Journalistes honoraires

11.10.2023

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Par la journaliste honoraire de Korea.net Alicia Baca Mondéjar de France, photos Megabox Plus M


Affiche de « Lucky Strike ».

Affiche de « Lucky Strike ».


L’histoire

Après avoir fait faillite, Joong-man travaille à temps partiel dans des bains publics. Dans une situation financière déplorable, il doit survenir aux besoins de sa mère atteinte d'Alzheimer, son épouse et sa fille. Dans son lieu de travail, il découvre un sac Louis Vuitton rempli d’argent dans un casier. Il décide de le prendre.

Tae-young travaille comme douanier. Il emprunte une grosse somme d'argent à Doo-man, un usurier impitoyable et prête l'argent à sa petite amie Yeon-hee. Celle-ci s’enfuit avec l’argent, laissant Tae-young dans une situation très dangereuse.

L'usurier commence à faire pression sur Tae-young. Le cadavre d'une femme supposée être celui de Yeon-hee est retrouvé. Pendant ce temps, Mi-ran a perdu beaucoup d'argent en bourse. Elle doit également faire face à son mari violent et elle travaille comme hôtesse de bar. Un jour, son client Jin-tae propose de tuer son mari. Les relations de ces personnes, qui ont des désirs différents, se dévoilent.

Une scène de « Lucky Strike ».

Une scène de « Lucky Strike ».


Distribution

Jeon Do-yeon : Yeon-hee
Jung Woo-sung : Tae-young
Youn Yuh-jung : Soon-ja
Bae Seong-woo : Joong-man
Shin Hyun-bin : Mi-ran
Jung Man-sik : Park Doo-man
Jin Kyung : Young-sun
Jung Ga-ram : Jin-tae

Fiche technique


Réalisé et écrit par Kim Yonghoon
Date de sortie : 25 janvier 2020 (IFFR), 19 février 2020 (Corée du Sud)
Durée : 108 minutes
Pays : Corée du Sud

Une scène de « Lucky Strike »

Jeon Do-yeon dans « Lucky Strike »


Lucky Strike est basé sur le roman japonais Wara ni mo sugaru kemonotachi, (Beasts Clawing at Straws, expression qui voudrait dire « des bêtes qui essayent de trouver un moyen de réussir alors que rien de ce qu'elles choisissent n'est susceptible de fonctionner ») de l'écrivain Keisuke Sone. Des éléments propres à la culture japonaise ont été supprimés et la fin a été modifiée. Sone, fan du cinéma sud-coréen, a approuvé le scénario.

Impressions

Il apparaît très vite pour le spectateur, que le sac Louis Vuitton jouera le rôle principal de ce thriller qui s’annonce noir depuis le premier moment. Suspense sombre, paradoxe des couleurs placées avec ingéniosité le long du film. Puzzle captivant dont chaque pièce habite des personnages différents, avec des réalités diverses. Le doux Magnolia, film choral américain, écrit et réalisé par Paul Thomas Anderson, sorti en 1999, aurait-il été touché de plein fouet par l’onde de choc appelée Tarantino ? A-t-il ricoché sur les frères Cohen ? Pas tant que ça… Même si certains échos auraient tendance à vous ramener vers les cheveux longs (et gras) de Travolta ou la permanente Mars Attacks! de Samuel L. Jackson (et même cette histoire glauque de montre…), Lucky Strike s’assume tout seul. Il est entier. Il ne s’agit pas du jeu du calamar mais plutôt de celui de la marelle, tout aussi violent. Une mosaïque à reconstruire dans le temps, qui fera travailler nos méninges sans trop les perturber.

Des êtres désespérés qui s’acharnent malgré eux à prendre les mauvaises décisions, des esclaves d’une cupidité qui devient le centre de leur univers et pour laquelle ils évolueront comme des marionnettes de leur propre destin. Des scènes filmées avec adresse et finesse qui nous promènent à tâtons et curiosité d’un épisode à l’autre sans aucunement nous importuner. Des circonstances qui nous transportent, qui nous étonnent. Mélange d’intrigues, de gore, de cruauté sauce coréenne, des prises de tête style Woody Allen. Thriller non chronologique qui nous cache avec subtilité le « avant » et le « après », dont l’histoire complexe coule comme une rivière inexorable.

Une scène de « Lucky Strike »

Une scène de « Lucky Strike ».


Des acteurs filmés souvent en premier plan, qui crèvent l’écran par leur prestance et qui rayonnent sous les lumières octroyées avec dextérité à chaque séquence. Jeon Do-yeon, magnifique, dégageant un charisme qui nous sublime. Jung Woo-sung, qui nous montre une fois de plus qu’il est capable d’interpréter n’importe quel rôle. Bae Sung-woo, qui nous fera décrocher des sourires rien que par sa présence. Jeong Man-sik, plus égal à lui-même que jamais. Shin Hyun-bin, vue dans Hospital Playlist et donc le rôle désespéré ne peut qu’accentuer le crescendo de Lucky Strike.

Beaucoup d’entre vous iront chercher « les autres » réalisations de Kim Younghoon, histoire de regarder tous ses films et de s’infiltrer encore dans ce plaisir visuel dont nous avons été témoins. On découvre avec un mélange de déception et d’étonnement qu’il s’agit de son premier film et que la seule chose qui nous reste à faire est d’attendre son prochain. Nous pourrons quand même nous rebattre sur sa nouvelle création, Mask girl, drama choral produit par Netflix. Beaucoup plus glauque et noir que le film mais, hélas, beaucoup moins pétillant, il nous embarque dans un jeu d'oie sordide qui nous fait regretter, malgré son intérêt, le côté tout neuf tout propre de sa première réalisation.

Lucky Strike a eu sa première mondiale au festival international du film de Rotterdam (Prix Spécial du Jury), dans la section compétitive Tigre, le 25 janvier 2020. La première en Corée du Sud était prévue pour le 12 février 2020, mais a été reportée à cause de l'aggravation de la pandémie de Covid-19. Malgré tout, il a terminé son premier week-end en tête du box-office. Un mariage parfait entre la réalisation, le script, la photographie, le montage et les acteurs.


* Cet article a été rédigé par une journaliste honoraire de Korea.net. Présents partout à travers le monde, nos journalistes honoraires partagent leur passion de la Corée du Sud à travers Korea.net.

caudouin@korea.kr