Journalistes honoraires

06.08.2024

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Par Isaac Ngoufan, journaliste honoraire de Korea.net

Moon, une talentueuse rappeuse française d'origine africaine et vietnamienne, passionnée par la culture coréenne, a récemment partagé son parcours inspirant ainsi que ses aspirations avec moi lors d'un entretien via Google Meet.

Au cours de notre conversation du 21 juillet, Moon a exprimé son lien profond avec la culture coréenne, en particulier son affinité avec les artistes K-hip-hop et son sentiment d'appartenance à la communauté Hallyu mondiale. Elle a parlé de sa décision de poursuivre sa carrière artistique en Corée, éprise par son amour et sa fascination pour le pays.


Isaac Ngoufan : Peux-tu te présenter brièvement et parler de ta carrière musicale ?

Moon : Bonjour, je m'appelle Moon, j'ai 22 ans. Je suis née et ai grandi en France. Mes origines sont vietnamiennes et centrafricaines, ma mère étant vietnamienne et mon père venant du Tchad et du Sénégal. Grandir dans un milieu multiculturel a eu une grande influence sur moi, et lorsque j'ai commencé à faire de la musique, j'ai souhaité mélanger mes différentes origines. C'est pourquoi j'ai opté pour le rap en anglais et en coréen, tout en expérimentant avec l'Afro-drill et d'autres genres pour créer quelque chose d'unique qui reflète, à la fois mon identité africaine et mes racines asiatiques, tout en exprimant mon admiration pour le hip-hop coréen. Cette démarche est essentielle pour moi, car je pense qu'elle représente une approche novatrice qui me permet de révéler qui je suis, d'où je viens et mon lien avec la Corée. Les quatre singles que j'ai publiés traduisent ces émotions, et lorsque les gens me demandent pourquoi j'ai choisi la Corée plutôt que le Vietnam, je pense que ma musique et ma passion parlent d’elles-mêmes.

Comment as-tu été exposée à la culture coréenne et qu'est-ce qui a suscité ton intérêt initial ?

En grandissant, ma famille avait des passions diverses. Par exemple, ma sœur était fascinée par la culture américaine et sa musique, tandis que mes parents privilégiaient surtout la musique et les traditions africaines. Je ressentais un manque dans ma propre quête, alors j'ai décidé de m’intéresser à des aspects de mon identité qui avaient été, quelque peu, laissés de côté. J'ai commencé à porter de l’intérêt à mon héritage asiatique et à écouter du hip-hop vietnamien, de la J-hip-hop et de la K-hip-hop. Je me rappelle d'une chaîne de télévision en France qui diffusait de la J-pop et de la K-pop, ce qui a considérablement éveillé ma curiosité pour le hip-hop coréen. Dès lors, j'ai commencé à chercher davantage de contenus sur YouTube, où j'ai découvert des groupes de K-pop célèbres, mais j'ai finalement voulu me concentrer sur le hip-hop. Cela m'a permis de connaître de nombreux artistes R&B et hip-hop en Corée que j'apprécie encore aujourd'hui. Les composantes sonores, si riches, m'ont captivée, ce qui m'a poussé à apprendre le Hangeul pour me sentir plus en lien à cet univers que j'étais impatiente d'explorer. Ainsi, à l’âge de 17 ans, j'ai effectué mon premier voyage en Corée pour découvrir la culture, le mode de vie et rencontrer les locaux. Bien que je ne puisse pas en expliquer exactement la raison, j'ai ressenti le besoin de le faire. Cela m'a semblé être une étape naturelle et spontanée.

Comment ta compréhension et ton appréciation de la culture coréenne ont-elles évolué au fil du temps ?

