Journalistes honoraires

19.09.2025

Voir cet article dans une autre langue
  • 한국어
  • English
  • 日本語
  • 中文
  • العربية
  • Español
  • Français
  • Deutsch
  • Pусский
  • Tiếng Việt
  • Indonesian
Par Lantou Onirina

Qui n’a pas déjà hoché la tête sur le rythme addictif de Log In signé Fifty Fifty ? Derrière ce refrain entêtant se cache pourtant un compositeur français, Adile, qui avec sa manageuse Koja s’est frayé un chemin jusqu’au cœur de l’industrie coréenne.

Je les ai retrouvés à Lille, quelques jours avant leur départ pour Séoul fin août. Les valises attendaient déjà dans un coin : Adile et Koja s’apprêtaient à franchir une étape décisive, celle de s’installer à temps plein en Corée pour travailler au cœur même de la K-pop.

Ce n’était pas leur première fois là-bas. Je les avais découverts tout à fait par hasard - merci l’algorithme d'Instagram ! J'avais ainsi pu suivre leur tout premier voyage, celui où l’on marche les yeux grands ouverts, entre fascination et appréhension. Ils en avaient raconté les étapes avec beaucoup d'humour et de complicité. Depuis, la découverte est devenue engagement. Aujourd’hui, ils retournent à Séoul avec la volonté claire de faire partie de cette industrie musicale qui fascine le monde.

Adile est compositeur. Derrière son écran et ses claviers, il assemble des mélodies, cherche le refrain qui fera battre le cœur plus vite. J’imagine que dans son téléphone s’accumulent des dizaines de fragments musicaux, petites graines qui parfois deviendront des chansons interprétées sur scène par les idols. Koja, elle, est manageuse. Elle accompagne ce processus, veille à ce que chaque morceau trouve son chemin : le bon artiste, le bon projet, le bon moment. Ensemble, ils forment un duo complémentaire, entre création et stratégie.

Leur parcours illustre bien l’équilibre subtil qui définit la K-pop. La tradition, d’abord : des codes de composition précis, une structure reconnaissable, une langue qui impose ses rythmes. Et l’innovation, sans cesse : puiser dans des genres multiples, s’adapter aux tendances mondiales, inventer de nouvelles passerelles entre cultures.

En quittant Lille pour Séoul, Adile et Koja ne se contentent pas d’exporter un savoir-faire français. Ils rejoignent un écosystème en mouvement permanent, où chaque chanson est une rencontre entre héritage et modernité. Leur histoire dit aussi cela. La K-pop est un langage global, né en Corée, mais qui continue de se réinventer avec ceux qui y contribuent, d’où qu’ils viennent.

Avec ma curiosité de toujours, j’ai demandé à Adile de m’expliquer comment naît une chanson de K-pop… et pour qui elle est écrite, en secret, dès ses premiers accords.

Adile et Koja en interview avec Lantou Onirina à Lille. © Sabrina Soogrim pour Chingu Lab

Adile et Koja en interview avec Lantou Onirina à Lille. © Sabrina Soogrim pour Chingu Lab


Lantou Onirina : Comment es-tu arrivé dans la composition de K-pop, et quel a été ton tout premier projet ?

Adile : À travers une story Instagram j’ai découvert le groupe NCT 127, et j’ai été très agréablement surpris. Puis j’ai décidé de creuser davantage et je me suis mis à fond dedans. Mon tout premier projet officiel a été le son Log In de Fifty Fifty.

Peux-tu nous citer quelques titres que tu as déjà composés pour la K-pop ?

Il y a eu Showtime de Super Junior ou encore Masquerade de CRAXY et Gundam de Kingdom.

Quand une agence te contacte, à quoi ressemble ce premier brief, et comment transformes-tu un mot ou une idée en mélodie qui reste en tête ?

C’est Koja qui reçoit le brief par les directeurs artistiques. Le brief est un document qui décrit les besoins précis du label pour une ou des chansons pour leurs artistes. Ce brief contient les informations principales que la compagnie recherche pour leur groupe. Généralement les différentes directions qu’ils ont en tête, parfois des références musicales. Ensuite moi je m’imprègne de ce brief, je vais écouter pleins de musiques en ligne jusqu’à ce qu’il y ait une idée qui me vienne et que je commence à composer.

Quelles sont les particularités d’écrire pour la langue coréenne ? Quels codes de la K-pop respectes-tu toujours, et lesquels aimes-tu bousculer ?

Je n’écris pas en coréen, c’est le travail d’un parolier. Moi je suis là pour la composition musicale. Les codes que je respecte toujours c’est d’avoir des percussions puissantes dans la chanson. Et dernièrement j’essaie de bousculer la structure classique des chansons qui est : couplet - pré refrain - refrain (x2) - pont - fin. Par exemple, j’essaie de commencer par le refrain ou faire un pont au milieu ou enlever le pré refrain.

Comment trouves-tu de nouvelles idées dans un genre qui compte déjà des millions de chansons ?

En allant écouter pleins de musiques. Notamment de pays que je ne connais pas trop, comme la Norvège, la Thaïlande, ou encore des musiques traditionnelles. Aussi, le fait de collaborer avec d’autres writers permet de mélanger les idées et les inspirations.

Avec Koja, vous formez un duo. Comment s’articulent vos rôles dans le cheminement d’une chanson ?

Koja est directement en relation avec les labels, c’est donc elle qui m’envoie les briefs, m’indique quelle direction prendre. Elle me met en contact avec d’autres writers pour organiser des sessions d’écriture par exemple. Moi, pendant ce temps, je suis à la création des chansons. Une fois la chanson finie totalement, Koja l’envoie aux directeurs artistiques et on attend des retours.

Selon toi, à quoi ressemblera la K-pop de demain côté composition ?

Difficile de prévoir exactement où va la K-pop car tout change très vite. En tout cas on voit que l’engouement au niveau mondial pour le genre ne cesse d’augmenter, ce qui rend le processus encore plus excitant car c’est toujours excitant de voir de plus en plus de personnes réagir aux chansons.

En les quittant à Lille, j’ai eu le sentiment de fermer une parenthèse… pour mieux en ouvrir une autre. La K-pop les attend désormais à Séoul, avec ses codes, ses défis et ses promesses. Moi, il me tarde déjà d’entendre quelle sera la prochaine mélodie qu’Adile et Koja auront glissée dans nos oreilles.

Adile et Koja en interview avec Lantou Onirina. © Alicia pour Chingu Lab

Adile et Koja en interview avec Lantou Onirina. © Alicia pour Chingu Lab



Présents partout à travers le monde, les journalistes honoraires de Korea.net ont pour mission de faire connaître et partager leur passion de la Corée et de la culture coréenne au plus grand nombre.

caudouin@korea.kr