Affiche du forum Asie des CCE de la France à Lyon.
Par la journaliste honoraire de Korea.net Emmanuelle Dabbène de France, photos Emmanuelle Dabbène
Mercredi 5 juillet s'est tenu à Lyon le forum Asie organisé par les Conseillers du Commerce Extérieur (CCE) de la France dans les locaux de la région Auvergne-Rhône-Alpes.
À quelques jours de sa tenue et alors qu'elle était en plein préparatifs, Caroline Goubet, déléguée régionale des CCE en Auvergne-Rhône-Alpes, a accepté de m’accorder du temps pour répondre à mes questions en amont du forum. L’interview s’est déroulée en visio-conférence le 3 juillet.
Emmanuelle Dabbène : Bonjour Caroline. Avant tout chose, merci de m'accorder quelques minutes de votre temps que je sais précieux à 48 heures du début du Forum Asie (Japon, Vietnam et Corée du Sud) qui a lieu mercredi. Pouvez-vous nous dire qui vous êtes et ce que vous faites ?
Caroline Goubet : Je suis Caroline Goubet, salariée de l'association des CCE. Je suis la déléguée régionale en Auvergne-Rhône-Alpes. Je coordonne les actions et j'anime le réseau de ces CCE ici dans la région.
Les CCE, un réseau international
Pouvez-vous nous expliquer ce que sont les CCE ?
Les conseillers du Commerce Extérieur sont des dirigeants d'entreprises nommés à ce poste par la Première ministre. Ils sont bénévoles dans leurs fonctions de CCE. Ils sont là pour aider les entreprises dans leur développement à l'international, pour former les jeunes, pour conseiller les pouvoirs publics et pour promouvoir la France à l'international.
La mission des CCE.
Combien sont-ils ?
Aujourd’hui on compte 4 500 CCE dans 150 pays. Et 220 ici en Auvergne-Rhône-Alpes.
Comment cela fonctionne-t-il ?
C’est un écosystème. Tous ces chefs d'entreprise, éparpillés dans le monde, sont riches d'expertises diverses et variées, et, pour créer du lien entre tous les comités, nous avons eu l'idée d'organiser ce forum à destination des entreprises régionales. Voilà. L'objectif, c'est que les entreprises repartent avec des outils, des clés, pour faire du business sur ces trois pays (Japon, Vietnam et Corée du Sud).
Les CCE sont des petites gouttes dans tout le process de l'internationalisation. Chacune de leur intervention, de leur partage d’expérience va faire gagner du temps aux entreprises. Cette journée est tournée autour de l'entrepreneur.
Revenons donc au Forum Asie. Pouvez-vous nous expliquer ce que c’est ?
Par principe, on organise un forum pays chaque année, sur une zone spécifique, en général liée aux zones prioritaires d’export des entreprises de la région Auvergne-Rhône-Alpes.
Nous avons déjà organisé un forum sur l'Amérique Latine, sur l'Asie en 2017, sur la Chine, sur l'Europe dans son ensemble au mois de décembre, sur l'Amérique du Nord et sur l'Afrique pendant la période de COVID. C'est une édition qui tourne bien. Ce forum Asie est notre 8e édition.
Quel est l'objectif de ce forum ? En tant que participante, puisque je cherche à développer mes activités en Corée du Sud, je trouve ça absolument génial. Maintenant vous, en tant qu'organisateur, qu'est-ce que vous en attendez ? Pourquoi ces forums ont-ils été créés ?
À l'origine, il a été créé par Hervé de Maillard qui était le président des CCE en Auvergne-Rhône-Alpes pour créer plus de liens avec les comités de CCE à l'étranger.
Une chose m’a étonnée lorsque je me suis inscrite : je n’ai rien eu à payer. Alors que c’est une grosse journée qui mobilise du monde, des prestataires de service pour la technique, le déjeuner, les intervenants…
Effectivement. D’une façon générale, tout au long de l’année, nous travaillons avec un réseau de partenaires autour du business. Au quotidien, on a cette expertise du business, du pratico-pratique, mais pas le fichier des entreprises. C’est pour cela que nous travaillons avec la Team France Export composée de la Région, Auvergne-Rhône-Alpes entreprises, Business France, de la CCI, BPI France et des douanes.
Et pour répondre à votre question sur la gratuité de l’événement, nous avons des partenaires qui nous ont sponsorisés. Il est important pour nous d’offrir cette journée aux entrepreneurs qui veulent exporter, afin de les attirer et que le prix ne soit pas un frein.
