Entretiens

08.04.2015

Bien des gens s'interrogent sur leur identité personnelle. Où sont nés nos ancêtres ? Comment, au fil des générations, nous ont-ils légué notre aspect physique actuel ? Il y a seulement quelques années, les réponses à ces questions relevaient presque de l'imaginaire de chacun.

Dans le cas des Coréens, on pensait que des tribus mongoles et d'autres groupes venus du nord s'étaient dirigés vers le sud jusqu'à la péninsule de Corée, en traversant la Sibérie et la Mandchourie. Mais cette hypothèse généralement admise a été contredite lorsqu'un universitaire spécialisé dans les arts a commencé à examiner les visages des Coréens. Il s'agit de Cho Yong-jin, expert de l'étude faciale du Korea Face Institute (Institut des visages de Corée).

Son parcours est atypique car, à l'origine, il est peintre spécialisé en anatomie et illustrations anatomiques. Après avoir décroché l'équivalent d'une licence et d'un master en peinture orientale à l'université Hongik, M. Cho a enseigné l'art dans plusieurs établissements, notamment l'université nationale de pédagogie de Séoul. Il a ensuite décidé de quitter son poste de professeur pour se concentrer sur ses recherches relatives aux visages humains. Pendant près de 50 ans, il a réalisé des autopsies sur des corps humains et des animaux, ce qui lui a permis d'examiner les caractéristiques de nombreux êtres vivants.

평생을 한국인의 얼굴연구에 몰두하고 있는 조용진 한국얼굴연구소 소장. 한국화가이면서도 해부학을 전공한 그의 경험은 역사학, 고고학, 의학 등 여러 분야로 접목되고 있다.

Cho Yong-jin, du Korea Face Institute (Institut des visages de Corée), consacre sa vie à l'étude des visages des habitants de son pays. Il est peintre spécialisé en anatomie et dessins anatomiques, mais son expérience englobe de nombreux autres domaines, comme l'histoire, l'anthropologie et la médecine.



Selon M. Cho, les Coréens d'aujourd'hui ont des ancêtres originaires du nord, mais aussi du sud. D’après son analyse des caractéristiques faciales, environ 20 % des Coréens présentent des traits les reliant à des ancêtres méridionaux, tandis que 80 % ont hérité de la physionomie de leurs aïeux septentrionaux. M. Cho déclare que les ancêtres du sud ont légué à leurs descendants des sourcils plus denses, des doubles paupières, un nez court et large, des lèvres et des cheveux épais, une pilosité faciale fournie chez les hommes, une mâchoire carrée et la peau sombre. Il affirme en revanche que l'origine nordique se traduit par des sourcils plus fins, un nez plus long et proéminent, l'absence de doubles paupières, des petits yeux et des lèvres minces. Et d'ajouter : “Les groupes de population du sud ont migré vers le nord de l'Asie avant l'âge glaciaire, tandis que ceux venus du nord sont arrivés progressivement, en provenance d'Afrique. Sur leur chemin, il y a environ 25 000 ans, ils ont trouvé des glaciers autour du lac Baïkal, qui les ont retenus pendant de nombreuses années. C'est seulement à la fin de l'âge glaciaire qu'ils ont pu affluer en Asie du nord. Les premiers humains de la péninsule coréenne venaient du sud".

En nous aidant à assembler les pièces d'un puzzle éparpillé, ces remarques nous permettent d'appréhender les origines de l'humanité. Puisque les visages du passé reflètent les migrations humaines à l'échelle mondiale, ils nous aident à prévoir à quoi pourront ressembler les visages du futur. L'équipe de Korea.net s'est récemment entretenue avec M. Cho, qui a consacré toute sa vie à l'étude du visage humain. Il a partagé avec nous son expérience dans ce domaine.

연구소에서 뇌의 구조를 설명하고 있는 조용진 소장.

