Par Justine Orcel
Le 11 octobre, la ville et l'opéra de Montpellier se sont laissés traverser par le souffle du Suyeong Yaryu, ce théâtre masqué venu de Busan, où la mémoire du peuple coréen se fait danse, musique et rituel.
Porté par l’association Coréegraphie, ce spectacle est bien plus qu’une représentation : c’est une rencontre entre les mondes, entre la tradition et le présent, entre la Corée et la France.
Danseuses en tenues traditionnelles. © Coréegraphie
Une mémoire vivante
Le Suyeong Yaryu, originaire du quartier de Suyeong, à Busan, est né il y a près de deux siècles. Inscrit au patrimoine culturel immatériel de la Corée depuis 1971, il mêle satire sociale, chants, danses et percussions dans une forme de théâtre populaire, vibrant et collectif.
Autrefois joué sous la pleine lune du Nouvel An lunaire, il rassemblait la communauté tout entière dans un rite joyeux : purifier les peines, chasser les mauvais esprits, célébrer la vie.
Sur scène, les masques prennent vie : le lettré arrogant, le valet rusé, les esprits, les vieilles âmes et le lion symbolique dansent, se confrontent, se moquent du monde et de nous-mêmes. Chaque geste, chaque son du tambour semble venir d’un autre temps, mais continue de résonner dans notre présent.
Danseurs en tenues et masques traditionnels. © Coréegraphie
Un langage universel
Assister au Suyeong Yaryu, c’est entrer dans un espace où le corps parle avant les mots.
Les danseurs et musiciens transmettent cette tradition avec une rare intensité. Leurs mouvements sont précis, ancrés, porteurs d’une sagesse ancienne. Leur énergie circule comme une onde invisible, celle d’un peuple qui a su transformer la douleur en beauté, la dérision en lumière. Dans la salle, les spectateurs ressentent, c’est une expérience à la fois sensorielle et spirituelle.
Coréegraphie, une onde à la transmission
En invitant cette forme rare à Montpellier, Coréegraphie poursuit son engagement : celui de faire dialoguer les cultures à travers les gestes, la scène et la beauté partagée. L’association tisse depuis plusieurs années des ponts entre la France et la Corée, entre artistes, traditions et regards contemporains. Grâce à elle, le Suyeong Yaryu a pu se déployer dans un écrin occidental, sans rien perdre de son essence. Cette respiration collective et joyeuse, où l’art devient offrande.
À Montpellier, cette soirée fait briller la culture coréenne d’une lumière douce et vibrante, comme une lune venue d’ailleurs pour éclairer nos imaginaires.
Dans le silence après le dernier son de tambour, les derniers pas des danseurs, on peut encore ressentir le Yaryu, ce souffle venu de Corée, qui continue de danser à travers nous.
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