J’ai hâte d’assister à ça demain. En tant que chef d'entreprise dont le projet est en cours de développement, c'est génial de pouvoir avoir ces appuis. Parce que c'est vrai que, on est un peu perdu quand il s’agit de l’export. On se lève un matin, on a une idée, on avance avec nos moyens mais au bout d'un moment on est confronté à un océan de vide, d'angoisse et d'inquiétude. Et on se dit « mais maintenant je fais quoi ? ».
Exactement.
Et c'est vrai que pouvoir s'appuyer sur des structures comme les vôtres, c’est très rassurant. On se sent moins seul et du coup, on a moins peur de sortir de notre zone de confort.
Vous avez raison, c'est le maître mot des CCE, « oser », oser l'international.
Et oser c'est souvent une question d'opportunité. Donc c'est aussi un des objectifs de cette journée, c'est de donner l'impulsion aux entreprises en leur expliquant qu'elles peuvent être accompagnées et même, qu’elles doivent se faire accompagner et ne pas y aller seules. Après, les gens reviennent vers nous pour qu'on les aide avec un accompagnement CCE plus poussé.
Le forum Asie dans le détail du déroulé
Le programme du forum.
Comment va se dérouler la journée ?
Le matin, il y a la plénière. Vous allez avoir un aperçu sur les trois pays. C'est un peu un teasing.
Seront présents Philippe Meunier, vice-président de la région délégué aux relations internationales, Morane Rey Huet, président des conseillers du Commerce extérieur Auvergne-Rhône-Alpes qui a succédé en 2022 à Hervé de Maillard, et Sophie Sidos Vicat qui vient d’être nommée présidente de tous les CCE en juin 2023. Nous avons aussi les directeurs de zones de Business France qui sont là. Jérôme Julliand, directeur Business France pour la Corée du Sud, sera en visio de Séoul. Ils vont donc parler de la zone avec une approche macro-économique.
Présentation de la Corée du Sud.
Après, la place est laissée aux discours de chef d'entreprise.
Nous entendrons notamment Christophe Cizeron, directeur général de GL Events Venue, partenaire de ce forum et avec une grande expérience de l’export sur les 3 pays concernés, ou encore Daniel Mayran, patron du groupe Bluebell, dont le palmarès à l’export laisse rêveur. Depuis 1954, le groupe assure le lancement, le marketing et la distribution des marques de luxe les plus connues dans le monde. En Corée, les marques représentées par Bluebell sont distribuées sur le marché domestique et dans les Duty Free.
Ateliers par pays
Ensuite nous avons des ateliers simultanés par pays. Les CCE qui vont venir partager leur expérience. Pourquoi ils ont réussi, quels ont été pour eux les facteurs de succès ? Quels ont été leurs freins ? Finalement, on se rend compte qu’ils ont tous un peu eu les mêmes, quelque soit leur secteur d’activité. C'est peut-être la difficulté de ce forum : il est multi-sectoriel. On ne vient pas répondre à une demande sectorielle précise. On reste dans le général.
Il y a des petites choses qui sont partagées dans la journée qui sont très liées évidemment à l'interculturel aussi et qui sont partagées par des gens qui connaissent extrêmement bien les trois pays puisqu'ils y vivent.
Combien de participants sont attendus ?
Plus de 150.
Et après ? Y a-t-il un suivi ?
Ce n’est pas notre rôle. Nous donnons l’impulsion, les pistes, quelques contacts et conseils.
Le guide des bonnes pratiques.
Après, c’est à chaque chef d’entreprise de faire son chemin, de se rapprocher des experts compétents dont il pourrait avoir besoin. Ils donnent des clés pour pouvoir aller plus vite. Pour vous faire éviter les écueils par lesquels vous pourriez passer. Notre indicateur à nous c'est que, chaque année, nous avons minimum 150 personnes qui viennent. Nous avons acquis une belle notoriété.
Merci de nous offrir cette belle opportunité. Quelle est votre cible en termes de taille d’entreprise ?
Les PME, voire les startups, ou les petites entreprises comme la vôtre. Ce ne sont pas forcément les grands groupes qui eux n'ont pas le même besoin ni les mêmes moyens. Nous avons à cœur de travailler avec des gens qui répondent à ces attentes et qui sont en local.
