Par la journaliste honoraire de Korea.net Vanessa Pisano de France
À l’occasion de sa seconde exposition en Corée du Sud, David Jamin dévoile un parcours initiatique aux visiteurs. Ses travaux étaient visibles du 4 février au 27 avril au grand magasin the Hyundai Seoul.
Une immersion progressive dans son univers :
Into the Atelier nous emmène en voyage en Provence, à Uzès ;
A Liberated Dandy,
The Microcosm of Us,
Hommage To,
The Stars,
Love of Life,
Introportrait - le
Dandy de Provence, collection florale et l'inédit
Stars coréennes : Park Chan-wook le réalisateur, Son Heung-min le footballeur et Yuna Kim la patineuse.
Une créativité unique, des couleurs envoûtantes, la profondeur des messages au-delà des coups de pinceaux. Je propose d’aller à la rencontre de l’artiste, l’homme, le père dans une interview qui a été programmée et réalisée le 31 mai 2023 en visio : David et Séverine Jamin depuis le studio d’Uzès et moi depuis le mien à Séoul.
Je remercie chaleureusement l’artiste et son épouse pour leur disponibilité, ainsi que Julia Chung et Jaehoon Jung de la galerie Via Canvas Seoul pour leur disponibilité et bienveillance dans la programmation de cette entrevue.
Une rencontre émouvante, pleine de sensibilité, de partage et de complicité en famille.
Uzès, Séoul, la magie des connexions
David Jamin, né dans le sud de la France à Nîmes en 1970, y grandira dix ans avant de découvrir les contrastes du nord de la France qui marqueront sa vie et conditionneront ses 30 prochaines années. De la naissance de sa passion pour la peinture au développement de ses techniques et la rencontre de son épouse Séverine.
Olivier de Provence, par David Jamin, exposition the Hyundai Seoul 2023. ©️ Vanessa Pisano
Vanessa Pisano : Comment vous est venue l’envie de peindre ?
David Jamin : Comme chaque enfant, le dessin fut le premier moyen de m’exprimer. Les encouragements des parents, les félicitations, la valorisation sont les sentiments les plus réconfortants pour un enfant. La marque d’amour. Par la suite, j'y ai trouvé un moyen de communiquer avec mon entourage. Ce plaisir constructif qui a accompagné l’enfant, l’adolescent, l’adulte.
Vous définissez-vous comme une personne sensible ?
Oui, quand les mots me font défaut, l’énergie intérieure atteint un niveau extrême et associer la gestuelle de la peinture et le cérébral des idées permet de compenser cette dualité.
Comment exprimez-vous cette sensibilité ?
Dans ces moments, je suis seul dans mon atelier, insufflé par une grande concentration, proche de la méditation ; je me connecte avec ce que j’ai à dire. Je peux y passer des heures entières par jour. je bénéficie d’un très grand soutien de ma famille. Cette passion occupe une grande part de nos vies, nous y sommes tous reliés, telle une équipe.
Enfant au ballon jaune, par David Jamin, exposition the Hyundai Seoul 2023. ©️ Vanessa Pisano
Séverine, comment s’organise la vie de famille autour de l’atelier ?
Séverine Jamin : En tant que famille, nous sommes unis et complémentaires dans la passion de David. Nous partageons avec lui au fil de ses créations, son regard sur le monde. Nous avons notre part dans sa passion, quand David est en création, je reçois les gens à l’atelier, effectue la gestion. Il arrive que les enfants prennent part aux projets en créant des supports graphiques.
David Jamin : Elle est la protectrice entre l’atelier et la société ! (Rires.)
Séverine Jamin : Oui, nous avons une vision de plus que d’entreprise. Les projets au gré des envies, la vie qui se déroule.
« La magie des connexions, même à l’autre bout du monde, l’art est le plus court chemin de l’homme à l’homme. »
David, dans votre présentation vous évoquez le changement de palette (de couleur), comment s’est elle opérée ?
Pendant la première partie de ma créativité, dans le nord de la France, j’avais peur des couleurs. j’étais toujours dans le dosage, la maîtrise avec cette question « et si ce n’est pas compris? »
Et puis l’évolution s’est présentée à moi lors de mon retour dans le Sud de la France. Cette lumière retrouvée, les couleurs me paraissaient plus éclatantes; j’ai fait peau neuve dans ma palette et mes traits. j’ai pu sortir de ma zone de confort et exprimer ma vie intérieure, avec harmonie et donner un nouveau rythme à mes peintures.
Le hall de l'exposition avec Fleurs de printemps, par David Jamin, exposition the Hyundai Seoul 2023. ©️ Vanessa Pisano
Nous sommes à Séoul, au Hyundai et nous découvrons le Dandy de Provence, autour de l’Introportrait, qu’est-ce que cela évoque?
Ce concept est venu de mes hivers dans le nord de la France, est-ce que vous les connaissez ? (Rires.)
Nous connaissons tous la notion d'autoportrait qui est expérimentée par les artistes, j’ai voulu aller au-delà du masque social, relier l’image extérieure du portrait à celle de l’intériorité.
