Journalistes honoraires

25.09.2023

Voir cet article dans une autre langue
  • 한국어
  • English
  • 日本語
  • 中文
  • العربية
  • Español
  • Français
  • Deutsch
  • Pусский
  • Tiếng Việt
  • Indonesian
Par la journaliste honoraire de Korea.net Alicia Baca Mondéjar de France, photos et vidéo CJ ENM


The Moon est un film dramatique sud-coréen de survie spatiale de 2023 écrit, coproduit et réalisé par Kim Yong-hwa. Il est sorti dans les salles sud-coréennes le 2 août 2023.

Synopsis

Un vaisseau spatial habité d'exploration lunaire, se retrouve bloqué dans l'espace à cause d'un dysfonctionnement provoqué par des vents solaires. Le centre spatial de Naro n'a d'autre solution que de se tourner vers Kim Jae-guk, l'ancien directeur général, traumatisé à cause d'une catastrophe survenue cinq ans plus tôt. The Moon raconte les efforts de survie de Sun-woo, un astronaute bloqué seul sur la Lune et des tentatives désespérées de Kim Jae-guk pour le ramener sain et sauf.

Affiche de « The Moon ».

Affiche de « The Moon ».


Distribution

Sol Kyung-gu : Kim Jae-guk, l'ancien chef du centre spatial
Doh Kyung-soo : Hwang Sun-woo, membre de l'équipage spatial
Kim Hee-ae : Yoon Moon-young, directrice général de la station spatiale de la NASA
Jo Han-chul : le ministre de la Science et des TICs
Park Byung-eun : Jeong Min-gyu, chef du centre spatial
Choi Byung-mo : Oh Kyu-seok, vice-ministre
Hong Seung-hee : Han-byeol, stagiaire travaillant avec Jae-guk
Choi Jung-Woo : Président
Lee Sung-Min : Hwang Kyu-Tae, père de Hwang Sun-woo
Kim Rae-Won : Lee Sang-won, membre de l'équipage spatial
Lee Yi-Kyung : Jo Yoon-Jong, membre de l'équipage spatial

Impressions

Si le cinéma coréen semble, de toute évidence, vouloir s'épanouir depuis quelque temps dans ce terrain inconnu qui est la science-fiction, il est indéniable qu'il ne marche plus à tâtons, mais à grands pas. Dans une toute nouvelle assurance, il prend ses marques et nous fait cadeau, cette fois-ci, d'un film époustouflant dans lequel les émotions à fleur de peau s'entremêlent entre elles sans voiler son histoire captivante.

Ce n'est pas sans un certain apriori que nous abordons ce film dont le titre « La Lune » et son synopsis, auraient - peut-être - comme intention de nous embarquer dans ce genre « seul au monde », tout prêt à nous lasser dès que le film accouche de son introduction. The Moon ne baigne pas dans cette espèce de liquide amniotique propre à la plupart des films de science-fiction mais, luttant contre l'implosion survenue au premier essai, cinq ans auparavant, il explose dans tous les sens comme une fourmilière attaquée par un pétard.

Visuellement excellent, il s'agit du premier film coréen à être entièrement diffusé en 4K. Dans un soin très méticuleux de nous immerger dans une réalité exhaustive et de très haute qualité, CJ ENM, Dexter Pictures (Space Sweepers, Ashfall et le succès chinois The Wandering Earth) et le nouveau studio Blaad décident de s'associer. Pour la création des effets spéciaux, de vraies images de la surface de la Lune ou des vaisseaux spatiaux ont été fusionnés au virtuel. Une fois que nous avons constaté cette qualité presque transparente, fluide et homogène, le scénario découle sans encombre, poussé par les huit millions de pixels affichés à l'écran.

Si Gravity (comment ne pas comparer ?), film six fois oscarisé, puise sa force sur ce fameux silence entre les notes, The Moon ne nous laisse pas le temps de respirer ou de nous entendre penser. Cette solitude oppressante ressentie dans le film américain à cause de ce silence, prend d'autres nuances dans un scénario où il faut agir vite, où ça parle tout le temps. Où les esprits doivent se creuser les méninges et être surtout réactifs, dans un besoin impératif de trouver une solution. Et puis, contrairement à son cousin américain, on ne s'ennuie pas une seule seconde.

L'astronaute Hwang Sun-woo, interprété par Doh Kyung-soo se retrouve livré à lui-même à l'intérieur d'un vaisseau qui semble aussi petit qu'un placard. Avec des lumières, des boutons et tout et tout (tout ce genre d'engins à la Star Trek dont nous, pauvres ignorants, méconnaissons absolument leur utilité). Le réalisateur nous empêche d'être happés par la claustrophobie mais le stress ressenti depuis que les autres membres de l'équipage sont à l'extérieur de la navette ne nous quitte plus. Il se manifeste en crescendo à cause d'une continuelle pointe d'espoir.

Le film évolue dans deux endroits différents. Il ne s'agit pas de deux histoires parallèles mais bien au contraire, l'interaction provoque une montée de ton qui nous prend aux tripes. Du côté de la terre, le centre spatial est en complète ébullition, animé et dirigé par un ex-directeur qui souffre de stress post-traumatique. À chaque seconde, il devra marchander avec les aléas capricieux du monde lunaire dont le jeune astronaute est prisonnier. Ces deux situations distinctes ont parfois du mal à évoluer en osmose. Entre elles et avec nous. Des termes scientifiques difficiles à comprendre se mélangent à de pseudos histoires qui se veulent émotives. La petite larme sera versée au milieu de tout cet amalgame de métal, astronaute en détresse et centre spatial au bord de la crise de nerfs.

