Par Nathalie Fisz
Journaliste honoraire depuis 2020, je suis régulièrement surprise par la créativité de jeunes gens rencontrés lors d’évènements ou qui me contactent directement.
Vivant leur passion, ils sont aussi ambassadeurs de la culture coréenne. C’est le cas de deux jeunes femmes rencontrées récemment, Anaé et Inès.
Le Centre d’échanges culturels franco-coréens avait organisé une soirée de la poésie traditionnelle franco-coréenne. Anaé qui a participé au concours de poésie était présente. Musicienne, elle étudie le coréen. Inès, quant à elle, rêve d’intégrer une école de cinéma en Corée et a réalisé une story très pétillante de
Lemon Drop repartagée par Ateez. Inès peut aussi parler de
Soda Pop, de cinéma, et de beaucoup d’autres choses.
Découvrons ces jeunes ambassadrices de K-culture, étonnantes de maturité et de fraicheur.
Anaé, lauréate du concours de sijo à l'ambassade de Corée, le 18 juin 2025. © Anaé
Sous la direction de Jean-Charles Dorge et Kim Jin-ha, traducteur et professeur à l’université nationale de Séoul, et le parrainage du centre d’échanges culturels franco-coréens, une double publication a vu le jour.
C’est l’anthologie de la poésie coréenne traditionnelle (100 sijos) en France, ainsi que l’anthologie de la poésie française classique en Corée. Les sijos sont des poèmes courts qui pour certains remontent à plus de 700 ans à la fin de la dynastie Goryo.
Jean-Charles Dorge et Jo Hong-Lai, président du conseil d’administration, avaient organisé une soirée de la poésie traditionnelle franco-coréenne, le 18 juin, à l’ambassade de Corée en France, à Paris, avec une cérémonie de remise des prix pour les lauréats du concours de sijo.
Je suis allée à cet évènement pour découvrir qui étaient ces jeunes gens talentueux. Assise derrière moi, j’ai remarqué une jeune participante à la voix douce. Cette jeune femme se prénomme Anaé. Elle a accepté de répondre à mes questions.
Anaé lors de son voyage en Corée l'an dernier. © Anaé
Nathalie Fisz : Anaé, peux-tu te présenter ?
Anaé : J’ai 19 ans et suis en licence LLCER (Langues, littératures et civilisations étrangères et régionales) Coréen à l’université Paris Cité.
Depuis quand t’intéresses-tu à la Corée et comment as-tu découvert sa culture ?
Je m’intéresse à la Corée depuis le lycée. J’ai découvert cette culture par la K-pop, la gastronomie et les K-dramas. J’ai voulu étendre ma connaissance en me renseignant sur les monuments, les manières de vivre, etc.
Je partage cette passion avec des amies de licence mais également en dehors. Cette culture a été la passerelle de certaines amitiés qui durent encore aujourd’hui.
Comment as-tu eu connaissance du concours ?
Une professeure en a parlé pendant un cours et nous devions tous remettre un sijo. J’ai eu une présentation des règles de sijo, pour que je puisse ensuite l’écrire par moi-même. Je suis intéressée par l’écriture depuis le lycée mais n’ai jamais osé participer à quelconque concours. Le fait qu’il soit obligatoire ne m’a pas aidé au début car je me mettais trop de pression, mais j’ai ensuite décidé de faire du mieux que je pouvais en voyant cela comme une opportunité plus qu’un devoir.
Combien de temps as-tu préparé ?
J’ai eu deux semaines pour écrire le poème avant de le transmettre. Certains participants étaient mes camarades de classes ou fréquentaient la même université. L’organisateur du concours ne m’a pas directement contacté mais j’ai reçu les informations par mon université.
Est-ce la première fois que tu présentes un concours lié à la Corée ?
C’est effectivement la première fois. J’ai plusieurs fois hésité à participer à des concours de poésie sans jamais oser franchir le pas.
Comment as-tu appris la composition du sijo ?
Lorsque ma professeure a parlé de ce concours, elle a d’abord présenté ses règles ou certains exemples. C’est ainsi que j’ai pu comprendre son fonctionnement.
Quel est le thème choisi et son nom ?
J’ai choisi le thème des âmes sœurs. J’avais regardé un film qui les mentionnait et il m’a fait réfléchir. Étant aussi une grande amatrice de romance, j’ai décidé de choisir un thème qui me passionnait. Le nom de mon poème est Âme sœur, ou 소울메이트 en coréen. Il se place du point de vue d’une personne attendant son âme sœur, se demandant où elle se trouve, et combien de temps elle devra encore attendre avant de la rencontrer, ou ne serait-ce que la voir un instant.
