Par la journaliste honoraire de Korea.net Émilie Cuppari de France
C'est l'été.
On a tous envie de flâner aux terrasses, dans les jardins, de manger dehors… et de ralentir le rythme. Pour cela, je t'emmène visiter la campagne coréenne !
Je suis particulièrement fans des dramas qui se déroulent en dehors de Séoul, comme un bol d'air purificateur et le moyen de se sauver de l'ultra urbain suffocant. De
Hometown Cha-Cha-Cha à
Our Blues, en passant par
When the Weather is Fine,
Reply 1988 et
My Liberation Notes, viens, je vais te faire découvrir un peu cette vie coréenne que tu connais peut-être moins.
De gauche à droite et de haut en bas : affiches de Hometown Cha-Cha-Cha, When the Weather is Fine, Reply 1988, My Liberation Notes et Our Blues. © CJ ENM, JTBC
Déjà, voici une hanok (한옥), la maison traditionnelle coréenne.
C'est le type d'architecture qui dominait autrefois. Mais ensuite, la reconstruction du pays après la guerre se voulant rapide et moderne, les hanok seront délaissées et beaucoup de quartiers traditionnels ne seront pas reconstruits comme auparavant.
Une hanok. © Korea.net DB
Ces maisons peuvent avoir des styles totalement différents pour s'adapter au climat. Au nord, elles sont de forme carrée pour diffuser facilement la chaleur partout, alors qu'au sud, elles seront rectangulaires pour une bonne ventilation.
On en trouve entièrement en pierre (évidemment celles des familles les plus aisées), d'autres étaient complètement en chaume.
Les toits sont aussi caractéristiques, permettant un ensoleillement maximal l'hiver, mais protégeant de la chaleur l'été avec ses tuiles d'argile ou ses toits de paille.
Les toits typiques des hanoks. © Korea.net DB
Par rapport aux maisons françaises, on note tout de suite la surélévation de l'édifice, car le ondol (온돌), un système unique au monde de chauffage au sol en pierre, passe sous la maison pour transporter la chaleur émise par le biais de l'âtre qui servait à préparer les repas. Le ondol passe sous les chambres et la salle à manger, depuis la cuisine. C'est vraiment l'ancêtre de nos chauffages au sol actuels, avec l'eau chaude qui circule dans les tuyaux sous le plancher. Les autres pièces ont un maru (마루), un plancher en bois non chauffé qui sert plutôt à rafraichir.
Les hanok sont légèrement surélevées au-dessus du sol. © Korea.net DB
Ces systèmes de chauffage et de refroidissement invitent totalement à un mode de vie près du sol, comme on peut le voir dans le drama
Reply 1988, un vrai bijou de nostalgie des années 80 (même si tu n'étais pas là en 1988, beaucoup de choses trouveront néanmoins résonnance pour ceux d'entre nous nés avant le nouveau millénaire).
Scènes de Reply 1988. © CJ ENM
Actuellement, il resterait une cinquantaine de villages traditionnels dont celui de Séoul, le Bukchon Hanok Village. Avec ses 900 maisons, ce n'est PAS une construction faite pour les touristes mais un quartier traditionnel habité, vieux de 600 ans !
Mais tu peux aussi vivre l'expérience de cet habitat dans un des nombreux hanok modernisées en café (ou cafés construits comme un hanok aussi, c'est encore plus fréquent).
Le Bukchon Hanok Village. © Korea.net DB
Les séries « tranche de vie » comme celles que je mentionne dans cet article sont aussi un super moyen de voir une vie normale, des gens de tous les jours plus proches de notre réalité... L'occasion d'aller voir des gens qui travaillent, souvent dur, toutes les catégories socio-professionnelles, tous les âges de la vie avec leurs soucis, différents mais fondamentalement intriqués.
Ici au marché, sur l'Île de Jeju, Lee Byung-hun est un colporteur, il vend les vêtements si typiques, voire clichés comme les pantalons à fleur que les petites mamies adorent (et dont chaque personnage finit par s'affubler pour nous faire rire) tandis que sa maman vend quelques plantes et légumes, quelques étals plus loin.
Scènes de Our Blues. © CJ ENM
Mais à une heure et demie de Séoul, dans la campagne ou bien sur l'ile de Jeju, souvent les gens cumulent plusieurs métiers pour joindre les deux bouts.