The Moon est peut-être un film dramatique de science-fiction mais, il est surtout un film d'action confronté à un terrain hostile qui tente de se débarrasser de tout intrus. Toutes les histoires entre les personnages, leur passif ensemble, tous ces éléments qui satellisent ce sauvetage, semblent sans importance par rapport au problème ultime, mais ils humanisent les individus et tous ces aspects techniques qui risqueraient de nous ennuyer.

Et puis, cette face cachée de la Lune. L'horreur, le noir, le froid. Le néant. Comme ce royaume dans L'histoire sans fin qui disparaît petit à petit, emportant la vie. Nous réalisons l'immensité de l'espace, dans tous les sens du terme, grâce à la qualité de la caméra. Les différences sonores qui appuyèrent chaque scène la rendant encore plus réaliste. Nous souhaitons que notre astronaute rentre sain et sauf de toutes nos forces. À l'abri (Home and dry…).

Doh Kyung-soo dans « The Moon ».

Doh Kyung-soo dans « The Moon ».


Acteurs

Doh Kyung-soo, membre du groupe Exo, nous montre une fois de plus ses talents d'acteur. Qui a pu oublier sa tête à claques dans le drama It's Alright, This Is Love ? Le souci qui colle à la peau des membres de boysbands, c'est une « trop d'attente » de la part des spectateurs. Sera-t-il à la hauteur ? Sa présence dans le casting n'est justifiée que par une volonté d'attirer du public. Ce n'est pas parce qu'il sait chanter qu'il saura jouer… voilà le genre de commentaires qui surgissent comme des champignons dans notre tête (ça pousse très vite, un champignon). Qui n'a pas été étonné du jeu d'acteur du rappeur TOP dans Iris (entre autres) ? Ils sont bien mignons, mais, vont-ils assumer ? On les attend au quart de tour et nous sommes plus qu'agréablement surpris quand nous percevons leurs capacités.

Doh Kyung-soo est en train de monter en flèche, se présentant de plus en plus à nous comme l'un des comédiens base du cinéma coréen. On ne peut pas dire qu'il fait partie de la nouvelle génération car cette nouvelle génération en question est beaucoup trop jeune et porte encore des couches. Quand on voit le statut de Sol Kyung-gu, vu récemment dans Phantom, on se dit, oui, bon, lui, c'est THE grand acteur, il n'a plus rien à prouver. Il en va de même pour Lee Sung-Min. Il fait aussi partie de ces comédiens dont l'on pourrait dire « il y a eux, et après il y a les autres ». Mais avec D.O. dans la même cour, on constate qu'il est à la hauteur. Cette façon qu'il a de s'adapter à chaque scène, est quand même à saluer.

Sol Kyung-gu nous montre un homme complètement détruit, l'antihéros qui connaît toutes les ficelles mais qui reste toujours dans cette attitude humble et effacée d'état post-traumatique.

Oui, il faut dire que le scénario facilite la direction de la performance, mais la synergie entre les deux acteurs peine à traverser les 384 000 km ou plus qui les séparent. Cela change légèrement lors de leur conversation/révélation, pas assez consistante ou développée pour qu'elle puisse nous toucher. Leur relation prendra une nouvelle forme surtout avec l'entrée en douce de Yoon Moon-young, directrice général de la station spatiale de la NASA (interprété par Kim Hee-ae). Le lien se tisse inexorablement et le scénario s'élargi dans une toute autre dimension.



Conclusion

Cette fameuse catharsis dont raffolent beaucoup de réalisateurs, surtout américains, se précipite vers nous à notre insu. Le côté hyper émotionnel qui bloque toute larme, le chantage affectif. Tout cet effort pour rendre le film techniquement plausible, s'effondre vers la fin dans un sentimentalisme que l'on a du mal à suivre. Et à croire.

Bien sûr, bien sûr, The Moon est un film de science-fiction. Il semble impératif pour certains de caser un film dans une catégorie, ce qui avorte toute intention de plus. Peut-on mixer un film d'horreur avec une histoire drôle ? Un film indien qui parlerait des attentats tragiques aux États-Unis ? Un tremblement de terre qui laisserait libre cours à un psychopathe ? Un film dont toute l'énergie est focalisée sur les efforts déployés pour sauver une seule personne ? Non, cette fois-ci nous n'allons pas sauver le soldat Ryan mais un jeune homme dans une boîte de sardines, au milieu de l'espace. Et du coup, cela devient un film de science-fiction, ce qui va permettre aux amateurs du genre des critiques acerbes et sans pitié.

Si l'on regarde plus large, le danger imminent, l'absolue précarité, la noirceur opaque de la face cachée de la Lune, ce gouffre obscur et dense qui est l'espace, le stress, l'impuissance… tous ces éléments sont placés dans une coordination adroite et fluide. Le comportement à la limite du ridicule des ministres risque de choquer les puristes, mais nous connaissons cet humour dans l'adversité propre des films coréens. Ce n'est pas péjoratif de notre part, bien au contraire, nous admirons cet art de dérision.

The Moon est un très bon film de science-fiction dont l'action et son histoire humaine nous tiendra en haleine du début à la fin.


* Cet article a été rédigé par une journaliste honoraire de Korea.net. Présents partout à travers le monde, nos journalistes honoraires partagent leur passion de la Corée du Sud à travers Korea.net.

caudouin@korea.kr