Par Alexia Ponsonnet, journaliste honoraire de Korea.net, vidéo KPOP JAMM

Depuis le 16 avril 2024, l’émission Girls on Fire attirait des spectateurs par son concept ambitieux : créer un groupe de K-pop féminin nouvelle génération, basé uniquement sur les capacités vocales de ses membres. Après onze épisodes et de nombreux défis, le concours s’est achevé le 25 juin par la formation d’un girl group de cinq jeunes femmes : Lee Nayoung, Hwang Seyoung, Lee Sooyoung, Kang Yunjeong et Yang Irae.

J’ai eu la chance d’échanger avec Yang Irae sur les réseaux sociaux, après sa victoire. D’origine franco-coréenne, Irae a 18 ans et a grandi à Paris. Elle se présente parfois comme Drea Irae, Drea étant son prénom français et Irae, son prénom coréen. Malgré son jeune âge, son parcours est déjà mouvementé. Voilà son histoire.

Tout d’abord, félicitations pour ta participation et ta victoire à Girls on Fire ! Peux-tu te présenter en quelques mots ?

Je suis Drea Irae, née le 26 juillet 2005 à Paris ! D’ailleurs, pour l’anecdote, sur mon passeport français, ma date d’anniversaire est le 26 alors que sur mon passeport coréen, c’est écrit le 27 à cause du décalage horaire !

Ma mère est Coréenne, je parle tout le temps en coréen avec elle ! Ce qui est drôle, c’est que parfois, quand je parle en français, je pense quand même en coréen. Ou l’inverse.

Qu’est-ce que tu préfères dans la culture coréenne ? Et dans la culture française ?

J’adore mes deux cultures. Ce que j’aime en Corée, c’est que tout est rapide ! Le WI-FI, les commandes, l’hôpital… C’est un pays express ! Quant à ce que je préfère en France, je trouve qu’on est bien plus ouverts d’esprit.

Peux-tu parler un peu de ton parcours musical ? Quand as-tu commencé à chanter ?

Mon rêve n’a jamais changé depuis que je suis toute petite. Quand j’étais enfant, j’étais mannequin donc la caméra, c’est ma meilleure amie !

Chanter est venu naturellement, j’ai toujours aimé ça. Je pense que je suis née pour être sur scène, pour chanter. Quand tout le monde regardait des dessins animés, je regardais les clips, j’écoutais la radio. J’ai grandi en admirant Rihanna, Britney Spears, Beyonce, Alicia Keys, toutes les grandes stars… Et surtout High School Musical !

De quels artistes coréens es-tu fan ?

Depuis toute petite, mon groupe de K-pop préféré est 2NE1. C’est ma grande inspiration. C’est grâce à elles que j’ai découvert la K-pop et que je me suis intéressée à cette industrie. Elles sont vraiment incroyables.

Tu as grandi en France puis tu es venue en Corée à 14 ans. Pourquoi choisir la Corée plutôt que la France pour une carrière dans la musique ?

À 13 ans, j’ai commencé à me dire que je voulais aller à Séoul. Comme ma mère ne parle pas très bien français, je me suis dit que ce serait plus facile pour elle de m’aider en Corée. J’ai besoin d’elle parce qu’elle s’y connaît mieux que moi !

À cette époque, la K-pop commençait vraiment à percer à l’international. Comme je rêve de pouvoir partager mes chansons sans être limitée par un seul pays, la K-Pop m’a attirée. Je veux partager de l’espoir et beaucoup d’amour avec le monde entier.

En 2020, je suis venue à Séoul pour participer à l’émission I Can See Your Voice 7. C’est là que mon histoire avec la Corée a commencé. Ma mère et mon frère étaient avec moi et nous avons vécu à Séoul ensemble jusqu’en juillet 2023.

Dans un épisode de Girls on Fire, tu dis que tu as été trainee (apprentie d’un label de musique) mais que ça n’a pas fonctionné. Que s’est-il passé ?

J’ai été trainee, mais j’ai décidé d’arrêter car ça ne me convenait pas. On ne m’acceptait pas, on me demandait de chanter différemment, de changer physiquement… J’étais encore très jeune et c’était très dur. On m’a dit des choses pas très sympas. Je me suis perdue, j’ai perdu ma personnalité, ma mentalité. Je ne savais plus du tout qui j’étais.

Je me suis rendu compte que ce n’était pas sain pour moi. J’ai eu une période vraiment très difficile.

Mon objectif, c’était de devenir une chanteuse avec une bonne énergie, qui communique de l’espoir et de l’amour avec ses fans. Mais j’ai réalisé que si je n’étais pas heureuse, si je n’étais pas moi-même, ça ne servait à rien.

Les premières auditions pour Girls on Fire ont eu lieu à l’automne 2023. Qu’est-ce qui t’a donné envie de te lancer dans l’aventure ?

J’avais décidé de quitter la Corée… Mais, en novembre, j’ai vu une affiche pour Girls on Fire. Ils cherchaient : « quelqu’un qui sait s’amuser sur scène ». J’ai vu ça et je me suis dit « c’est moi ! Pourquoi ne pas essayer ? » J’ai passé l’audition et je suis repartie en Corée au mois de janvier pour commencer cette nouvelle aventure. J’ai eu de la chance.

Est-ce que tu connaissais déjà d’autres participantes ? Que t’ont apporté toutes ces rencontres avec des chanteuses talentueuses ?