M. Cho (à droite) explique à un étudiant la structure du cerveau humain.



- Pouvez-vous nous expliquer pourquoi vous avez quitté votre emploi stable de professeur dans une université d'État pour vous concentrer sur ces recherches ?
Je commençais à vieillir, et il n'était pas facile pour moi de continuer à enseigner. Je devais trouver le juste équilibre entre travail et vie privée. Mes recherches me prenaient beaucoup de temps. J'ai choisi de saisir l'occasion, car les domaines de recherche sont très nombreux, mais les capacités physiques et vitales sont limitées.

- Qu'est-ce qui vous a incité à vous concentrer sur l'étude du visage humain ?
En troisième année d'école primaire, j'ai fait la connaissance d'une jeune femme professeur. Nommé à la tête du bureau du village, son père est arrivé à Seocheon-eup, dans la province du Chungcheongnam du Sud (Chungcheongnam-do). Elle l'a suivi, est devenue professeur d'école élémentaire, avant d'être l'enseignante de ma classe. Je n'avais pas de frère ni de sœur. Elle m'a beaucoup influencé. Une fois, pendant les vacances, elle m'a amené chez elle et m'a parlé des livres qu'elle lisait, notamment "The Last Leaf" d'O. Henry. Elle m'a dit : “J'espère que tu pourras devenir un artiste, comme Léonard de Vinci, car tu es doué pour les beaux-arts.”

Par chance, l'une des six séries d'encyclopédies de Hagwonsa a été publiée à cette époque. Mon oncle, qui étudiait dans un institut de formation des enseignants, en avait une collection complète. Comme je n'avais pas beaucoup de livres à la maison, j'ai mémorisé presque intégralement cette encyclopédie.

Mon enseignante m'a conseillé d'étudier l'anatomie afin de devenir peintre. Elle m'impressionnait beaucoup et depuis, je rêve de devenir un nouveau Léonard de Vinci. Peu m'importait d'y consacrer 50, voire 500 ans ! En suivant les traces du maître, j'ai fini par me changer en fossile humain âgé de 500 ans. [Rires] J'ai étudié l'anatomie dès l'école intermédiaire et le lycée.

- Il est presque impossible de préciser votre parcours sans expliquer votre passion.
Lorsque j'étudiais à l'université Hongik, le professeur Kim Won, qui était un artiste spécialisé en peinture occidentale, avait un squelette dans son bureau. Il a décidé que j'étais digne de devenir son étudiant. M. Kim était originaire de Pyongyang et avait étudié l'art au Japon, notamment auprès de Nishida Masaaki, qui a créé des dessins anatomiques très artistiques. Cela fait environ 150 ans que le Japon a accepté les peintures artistiques de l'anatomie. J'ai réalisé des peintures d'une planche anatomique quand j'étais étudiant de première année à l'université. Le 16 novembre 1968, j'ai fait le serment suivant : “Les yeux tournés vers la victoire ne regardent jamais sur les côtés.” J'ai fini mes dessins le 6 janvier 1969. Ils ont été publiés sous le nom “Drawings of the Anatomical Chart of Humans” (Dessins de la planche anatomique des êtres humains) lorsque je suis passé en deuxième année. Beaucoup d'étudiants des départements artistiques des universités ont acheté ce livre, car il était très utile.

En 1972, j'ai appris par une annonce dans le Hankook Ilbo que l'école de médecine de l'université catholique de Corée recherchait un assistant dans le département d'anatomie. Ainsi, j'ai eu la chance d'apprendre l'anatomie dans les règles de l'art. En octobre 1972, j'ai participé à une dissection pendant un cours de cette université. Résolu à “consacrer mon corps à la recherche de la vérité” (부신해진, 剖身解眞), j'ai acquis la conviction que l'examen de la structure du corps humain, semblable à un petit univers, était la clé de la connaissance.