J’ai étudié la littérature, la poésie, donc pour moi la résonance des mots est importante. issu d’un processus personnel, pour donner du poids et du sens à la démarche. c’est ainsi qu’est né le terme d’
Introportrait, que j’ai expérimenté en exposition et a été accueilli avec la plus grande normalité.
Qui est le Dandy ?
Pour apporter plus d’amplitude et de richesse à l’
Introportrait j’ai imaginé un personnage. Avec ses codes esthétiques, une androgynie, une sensibilité, un artiste. Un humain. Le terme est venu de galeristes et finalement il suit assez bien le courant intellectuel et esthétique, celui qui fait bouger les codes.
Dandy, par David Jamin, exposition the Hyundai Seoul 2023. ©️ Vanessa Pisano
Nous reconnaissons un joli grain de beauté sur les portraits, y a t-il une muse qui vous inspire ?
(Clin d’œil amoureux à sa femme.) Oui, Séverine ! C’est son grain de beauté et ma façon de lui dire que je l’aime et merci de me soutenir à travers mes toiles.
Comment s’organise une exposition à 9 000 km de la France, dans un pays où la culture peut sembler différente ?
Avant tout, c'est une rencontre de sensibilité entre l’artiste et le galeriste. Ce sont les galeristes qui construisent les expositions, la relation qui nous unis est importante. Ils sont des protecteurs, garants de l’éthique, de la compréhension des artistes et du respect de leurs œuvres.
Nous avons fait la connaissance de Julia (Via Canvas Seoul) à Uzès lors de sa venue en 2018, elle a eu pour ambition la révélation de l’artiste. Notre aventure a démarré en 2021, nous sommes en pleine pandémie, avec les restrictions de voyage que nous connaissons, Julia a eu la merveilleuse idée de créer une exposition qui fera voyager le public coréen. Elle a aménagé le Seoul Art Center en aéroport, invitant le visiteur à effectuer un voyage Séoul - Uzès. Une véritable immersion.
Le travail est différent de ce que je connais en France, la Corée a une grande connaissance de notre culture. Nous devons respecter cette place qui nous est donnée dans ce pays et notre tour les accueillir comme il se doit.
Comment crée-t-on une immersion ?
C’est la première organisation qui m’aura demandé autant d’éléments personnels. Tout a été pensé dans les détails, j’ai fait parvenir en plus des tableaux des éléments concrets de travail : outils, palettes, tabliers.
Un travail de compréhension des 130 œuvres du Hyundai a été réalisé afin de respecter mon travail d’artiste et rendre l’expérience publique la plus juste possible, être au plus proche de la vérité de mes messages.
Un parcours complet est créé, c’est ainsi qu’à ma grande surprise la devanture de l’atelier d’Uzès a été reproduit, une grande justesse. Très ému, je me suis senti comme à la maison.
Couple, par David Jamin, exposition the Hyundai Seoul 2023. ©️ Vanessa Pisano
Quel accueil vous a réservé le public coréen ?
Ce travail de préparation a créé une proximité et une connexion immédiate avec le public. j’ai pu ressentir la chaleur et la bienveillance. J’ai une anecdote à vous partager : le jour de l'inauguration, une maman et son enfant étaient présents, le petit est venu me tenir la main, un geste touchant et simple, que traduit une générosité naturelle.
C’était votre premier voyage en Corée du Sud, comment s’est-il passé ?
Il faut savoir que j’ai la phobie des grandes villes. (Rires.) J’avais beaucoup de questions avant de venir. Notre fils, en voie de devenir historien, a préparé des fiches magnifiques sur la Corée, riches en images et informations qu’il nous a présentées dans l’avion. Et à l'atterrissage nous avons ressenti un bien-être immédiat. Une douceur, tout semblait lumineux. « Tout va bien se passer », c’est ce que nous avons tous pensé immédiatement.
Nous avons été pris en charge par l’équipe, elle a témoigné une grande bienveillance envers ma famille. Vous savez ce n’est pas toujours évident de voyager en famille, avec les enfants, tout n’est pas prévu pour eux.
Les valeurs humaines et familiales ont été mises au premier plan dans l’aménagement du programme de la semaine pour que chacun de nous puisse apprécier son séjour. Mes enfants si réservés ont pu s’ouvrir et échanger librement, j’en suis reconnaissant.
Séverine, David, avez-vous un message à nous transmettre ?
Séverine Jamin : Allez visiter Séoul, allez voir par vous même, vous serez bien accueillis. Nous avons tant à partager.
David Jamin : Gardez un œil frais sur le monde qui nous entoure pour la construction du futur.
Signature de toile de David Jamin, exposition the Hyundai Seoul 2023. ©️ Vanessa Pisano
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David & Séverine Jamin - atelier & galerie
Ouvert sur rendez-vous tous les jours (dimanches et fériés inclus).
Adresse : 9 rue Saint Théodorit, 30700 Uzès
Téléphone : 04 66 03 08 34
La galerie Via Canvas Seoul
Adresse : 1st floor 17, Pyeongchang 11 gil, Jongno-gu, Seoul 03008
Téléphone : 010 8734 9307
* Cet article a été rédigé par une journaliste honoraire de Korea.net. Présents partout à travers le monde, nos journalistes honoraires partagent leur passion de la Corée du Sud à travers Korea.net.
caudouin@korea.kr