Entretiens

18.12.2014

Director John Linton of the International Health Care Center at Severance Hospital smiles in his office. He is in charge of the center which provides medical service to international patients.

Le Dr John Linton dirige la clinique internationale de l'hôpital Severance (International Health Care Center), un établissement spécialement destiné aux patients étrangers.



C'est un médecin aux yeux bleus mais dont la langue maternelle est un coréen teinté par l'accent distinctif de la province du Jeolla-do. Son nom est John Linton et il est le directeur de la clinique internationale (International Health Care Center) de l'hôpital Severance qui fait partie de l'école de médecine de l'université Yonsei, à Séoul.

 

À première vue, Yohan, comme on l'appelle en coréen, paraît semblable à tout autre résident étranger en Corée. Mais au fond de lui, c'est un Coréen au grand cœur et qui aime ce pays plus que quiconque. Un sentiment enraciné dans l'histoire familiale, ses ancêtres vivant en Corée depuis plus de 100 ans.


The above photo shows Eugene Bell (1868-1925), holding a child in the front row, and Horace Newton Allen (1858-1932), center in the second row. The two U.S. missionaries were in charge of the missionary works in the northern and southern parts of Korea in the late 18th century on behalf of the Northern and Southern Presbyterian Church. (photo courtesy of John Linton)

Cette photo montre Eugène Bell (1868-1925), assis au premier plan à gauche et Horace Newton Allen (1858-1932), debout au centre. Les deux missionnaires américains étaient en charge des œuvres de l'Église presbytérienne du Nord et du Sud pour les parties nord et sud de la Corée, à la fin du XVIIIe siècle . (Photo aimablement fournie par John Linton)


John Linton's parents. (Left) Lois Linton, whose Korean name is In Aeja, and Hugh Linton, also known as In Hyu in Korean. John Linton is their sixth child. (photo courtesy of John Linton)

Les parents du Dr John Linton. Lois Linton (dont le nom coréen est In Aeja) et Hugh Linton (In Hyu). John Linton est leur sixième enfant. (Photo aimablement fournie par John Linton)


Les ancêtres de Linton ont forgé une relation profonde avec la Corée sur quatre générations couvrant 119 années. Son arrière grand-père maternel, Eugène Bell (1868-1925), était un missionnaire qui œuvré dans la région sud de la Corée, y compris le Jeolla-do, à partir de 1895, date de son arrivée en Corée. Plus tard, le grand-père du Dr John Linton, William Linton épousa la fille d'Eugène Bell. Les descendants des familles Bell et Linton ont poursuivi leur travail de missionnaires en Corée, bâtissant des établissements d'enseignement tels que l'université de Daejeon ou l'université théologique et séminaire d'Honam ainsi que des centres médicaux, en soignant notamment les personnes souffrant de la tuberculose ou la maladie de Hansen et en prenant soin de tout voisin qui se trouvait dans le besoin. Ils ont connu et subi toutes les affres de l'histoire récente de la Corée, comme la pauvreté, la colonisation japonaise et la guerre, tout comme les Coréens.


The cover of John Linton’s autobiography, 'My Hometown is Jeolla-do, My Soul is Korean,' (2006).

La couverture de l'autobiographie de John Linton intitulée "Mon pays natal est le Jeolla-do, mon âme est coréenne" (2006).


L'amour que le Dr Linton porte à la Corée transparaît dans le titre de son autobiographie publiée en 2006 : "Mon pays natal est le Jeolla-do, mon âme est coréenne". Dans le livre, il confie : "Les Coréens sont des gens optimistes qui essaient de vivre une vie joyeuse et  heureuse, même s'ils passent par des moments difficiles. Je suis fier que ce caractère coréen coule dans mes veines. Quatre-vingt pourcent de mes jeunes années, j'ai grandi dans le lien affectif et chaleureux du "Jeong", que les Coréens ressentent de toutes parts".

