La collection 2014 de Choi Bum Suk a été présentée au public au cours de la Fashion Week de New-York en février dernier (photo publiée avec l’aimable autorisation de G.I. Holdings).
Choi Bum Suk a présenté lui-même sa collection 2014 de Choi Bum Suk lors de la Fashion Week de New-York en février dernier (photo publiée avec l’aimable autorisation de G.I. Holdings).
- Cette saison, votre collection présentée à New York était inspirée par le soleil couchant et les gratte-ciels de Mahattan et vous l’avez intitulée «Architecture». D’où vous viennent vos idées quand vous créez vos modèles?![]()
Choi Bum Suk, PDG et Directeur Créatif de General Idea (Photo publiée avec l’aimable autorisation de G.I. Holdings).
Tout m’inspire. Il peut s’agir de cinéma, de musique, de livre, d’une exposition ou d’une discussion entre amis, mais ces jours-ci, j’évite de me mettre au travail juste après avoir eu une idée. Quand un sujet m’inspire, je réfléchis beaucoup pour que le projet murisse et je dessine des croquis dans un carnet avant de m’atteler à toute nouvelle collection.
Je commence à travailler chaque nouvelle collection en partant de trois thèmes. Après cela, je crée mes nouveaux modèles en laissant la place à la plus grande marge d’évolution possible. Pour la collection Automne / Hiver de cette année, je souviens m’être demandé, le 6 septembre dernier pour être précis, ce que je ferais à New York le 6 septembre 2018. Je me promenais à New York à ce moment-là en compagnie d’un ami. C’est alors que j’ai remarqué ces immenses immeubles, nimbés de la lumière du soleil couchant de Manhattan. Mon ami, qui était aussi photographe, m’a alors dit «je vais faire une série de photos de cet instant précis». Et c’est ainsi qu’il m’a envoyé, tous les jours à 19 heures, les photos qu’il avait prises un peu partout à New York. J’ai travaillé sur ces clichés pour créer ma collection et j’ai reçu un accueil des plus chaleureux à New York.
- Pourquoi êtes-vous devenu styliste? Qui est votre référence?
Je vendais des vêtements dans la rue au départ, mais je me suis aperçu que les gens aimaient les vêtements que je choisissais et ça marchait vraiment très bien. J’ai compris qu’ils suivaient mes conseils et je revendais ces vêtements à des prix bien plus intéressants. C’est ainsi que j’ai commencé à dessiner mes propres vêtements. Les gens ont adoré mes modèles et les ont achetés. C’est pourquoi j’ai décidé de concevoir plus de vêtements. J’ai observé de nombreux créateurs de mode et je me suis mis au défi de devenir styliste. Puis, j’ai été le plus jeune couturier à faire ses débuts à la Fashion Week de Séoul.
Mon modèle est Helmut Lang qui n’est plus en activité aujourd’hui. J’aime la simplicité de ses créations et son parcours, car il n’est pas non plus diplômé d’une école de mode, comme moi, mais il a toujours le pouvoir de changer le monde. Il est vraiment ma référence.
- Comment avez-vous su dépasser vos lacunes sur le plan de la formation et de l’expérience professionnelle pour vous imposer comme un styliste des plus prometteurs?
Je suis passé sous la férule de mes pairs, et j’ai vécu des moments difficiles, mais je suis resté optimiste et je n’ai pas perdu confiance. J’ai surmonté les épreuves parce que j’étais sûr de réussir. Je savais que je pouvais y arriver, puisque mes créations avaient su rivaliser avec les modèles d’autres stylistes, même si je n’ai pas de diplôme ou d’expérience professionnelle. Je pense que c’est cette complexité qui a fait de moi ce que je suis.
- Qu’est-ce qui vous a incité à vous lancer sur les marchés internationaux au lieu de vous concentrer sur votre ligne de vêtements à Hongdae ou Dongdaemun? Comment avez-vous réussi à percer sur la scène internationale?
J’ai toujours pensé que je devais voir plus grand, qu’il me fallait aspirer au meilleur. Si j’étais simplement satisfait du marché de Dongdaemun, j’aurais certainement gagné beaucoup d’argent mais je n’aurais jamais pu prouver de quoi j’étais capable en tant que styliste. Je n’aurais pas non plus cherché à être plus fort que je ne le suis aujourd’hui. Je pouvais faire feu de tout bois, mais ce n’est jamais facile de développer ses compétences.
Je n’ai pas vraiment les mots pour décrire les difficultés auxquelles j’ai été confronté quand j’ai décidé de partir à la conquête du marché international. Ma vie n’a jamais été simple et j’ai traversé des moments particulièrement durs, mais j’ai persévéré parce que je croyais en ma bonne étoile et je n’ai jamais cessé d’aller de l’avant.
- Pourriez-vous nous parler de la collection qui est, à vos yeux, la plus mémorable?
Chaque collection est inoubliable, mais si j’avais à choisir, ce serait ma première collection pour Séoul. C’était la première fois qu’un vendeur de Dongdaemun accomplissait son rêve et qu’il devenait styliste. Je me rappelle encore de cet instant, avec les flashs des appareils photos et les acclamations quand je suis apparu sur le podium pour le final du défilé. C’était un moment de pure jouissance.
- Pourriez-vous nous expliquer ce que vous recherchez dans un bon modèle?
Avec ma marque General Idea, je privilégie les modèles unisexes dans un esprit sport avec une touche de modernité. A New York, les critiques de mode avaient apprécié les nouvelles textures et les dominantes de couleurs de General Idea. Un nouvel anglicisme a même fait son apparition il n’y pas pas longtemps : “General Idea-like” (NDLT : comme ou du style General Idea). J’ai été heureux de l’apprendre. Ca m’a fait plaisir de savoir qu’ils utilisaient cette expression pour décrire le nouveau jeu de matières que l’on retrouve dans toutes mes collections.
- A quoi aspirez-vous le plus, en tant que styliste et PDG?
Pour ma part, j’espère compter parmi les stylistes de renommée internationale et faire de ma ligne de vêtements l’une des plus grandes marques au monde. J’aurais beaucoup d’obstacles à surmonter et je traverserai de rudes épreuves, comme ce fut le cas par le passé. Mais je continuerai à rêver et à espérer voir mes rêves se concrétiser, comme toujours.