Par Alexia Ponsonnet
Le 31 mai 2025, le concert solo Hope on the Stage de J-Hope, rappeur et danseur principal de BTS, était retransmis dans les cinémas de France et du monde entier. Filmées à Osaka à partir de 18h30, heure locale (soit 11h30, heure française), les images étaient diffusées une heure trente plus tard en France pour un « presque » direct. J’ai eu la chance d’y assister à Lyon.
Comme l’impression d’être sur place…
J’entre dans la salle peu avant 13h00. Sur le grand écran, le Kyocera Dome d’Osaka est en train de se remplir en temps réel. Les ARMY Bombs, ces batons lumineux agités par les fans, brillent. Je me sens instantanément transportée au Japon, sur le point de voir mon idole sur scène.
Le Kyocera Dome d’Osaka, lors du concert de J-Hope, le 31 mai 2025. © Compte X de BTS
Dans le cinéma, la diversité est bien présente. Cheveux blonds, bruns, roses, blancs ou poivre et sel, tous retiennent leur souffle.
Le ton est donné dès la vidéo d'introduction : le fil conducteur sera rouge et concentré sur la boîte. La boîte est une référence à son album
Jack In The Box (2022) et sa chanson
More mais aussi un clin d’œil à l’origine de son nom d'artiste : J-Hope, comme l’espoir qui restait au fond de la boîte de Pandore… À l’écran, une date me frappe : le 18 avril 2023, jour de l’enrôlement de J-Hope pour son service militaire obligatoire en Corée, dont il est déchargé en octobre 2024. Ce concert marque symboliquement son retour après l’armée et affirme son identité créative en solo.
J-Hope apparaît enfin sur les planches, entièrement vêtu de rouge, avec une paire de gants pleins de strass et des lunettes de soleil. La première partie englobe cinq chansons issues de
Jack In The Box et expriment ses inquiétudes, son côté sombre. Lumière rouge, décors noir et blanc, la scénographie met l’accent sur l’architecture du plateau scénique. Celui-ci se compose de différents cubes indépendants, qui peuvent monter ou descendre au fil des tableaux. J-Hope se déplace en fonction de leur hauteur, comme leur partenaire de danse.
Affiche officielle de la diffusion au cinéma de Hope on the Stage, qui rappelle ces plateformes bougeant sur la scène. © Allociné
Je note immédiatement la cinématographie particulière : la plupart des caméras sont portées par des opérateurs qui les inclinent doucement d’un côté et de l’autre. Les lignes qui sont droites dans la réalité deviennent obliques à l’écran. Les plans ne sont pas statiques, ils sont organiques, comme si chacun de nous regardait ce qu’il se passe à travers l’ouverture d’une boîte. D’ailleurs, au cinéma, l’ambiance s’échauffe petit à petit. Des applaudissements se font entendre à la fin des chansons, certains chantent ou dansent et les acclamations résonnent dès que J-Hope mentionne la diffusion en direct. Je retiens surtout le garçon dans ma salle qui a crié « Je t’aime » à J-Hope un certain nombre de fois !
La danse comme refuge
Changement d’ambiance pour la deuxième partie, consacrée à
Hope on the Street Vol.1 (2024). Le message est clair : la danse, c’est le refuge de J-Hope, là où il se sent bien. On retrouve l’artiste connu pour son énergie solaire et passionnée. Cette fois, il porte une tenue large, streetwear, parfaite pour bouger. D’ailleurs, une troupe d’une dizaine de danseurs envahit l’espace et J-Hope les laisse prendre la lumière pendant de longues minutes. Puis, les différents styles se côtoient, illustrés par J-Hope et des danseurs spécialisés, issus de la danse de rue : le locking sur
Lock/unlock avec Neal, la house sur
I Don’t Know avec Sinbi, le popping avec le duo Dokyun et Firebac sur
I Wonder...
J-Hope (avec les lunettes de soleil) avant de monter sur scène, en compagnie de sa troupe, à Osaka le 31 mai 2025. © Compte Instagram de J-Hope
Tout me rappelle des souvenirs avec BTS. Sa reprise de
Trivia: Just Dance est une réminiscence des tournées Love Yourself et Speak Yourself de BTS en 2018 et 2019. De nombreux lasers sont utilisés dans la mise en scène et m’évoquent le solo de J-Hope lors des Melon Music Awards 2019.
