Par Danielle Tartaruga, journaliste honoraire de Korea.net

Un joli carnet de voyage sur la Corée vient juste de sortir aux éditions l’Atelier des Cahiers. J’ai souhaité découvrir le parcours de Clara Vialletelle, l’autrice de cet ouvrage intitulé Le K-voyage pour mieux comprendre sa façon de travailler et de voyager. Je voulais qu’elle puisse également partager avec nous quelques anecdotes et belles rencontres, mais aussi nous parler de ses projets.

Danielle Tartaruga : Bonjour Clara Vialletelle, l’éditeur l’Atelier des Cahiers vient juste de sortir un très joli carnet de voyage, le K-voyage, dont vous êtes l’autrice. Pourriez-vous vous présenter aux lecteurs de Korea.net ?

Clara Vialletelle : Bonjour à tous et merci de votre intérêt pour le K-voyage ! Ce livre est mon second carnet de voyage. Le dessiner a été un vrai plaisir et j’espère que les lecteurs s’amuseront autant que moi en le découvrant. Après mes études d’arts appliqués en Savoie, à Chambéry, j’ai commencé à découvrir les joies du voyage et de la narration en BD grâce à un long séjour en Inde. À mon retour, j’ai commencé à travailler sur mon premier ouvrage tout en poursuivant mes études à Rennes, en métiers du livre et de l’édition. Je travaille maintenant comme dessinatrice de bande dessinée et illustratrice depuis mon atelier en Bretagne. La plupart du temps je profite de ce métier solitaire et du calme de la campagne mais de temps en temps j’aime partir à l’aventure à la recherche d’inspirations !



Vous aviez déjà réalisé un premier voyage en Inde, qui avait donné lieu à un carnet de voyage. Pourquoi avoir choisi la Corée comme seconde destination pour réaliser un nouvel ouvrage ?

J’étais partie en Inde après avoir nourri pendant quelques années une immense passion pour le cinéma Bollywood. Partir à l’autre bout du monde par goût du cinéma semblait surprenant pour beaucoup mais cela m’était au contraire naturel : les œuvres d’un pays reflètent sa culture, son quotidien et bien d’autres choses. Il s’est passé à peu près le même phénomène lorsque j’ai découvert les K-dramas. J’étais amatrice de cinéma coréen et de K-pop depuis déjà quelques temps, mais les séries ont été l’élément déclencheur ! Je voulais voir les décors de mes propres yeux, goûter la nourriture (la cuisine est vraiment centrale dans les dramas !), entendre parler coréen…



Vous aimez partir seule en voyage ? Quelles en sont les raisons ? Trouvez-vous que la Corée est un pays qui se visite facilement en solo ?

Partir seule en voyage permet par exemple de rencontrer plus facilement de nouvelles personnes. On a plus spontanément l’élan de demander de l’aide, d’échanger brièvement avec des commerçants ou encore de flâner en acceptant les surprises. Quand on voyage seule on ne parle pas sa langue maternelle au quotidien, ce qui d’un côté permet de progresser, et d’un autre de paraître plus abordable. En solo on est attentive à tout, plus curieuse et disponible pour improviser, changer d’avis… Ce qui pour moi est le plus important, c’est surtout que la solitude me permet de prendre du temps pour dessiner et écrire. Et la Corée est un pays très accueillant et respectueux de cette façon de voyager. Que ce soit par l’organisation exemplaire des transports, le sentiment de sécurité dans les rues, ou simplement la simplicité avec laquelle on peut trouver un endroit où rester dessiner pendant des heures, je recommande vraiment cette destination. En solo ou accompagnée. Car bien que j’adore ma solitude, découvrir un pays en bonne compagnie a aussi ses avantages.

Quelle est l’anecdote qui vous a le plus marquée durant votre voyage en Corée ?

