Journalistes honoraires

26.11.2024

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Par Elisa Beaugeard

Au cours de mes études en tourisme, j’ai pu apprendre l’importance de sauvegarder notre patrimoine et le rôle de l’UNESCO dans sa préservation. Les sites référencés sont des témoins de l’histoire et de la culture d’un pays et permettent d’en apprendre beaucoup plus sur ce dernier. Grâce à Korea.net, J’ai eu l’opportunité d’en apprendre davantage cette fois-ci sur le maedeup coréen lors d’une journée particulière consacrée aux héritages intangibles de l’UNESCO et plus particulièrement à cet art de faire des nœuds.

Pour commencer la journée, nous avons assisté à deux conférences très intéressantes : l’une sur État actuel du système national du patrimoine immatériel de la Corée par la directrice de la division d'examen désignée Mme Pang Inha, suivie par une conférence sur les évolutions rapides dans la politique du patrimoine immatériel par le professeur Heo Yongho du département du patrimoine culturel de l’université Singyeongju.

En quelques mots, le patrimoine culturel immatériel désigne des pratiques culturelles transmises de génération en génération, qui évoluent constamment grâce aux échanges entre les communautés et leur environnement. Il existe plusieurs catégories du patrimoine immatériel : arts du spectacle traditionnels, artisanat et techniques artistiques, connaissances traditionnelles en médecine, agriculture et pêche, coutumes et rituels sociaux liés a la vie quotidienne, y compris les croyances populaires, jeux et festivals, traditions orales et expressions. Depuis 1962, certains éléments du patrimoine immatériel sont officiellement reconnus comme patrimoine national, et les personnes ou organisations responsables de leur transmission sont honorées. En octobre 2024, 160 éléments ont été désignés comme patrimoine immatériel national.

L’art du nœud coréen, plus communément appelé maedeup a été inscrit au patrimoine intangible de l’UNESCO en 2010. Cet art qui se transmet de génération en génération se définit par l’art traditionnel coréen de nouage de cordes, pouvant être classé en nœuds fonctionnels et décoratifs. Plusieurs différences s’observent dans les types et les noms des nœuds utilisés dans chaque région et il existe une trentaine de types de nœuds de base. Les nœuds fonctionnels désignent ceux qui ont été créés comme matériaux de finition des deux extrémités d'un nœud ou comme bouton, tandis que les nœuds décoratifs ont été inventés pour orner d'autres matériaux.

Les nœuds coréens étaient utilisés pour suspendre, attacher ou décorer des objets, et leur esthétique était sobre, respectant l'importance de l'objet principal « Juche ». En plus de leur fonction décorative, les nœuds servaient aussi à indiquer la classe sociale de la personne qui les portait. Bien qu'ils aient été utilisés par la famille royale et les roturiers, les nœuds à la cour royale variaient en taille et couleur. Les pendentifs des femmes et les ceintures des hommes différaient selon leur classe sociale, ainsi que selon l'heure et le lieu où ils étaient portés. On retrouve des nœuds différents en fonction du sexe du fait que les vêtements diffèrent également, on retrouve les nœuds pour les cravates, les boutons de manchette, les jupes, les ceintures, et autrefois pour les chapeaux.

Le centre de chaque nœud de base est appelé « Mom » (le corps), et la forme d'anneau le long du cordon est appelée « Go » (la boucle).

Les exemples de maedeup fonctionnels incluent divers types de nœuds utilisés dans les travaux de cordonnerie et de décoration. Parmi eux, on trouve :

Oedorae Maedeup : un nœud de connexion simple, utilisé pour attacher deux brins de corde.
Dorae Maedeup : un nœud de connexion double, servant à lier deux brins aux extrémités d'un nœud.
Gwidorae Maedeup : variante du Dorae Maedeup, avec des « oreilles » de chaque côté.
Sambalchang Maedeup et Obalchang Maedeup : utilisés pour décorer le bas de la ficelle, avec des boucles suspendues comme un gland (respectivement trois et cinq boucles).
Yeon-bong Maedeup : un nœud décoratif en forme de bourgeon de lotus, parfois utilisé aussi comme bouton.
Garakji Maedeup : des nœuds en forme de billes rondes, souvent multicolores, décoratifs ou servant à dissimuler un joint de cordes.

