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29.08.2025

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De gauche à droite : Lee Se-young et Sakaguchi Kentaro dans « What comes after Love » de Moon Hyun Sung, le festival d'amitié Corée/Japon qui existe depuis 2005, Lisa de Blackpink et Sakaguchi Kentaro interprètent le titre « Dream » sorti en 2005. © Coupang Play, Omatsuri.kr, World Music Awards

De gauche à droite : Lee Se-young et Sakaguchi Kentaro dans « What Comes after Love » de Moon Hyun Sung, le festival d'amitié Corée/Japon qui existe depuis 2005, Lisa de Blackpink et Sakaguchi Kentaro interprètent le titre « Dream » sorti en 2025. © Coupang Play, Omatsuri.kr, World Music Awards



Par Nathalie Fisz

Alors que la Corée vient de célébrer le 15 août dernier, les 80 ans de la libération de la domination par le Japon, on constate que les artistes n'ont jamais cessé de travailler ensemble. Ainsi naissent des projets communs entre la Corée et le Japon.

Le 15 août est la date de la capitulation du Japon lors de la Deuxième guerre mondiale. C'est celle que la Corée a choisi pour célébrer Gwangbokjeol, le « retour de la lumière ».

Dès le lendemain des célébrations, le président actuel de la République de Corée, Lee Jae-myung, s’est exprimé comme l’explique un récent article du journal Le Monde.

Il estime indispensable d’affronter sans détour une histoire douloureuse pour maintenir une confiance mutuelle qui s’illustre par exemple avec sa visite dans la capitale japonaise, les 23 et 24 août. Il fait mention des échanges croissants entre les nouvelles générations des deux pays.

Des citoyens coréens n’hésitent pas à séjourner au Japon (Fukuoka, Kyoto, Tokyo, etc.). Des amitiés et des histoires d’amour sont nées, qui repoussent la séparation géographique établie par la mer de l’est.

L’agence de presse coréenne Yonhap a présenté un sondage selon lequel près de quatre citoyens de République de Corée auraient désormais une perception favorable du Japon. Il ne s’agit pas d’oublier le passé, mais de regarder positivement vers l'avenir.

Les artistes sont censés adopter une position plus neutre car seul le fruit de leurs créations est important à leurs yeux. Cinéma, dramas, danse, festivals, musique, les exemples sont nombreux, dans un univers où la rancœur n’a pas sa place.

On se souvient en 2020 des couvertures de BTS posant pour Vogue Japan dans un style particulièrement esthétique. Jin a posé récemment pour une campagne de bijoux du joaillier Fred pour Bazaar Japan.

Récemment le charme mélancolique et romantique du couple incarné par Lisa de Blackpink et Sakaguchi Kentaro dans Dream n’a pas pu nous échapper.

Dans de nombreux festivals en France, il n’est pas rare de voir des animations coréennes et japonaises présentes au même événement et des visiteurs qui viennent s’amuser sans aucune animosité. Voici également 20 ans qu’un festival Corée/Japon existe dans les deux pays, au nom de l’amitié.

J’ai ainsi choisi quatre exemples artistiques qui me semblent refléter cet état d’esprit fraternel. Découvrons les sans tarder.

Lee Se-young et Sakaguchi Kentaro, personnages principaux dans le film « What Comes after Love » (2024) de Moon Hyun Sung. © Coupang Play

Lee Se-young et Sakaguchi Kentaro, personnages principaux dans le film « What Comes after Love » (2024) de Moon Hyun Sung. © Coupang Play


Cinéma, dramas : What Comes after Love, entre Corée et Japon

L’acteur japonais Sakaguchi Kentaro que nous venons de mentionner interprète le rôle de Aoki Jungo dans What Comes after Love, premier drama du réalisateur Moon Hyun Sung.

Dans What Comes after Love, le japonais Aoki Jungo rencontre dans son pays natal la coréenne Choi Hong qui tombe amoureuse de lui. Que va t’il se passer ?

K.owls présente ce drama dans son très bon article du 19 septembre 2024.