Un jour alors que je cherchais un sujet de croquis dans les rues de Daegu, une dame est venue me donner des fruits secs. Ensuite elle est restée longtemps avec moi, presque tout l’après-midi. Je ne comprenais quasiment rien de ce qu’elle disait, ce qui ne l’empêchait pas de me raconter plein de choses ! Au bout d’un moment elle est montée dans un arbre sans aucune explication. Les passants avaient l’air amusé donc je ne m’inquiétais pas. Jusqu’à ce qu’un cycliste s’arrête à ma hauteur, visiblement contrarié. Contre toute attente, il est aussi monté dans l’arbre, avec la dame. Je les regardais tous les deux en me demandant si je devais fuir tant qu’ils étaient occupés. Quand ils sont revenus j’ai compris : ils cueillaient des grenades ! Il y a eu plusieurs occasions où l’on m’a ainsi offert de la nourriture dans les situations les plus inattendues. C’est accueillant, chaleureux. La prochaine fois que j’irai en Corée, il faudra que j’emporte des choses à offrir en échange !



Quelle fut la plus belle rencontre durant votre périple ?

C’est une question difficile ! Au cours de mes péripéties il y a eu de brèves rencontres touchantes avec des inconnus, de grands moments de solidarité avec des collègues voyageurs et même des rencontres avec des Coréens qui sont devenus des amis… J’ai par exemple rencontré Se Yeon de façon assez mystérieuse. Elle peignait dans un dortoir où j’étais la seule pensionnaire. Je n’ai jamais su pourquoi elle était là ce jour-là ! En tout cas son travail m’a tout de suite impressionnée, sa technique m’était inconnue. Se Yeon m’a donné rendez-vous le lendemain pour visiter une exposition d’art bouddhiste à laquelle elle participait. Et à partir de ce moment, nous nous sommes retrouvées plusieurs fois au fil du voyage, toujours au milieu de fresques magnifiques, de peintures, de tableaux… Se Yeon m’a même présentée à son maître de peinture. C’étaient des rencontres surprenantes, inspirantes.

Pourriez-vous nous expliquer comment vous travaillez, est-ce que vous réalisez vos croquis au fur et à mesure de vos visites dans le pays ou est-ce un travail que vous faites ultérieurement dès votre retour ?

Ma méthode est un mélange des deux. Pendant le voyage je prends des notes et je dessine dès que j’en ai l’occasion. C’est ce qui me fait le plus envie quand je découvre un nouveau lieu : prendre le temps de m’installer, d’observer, de profiter du moment en cherchant comment le représenter. Ensuite, de retour en France, je m’attaque à la réalisation des planches. Je dessine toutes les scènes qui ne pouvaient pas être saisies sur le vif. C’est à ce moment-là que je peux décider d’intégrer de l’humour, du suspense ou des émotions, pour transformer le carnet de voyage brut en récit. L’avantage de travailler de retour à l’atelier est l’accès à mon matériel habituel et à des formats de papier plus grands. Le K-voyage est principalement dessiné à la plume et à l’encre de Chine ! Pendant le voyage je n’avais que ma collection de feutres et ma boîte d’aquarelle, pour voyager léger et dessiner partout.



Le livre est une merveille d’illustrations, de couleurs, de détails, c’est un travail colossal ! Combien de temps avez-vous mis pour le réaliser ? Avez-vous réussi à être exhaustive ou avez-vous été obligée de faire des choix ? Y a-t-il encore des choses dont vous auriez aimé parler, mais que vous n’avez pas pu insérer dans le livre ?

Merci beaucoup ! C’était vraiment un travail important, que j’ai réalisé avec plaisir. J’ai d’abord passé un an à chercher comment raconter le voyage, choisir mes sujets, trier mes dessins… Il y a eu à ce moment-là une première version des premières pages du K-voyage, très exhaustive. En fait, ça ne peut pas fonctionner si on cherche à tout dire. Pour que le récit reflète la sensation d’aventure, de surprise et d’émerveillement que je souhaitais transmettre au lecteur, je devais faire des choix. C’est plutôt une bonne chose. La sélection s’est faite naturellement et j’ai composé ce récit très librement. Ce qui ne s’y trouve pas existe dans mes carnets personnels, dans mes souvenirs, et si vous me croisez en festival ou en séance de dédicaces il y a des chances que je raconte quelques anecdotes supplémentaires !

