Journalistes honoraires

11.04.2025

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Par Nicole Bergeaud

Publié en 2023 en Corée, ce roman acclamé par la critique et plébiscité par les lecteurs coréens, est désormais disponible en français depuis le 10 avril 2025. Un vrai message d’espoir et de résilience.

« Le magasin qui n’ouvre que les jours de pluie » de You Yeong Gwang. © Robert Laffon

« Le magasin qui n’ouvre que les jours de pluie » de You Yeong Gwang. © Robert Laffont


Un voyage magique au cœur des possibles

Serine, une adolescente coréenne vivant dans un modeste appartement avec sa mère est résignée, elle voit bien que son ambition d'entrer à l'université et de poursuivre le taekwondo est inatteignable. Tout change lorsqu'elle découvre un livre renfermant une promesse intrigante : lui permettre d’entrer dans une réalité parallèle où plusieurs vies alternatives lui sont proposées. Pour s'y faire inviter, il faut raconter ses malheurs sur papier et les envoyer aux gobelins qui gèrent les lieux.

Dans cet univers fantastique, elle va rencontrer des « dokkaebi », créatures mythologiques coréennes comparables aux gobelins, espiègles et imprévisibles. Dotés de pouvoirs mystérieux, ils ont le pouvoir de lui faire visualiser ces vies potentiellement idéales, tout en la testant et parfois même en la tourmentant.

Les dokkaebi sont des créatures du folklore coréen, souvent comparées aux gobelins ou aux esprits farceurs. Contrairement aux monstres effrayants, ils sont généralement espiègles et imprévisibles, jouant des tours aux humains mais pouvant aussi leur offrir des récompenses et peuvent se montrer bienveillants envers ceux qui les traitent avec respect. Dans la culture populaire coréenne, les dokkaebi apparaissent fréquemment dans les dramas et romans fantastiques.

Accompagnée d'Isha, une chatte aux pouvoirs magiques et suivie d’une ombre mystérieuse, Serine se retrouve face à une décision cruciale : elle doit choisir la vie parfaite avant la fin de la saison des pluies, sinon elle sera piégée chez les gobelins pour toujours.

Et rien ne se passe comme elle l’avait imaginé…

Ce livre est une réflexion profonde sur le bonheur. Dans ce voyage initiatique, Serine découvre que la perfection est une illusion. Les vies qui semblent idéales cachent leurs propres dilemmes et sacrifices. Le roman pose ainsi une question universelle : le bonheur réside-t-il vraiment dans l’accomplissement de nos aspirations ou dans l’acceptation et la gratitude pour l'instant présent ?

Dans une interview, l’auteur révèle que Serine est un reflet de lui-même avec ses doutes, ses rêves brisés et son besoin de trouver un sens à son existence. En explorant la notion de véritable bonheur à travers son roman, You Yeong Gwang s’est inspiré des différents mondes qu’il a découverts grâce à ses nombreux emplois précaires. Par exemple, alors qu’il travaillait comme assistant dans une banque, il a été encouragé à partir à l’étranger, mais ceux qui revenaient de ces missions exprimaient un profond sentiment de solitude. À un autre moment, dans un job intérimaire, il a observé son patron se soucier constamment du loyer à payer le mois suivant. À l’inverse, il a rencontré des fonctionnaires aux revenus stables mais à la vie monotone et ennuyeuse.

« J’ai compris que tout le monde porte son propre fardeau, même ceux dont la situation semble enviable », a-t-il confié.

Un auteur au parcours atypique et inspirant

J’ai découvert ce livre en lisant une interview de l’auteur donnée au journal anglophone Korea Herald. « Je me souviens d’avoir ressenti une joie pure en écrivant. C’était la seule chose qui me faisait tenir », raconte-il lors d’une interview au Korea Herald. Épuisement physique, instabilité financière et avenir incertain rythmaient son quotidien. De l’extérieur, sa situation semblait sombre. Mais l’écriture est devenue son échappatoire.

Il a longtemps eu des problèmes de vision et après une opération des yeux, la lumière vive lui était douloureuse. Avec des options d’emploi limitées, il travailla alors comme télévendeur dans un centre d’appels pour joindre les deux bouts, subissant des abus verbaux au quotidien. A bout, après des années dans cette situation, il décida de profiter de l’essor de la livraison de repas pendant le Covid et devint livreur de nuit à Gangnam, là où ce travail était le plus abondant. En attendant ses commandes, il commença à noter des idées sur son téléphone. Après avoir terminé ses livraisons vers deux ou trois heures du matin, il trouvait alors refuge à un arrêt de bus près de Gangnam Station…

« L’arrêt de bus n’était pas un simple endroit où attendre ; c’était le meilleur espace de travail que je pouvais espérer », a-t-il déclaré. « Il offrait une vue panoramique sur la ville, un système de climatisation et un magasin de proximité juste derrière, où je pouvais recharger mon téléphone et acheter à boire. Je n’avais pas de climatisation chez moi, donc pendant ces nuits d’été étouffantes, c’était un luxe. J’avais le bureau le plus cher de tout Gangnam », déclare-t-il avec beaucoup d'humour et de dérision.

Finalement, son destin a basculé lorsqu’il a lancé une campagne de financement participatif, rencontrant un succès inattendu, devenant l’une des plus grandes révélations littéraires de l’année. Aujourd'hui, il travaille sur un nouveau roman explorant l'histoire d'un robot qui rêve de devenir un héros mais qui est sur le point d’être mis au rebut..

Les coréens aiment lire !

Dès sa sortie en Corée, le roman de You Yeong Gwang a suscité un engouement spectaculaire, s'inscrivant dans le courant de la « fiction de guérison », un genre littéraire réconfortant et inspirant. Avant même sa publication en anglais début 2025 sous le titre The Rainfall Market, les droits du livre avaient déjà été vendus dans une dizaine de pays.

De retour à Séoul en novembre dernier, juste après l’annonce du prix Nobel de littérature pour Han Kang, je me suis rendue à Kyobo, la grande librairie (un peu comme la Fnac, mais en mieux) et ce qui m’a le plus frappée, c’est le nombre de personnes plongées dans des livres, dont beaucoup de jeunes. Dans ce pays hyper connecté où tout le monde court tout le temps, je ne m'attendais vraiment pas à ça !

Chez Kyobo à Séoul, novembre 2024. © Nicole Bergeaud

Chez Kyobo à Séoul, novembre 2024. © Nicole Bergeaud


Déjà comparé aux œuvres du Studio Ghibli pour son atmosphère magique et réconfortante, ce livre a conquis les lecteurs en Corée et s’annonce comme un succès en France. Une lecture idéale pour ceux qui aiment les histoires oniriques et positives !

J'espère que ce livre vous plaira autant qu'à moi.

Le livre est paru aux éditions Robert Laffont et est disponible à la vente en ligne.

Liens utiles :
https://www.lisez.com/editeurs/robert-laffont
https://english.visitseoul.net/entertainment/Kyobo-Bookstore-Gwanghwamun-Branch_/40228


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caudouin@korea.kr