Comme je l'ai précisé auparavant, partir en Corée pour m'immerger dans sa culture et établir des liens avec les personnes m'a paru tout à fait évident. J'ai été agréablement surprise par l'accueil chaleureux des coréens, surtout que je n'ai aucun lien direct avec le pays. En effet, je suis originaire de France, contrairement à mes racines en Afrique et au Vietnam. Tout cela représentait une expérience totalement nouvelle pour moi. Aujourd'hui, après avoir passé cinq ans en Corée depuis 2019, je peux affirmer que je ne me suis jamais sentie exclue ou discriminée; les gens sont d'une amabilité incroyable, ce que j'apprécie particulièrement. Par ailleurs, j'ai accumulé d'innombrables souvenirs, aussi précieux les uns que les autres, avec des amis et des artistes que j'ai rencontrés, et je pense qu'il est essentiel de vivre cela soi-même pour capter pleinement ce que j'essaie de transmettre.

Moon posant en studio pour son visuel artistique. © Moon

Moon posant en studio pour son visuel artistique. © Moon


Peux-tu partager une expérience ou bien un moment particulier qui a intensifié ton lien avec la Corée ?

Je crois en Dieu, et depuis que j'ai manifesté mon désir de me rendre en Corée, j'ai eu le sentiment qu’il m'a guidé et donné tout ce dont j'avais besoin. Il est devenu clair pour moi que ce voyage était quelque chose que je désirais profondément et dont j'avais besoin pour me lancer. Mon attachement au pays m'a poussé à prendre ce risque. Je me souviens que la première personne à avoir cru en moi était un producteur coréen, et depuis cet instant, je n'ai jamais douté de mes rêves car je suis convaincue de la force de mes convictions.

Comment es-tu devenue impliquée dans la scène mondiale de la K-wave et du K-hip hop ?

J'ai toujours eu une passion pour la K-wave et le hip-hop, même si je n'assistais pas à de nombreux concerts au début. L'année dernière, juste une semaine avant mon retour en France, j'étais à Gangnam. Une personne m'a approché pour me demander si je faisais de la musique. J'ai répondu que c'était juste un passe-temps, mais lorsque cette personne m'a demandé de rapper, j'ai accepté avec une telle assurance. Elle a apprécié ma performance et souhaitait signer un contrat avec moi, mais j'ai également reçu une offre d’un autre label, ce qui m'a poussé à envisager une carrière dans l'industrie du hip-hop.

Qu'est-ce qui t'a poussé à créer de la musique en intégrant des éléments coréens de même que la langue coréenne ?

Depuis le début, j’ai été passionnée par la langue et je voulais me rapprocher davantage de mon héritage asiatique, qui inclut mon amour pour la culture et la musique coréennes. Bien que j'apprécie plusieurs genres, je sentais que ce style particulier résonnait en moi. J’ai tout appris en autodidacte y compris la langue.

Posant pour la pochette de son single RIDAH. © Moon

Posant pour la pochette de son single RIDAH. © Moon


Peux-tu parler de tes expériences de collaboration avec d'autres artistes ou producteurs coréens ?

Nous sommes en train de préparer un EP (extended play), et je mets tout en œuvre pour cela. Je suis particulièrement enthousiaste à l'idée de collaborer avec divers artistes de K-hip-hop que j'admire. Ce que j'apprécie en travaillant avec des artistes coréens, c'est leur ouverture à ma créativité; ils sont réceptifs à l'expérimentation et suivent ma direction artistique. Par exemple, si j'exprime le souhait de créer une chanson qui mélange des influences africaines comme l'Afro-drill avec des éléments folkloriques coréens, ils accueillent cela positivement. Cette ouverture d’esprit est vraiment inspirante. C'est réconfortant de voir comment les coréens acceptent ma culture tout en étant fiers de mon intérêt pour la leur. Travailler ici me permet d'avoir la liberté de créer la musique que j'ai toujours rêvé de réaliser. J'espère vraiment pouvoir sortir cet EP, mettant en avant cette diversité culturelle, très prochainement.

Comment penses-tu que ta musique et ton message participent à la diffusion mondiale de la culture coréenne ?

