Par Christelle Frou
Du 14 au 20 juillet, le festival Les Suds en Arles a réservé un programme exceptionnel pour son 30e anniversaire en « honorant la rencontre avec l’autre ». C’est dans ce cadre que j’ai pu assister à un évènement hors du commun pour une des soirées « moment précieux » avec le concert du duo coréen Dal:Um.
Ce joli duo composé de Ha Su-yean au gayageum et Hwang Hye-young au geomungo a mis à l’honneur la Corée traditionnelle en cette soirée du 16 juillet dans ce lieu intimiste qu’est la cour de l’archevêché, sous une chaleur de braise.
Avant de vous parler davantage de ce concert, laissez-moi vous présenter ces deux instruments que sont le gayageum et le geomungo. Ce sont des instruments à cordes pincées de la famille des cithares. Ils sont vraiment très anciens car les premières traces remontent au 6e siècle lorsque les moines ont apporté une partie de la culture chinoise en Corée ainsi que l’écriture et la musique.
Le gayageum ou kayagum est sans doute l’instrument le plus connu. Son nom provient de Gaya, ancien royaume du 1er au 6e siécle, confédération de la vallée de Nakdong qui fut absorbée par le royaume de Silla. À l’origine il comportait 12 cordes en soie et l’on en jouait traditionnellement assis par terre un coté de l’instrument posé sur les jambes. Les chamanes utilisaient beaucoup cet instrument pour leur musique. De nos jours, les musiciens s’en servent aussi bien assis que debout posé sur une sorte de trépied. L’instrument a évolué et le nombres de cordes est passée de 12 à 17 voire 21 selon l’utilisation voulue. Les cordes en soie ont été remplacées par des fils en métal ou des fils synthétiques.
Le gayageum de Ha Su-yean. © Christelle Frou
Le geomungo, ou hyongum, quant à lui est considéré comme l’instrument des rois et des sages. Sa création serait plus ancienne que le gayageum et son nom une traduction du mot lyre que le dieu Apollon à transformé en constellation à la mort d’Orphée. Il était utilisé par les personnes lettrées sous l’ère Joseon pour qui en jouer repoussait les épidémies est les invasions et ainsi trouver une certaine quiétude et une maîtrise de soi. Il est composé de 6 à 11 cordes de soie que l’on pince avec un bâton de bambou. L’on peut aussi l’utiliser d’une autre manière à l’aide d’un archer tel un violon.
Le geomungo de Hwang Hye-young. © Christelle Frou
C’est donc avec ces merveilles que nous allions passer la soirée « moment précieux » du 16 uillet avec Dal:Um. Ce beau duo a débuté en 2018 et est donc relativement jeune mais ces deux jeunes femmes que sont Ha Su-yean et Hwang Hye-young traversent déjà de nombreux pays pour nous faire découvrir leur musique si incroyable qui nous plonge dans un univers très personnel, à la fois si lointain mais tellement si proche. Si vous aimez l’histoire de la Corée et que vous avez déjà visionné des émissions culturelles ou tout simplement si vous êtes un ou une dramavore, notamment de dramas que l’on qualifie « d’historiques », ces notes et harmonies ne vous sont pas étrangères. Et pour être un moment précieux, c’en était vraiment un. J’étais littéralement transportée par cette musique dans la Corée traditionnelle. Les sons doux et aigus du gayageum s’entremêlent avec ceux beaucoup plus graves du geomungo. Les deux artistes sont tellement complices et se comprennent par un simple regard ou un signe de tête lorsqu’il s’agit de passer de l’une à l’autre des harmonies. Tout s’oppose et se complète à merveille, elles nous emmènent dans un tourbillon d’énergie où l’on a plaisir à se laisser happer. Ce concert d’une heure était bien trop court et les applaudissements et les bravos à la fin de leur prestation tellement forts qu’elles nous ont fait cadeau d’un morceau supplémentaire. Le public de ce soir-là était plus que conquis.
Hwang Hye-young au geomungo et Ha Su-yean au gayageum, à Arles, le 16 juillet 2025. © Christelle Frou
La communion des deux artistes avec les spectateurs était bien présente lors de cette soirée. Entre quelques titres elles ont pris le temps de nous parler de leurs instruments, de leur utilisation, des différentes notes et harmonies qu’ils peuvent produire tout en nous illustrant leurs explications de quelques notes. C’était un vrai moment de partage et j’ai senti à travers leurs paroles toute la passion qui les anime envers ces merveilleux instruments. Su-yean et Hye-young font ainsi perdurer une partie de la mémoire de l’histoire musicale de la Corée et transmettent un bien bel héritage culturel.
Elles ont d’ailleurs commencé à jouer de ces instruments très jeunes et à travers cette tournée font découvrir cette musique traditionnelle à travers le monde entier. Lors d’une précédente tournée en 2021 elles avaient pris deux instruments et c’était beaucoup trop contraignant. Alors cette année, elles se sont contentées d’un seul chacune.
À la fin de du concert j’ai pu échanger quelques mots avec ces deux artistes et trinquer aussi avec un verre de soju, sans oublier ma petite dédicace sur leur album.
Le concert de ce soir là m’a replongé dans un festival (Seonnongdaeje) auquel j’ai assisté au mois d’avril dernier à Séoul lors de la fête des cultures. Mais ceci est une autre histoire à lire bientôt.
Si vous voulez découvrir le bel univers de Dal:Um deux albums sont disponibles,
Similar & différent (2021) et
Coexistence (2024)
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