Par Antoine Sabrasès
La nouvelle création musicale française s’est fait une place de choix avec un plateau 100% féminin en ouverture de la dernière édition du Zandari Festa, un rendez-vous musical majeur où se croisent les scènes indépendantes coréennes et internationales. Sur la scène du Musinsa Garage, situé dans le quartier étudiant et artistique de Hongdae à Séoul, Grandma’s Ashes, Maïcee et Romane Santarelli étaient les parfaites ambassadrices pour une French Night éclectique et survoltée.
Grandma's Ashes se produit sur la scène du Musinsa Garage, à Séoul, le 17 octobre 2025. © Antoine Sabrasès
Le slogan « DIVERSITY », affiché en grandes lettres sur les affiches du Zandari Festa, trouve un écho concret dès la soirée inaugurant le Festival le 17 octobre dernier avec les performances du groupe de folk rock mongol Hanggai et de Uheeska, un collectif qui mêle musique traditionnelle coréenne et ska. Après cette mise en bouche festive, les professionnels et amateurs de découvertes musicales réunis devant la grande scène du Musinsa Garage se sont plongés, la mine ravie, dans la French Night, temps fort de ce festival de trois jours alors que France et Corée célèbrent, en 2026, le 140e anniversaire de leurs relations diplomatiques.
L’événement, organisé par le Service culturel de l’Ambassade de France en République de Corée, avec le soutien du Centre national de la musique (CNM), de l’Institut Français et du ministère de l’Europe et des Affaires étrangère propose chaque année une sélection d’artistes dans le but de mettre en avant la richesse de la scène musicale française. Julien Feltin, chargé de mission audiovisuelle et ICC à l’ambassade, insiste sur l’importance de « montrer au public coréen et aux professionnels régionaux que la musique française contemporaine se renouvelle, qu’elle est diverse et qu’elle a sa place ici dans la région. »
« La musique française a une image qui est assez positive ici en Corée mais elle reste un peu coincée dans son passé. Les gens ici connaissent Edith Piaf, la grande chanson française, ils connaissent aussi la French Touch qui était aussi une grande vague mais ça commence un peu à dater », explique-t-il.
« Pour ce set court d’une demi-heure on a choisi nos morceaux les plus efficaces, ceux qui représentent le mieux la palette Grandma’s Ashes », raconte, peu après être descendue de scène, Eva, la bassiste et chanteuse de ce trio parisien qui fusionne rock gothique et son industriel. « On avait vraiment envie d’emmener les spectateurs dans un voyage », ajoute-t-elle. Avec un EP (
The Fates - 2021) et deux albums (
This Too Shall Pass - 2023 et
Bruxism - 2025) à leur actif ainsi qu’une solide expérience scénique, le groupe n’a eu aucun mal à rallier le public coréen à sa cause au fil d’un set puissant et maitrisé.
Grandma's Ashes se produit sur la scène du Musinsa Garage, à Séoul, le 17 octobre 2025. © Antoine Sabrasès
« Beaucoup de Coréens et de Coréennes sont venus nous parler après le concert », se réjouit Edith, la batteuse de Grandma’s Ashes, qui comme ses acolytes découvre la Corée pour la première fois. « En tant que groupe de rock occidental, quand on va dans un pays étranger, on reste parfois entre nous et on ne parle pas trop aux locaux. Là, on a l’impression de vivre des échanges et de se faire des amis et c’est vraiment très très cool ! ». Myriam, dont les riffs de guitare ont fait trembler les murs, abonde et se dit « super honorée de faire partie de cette programmation et contente de voir cette énorme diversité ce soir au Zandari ».
La même énergie communicative émane de la Montpelliéraine Maïcee qui s’empare ensuite de la scène pour faire danser le public sur des morceaux mêlant électro-pop et rap. Tout comme les membres de Grandma’s Ashes, elle s’émerveille de l’accueil du public : « ils m’ont fait des cœurs, ils ont dansé ils chantaient avec moi les paroles alors que c’est de l’anglais. » Fan de K-pop dans son enfance, c’est du côté du rap old school américain et de la grime londonienne qu’elle a puisé son inspiration pour confectionner son premier EP
i think my brain is weirD ( 2023) et sa mixtape
Been High Lately (2024).
Aujourd’hui, Maïcee souhaite profiter de son séjour à Séoul, « une ville incroyable », pour découvrir plus en profondeur la scène artistique locale. « J’ai une forme d’admiration et de respect pour la culture coréenne, je reste trois semaines donc je vais avoir le temps de bien m’imprégner, ça va être très inspirant, c’est une culture qui me fascine énormément. J’ai grandi avec les K-dramas, la K-pop… donc c’est un pays avec lequel je me sens proche », confie-t-elle.
Maïcee se produit sur la scène du Musinsa Garage, à Séoul, le 17 octobre 2025. © Antoine Sabrasès
Parmi les professionnels de l’industrie musicale invités ce soir, on compte Pierre Pauly, directeur artistique des Francofolies, venu au Zandari pour « découvrir des artistes de toute l’Asie ». « Je trouve que la programmation de ce festival est très pertinente. J’ai vraiment écouté tous les groupes avant d’arriver ici. J’ai fait ma sélection et pour faire pas mal de festival de ce type là je trouve qu’ils ont bons goûts » salue-t-il. « Je suis un peu en panique parce que je ne sais pas si je vais réussir à tout voir ! »
Selon lui, c’est un « bon choix stratégique » de mettre à l’honneur deux artistes électro – Maïcee et Romane Santarelli – lors de la French Night car il s’agit « d’un des marqueurs de la culture française dans le monde » et cela peut « amener les Coréens à mieux comprendre, à mieux appréhender la production (du pays) ». Après sa visite et « l’agréable surprise » qu’il a eu en découvrant la scène indépendante coréenne, des artistes Coréens pourraient bien faire leurs premiers pas dans l’Hexagone… « Je programme les Francofolies mais je programme aussi d’autres festivals de métal, d’électro, etc… et je découvre qu’en Corée c’est vraiment hyper dense. »
Il est 21h30 quand Romane Santarelli, figure de l’électro français, monte sur scène pour clore cette French Night devant un public chauffé à blanc. You-gyeong, une spectatrice de 34 ans, a été immédiatement séduite par sa techno tantôt brute tantôt planante. « En tant que fan de musique électronique et musicienne débutante dans ce domaine, je peux vraiment apprendre beaucoup de la diversité et du dynamisme d’artistes comme Maïcee ou Romane Santarelli, j’espère que davantage de musiciens français vont venir se produire ici ! »
Romane Santarelli se produit sur la scène du Musinsa Garage, à Séoul, le 17 octobre 2025. © Antoine Sabrasès
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