 

Quant à savoir pourquoi il a choisi de devenir médecin, il explique "Sur une route que peu de gens empruntent, je voulais m'efforcer d'aider les autres qui se trouvaient des situations difficiles avec mon talent et mes compétences. C'est mon destin, en tant que fils de missionnaires, et c'est une façon de rendre l'amour que j'ai reçu des Coréens".

 

Avec son frère Stephen Linton et d'autres descendants d'Eugene Bell, John Linton a créé la Fondation Eugène Bell aux États-Unis en 1995, et en Corée en 2000, pour apporter de l'aide humanitaire à la Corée du Nord. En novembre dernier, la Fondation Eugène Bell s'est rendue en Corée du Nord pour une visite d'environ trois semaines et elle a convenu avec les autorités nord-coréennes de la construction de trois bâtiments hospitaliers à Pyongyang en 2015 pour traiter les patients atteints de tuberculose. Jusqu'ici, le Dr John Linton s'est rendu 29 fois en Corée du Nord et il plaide pour l'aide humanitaire envers le Nord. Plus tôt au mois de décembre, il a été décoré de l'Ordre du mérite des droits de l'Homme de la République de Corée pour sa contribution à la protection des droits de l'homme, à l'occasion du 66e anniversaire de la déclaration mondiale des droits de l'homme.


John Linton (right) receives the Order of Service Merit of Human Rights Award of the Republic of Korea from Chairperson Hyun Byung-chul of the National Human Rights Commission of Korea on December 10. (photo: Yonhap News)

Le Dr John Linton (à droite) recevant l'Ordre du mérite des droits de l'homme de la République de Corée remis par le président de la Commission nationale des droits de l'Homme en Corée, Hyun Byung-chul, le 10 décembre 2014. (Photo : Agence Yonhap News)



John Linton smiles while recalling the childhood he spent in his hometown of Suncheon in Jeollanam-do (South Jeolla Province). He cherishes his memories of Suncheon.

John Linton sourit en se remémorant son enfance passée dans sa ville natale de Suncheon dans la province du Jeolla du Sud. Ces souvenirs de Suncheon lui sont très précieux.


Korea.net a rencontré le Dr John Linton pour en apprendre davantage sur l'histoire de sa vie, sa vision de l'aide humanitaire à la Corée du Nord et ses activités sociales.


  - Vous parlez couramment coréen en utilisant le dialecte local de la région du Jeolla, que les jeunes Coréens pourraient trouver difficile à comprendre. En tant que Coréen, que représente pour vous la province du Jeolla-do ?

Tout a commencé il y a 119 années quand le missionnaire Eugène Bell a débarqué en Corée au port de Jemulpo. Depuis, quatre générations de ma famille ont forgé une relation profonde avec ce pays. A la fin de l'époque Joseon (1392-1910), des missionnaires américains des églises presbytériennes du Nord et du Sud ont mené des activités missionnaires dans les parties nord et sud de la Corée. Ma grand-mère, qui est née à Mokpo, dans le Jeolla du Sud, avait une très forte affection pour la région. Et je suis né à Suncheon. Pour moi, Suncheon est le centre de mon univers.

 

- Vos ancêtres ont subi toutes sortes de difficultés sur péninsule coréenne où les habitants pouvaient à peine se maintenir en vie en avec une nourriture misérable et grossière. Certains sont décédés en raison des épidémies et des maladies infectieuses. Selon vous qu'est-ce qui les a poussé à supporter de telles difficultés pendant plus d'un siècle ?

Je crois que la province du Jeolla nous acceptés. Les gens nous ont tous traités de la même façon. Effectivement, il a été extrêmement difficile pour mes ancêtres de vivre dans le pays quand ils arrivés ici en raison de l'environnement dénué, du manque de fournitures et des maladies endémiques locales. Mon arrière grand-mère mourut jeune, dans sa trentaine, à cause d'une maladie endémique.