Il explique que le réalisateur coréen Moon Hyun Sung (As One, The King’s Case NoteSeoul Vibe) devait initialement réaliser un film. Pour plusieurs raisons (dont la pandémie de Covid-19), son travail s’est transformé en un drama de six épisodes.

Le drama est lui-même adapté du roman des écrivains coréen et japonais Gong Ji Young et Hitonari Tsuji.

Les avis sont partagés sur l’issue du dernier épisode qui ne semble pas indiquer si les protagonistes retrouvés après une longue séparation poursuivent leur histoire d’amour, mais il s’agit bien d’une histoire d’amour Corée/Japon.

Choi Hong, jeune coréenne fait ses études de littérature au Japon et rencontre Aoki Jungo qui rêve de devenir écrivain. Entre eux naît une histoire d’amour intense. Puis une distance s’installe et Choi Hong repart dans son pays natal. C’est en Corée qu’ils se retrouvent cinq ans plus tard. Hong, est devenue une directrice influente dans une maison d'édition, et Aoki Jungo est un écrivain renommé qui ne parvient pas à tourner la page. Il a écrit un roman inspiré de leur histoire, chargé en émotions.

À l’image de ce drama, le casting est composé d’acteurs coréens et japonais.

Choi Hong est incarnée par l’actrice coréenne Lee Se-young. Née à Séoul en 1992 elle a commencé sa carrière cinématographique enfant. On cite souvent son interprétation dans The Red Sleeve (2021), un drama historique qui se situe à l’époque Joseon, où elle interprète le rôle de Seong Deok Im, une dame de compagnie.

Aoki Jungo est interprété par Sakaguchi Kentaro, acteur et mannequin japonais né à Tokyo en 1991. Il a beaucoup de rôles à son actif (Color Me True, The Final Piece) et celui dans Notre petite sœur (2015) du réalisateur japonais Kore-Eda Hirokazu.

C’est à Kore-Eda Hirokazu que l’on doit Les bonnes étoiles (2022) tourné en Corée lequel a fait sensation à Cannes avec un casting exclusivement coréen composé de Song Kang Ho (Parasite) et Bae Doona (Kingdom), Lee Ji Eun alias IU (Hotel del Luna), Kang Dong Won et Lee Joo Young.

Dans les rôles secondaires de What Comes after Love, on retrouve l’acteur coréen Hong Jong Hyun (Race, The Killing Vote) et l’actrice japonaise Nakamura Anne (Grand Maison Tokyo).

Deux danseurs d'exception de l'American Ballet Theatre. La danseuse coréenne Seo YoonJung et le danseur japonais Takumi Miyake. Ils ont été remarqués pour leur interprétation du ballet « Flames of Paris » et leur prestation à l'occasion du gala « The Night in New York ». © Joao Menegussi / American Ballet Theatre

Deux danseurs d'exception de l'American Ballet Theatre. La danseuse coréenne Seo YoonJung et le danseur japonais Takumi Miyake. Ils ont été remarqués pour leur interprétation du ballet « Flames of Paris » et leur prestation à l'occasion du gala « The Night in New York ». © Joao Menegussi / American Ballet Theatre


Danse : les danseurs coréens et japonais s’unissent avec grâce

J’ai toujours beaucoup de plaisir à regarder les ballets interprétés par des danseurs de toute nationalité unis par une même passion. J’ai eu l’occasion d’admirer des danseurs de Corée et du Japon, interpréter leurs rôles en totale fusion et harmonie.

Je suis entrée en contact en octobre 2024, avec le danseur coréen Sung Woo Han originaire de Séoul, et soliste de l’American Ballet Theater qu’il a intégré en 2013.

Il était directeur artistique du gala The Night in New York qu'il allait présenter à Séoul à l’Universal Art Center en novembre 2024.

Sung Woo Han s’était dit particulièrement heureux et fier d’avoir constitué une troupe de danseurs d’exceptions issus de plusieurs nationalités et qu’ils considèrent comme ses amis ou sa famille. Parmi eux on peut citer Cassandra Trenary, Cate Hurlin, Chloé Misseldine, Elisabeth Beyer, Jake Roxander, Mikey Delanuez et également la coréenne Seo YoonJung et le japonais Takumi Miyake

Native de Gwangmyeong en République de Corée, Seo YoonJung a remporté de nombreuses compétitions en Corée, et rejoint la troupe en septembre 2019. Takumi Miyake est né à Kagawa au Japon, et a rejoint la troupe en septembre 2022.

