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23.02.2024

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Extrait du calendrier Kocis 2022. © Service coréen de la Culture et de l'Information

Extrait du calendrier KOCIS 2022. © Service coréen de la Culture et de l'Information



Par la journaliste honoraire de Korea.net Nicole Bergeaud
de France

Inconnue en France il y a encore dix ans, la K-food connait aujourd’hui un énorme succès qui ne doit rien au hasard. C’est le fruit d’un travail à long terme, porté par une stratégie et une ambitieuse volonté de conquête. Nam Sanghui, directrice du bureau parisien (aT Center Paris) de la Korea Agro-Fisheries & Food Trade Corporation (agence d'État sous la tutelle du ministère de l'Agriculture, de l'Alimentation et des Affaires rurales) a accepté de répondre à mes questions, le 7 février dernier. Je la remercie pour son accueil chaleureux et toutes les informations qu’elle a bien voulu me donner.

Nicole Bergeaud : Pouvez-vous nous présenter la Korea Agro-Fisheries & Food Trade Corporation ?

Nam Sanghui : C'est une agence d'État créée en 1967. Son objectif principal est de stabiliser les prix des produits agricoles et de la pêche en Corée tout en améliorant leur distribution, afin de garantir une offre stable. Elle s'efforce de promouvoir l'industrie alimentaire, d'accroître les revenus des agriculteurs et de contribuer au développement équilibré de l'économie nationale. L’agence est également engagée dans diverses activités visant à faire connaître l'excellence des produits alimentaires et de la culture culinaire coréenne dans le monde entier, grâce à ses succursales dans 17 pays étrangers dont la France.

Des jarres de sauce de piment fermentée. © Korea Agro-Fisheries & Food Trade Corporation

Des jarres de sauce de piment fermentée. © Korea Agro-Fisheries & Food Trade Corporation


Le bureau parisien a ouvert en 2013. Notre équipe de cinq personnes supervise 27 pays européens ainsi que le Royaume-Uni et Israël. Comme notre nom l’indique, nous nous occupons de la promotion des produits agricoles (fruits, légumes, fleurs, pêche, forêt, champignons) et les aliments transformés issus de l’industrie alimentaire. Le marché agroalimentaire est en pleine croissance en Europe et un de mes rôles est d’assurer une distribution efficace et une bonne coordination.

La France est considérée comme un vrai défi pour les exportateurs coréens. Les normes et les standards de l’UE sont élevés mais ils le sont encore plus en France. Réussir ici signifie pour beaucoup d’entreprises coréennes, être capables de réussir n’importe où ailleurs.

Quel est votre parcours et pourquoi avez-vous été nommée à Paris ?

C’est l’aboutissement d’un long parcours. Je travaillais déjà depuis 10 ans au sein de la Korea Agro-Fisheries & Food Trade Corporation en Corée lorsque j’ai appris que la branche européenne allait ouvrir à Paris. Je me suis alors mise à rêver de ce poste pour mettre en place des outils marketing utiles à la fois aux sociétés coréennes et aux acheteurs européens et contribuer à faire connaître la K-food en France. J’avais déjà une expérience locale en management, en distribution et exportation de produits alimentaires, en comptabilité, en management de site internet etc… mais je n’avais jamais travaillé à l’étranger. La France était mon rêve ultime. Dans ce but, j’ai appris le français et étudié la culture française pendant 3 ans (en cours du soir et le week-end, en ligne, en plus de mon travail). Mon diplôme en poche, j’ai posé ma candidature avec succès et je suis arrivée il y a tout juste un an.

Nam Sanghui, directrice de l’Agro Trade Center Paris. © aT Center Paris

Nam Sanghui, directrice de l'aT Center Paris. © aT Center Paris


Il y a quelques années, il n’y avait que très peu de femmes à ce type de poste en Corée. Les choses changent. On m’a donné trois ans pour mettre en place de nouvelles stratégies et une équipe stable, capable de renforcer les importations en Europe.

Pouvez-vous nous donner quelques chiffres clés ?

La France occupe une place significative pour nous en Europe, se classant en 4e position après les Pays-Bas, l’Allemagne et le Royaume-Uni dans plusieurs secteurs tels que l’agroalimentaire, le maritime et l’élevage. En 2023, le marché des exportations de produits alimentaires coréens en France était de 80 millions d'euros. Il devrait augmenter de 11,4 % cette année. C’est un marché en constante progression et à fort potentiel qui a quadruplé en 10 ans.

En Corée, vous avez une multitude de producteurs locaux, tout comme en France. Où sont-ils ?

Un peu partout ! La Corée compte environ 580 000 entreprises alimentaires dans un paysage culinaire très varié. Notre pays, entouré par trois mers, est composé de plus de 60 % de montagnes et connaît quatre saisons distinctes. Cette diversité géographique et climatique fait que chaque région a des spécialités culinaires comme par exemple le « yuja cha », le thé au citron confit de la province du Jeolla…

Le « Yuja Cha », le délicieux thé au citron et au miel (trouvable dans les superettes du quartier Opéra, à Paris). © Korea Agro-Fisheries & Food Trade CorporationK-Food map. © Office National du Tourisme coréen

Le yuja cha, le délicieux thé au citron et au miel (trouvable dans les superettes du quartier Opéra, à Paris). © Korea Agro-Fisheries & Food Trade Corporation


Y a-t-il une filière Bio en Corée ?

Oui, et elle est en plein développement. Le ministère de l’Agriculture, de l’Alimentation et des Affaires rurales a annoncé son intention d’augmenter la production (fermes bio + sans pesticides) de 10 % d’ici 2025 et de 30 % d’ici 2050 avec une réduction des gaz à effet de serre de 38 % dans tout le secteur. Le gouvernement coréen évalue chaque année de manière très stricte le renouvellement des certifications bio. La République de Corée et l’Union Européenne ont signé en 2015 un accord sur l'équivalence des produits biologiques. Nous encourageons les producteurs coréens à obtenir cette certification.