Oui, je connaissais Yuri, on est allé dans la même école coréenne donc on est proches. Et il y avait quelques autres participants que je connaissais de loin. Mais toutes les filles sont super. Elles ont des voix incroyables. J’ai été vraiment surprise et très chanceuse de pouvoir être sur scène avec des filles aussi talentueuses. C’était génial.

Toi aussi, tu as vraiment une voix incroyable, avec un timbre très marquant qu’on reconnaît facilement. Est-ce que tu avais conscience de l’originalité de ta voix par rapport aux autres ?

Merci beaucoup. Oui, j’en avais conscience, on me l’a toujours dit. C’est notamment pour ça que c’était dur d’être trainee. On me disait tout le temps de changer ma voix alors que c’était mon originalité. On essayait d’enlever ce qui était spécial en moi.

En parlant de difficultés, quelles ont été les plus grandes épreuves que tu as rencontrées dans Girls on Fire et comment les as-tu surmontées ?

Tous les moments ont été durs ! Mais je trouve que j’ai eu une bonne mentalité. À chaque coup dur, je me disais « ça va passer ». J’étais consciente que ces moments étaient passagers, que ça allait passer et, effectivement, c’est toujours passé. Le plus important, c’est la patience. Je trouve qu’il faut être très patient pour pouvoir surmonter les difficultés en général.

Sur un ton plus joyeux, quelle a été ta prestation préférée dans l’émission ? Pourquoi ?

Ma prestation préférée, je pense que ça a été le Round 1 avec Red Lipstick. C’était ma première apparition, et aussi la seule chanson que j’ai faite en solo. Les spectateurs ont pu écouter ma voix, voir ma prestation sur scène et me découvrir.

Ta prestation sur Standing Next To You m’a beaucoup marquée. Est-ce que c’est toi qui as écrit les paroles du rap ? Est-ce que tu écris des chansons ?

Merci beaucoup, j’ai adoré chanter Standing Next To You. Pour l’anecdote, c’est en faisant Girls on Fire que j’ai rappé pour la première fois. Je n’avais jamais rappé de ma vie avant. C’est aussi à ce moment-là que j’ai commencé à écrire des raps, et aussi à écrire en coréen.

J’ai déjà écrit beaucoup de chansons, plus spécialement en anglais, mais je n’avais jamais écrit ni en coréen ni des raps ! Je voudrais remercier l’émission, car j’ai découvert un nouveau talent en moi !

Rapper et écrire des paroles, c’est vraiment très fun ! J’ai hâte de voir ce que j’écrirai dans le futur.

Tu chantes, tu rappes, tu danses, tu as une présence scénique incroyable… qu’est-ce qui t’amuse le plus dans la carrière d’artiste ?

Ce qui m’amuse le plus, c’est que je peux m’exprimer de plusieurs façons : avec des mots, des mélodies, des rythmes, mon corps, mes expressions faciales… Avec tout ça, même si l’on ne parle pas la même langue, on se comprend et je trouve ça génial.

Comment t’es-tu sentie quand tu as été annoncée gagnante ? Ton nom a été le dernier à avoir été prononcé, j’imagine que ton cœur devait battre très très fort ! Est-ce que tu t’imaginais aller au bout ?

Non, je ne me suis jamais imaginée aller jusqu’au bout. Mon objectif au début, c’était juste de m’amuser sur scène, m’amuser en tant que « moi ». À chaque round, j’ai gardé cette mentalité et me voilà dans le groupe !

Je suis très contente, très fière de moi ! Je suis revenue de loin, ça n’a vraiment pas été facile pour moi. Mais je suis tout de même reconnaissante de mon passé. C’est grâce à ces obstacles que j’en suis arrivée là.


Quand je t’ai entendue prononcer quelques mots en français lors de l’épisode final, ça m’a rendue fière ! C’est rare d’entendre du français à la télévision coréenne. Est-ce que tu penses continuer à mettre tes origines en avant ?

Oui, je mettrai toujours mes origines en avant, je suis fière d’être française et coréenne et je le montrerai toujours !

Est-ce qu’il y a des artistes, français ou coréens, avec qui tu rêves de collaborer un jour ?

Il y a plusieurs artistes avec qui je rêve de collaborer. Ça serait un grand plaisir de pouvoir collaborer avec une membre de 2NE1. Et aussi d’autres artistes, mais je préfère les garder pour moi pour l’instant…

En remportant Girls on Fire, tu intègres un groupe dans lequel tu es la plus jeune. Qu’est-ce que tu ressens à l’idée d’être la maknae (la plus jeune en coréen) d’un groupe ?

Franchement, je suis très contente d’être la maknae ! J’ai un petit frère. Donc j’ai toujours rêvé d’avoir des unnies (grandes sœurs en coréen). Maintenant, j’en ai quatre !

Qu’est-ce qu’on peut te souhaiter pour la suite ?

Un bel avenir dans un groupe qui représente la nouvelle K-pop et qui vous amènera de nouvelles émotions et de nouvelles expériences. Bref, une nouvelle génération !

Quel message voudrais-tu adresser à tes fans et à ceux qui t’ont soutenue dans Girls on Fire ?

Merci à tous ceux qui m’ont soutenue depuis le début. J’espère que vous serez toujours à mes côtés, que vous me suivrez, qu’on pourra grandir tous ensemble et devenir de meilleures personnes. Je voudrais vous remercier pour tout votre amour, et j’espère que vous avez hâte de nous voir débuter ! Gros bisous !


* Présents partout à travers le monde, les journalistes honoraires de Korea.net ont pour mission de faire connaître et partager leur passion de la Corée et de la culture coréenne au plus grand nombre.

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