Peux-tu nous présenter son texte ?
소울메이트
내 영혼이 통하는 사람 어디에 넌 있나요
널 보고 싶어 내 사랑 한 번의 눈맞춤
언제 널 볼 수 있을까 내 운명적인 다른 반쪽
Âme sœur
Toi dont l’âme résonne avec la mienne, où es-tu ?
Je voudrais te voir, mon amour, ne serait-ce qu’un regard échangé…
Quand te verrais-je, ma moitié prédestinée ?
Est-ce ton premier évènement coréen ?
J’ai participé à d’autres évènements sur la Corée auparavant, mais c’était mon premier organisé à l’Ambassade de Corée. Je suis musicienne, et ai beaucoup aimé entendre les instruments et la musique coréenne. La comparaison entre les poèmes français et les poèmes coréens était très intéressante.
Est-ce que tu t’intéresses aussi à d’autres facettes de la culture coréenne ?
J’essaie d’étendre au maximum mes connaissances sur la culture coréenne. Je prends plaisir à découvrir de nouvelles cultures, et pour chacune d’entre elles j’essaie de m’intéresser à tous les aspects possibles.
Es-tu déjà allée en Corée ?
J’ai eu la chance d’y aller l’été dernier et rêve d’y retourner en échange universitaire pendant un an. Et par la suite, peut-être continuer mon cursus universitaire là-bas ou y habiter pendant quelques temps. Je ne me ferme à aucune possibilité !
Veux-tu ajouter quelque chose ?
Je veux m’adresser à toutes les personnes qui hésitent à entreprendre une action par peur de l’échec ou par manque d’expérience. Je ne pensais vraiment pas être capable d’être sélectionnée, et pourtant, cela est arrivé. Alors allez-y et tentez votre chance, car il vaut mieux essayer que de vivre avec des regrets.
Inès recrée l'univers de Lemon Drop d'Ateez. © Ateez et Inès
En février dernier j’ai été contactée par Inès via Instagram. Elle m’a expliqué qu’elle souhaiterait intégrer une école comme la Korea National University of Arts (K-Arts). Elle me demandait mon avis sur la manière de préparer un dossier d’admission. Le 9 mars, le film coréen
Une balle perdue (1961) de Yoo Hyeon-mok était projeté à Paris. Inès est venue y assister et a rencontré des membres du centre culturel coréen.
Inès aime énormément Ateez et a fait une story de
Lemon Drop, reprise par Ateez. Elle était tellement contente qu’elle m’a annoncé la nouvelle.
Inès dans son univers coréen. © Inès
Nathalie Fisz : Inès, peux-tu te présenter ?
Inès : J’ai 21 ans et ai suivi des études en commerce international. Aujourd’hui, je me forme pour travailler dans le domaine du cinéma, en tant que vidéaste.
Depuis quand t’intéresses-tu à la Corée ?
Je m’intéresse à la Corée depuis un an. C’est ma passion pour le cinéma qui a été mon premier point de connexion. Les acteurs, les grands réalisateurs comme Bong Joon-ho ou Park Chan-wook, ou encore plus récemment Ha Ji-wan, une scénariste et productrice à l’origine de séries emblématiques comme
True Beauty ou
Connect, sont des sources d’inspiration pour moi. J’ai découvert la K-pop à travers le groupe Ateez. J’ai assisté au gala des Pièces Jaunes et me suis énormément amusée.
Qu’est ce qui est le plus touchant dans ta découverte ?
En tant qu’Algérienne d’origine, je porte en moi l’histoire d’un peuple marqué par l’occupation, la lutte pour la liberté, la résilience, et la volonté farouche de préserver son identité. J’ai été profondément touchée, par la résonance inattendue que j’ai ressentie entre la culture coréenne et celle de mes origines.
Es-tu déjà partie en Corée ?
J’espère pouvoir y aller un jour. Dans un premier temps, en tant que touriste, pour découvrir de plus près les mœurs, goûter aux plats traditionnels. J’aimerais explorer le pays, et découvrir des grandes villes animées jusqu’au petits villages. J’aimerais aussi m’y rendre dans un cadre professionnel. Étudier ou travailler en Corée, notamment dans le domaine du cinéma et faire des tournages représenterait pour moi un accomplissement personnel et professionnel.