En 2009, lorsque j'ai assisté à une assemblée à l'Aeyangwon, qui est une église, un hôpital et un centre de réadaptation pour les personnes souffrant de la maladie de Hansen, à Yeosu, des patients m'ont exprimé leur gratitude. Je leur ai dit : "Je vous remercie de nous avoir ouvert vos cœurs pour que nous puissions vous aider". En fait, je dois beaucoup à la Corée. Je tiens aussi énormément à ma carte d'identité coréenne que j'ai obtenue, il y a quelques années, grâce à une autorisation gouvernementale en tant que citoyen naturalisé spécial.

 

- Des controverses ont jailli au sujet des installations de récupération pour les missionnaires sur la montagne Jirisan, il y a quelques années. Est-ce que cela vous a fait vous sentir désolé pour la société coréenne ou en colère contre elle ?

C'était la seule fois que je me suis senti blessé et déçu par la Corée. Certaines personnes nous ont critiqués pour avoir abîmé la nature, mais il n'y a eu aucun dommage.

Ces installations ont été utilisées par les missionnaires dans le début des années 1900. Ils y ont vécu de juin à septembre quand maladies endémiques étaient rampantes. Ils ont logé au sommet Nogodan, sur la montagne, isolés des virus et les épidémies, pour enseigner la langue coréenne aux étrangers et traduire la Bible en coréen pour leurs activités missionnaires. William D. Reynonds, Jr. (1867 - 1951), un missionnaire et linguiste, a traduit la Bible en coréen commun et il a établi le système grammatical de la langue coréenne.

J'étais vraiment triste et blessé et j'aurais pu partir sur une île déserte mais je ne voulais pas quitter les Coréens. Alors j'ai pensé partir à l'étranger, où vivent de nombreux Coréens, mais je ne voulais pas quitter la Corée.

 

- Quel sont les forces et les faiblesses de la Corée et des Coréens, selon vous ? Et quels sont leurs problèmes ?

Les Coréens sont forts face aux difficultés. J'apprécie énormément leur capacité à gérer les crises. D'un autre côté, cependant, ils essaient de résoudre les problèmes dans la "25e heure". Quand une crise survient, ils préfèrent ne pas la résoudre immédiatement. Ils ont aussi tendance à aborder les problèmes à la dernière minute et d'une manière dramatique. C'est une caractéristique très intéressante.

Ils recherchent aussi à la fois les valeurs occidentales qui poussent à se faire remarquer individuellement et celle de l'Orient qui mettent l'accent sur un sentiment d'appartenance dans le cadre d'un groupe. Ils sont très enthousiastes pour tout réussir en prenant les choses en main.


Linton says both Koreas need to change, in terms of the inter-Korea relationship. He emphasizes that the South needs to open its heart first, as the South is better off than the North.

Pour le Dr Linton, les deux Corées besoin d'évoluer en matière de relation intercoréennes. Il souligne que le Sud a besoin d'ouvrir son cœur le premier, car il est dans une meilleure situation que le Nord.



- En dehors de la médecine, vous êtes actif dans le domaine des relations intercoréennes et sur d'autres questions sociales. Votre intérêt et votre engagement pour ces liens entre les deux Corée sont plus forts que ceux de n'importe d'autre en Corée. Selon vous, idéalement, comment pourrait évoluer la situation pour les autorités et les peuples des deux Corées ?

L'unification est inévitable. Je crois que les deux Corées doivent être unifiée pour retrouver le vrai sens de la "péninsule coréenne". Pour cela, les deux parties doivent évoluer, mais j'espère que le Sud puisse changer en premier, car il est mieux loti que le Nord.

