rédigé par un journaliste honoraire de Korea.net. Notre groupe des journalistes honoraires est partout dans le monde, pour partager sa passion de la Corée du Sud à travers Korea.net.

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