Que représente pour toi l’univers de la K-pop ?
La K-pop est particulièrement attrayante et se distingue de nombreux autres styles musicaux actuels. Elle met en avant des bands soudés, complémentaires et dynamiques. Ce style musical apporte énormément à ses fans : ambiance unique, sons entraînants, proximité avec les artistes. Les idols sont souvent très attentifs à leur communauté, et cette complicité crée un lien fort et authentique entre eux et leur public. Ce qui me fascine aussi, c’est la rigueur de leur entraînement. Chaque performance est le fruit d’un travail intense et constant. Les idols ne se limitent pas au chant et à la danse. Beaucoup d’entre eux sont aussi talentueux dans d’autres domaines. Ce sont des artistes polyvalents, passionnés et dévoués. Pour nous, les jeunes, ils sont des modèles inspirants.
Il semble que ce soit Ateez que tu préfères ?
Tout a commencé avec une vidéo TikTok de San dansant sur
Ice on My Teeth. Pour leur tournée
Towards The Light, Will to Power, je suis allée les voir à la Défense Arena. Ateez est composé de huit membres très talentueux : Hongjoong, Jongho, San, Yeosang, Yuhno, Wooyoung, Mingi, Seonghwa. Ce qui distingue Ateez, c’est leur musique, une identité unique qui leur donne une fraîcheur que je trouve rare. Ateez ce sont des artistes sur scène, des créateurs et influenceurs. Ce groupe représente parfaitement la génération Z : audacieux, créatif, engagé, mais aussi proche de ses racines et de ses fans. Pour moi, ils sont les meilleurs.
Parle-nous de Golden Hour Part 3 et Lemon Drop.
Après leur tournée en Europe Toward the Light, Will to Power, Ateez a sorti au cinéma la version filmée de leur concert. À la fin du film j’ai vu un extrait instrumental de
Lemon Drop. Les premières secondes m’avaient déjà beaucoup plu et j’ai été agréablement surprise : le morceau est frais et très entraînant. Le succès de
Lemon Drop ne repose pas uniquement sur l'aspect visuel légèrement sensuel du clip (piscine, vêtements mouillés, lumière naturelle), elle reste dans un registre relativement sobre, typique des clips d’été. Les Atiny (membres de la communauté Ateez) étaient mobilisés pour soutenir le comeback avec
Golden Hour Part 3.
Le groupe a multiplié les teasers.
Lemon Drop marque une forme d’ouverture musicale : le morceau se veut accessible, avec une structure plus grand public, tout en conservant l’identité d’Ateez. La vidéo de San et J-Hope dansant sur
Lemon Drop a suscité énormément de visibilité. Les couleurs : orange, bleu, blanc glacé collent parfaitement à l’énergie du morceau. À la sortie de
Lemon Drop le 13 juin 2025, Ateez a lancé un challenge. Les Atiny devaient recréer sa chorégraphie. J’ai été surprise et touchée que ma vidéo soit repartagée. Être repérée par le staff et mise en avant dans la communauté est une immense fierté. J’étais super heureuse, et espère que le capitaine Hongjoong et ses pirates étaient fiers !
Lemon Drop ou Soda Pop ?
J’ai vraiment aimé
Soda Pop. Entre Ateez et
KPop Demon Hunters, voici des sons rafraîchissants pour un été vibrant ! J’ai beaucoup aimé le film, les musiques, les performances vocales.
Soda Pop met instantanément de bonne humeur. J’ai été agréablement surprise de voir autant d’idols de K-pop reprendre la chorégraphie. Il semble que neuf films sont prévus pour la suite de
KPop Demon Hunters. Il va falloir se dépasser pour faire mieux que
Soda Pop… parce que celui-là a déjà placé la barre très haut !
Quelques mots encore
Anaé et Inès emportées par l’Hallyu et leur passion ne comptent pas en rester là ! Même si j'ai la chance de faire partie des journalistes honoraires de Korea.net depuis 2020, je n'ai jamais rien considéré comme acquis. Sur le chemin de la découverte de la culture coréenne, je fais régulièrement connaissance de nouvelles personnes passionnées comme le sont Anaé et Inès. J'ai été très heureuse de partager un moment avec elles et de faire la lumière sur elles, une lumière de France et de Corée.
Présents partout à travers le monde, les journalistes honoraires de Korea.net ont pour mission de faire connaître et partager leur passion de la Corée et de la culture coréenne au plus grand nombre.
caudouin@korea.kr