Seo YoonJung et Takumi Miyake ont dansé ensemble le ballet “Flames of Paris”, chorégraphié par le russe Vasily Vainonen, qui se situe à l’époque de la révolution française. Leur prestation a été saluée par le public. En regardant leurs instagrams respectifs où ils partagent chacun la même photographie, il semblerait que leur passion artistique se prolonge au-delà de la scène.

L’American Ballet Theater compte d’autres danseurs japonais comme Arisu Hirata, Kanon Kimura , Kento Sumitani , Atau Watanabe, Kotomi Yamada et des danseurs coréens tels que Ahn Joo Won originaire de Wonju, Seo Hee née à Séoul et Park SunMi de Séoul également.

Dans le même état d’esprit on peut citer la DCDC qui signifie Daegu City Dance Company. Elle accueille le festival Dance Now Asia In Daegu les 20, 21, 22 août avec Yukio Suzuki (Projets Vanish) chorégraphe et danseur japonais.

Sur Instagram, je vois aussi de très jeunes danseurs japonais comme Parfait Ciel ou Ranmaru qui reprennent avec talent tous les standards de K-pop : Ateez, Blackpink, BTS, Exo, Enhypen, Stray Kids, etc.

J’ai vu également les publications des coréennes Park Sae-eun danseuse étoile du corps de ballet de l’Opéra de Paris, et de Kang Hohyun première danseuse. Elles se sont dit enchantées d’avoir fait partie du gala “Ballet Supreme 2025” sous la direction de “Nbs Japan”. Nbs Japan est une société japonaise pour la promotion des arts de scène. Elles remercient les danseurs et leurs fans japonais.

Affiche du festival Corée/Japon au nom de l'amitié qui a été créé en 2005 et qui aura lieu à nouveau à Séoul en octobre 2025. © Omatsuri.kr

Affiche du festival Corée/Japon au nom de l'amitié qui a été créé en 2005 et qui aura lieu à nouveau à Séoul en octobre 2025. © Omatsuri.kr


Festivals : la Corée et le Japon célèbrent ensemble leur culture

En France, il existe de nombreuses occasions de fêter les deux cultures. J’ai rencontré des fans de culture japonaise qui ont été curieux de découvrir la culture coréenne et l’ont tout autant appréciée. La Japan Expo fait la part belle à la Korean Wave. Parmi les artistes participants il y a Young ill (Park Dae Young), artiste et producteur de hip-hop originaire de Gumi et qui s'impose comme une figure montante du rap coréen.

Kang Minsu a fait ses débuts dans le groupe nippo-coréen Bee Shuffle qui s'est produit à la Japan Expo en 2015 ! Il s'est engagé par la suite dans une carrière solo et en sortant son mini-album Instinct il a déclaré être un pont entre la Corée et le Japon. Il a fait des tournées à Fukuoka, Osaka, Nagoya, Tokyo et Sendai.

Le festival Kimchi Ramen est un festival culturel et culinaire sur la Corée et le Japon. Kick Café, Maison Otaku étaient ainsi présents à l’édition 2024 à Pantin en région parisienne.

Mais il y a un événement qui témoigne encore plus de cette volonté de fraterniser. Il s’agit du festival Corée-Japon qui fête cette année sa 20e année. Il a été organisé pour la première fois en 2005 dans le cadre de l’Année de l’amitié coréano-japonaise.

Le président de la République de Corée Roh Moo-hyun s’était rendu au au Japon en juin 2003. Avec le Premier ministre japonais Junichiro Koizumi, ils avaient proclamé 2005 l'année de l'amitié Corée-Japon, marquant ainsi le 40e anniversaire de la normalisation des relations diplomatiques entre les deux pays. Les deux pays avaient convenu de poursuivre divers projets d'échanges et de coopération afin de renforcer la compréhension mutuelle et l'amitié entre les peuples de Corée et du Japon. Le festival Corée-Japon fut organisé avec grand succès à Séoul et à Tokyo en 2009.