Au début, je ne pensais pas jouer un rôle dans l'expansion mondiale de la K-culture. Mais quand j'ai réalisé que des personnes de différents endroits du monde écoutaient ma musique et me contactaient, j'ai été surprise. Des auditeurs d'Afrique, d'Europe, d'Amérique et de Corée m'ont exprimé leur soutien, me remerciant d'apporter ma touche personnelle à l'industrie musicale. C'est à ce moment-là que j'ai compris que je contribuais à la vague Hallyu. Lorsque des personnes en Europe et en Afrique écoutent ma musique en coréen, cela suscite leur curiosité et les incite à en apprendre davantage sur la Corée. C'est un phénomène fantastique, et j'espère que ma modeste contribution pourra continuer à diffuser des messages positifs sur la culture coréenne et favoriser une meilleure compréhension entre les nations.

Comment abordes-tu l'appropriation culturelle et garantis-tu une représentation respectueuse à travers ton travail ?

Je pense qu'il est tout à fait acceptable d'apprécier et d'interagir avec une culture, tant que l'on respecte ses personnes et ses traditions, et que l'on cherche à établir un échange culturel authentique entre son propre héritage et la culture que l'on souhaite explorer. J'ai toujours reçu des retours positifs de la part des coréens concernant mon art, qui apprécient mes efforts pour apprendre leur culture et leur langue. Il est essentiel d'être conscient de ses actions et de s'assurer que les informations partagées sur la culture soient précises. À mon avis, il est naturel et extraordinaire d'avoir un intérêt pour des cultures dont on ne fait pas partie.

Comment ta connexion avec la Corée a-t-elle influencé ton évolution personnelle et ton développement artistique ?

Être loin de ma ville natale m'a poussé à sortir de ma zone de confort. L'état d'esprit ici est assez différent de celui des interactions en France. J'ai donc décidé de respirer profondément et de poursuivre mes aspirations. Je pense qu'il est nécessaire de voyager au moins une fois en Corée pour vraiment comprendre mes sentiments. Je me sens incroyablement libre, et je crois que tout ce que je fais sera perçu comme nouveau ici, car ce n'est pas quelque chose auquel ils sont habitués. Je souhaite que davantage de personnes en Corée acceptent ma culture sans se sentir mal à l'aise. Par exemple, si un artiste coréen veut explorer l'afro-drill, il ne devrait pas se sentir limité par des frontières culturelles ou géographiques. Ils ne devraient pas penser : « Je ne peux pas créer d'Afro beats parce que je ne suis pas africain. » Au contraire, ils devraient être ouverts à l’essai, et nous pourrions collaborer pour que je puisse les aider à mieux comprendre ma culture.

Photo prise lors du tournage de son clip « Moonlight ». © Moon

Photo prise lors du tournage de son clip « Moonlight ». © Moon


Quels sont tes projets futurs concernant l'exploration de la K-culture, du mode de vie et des collaborations avec d'autres artistes coréens ?

Je souhaite être une source d'inspiration pour ceux qui ont de grands rêves, en établissant un lien entre la Corée et mes autres bagages culturels. Je suis impatiente d'effectuer de nouvelles expériences, de tester différents genres musicaux et de collaborer avec divers artistes de K-hip-hop.

Y a-t-il des projets ou des sorties à venir qui t’enthousiasme ?

Je voudrais tant vous partager les incroyables collaborations auxquelles j'ai participé ! Comme je l'ai mentionné, c'est un projet vraiment diversifié, et j'ai hâte de le partager avec vous une fois qu'il sera officiellement sorti.

As-tu un message pour nos lecteurs et les K-holics ?

À toutes les K-holics et lecteurs, saisissez l’opportunité d'explorer de nouvelles cultures, en particulier la Corée, où des surprises positives vous attendent. Ne laissez personne détourner votre passion pour la culture coréenne, même si cela semble inhabituel pour les autres. Acceptez votre amour, travaillez dur et ne renoncez jamais à vos rêves !

Alors que Moon continue d'inspirer et de combler les écarts culturels à travers son art, son parcours témoigne du pouvoir de la passion et de la connexion. Son histoire est un exemple remarquable, une palette des possibilités infinies qui se présentent lorsque la créativité rejoint l'échange culturel.


* Présents partout à travers le monde, les journalistes honoraires de Korea.net ont pour mission de faire connaître et partager leur passion de la Corée et de la culture coréenne au plus grand nombre.

caudouin@korea.kr