Exemples de maedeup fonctionnel. © Maedeup: A Historical Introduction


Les maedeup décoratifs incluent divers nœuds inspirés par des motifs végétaux, animaux et géométriques. Parmi les motifs végétaux, on trouve :

Saengjjok Maedeup : un nœud en forme de racines de gingembre, avec des boucles qui peuvent se transformer en différentes formes, comme le nœud Samjeongja (triple jeong), Janggu (tambour à deux têtes), Beol (abeille), Seokssi (Sakya) et Gajibangseok (aubergine).
Gukhwa Maedeup : un nœud en forme de chrysanthème, aussi appelé Dube-olgamgae (double enroulement), qui peut être enroulé plusieurs fois pour créer des variantes comme le Sebeolgamgae (triple enroulement) et Daseotbeolgamgae (quintuple enroulement). Le Sasaek-pan Maedeup est une combinaison de Gukhwa Maedeup de différentes couleurs.
Maehwa Maedeup : un nœud en forme de fleur de prunier avec cinq boucles représentant des pétales, dont l'origine du nom reste incertaine, bien qu'il soit lié à la décoration de la tenue d'un commandant en chef.

Exemples de maedeup décoratifs en motif plantes. © Maedeup: A Historical Introduction


Les maedeup utilisent aussi des motifs d'animaux, tels que :

Nalgae (aile) : formé en tirant le cordon pour créer des boucles horizontales ressemblant à des ailes de libellule, souvent utilisé pour décorer les bourses des hommes.
Jamjari (libellule), Kkondigi (pupe) : le Kkondigi Maedeup ressemble à une pupe et se fait en attachant des nœuds spécifiques (Oedo-rae et Gwidorae) dans un ordre particulier.
Maemi (cigale) : composé de plusieurs nœuds comme Gajaenun et Kkondigi reliés ensemble, souvent utilisé pour décorer les cordons des bourses.
Pari (mouche), Byeongari (poussin) : le Byeongari Maedeup est formé en attachant des nœuds Saengjjok de chaque côté d’un Gukhwa Maedeup.
Nabi (papillon) : créé en ajoutant des ailes de papillon de chaque côté d’un Gukhwa Maedeup, et il existe différentes variantes (femelle, mâle, machaon, papillon tourné).

Exemples de maedeup décoratifs en motif animaux. © Maedeup: A Historical Introduction


Voici quelques exemples de maedeup avec des motifs géométriques :

Dongsimgyeol Maedeup : signifiant « un dans le cœur », utilisé principalement pour les pendentifs d'éventails pour hommes, avec de longues boucles tirées sur les côtés.
Honbaek Maedeup : noué sur les lits de mort dans le passé, représentant trois boucles symbolisant un corps humain.
Angyeong Maedeup : utilisé pour orner un étui à lunettes, avec un motif géométrique formant un caractère "Jeong" (H) dans un cadre carré.
Jeonboksul et Mangsa Maedeup : fabriqués en répétant un même type de nœud.

Exemples de maedeup décoratifs en motif géographiques. © Maedeup: A Historical Introduction


Ces nœuds étaient utilisés principalement pour des décorations fonctionnelles.

En Corée, Mme Kim Hye Sun a été reconnue comme conservatrice de ce patrimoine intangible en 2017. Elle fait découvrir le maedeup au monde depuis 40 ans à travers ses expositions à l'étranger : Kyoto, Osaka, New York, Paris, Ouzbékistan, etc. Elle donne également des cours à toute personne souhaitant apprendre cet art. Selon elle, pour perfectionner le nœud du maedeup le plus simple, cela demande un à trois ans à raison d’un cours par semaine. Pour réaliser un norigae complet, cela demande un mois de travail.

Après avoir eu toutes ces informations précieuses autour du maedeup, nous avons eu le droit à une démonstration de la fabrication du fil que l’on va ensuite nouer. C’était assez impressionnant de voir la dextérité avec laquelle elle nouait les fils entre eux.

© Elisa Beaugeard


Puis c’était à notre tour de nous lancer, et croyez-moi, c’est beaucoup plus difficile à faire que ce que l’on pense. Le motif que l’on a réalisé est le Jamjari qui représente une libellule. On a commencé par réaliser les boucles pour représenter les ailes, puis un ensemble de nœuds pour faire le corps. Malgré les difficultés rencontrées, c’était une réelle opportunité et un honneur de pouvoir nous essayer à cet art coréen aux côtés d’une personne aussi importante et passionnée. Un grand merci au KOCIS et à la Korea Heritage Agency pour avoir organisé cet événement. Je ne peux que vous conseiller de participer à un cours de maedeup si vous en avez l’occasion.

© Elisa Beaugeard


J’espère que cet article vous a plu et qu’il vous a permis d’en apprendre davantage sur cet art et qu’il a attisé votre curiosité pour aller plus loin !


* Présents partout à travers le monde, les journalistes honoraires de Korea.net ont pour mission de faire connaître et partager leur passion de la Corée et de la culture coréenne au plus grand nombre.

caudouin@korea.kr