Labels coréens bio pour l’exportation. © National Agricultural Products Quality Management Service

Labels coréens bio pour l’exportation. © National Agricultural Products Quality Management Service


Quels sont les produits coréens les plus populaires en France ?

Les pates (ramyeon), les algues (kim), les boissons, les snacks (biscuits, chips ou bonbons), les produits transformés à base de riz comme les tteok ou le makgeolli (alcool), les champignons Shiitake, les sauces, le soju, le kimchi, le ginseng et le gochujang (pâte de piment rouge), dans cet ordre. Dans le passé, les produits exportés étaient similaires à ceux des autres pays asiatiques. Tout a changé avec la popularité de la Corée sur les réseaux sociaux et Netflix. La cuisine coréenne est aujourd’hui la cuisine la plus tendance parmi les jeunes générations. Notre but est de faire découvrir la cuisine coréenne authentique à tous les consommateurs français, sans exception.

Le makgeolli (boisson de riz fermenté). © Korea Agro-Fisheries & Food Trade Corporation

Le makgeolli (boisson de riz fermenté). © Korea Agro-Fisheries & Food Trade Corporation


En quoi le marché français est-il différent ?

Il est complexe. Il est essentiel pour nous de respecter la réglementation alimentaire fixée non seulement par l’UE mais aussi par les autorités françaises. Les aliments coréens ne sont mis sur le marché qu’après avoir subi des procédures strictes de quarantaine et de dédouanement. Seules les entreprises conformes peuvent participer à ce marché difficile. Notre rôle est de les tenir informées en permanence. Nous produisons régulièrement des rapports sur les tendances locales, les changements réglementaires et répondons aux obstacles non tarifaires et aux problèmes de dédouanement.

Les consommateurs français ont des palais exigeants et des attentes élevées. La simple traduction des étiquettes ne suffit pas à les attirer. Nos produits doivent donc être adaptés pour satisfaire leur goût, y compris le packaging. Cela passe par un étiquetage méticuleux en français, fournissant aux consommateurs des informations détaillées sur les ingrédients, les substances dangereuses, les modes de consommation, etc. La provenance est primordiale.

Les exportateurs coréens plaisantent entre eux sur le fait que le succès en France garantit le succès dans le monde entier en raison de ses normes très strictes. Il est de plus en plus courant pour les entreprises alimentaires coréennes de s’implanter d’abord en France avant d’autres marchés européens. Cette approche stratégique permet une meilleure adaptation aux préférences et réglementations locales, ouvrant la voie à un succès et à une croissance à long terme.

Quels sont vos objectifs pour 2024 ?

Au-delà de la simple augmentation du volume des exportations, nous voulons promouvoir correctement la nourriture coréenne et y sensibiliser tous les consommateurs, tout en soutenant davantage d’entreprises grâce à notre expertise. Nous allons aussi introduire rapidement de nouveaux produits susceptibles de séduire les consommateurs européens dont la soupe au poulet au ginseng, plat emblématique de la Corée, le « samgyetang ». La Corée a conclu des négociations avec l’UE sur les normes de quarantaine et d’hygiène pour les produits de volaille traités thermiquement. C’est le fruit de plus d’une décennie de travail acharné. Nous sommes en attente d’un document administratif final pour exporter. Dès que nous l’avons, nous sommes prêts à orchestrer un bel événement de lancement.

À Paris il y a un grand choix de produits coréens, d'épiceries, de restaurants, mais ce n’est pas le cas en province. Avez-vous des projets ?

Il y a aujourd’hui environ 250 restaurants et épiceries coréens à Paris, et plus de 80 ailleurs en France. Nous voulons créer autant d’opportunités que possible pour rencontrer des consommateurs vivant en province. C'est pourquoi, après ses précédentes éditions à Paris au Carrousel du Louvre, nous avons décidé d’organiser le salon K-Food à Lyon en 2024.

Quels sont les événements que vous organisez cette année ?

L'aT Center Paris organisera plusieurs évènements cet été en relation avec les Jeux Olympiques. Je ne peux rien vous dévoiler pour l’instant.

Nous participerons à un grand évènement tout public à Lyon : la K-Food Fair, du 12 au 16 juin 2024, en collaborant au Lyon Street Food Festival.

Après le Carrousel du Louvre, cette année c’est Lyon qui a été choisie pour faire mieux découvrir la cuisine coréenne en France. Nous y invitons tous les acheteurs de l’Union Européenne ainsi que 30 entreprises coréennes.

Retour sur la fête de la K-Food au Carrousel du Louvre en 2023. © AtCenter

Retour sur la fête de la K-Food au Carrousel du Louvre en 2023. © aT Center Paris


L'aT Center Paris soutient la mise en relation entre les exportateurs agroalimentaires coréens et les acheteurs européens en participant chaque année à de grands salons alimentaires internationaux comme le Salon International de l'Alimentation, qui se tiendra cette année du 19 au 23 octobre à Paris. Nous organisons aussi des activités promotionnelles dans les points de vente, et créons des épiceries coréennes sur de nouveaux marchés.

Nous avons hâte d’aller à la rencontre de nouveaux consommateurs en 2024.


Entre tradition et innovation, la Corée n’a pas fini de nous surprendre !


* Cet article a été rédigé par une journaliste honoraire de Korea.net. Présents partout à travers le monde, nos journalistes honoraires partagent leur passion de la Corée à travers Korea.net.

caudouin@korea.kr