L’édition 2025 aura lieu le dimanche 12 octobre 2025 à Séoul au centre des expositions Coex.

Ce festival est toujours riche en performances hautes en couleurs : lanternes coréano-japonaises, Procession de Bouddha, Samulnori, danses du masque de Bongsan, “Ganggang Sullae” (danse en ronde), Nebuta Matsuri (festival du feu japonais), concours de sumo, concerts de J-pop, K-pop, et autres performances traditionnelles. Les visiteurs découvrent les activités et dégustent des spécialités culinaires des deux pays.

Pas de place pour la rancœur, mais place à l’amitié coréano-japonaise avec pour devise « Allons vers l’avenir, ensemble vers le monde ».

Lisa de Blackpink et Sakaguchi Kentaro sont les interprètes de « Dream » sorti en 2025, une histoire d'amour romantique. © World Music Awards

Lisa de Blackpink et Sakaguchi Kentaro sont les interprètes de « Dream » sorti en 2025, une histoire d'amour romantique. © World Music Awards


Musique : Lisa de Blackpink et Sakaguchi Kentaro unis dans Dream

Lisa, qui fait partie du groupe Blackpink qu’on ne présente plus, a fait ses débuts en 2016 sous l'égide du label YG Entertainment. Suite à une audition en 2010, Lisa rejoint déjà le label YG Entertainment en avril 2011 à 14 ans. Elle a une carrière impressionnante. Née en 1997 dans la province de Buriram (Thaïlande), en plus du thaï sa langue maternelle, elle parle anglais, coréen et japonais. Son single Money issu de son album Lalisa se vend à plus de 730 000 exemplaires en Corée. En 2023, elle est invitée au palais de Buckingham avec Jennie, Jisoo et Rosé. En 2024 elle fait partie du Gala des pièces jaunes organisé en France par la première dame Brigitte Macron, en faveur des enfants hospitalisés.

Égérie de grandes marques du luxe telles que Bulgari, Céline, Louis Vuitton, elle a fait sa première couverture de Vogue Japan en 2021. En 2023, Lisa atteint les 100 millions d'abonnés sur Instagram et en 2024, elle sort le single Rockstar chez Lloud et RCA Records. Son morceau est accompagné d'un clip réalisé par le réalisateur de cinéma Henry Schofield et chorégraphié par Sean Bankhead. Lisa a fait également ses débuts dans Hitmakers de Netflix, qui suit des auteurs-compositeurs et producteurs de l'industrie musicale.

Mais bien entendu ce qui n’a pas pu nous échapper dernièrement c’est le duo qu’elle forme avec Sakaguchi Kentaro dans Dream.

Dream est une chanson tirée de son premier album solo Alter Ego, sorti le 28 février 2025. Le clip cinématographique de cinq minutes, écrit et réalisé par Ojun Kwon, met en vedette Lisa et l’acteur/mannequin japonais dans le rôle de son bien-aimé.

Seule ballade de l'album, Dream évoque une relation passée de Lisa, où elle éprouve encore des sentiments pour l'autre et pleure la perte d'un amour parfait.

« Whenever I close my eyes. It’s taking me back in time ». Amour retrouvé ? Amour perdu ? De qui s’agit t-il réellement ? Le 12 août 2025, Dream avait déjà atteint plus de deux millions et demi de vues. Lisa, sans doute la plus coréenne des Thaïlandaises, a été saluée pour son interprétation.

Ainsi la Corée et le Japon peuvent présenter ensemble le meilleur de leur art.

Quelques mots encore

Je me souviens des amis du Japon de l’artiste coréenne Michelle Kong, venus à ses expositions pour la féliciter. Avec Michelle, nous avions parlé un jour de Nam June Paik, premier artiste du mouvement d'art vidéo en Corée. Nam Jun Paik qui avait une épouse japonaise avait été lauréat du prix de la culture asiatique de Fukuoka en 1995, et du Prix de Kyoto en 1998.

Ils sont nombreux les exemples de coopération entre les deux nations. Quand la rancœur laisse place au pardon, les artistes coréens fraternisent avec les artistes japonais.


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caudouin@korea.kr