Au cours de la vidéo marquant la transition vers la troisième partie, on voit J-Hope s’échapper de la boîte rouge dans laquelle il était enfermé, comme s’il laissait derrière lui toutes les contraintes du passé pour enfin s’épanouir, en tant qu’homme et artiste. Sur scène, il interprète ses nouveaux titres parus en 2025,
Sweet Dreams et
Mona Lisa. Puis, il se lance dans une rétrospective de son histoire musicale en reprenant ses propres morceaux sortis avant 2020 avec des arrangements qui insistent sur la guitare électrique et la basse. Il enchaîne avec des chansons de BTS, dont
Airplane Pt.2, qu’il chante debout sur un wagon dans lequel six silhouettes semblent attendre. Impossible de ne pas y voir les six membres de BTS manquants, promis à se retrouver à partir du 21 juin 2025, une fois leur service militaire terminé.
À l’approche de la fin du concert, J-Hope se laisse submerger par ses émotions. Les dates à Osaka du 31 mai et 1er juin mettent un terme à sa tournée au cours de laquelle il a traversé l’Amérique du Nord et l’Asie. Il ne cache pas sa fatigue et les efforts qu’il a dû fournir pour mener ce projet à bien mais c’est le prix du bonheur. Il sourit. « Comme le dit le nom de la tournée, cette scène, c’est ce qui me permet d’être moi-même. C’est mon refuge. » Ce n'est tout à fait la fin de ce chapitre artistique.
Avant le rappel, comme il est coutume de le faire aujourd’hui, des fans sont filmés, agrippant des pancartes de soutien dans toutes les langues et de tous les formats. Une Française surgit à l'écran, portant l’inscription « Yaaaa !!! Je suis venue de Paris pour voir mon soleil ». C’est l’euphorie dans le cinéma !
J-Hope tenant la boîte rouge, prêt à monter sur scène à Osaka, le 31 mai 2025. © Compte Instagram de J-Hope
J-Hope réapparaît pour la dernière fois, vêtu d'un T-shirt blanc marqué de Hope on the Stage. Il tient une boîte rouge dans sa main, comme s’il avait exorcisé ses angoisses, sa boîte de Pandore… Après vingt-sept titres s’étalant sur près de trois heures, le concert se conclut par
Neuron au cours de laquelle il salue ses danseurs, un par un, en mentionnant leurs noms. L’ambiance est légère, festive, invite à marquer le rythme. Quand il quitte la scène et que les lumières se rallument, le silence est brutal. Je sors avec l’envie de me replonger dans ses albums pour écouter en boucle ses chansons les plus emblématiques.
Le live viewing, une fenêtre ouverte sur la K-pop
Ce n’est pas la première fois que je profite d’un concert au cinéma. C’est ce qu’on appelle aujourd’hui le live viewing, la retransmission en direct en salle. Dès 2022, je ne rate aucune occasion de voir BTS et ses membres. J’ai ainsi eu la chance d'assister à Permission to Dance on Stage en direct le 12 mars 2022. J’ai ensuite regardé la rediffusion de Yet to Come le 4 février 2023 et celle de D-Day, le concert solo de Suga et Agust D le 13 avril 2024. Bien sûr, BTS n’est pas le seul groupe à utiliser ce moyen de distribution. En France, les concerts de Blackpink, Seventeen, Ateez, NCT ou encore IVE sont passés sur le grand écran, dans plus ou moins de salles obscures de l’hexagone.
Ces concerts au cinéma sont aujourd’hui une solution de repli pour limiter la frustration des fans. En effet, BTS n'a pas donné de concert en France depuis 2019. Et voyager pour voir une prestation dans un pays étranger, souvent hors de l’Europe, n’est pas à la portée de tout le monde. De plus, même en cas de concert en France, il n’est pas toujours possible d’avoir un billet. Il faut pouvoir se rendre dans les métropoles, payer le prix - de plus en plus haut - d’une place, et affronter les angoisses que l’on peut ressentir face à un tel évènement.
Alors le cinéma, c’est une chance, le compromis idéal entre un concert en présentiel et une diffusion en streaming depuis chez soi. Dans tous les cas, avec la K-pop, peu importe le lieu, la magie opère toujours.
Présents partout à travers le monde, les journalistes honoraires de Korea.net ont pour mission de faire connaître et partager leur passion de la Corée et de la culture coréenne au plus grand nombre.
caudouin©korea.kr