À quel type de public souhaitiez-vous vous adresser lorsque vous avez réalisé cet ouvrage ?

Ce qui m’a poussée à dessiner le K-voyage, c’est d’abord l’envie de dessiner ce que j’avais découvert de la Corée. J’ai un vrai plaisir à mettre en scène les situations simples, absurdes et quotidiennes de la vie de touriste. Ensuite j’ai mis dans ce livre des conseils, des recommandations, des exemples de plats ou de lieux à visiter… Au fur et à mesure j’ai commencé à penser aux lecteurs qui comme moi sont intrigués par la Corée et auraient envie de tenter l’aventure. Avant de partir vers l’inconnu on a toujours soif d’informations, de lectures, de films en lien avec notre destination. Le K-voyage pourrait être une fenêtre vers la Corée pour ceux qui veulent y aller, ceux qui la connaissent déjà, ou simplement pour les curieux de récits de voyage. J’ai essayé d’écrire et de dessiner un roman graphique qui soit rempli de clins d’œil et de références pour ceux qui sont déjà des experts de la Corée et sa pop culture, tout en restant une lecture agréable et compréhensible pour des lecteurs n’ayant aucune idée de ce à quoi ce pays ressemble.



Depuis quelques années, la France connait un engouement particulier pour tout ce qui touche à la Corée, K-pop, K-drama, K-beauty, K-Food, mais également à sa culture traditionnelle. Les festivals se sont multipliés partout dans l’Hexagone, vous serez probablement invitée pour des séances de dédicaces dans la plupart d’entre eux, êtes-vous prête à relever le défi ?

Non seulement je suis prête, mais en plus j’en trépigne d’impatience ! Je n’ai jamais eu l’occasion de participer ou même de visiter des festivals autour de la culture coréenne. Je suis très curieuse de les découvrir, de rencontrer ceux qui les font vivre. La perspective de discuter de voyages, de Corée et de K-drama avec des passionnés ne peut que me réjouir. J’y serai pour le travail donc promis, je resterai concentrée pour réaliser de belles dédicaces !

Avez-vous d’autres projets ? Y aura-t-il d’autres carnets de voyage ?

Pour le moment je suis bien occupée par la promotion du livre et la sortie d’une autre BD en fin d’année, cette fois sur l’histoire de la Bretagne. Mais les idées continuent de germer… Repartir en voyage et dessiner de nouveaux carnets fait partie de mes projets, oui ! La Corée m’a tant plu que j’y retourne cet hiver pour des vacances. J’ai quelques idées pour la prochaine destination mais je préfère garder le secret pour l’instant… Affaire à suivre !


Nous souhaitons à Clara tout le succès qu’elle mérite et de belles rencontres lors de ces séances de dédicaces, dont voici déjà quelques dates.

- Le samedi 14 septembre à Quimper, librairie L’Introuvable, de 14h à 18h.
- Les samedi 21 et dimanche 22 septembre au salon Brest en Bulles.
- Le vendredi 27 septembre à 18h à la librairie Le Phénix à Paris.
- Le samedi 28 septembre de 13h30 à 15h30 au Kick Café à Paris.
- Au Rendez-vous du Carnet de voyage de Clermont-Ferrand, du 15 au 17 novembre 2024.

Informations complémentaires :

Le site de Clara Vialletelle : https://claravialletelle.wordpress.com/
Sa page Facebook : https://www.facebook.com/claravialletellepro
Son profil Instagram : https://www.instagram.com/clara_vialletelle/


* Présents partout à travers le monde, les journalistes honoraires de Korea.net ont pour mission de faire connaître et partager leur passion de la Corée et de la culture coréenne au plus grand nombre.

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