En résumé
Donc si j'ai tout bien compris, l'idée du forum, que ce soit sur l'Asie ou n'importe où, c'est que vous donnez aux chefs d’entreprise qui veulent faire de l’export, l'impulsion, la possibilité d'entrer en contact. Et vous leur donnez une boite à outils pour gagner du temps. Et ensuite, si les entrepreneurs ont besoin, ils peuvent revenir vers vous.
Exactement. Et c'est ça qui est extrêmement valorisant. À la fin de la journée, les entreprises viennent nous voir en nous disant « grâce à ce forum, j'ai gagné six mois de boulot ».
Merci Caroline pour votre temps. Je vous dis donc à mercredi.
Retour sur cette journée intense.
Elle s’est passée exactement comme Caroline l’avait décrite.
L’accueil café avant la plénière.
Le rythme était soutenu et le programme chargé. Cependant, chacun des intervenants a pu s'exprimer dans le temps qui lui était imparti. Les intervenants étaient de qualité et de secteurs d'activités diversifiés (agro-alimentaire, industrie, nucléaire, services…).
Pendant la plénière, les débats étaient animés par Julien Scicluna, conseiller du Commerce extérieur en Auvergne-Rhône-Alpes. Il a eu la lourde tâche de faire respecter leur temps de paroles aux différents intervenants pour que nous ne subissions pas de retard dans le déroulement de la journée.
La connaissance de la culture et le respect des us et coutumes
Ensuite, comme chaque participant au forum avait eu préalablement la possibilité de s’inscrire à l’atelier du pays qui l’intéressait, j’ai pu assister à celui sur la Corée du Sud. Pendant un peu plus d’une heure, nous avons ainsi pu recueillir les expériences des différents CCE qui avaient accepté de donner de leur temps pour cette journée.
Les intervenants ont tous insisté sur l'importance de connaître les coutumes du pays dans lequel il est prévu d'exporter, sur le fait d’apporter une attention plus que particulière à la présentation des documents, des produits présentés à nos futurs partenaires commerciaux.
Le conseil sans doute le plus important : se faire systématiquement accompagner par un interprète, dans l'idéal binational, mais à tout le moins issu du pays dans lequel il est prévu d'exporter et parlant parfaitement le français pour pouvoir accompagner les futurs exportateurs lors de leur rendez-vous avec leurs prospects sur place. Il s’agit de traduire la langue bien sûr, mais aussi tout le non verbal : la place des silences, la gestion du temps. Toutes ces choses qui, si elles ne sont pas respectées, peuvent ne jamais faire aboutir un projet à l’export.
La pause méridienne s’est faite autour d’un buffet qui a permis à chacun d’échanger de façon plus informelle mais néanmoins constructive.
Mon badge d'accès au forum.
L'après-midi était réservé aux rendez-vous en tête-à-tête avec chacun des intervenants spécialistes de l'export des pays mentionnés. Là encore, les rendez-vous avaient été pris à l'avance par chacun des participants à la journée.
Pendant une vingtaine de minutes, de table en table, il a été possible de rencontrer un cabinet d'avocats, un correspondant de la chambre de commerce et d'industrie du pays concerné, une collaboratrice des douanes, un collaborateur BPI France, un intervenant business France.
L’espace des RDV en tête-à-tête.
En parallèle, dans une salle plus petite que l'hémicycle, des séances plénières se tenaient des conférences sur des sujets extrêmement précis.
Planning des conférences en Agora.
Bilan de la journée
À la fin de la journée, vers 17h00, nous étions tous fatigués mais heureux et porteurs d'informations précieuses, pratiques et intéressantes pour nous aider à continuer, ou entamer pour certains, une démarche de prospection à l'international dans les meilleures conditions.
En ce qui me concerne, j’ai beaucoup appris, gagné du temps sur des décisions futures à prendre et fait quelques très belles rencontres porteuses d’espoir pour le développement de mes activités avec la Corée du Sud. Je suis repartie la tête pleine d’idées et de listes de choses à mettre en place rapidement…pour leur laisser tranquillement le temps de se développer.
Toute la symbolique de la culture coréenne : aller vite, « pally pally », et en même temps laisser aux choses le temps de se faire.
À méditer.
Pour en savoir plus sur les CCE, rendez-vous sur
le site officiel et sur
la page Linkedin de Caroline Goubet qui m'a accordé son temps avec bienveillance et gentillesse.
* Cet article a été rédigé par une journaliste honoraire de Korea.net. Présents partout à travers le monde, nos journalistes honoraires partagent leur passion de la Corée du Sud à travers Korea.net.
caudouin@korea.kr