Je crois aussi que nous devons traiter avec plus de chaleur les Coréens de Chine et les transfuges nord-coréens. Pendant le mandat du président Roh Moo-hyun, je lui ai proposé que le pays accepte ces Coréens de Chine en leur offrant des permis de travail et une assurance médicale, parce que leur bonne impression de la Corée du Sud et leur expérience réussie parviendrait à leurs familles et à leurs proches au Nord. On dit que les mauvaises nouvelles vont vite, mais les bonnes nouvelles voyagent encore plus vite. C'est comme pour attraper un papillon. Si vous essayez de le capturer, il ne se laissera jamais prendre. En revanche, il va se poser seul sur votre épaule quand vous vous y attendrez le moins. De même, ces bonnes expériences et bonnes impressions de la Corée du Sud gagneront naturellement tout le Nord. De fait, les procédures d'immigration pour les Coréen de Chine ont récemment été assouplies. Lorsque la Corée du Sud les acceptera chaleureusement et quand ils pourront le sentir, leurs louanges vont se répandre et cela annoncera que "le temps de l'unification se rapproche".

 

- Certaines personnes parmi les conservateurs critiquent l'aide apportée à la Corée du Nord qu'ils qualifient de "gaspillage". Quel est pour vous le plus grand intérêt à fournir une aide humanitaire au Nord ?

Tout d'abord, le terme de "gaspillage" n'est pas correct. Ce n'est jamais "gaspillé". Le montant de l'aide que nous fournissons au Nord est inférieure à un soixantième de ce que l'Allemagne de l'Ouest a apporté à son voisin de l'Est.

En Corée du Sud, il y a environ 120 tonnes de riz empilés dans les réserves et les gens envisagent de les utiliser pour nourrir les animaux. Au Nord, les gens meurent de faim. Je crois que mourir de faim est un vice et une violation des droits humains. Personnellement, je souhaite que nous puissions envoyer la moitié de ce riz, disons 60 tonnes, dans le Nord. Pourquoi ne pas leur envoyer sur une grande échelle ?

Il y a six ou sept ans, quand nous avons apporté de l'aide humanitaire à grande échelle en Corée du Nord, je m'y suis rendu avec quatre ambulances et des fournitures médicales d'une valeur de 2 milliards de wons. Je me sentais triomphant en partant pour le Nord. Cependant, lorsque j'ai livré les fournitures médicales aux hôpitaux dans quatre villes - Pyongyang, Wonsan, Hamheung et Cheongjin - je me suis senti petit et mon cœur est devenu lourd. Il y a environ 250 hôpitaux dans les comtés de la Corée du Nord et plus de 60 établissements de réadaptation pour patients atteints de tuberculose. Ce que j'avais apporté était trop peu pour leurs besoins.

Sur une plage, plus tard ce jour-là, j'ai attrapé une poignée de sable et j'ai dit à mon guide nord-coréen : "Ce que j'ai fait pour vous, ce n'est pas plus que cette poignée de sable". J'ai pleuré et le guide m'a réconforté.

Il faut penser à ce qui se passera après l'unification. La plupart des Sud-Coréens sont dans une bien meilleure situation. Penser à ce que les Nord-Coréens ressentent quand ils viennent au Sud et nous voient. Je crois que nous devons les aider avant qu'il ne soit trop tard.

 

- Vous avez dit dans votre livre : "Quatre-vingt pourcent de mes jeunes années, j'ai grandi dans le lien affectif et chaleureux du "Jeong", que les Coréens ressentent de toutes parts". Quels souvenirs de ce sentiment bienveillant typiquement coréen pouvez-vous nous rapporter ?

Quand j'étais adolescent, j'ai suivi les cours de l'École catholique internationale de Taejon. Dans le dortoir, j'ai rencontré Choi Gi-ho, qui était mon aîné d'un an. Un samedi, je suis allé dans sa chambre pour lui emprunter une tenue avant de sortir. Il n'était pas là, mais j'ai trouvé un très joli costume. Je l'ai enfilé et j'ai même pris ses chaussures puis je suis sorti. J'ai passé de bons moments et j'ai réalisé plus tard que je ne lui avais même pas laissé un petit mot disant que j'avais emprunté ses vêtements et ses chaussures. Je me suis inquiété en pensant qu'il serait très en colère contre moi. Mais quand je suis retourné à sa chambre, il m'a souri et ne s'est pas du tout fâché. J'ai senti alors quelle amitié et affection il me témoignait. Il s'est peut-être dit "Maintenant que tu as mis mes vêtement, profites-en". J'ai alors réalisé que c'était ça, le "Jeong".