Par exemple, les haenyeo (plongeuses en apnée) de Jeju vendent leur pêche au marché avec le capitaine du bateau qui les amènent en haute mer dans
Our Blues, tandis que dans le (virtuel) petit village de Sanpo, les trois enfants qui travaillent sur Séoul (trois heures en aller retour quotidien), aident leurs parents à la ferme, mais le patriarche a aussi une petite entreprise d'ébénisterie avec son employé M. Gu (qui aide aussi à la culture maraichère).
En haut à gauche, au milieu à droite et en bas à gauche : scènes de My Liberation Notes. © JTBC. En haut à droite, au milieu à gauche et en bas à droite : scènes de Our Blues. © CJ ENM
Ce mélange générationnel est vraiment typique de la grande influence confucéenne sur la structure familiale coréenne et fait passer de beaux messages, car nos héros ont beaucoup de soucis à résoudre. Pas facile de rester vivre chez papa et maman jusqu'à son mariage (souvent tardif), d'être une fille mère, d'avoir un enfant handicapé ou d'être cet enfant handicapé. Quoiqu'il en soit, ces soucis sont propices à plein de moments chargés en émotions.
La transmission des savoirs, des valeurs est aussi très touchante et intéressante à observer dans les activités de la vie quotidienne, ci-dessous Kim Seon-ho qui aide Kim Young-ok à laver son linge dans
Hometown Cha-Cha-Cha, elle qui l'a élevé comme son fils, ou les plongeuses Haenyeo qui combattent les préjugés sur les handicaps et apprennent à Jung Eun-hye à préparer le poisson dans
Our Blues.
Sur l'image en bas à gauche, c'est une grand-mère, Haenyeo aussi, qui initie sa petite fille à l'apnée, dans une bassine dans la cour, toujours dans
Our Blues, tandis qu'à droite, c'est la librairie dans la montagne de
When the Weather Is Fine où les gens du village se réunissent pour le club de lecture et de partage, tous âge confondus.
En haut à gauche : scène de Hometown Cha-Cha-Cha. En haut à droite et en bas à gauche : scènes de Our Blues. En bas à droite : scène de When the Weather is Fine. © CJ ENM, JTBC
Tant que nous sommes dans la notion de partage, j'aimerais te présenter deux objets complémentaires qui sont, à mon avis, totalement représentatifs des valeurs et règles de vie typiques de la culture coréenne. Si on vit assis, comme je disais plus haut, il est important d'avoir un mobilier adapté. Voici donc le soban (소반) et le pyeongsang (평상).
Le soban est une sorte de plateau sur pied, qui sert aussi bien de planche à découper portative, ou de table à manger simplement, à l'intérieur. Mais on le posera aussi dehors, pour le même usage, sur le pyeongsang, une sorte d'estrade, de « lit-table-banc ». C'est un objet traditionnel à usage multiple et dont le nom n'a pas d'équivalent en français.
En haut : scène de Reply 1988. Au milieu : scène de Hometown Cha-Cha-Cha. En bas : scène de When the Weather is Fine. © CJ ENM, JTBC
Sur la première photo, les mamans du quartier préparent le repas ensemble, une bassine sur le soban, assises sur le pyeongsang en surveillant la plus jeune de leurs enfants dans
Reply 1988 alors que sur la deuxième, c'est tous les commerçants de
Hometown Cha-Cha-Cha qui font une petite pause dessus… Sur la dernière, la lycéenne Hae-won, dans
When the Weather is Fine réfléchit à sa vie devant un repas posé sur le soban, assise sur le pyeongsang.
Ces meubles sont, pour moi, synonymes du lien social sud-coréen. Dans chaque drama, on y mange, on s'y relaxe, on y boit, on y dort, on s'y réunit en famille, entre amis, on s'y parle, on s'y fâche, on s'y réconcilie. La « pièce centrale » de tous les moments clés de la vie, contenue dans un seul meuble, comme la maison de style hanok est le symbole du foyer et de la famille traditionnelle.
En bref, si je devais te dessiner la campagne coréenne pour te donner envie d'y aller, je représenterai à la fois la mer et la montagne, une forêt et des champs pour la géographie du pays et puis, je ferai un hanok avec dans sa cour, un pyeongsang avec toute une famille heureuse, assise dessus !
Et en attendant que tu puisses t'y rendre pour de vrai, je t'invite à aller voir tous les dramas que je viens de citer, ils sont tous disponibles sur Netflix.
* Cet article a été rédigé par une journaliste honoraire de Korea.net. Présents partout à travers le monde, nos journalistes honoraires partagent leur passion de la Corée du Sud à travers Korea.net.
caudouin@korea.kr