Looking back on his childhood, Linton emphasizes that Koreans need to regain the, 'morals of an <i>ondol bang</i>,' the moral values which he learnt from his seniors inside the underfloor-heated room of a traditional Korean home.

En se penchant sur son enfance, le Dr Linton souligne que les Coréens ont besoin de retrouver la "morale de l'ondol bang", c'est-à-dire les valeurs morales qu'il a lui-même appris de ses aînés à la maison, dans la pièce (bang) chauffée par le sol (ondol) d'une maison traditionnelle coréenne.



- Vous avez souligné les "valeurs morales du ondol bang" quand vous avez récemment reçu l'Ordre du Mérite des droits de l'homme. Comment votre enfance a-t-elle pu être celle d'un petit Coréen alors que votre apparence était différente ?

Étant le plus jeune de six enfants, j'ai appris la sagesse, la connaissance et la moralité de mes aînés dans une "ondol bang" [pièce de la maison traditionnelle coréenne chauffée par le sol - NdT]. La leçon la plus importante qu'ils m'ont transmise portait sur comment une personne doit se comporter. Ils m'ont dit que les erreurs des autres ne pouvaient pas justifier mon mauvais comportement. Je crois que ce type de leçon est encore important aujourd'hui.

 

- Est-ce qu'il y a quelqu'un qui vous a fortement influencé dans votre vie ? Qui est votre modèle, si vous en avez un ?

C'est le Révérend Son Yangwon (1902-1950). Il a refusé une offre lui proposant de devenir directeur d'une école formulée par Kim Gu (1876-1949), le dernier président du gouvernement provisoire de la République de Corée. Il n'a pas quitté l'église Aeyangwon et l'hôpital pour se mettre à l'abri pendant la guerre de Corée (1950-1953). Il est resté pour protéger les patients lépreux. Il a perdu deux fils tués par les forces communistes, mais a adopté l'homme qui les a tué comme son fils. Il a ensuite été abattu. Pour moi, le révérend Son est le deuxième plus grand humain après Jésus-Christ. Il est mon mentor et le miroir de mon âme.

 

- Y a-t-il un souhait que vous souhaitez réaliser dans votre vie ?

Quand j'aurais 65 ans, je veux retourner dans ma ville natale de Suncheon pour y passer le reste de mon existence. Suncheon est une si belle ville. Même le Heugseon Daewongun (1820-1898), le père du roi puis empereur Gojong (règne de 1863 à 1907), a fait l'éloge de sa beauté quand il a écrit, " 不如 ," ce qui signifie, "Il n'y a pas de meilleur endroit que Suncheon". Suncheon un endroit aussi exceptionnel que cela. Lorsque je prendrai ma retraite, je tiens à revenir dans ma ville natale.

 

- Qu'est-ce que la Corée signifie pour vous ?

Je voudrais tout résumer par le seul mot "Jeong". Il a un sens beaucoup plus large et plus profond que ce que le monde occidental appelle simplement "amour, ou que "l'amour mondain" entre un homme et une femme. Le "Jeong" couvre les faiblesses des autres et met en évidence leurs points forts. Il fait coexister les gens. Pour moi, la Corée, c'est le "Jeong" même.


Pour obtenir davantage d'informations sur l'aide humanitaire de la Fondation Eugène Bell en Corée du Nord, veuillez visiter le site web de la fondation : https://www.eugenebell.org.

 

Rédaction : Yoon Sojung (arete@korea.kr) & Lee Seung-ah (slee27@korea.kr) pour Korea.net
Photos : Jeon Han (hanjeon@korea.kr)
Version française : Bruno Caietti