C'est un samedi à 10 h, le 23 avril, que j'ai commencé ma première dissection. Je découvrais alors l'anatomie proprement dite. Pendant sept ans, j'ai étudié l'anatomie à l'université. Je me suis intensément concentré sur le corps humain parce que c'est ce qui me plaisait, indépendamment de mes notes. L'étude consiste à apprendre ce que d'autres ont réalisé, tandis que la recherche permet de découvrir des aspects inconnus, que personne n'a encore appréhendés. Je me considère plus comme un chercheur que comme un étudiant.

- En tant qu'étudiant en art, vous avez dû vivre une expérience hors du commun.
Même lorsque je mangeais du poulet, je ne le faisais pas comme tout le monde. J'examinais attentivement chaque os afin de comprendre où étaient attachés les différents muscles. Je me suis d'abord concentré sur l'observation des animaux, puis j'ai commencé à faire de même avec les plantes. Je pensais qu’une explication systématique permettrait de mieux mesurer la forme, le plus précisément possible. Il est possible de mesurer des phénomènes existants. Pour mesurer le visage humain, j'ai créé un dispositif spécial de prise de vue qui utilise les lignes de contour. À cette époque, la méthode de description de l'apparence d'un visage n'avait pas encore été développée. J'ai réfléchi à la façon d'expliquer et communiquer la forme du visage d'une certaine personne à l'aide de mots, afin que d'autres personnes puissent comprendre, même sans voir directement ce visage.

- Par le passé, des théories ont été développées sur les langues altaïques et les origines du peuple coréen. Vos recherches sur les visages nous les présentent sous un jour beaucoup plus concret. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Oui, effectivement. Les ancêtres originaires du sud sont arrivés en Corée il y a environ 12 000 ans. À cette époque, en raison du réchauffement climatique, le niveau de la mer entourant le Sundaland (l'actuelle Indonésie et les régions environnantes) a commencé à s'élever, créant ainsi les grandes îles de la Sonde. Par conséquent, la densité de population a également augmenté. À la recherche d'une vie meilleure, des familles ont quitté le Sundaland et sont arrivées en Corée en longeant les côtes. Jusqu'à il y a environ 10 000 ans, les monts Stanovoï (흥안령 산맥, 外興安嶺) étaient bloqués par les glaces. Cependant, le réchauffement des températures a provoqué un dégel et créé un passage que de nombreuses populations ont emprunté pour se déplacer vers le sud. Il semble que les peuples du nord aient escaladé cette chaîne de montagne au cours de cette migration.

Dans la péninsule coréenne, il existe un fonds génétique de base. Pourtant, différents groupes ont afflué dans la région. En raison de leur faible nombre, les caractéristiques de base n'ont pas été modifiées. Bien sûr, la caractéristique de base de la nation coréenne est justement qu'elle n'est pas racialement homogène.

- Est-ce que les restes humains trouvés à Hwangseong-ni, Jecheon, dans la province du Chungcheong du Nord (Chungcheongbuk-do) n'appartenaient pas à un homme originaire d'Europe ?
Si, j'en suis convaincu. Il semble que cet homme soit arrivé dans la péninsule coréenne en provenance du nord de l'Europe, probablement à la recherche de gibier, il y a environ 2 300 ans. Cela dit, à Jecheon, de nombreuses structures osseuses sont semblables à celle de ce squelette. Ce crâne caractéristique, en forme de patate douce, se retrouve chez beaucoup de personnes ayant vécu dans la région. Le cerveau de cet homme de Hwangseong-ni était celui d'un Européen. Les cerveaux des Asiatiques sont différents de ceux des Européens. Les populations dotées de cerveaux européens vivaient sur les plages des provinces du Jeolla du Sud (Jeollanam-do) et du Gyeongsang du Sud (Gyeongsangnam-do).

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조용진 소장이 대학 1학년 때 그린 인체해부도. “승리를 지향하는 눈은 결코 곁눈질 하지 않는다”는 다짐을 17세 때인 1968년 11월6일 시작, 1969년 1월6일 마쳤다고 적어놓았다.

La photo du haut montre les dessins d'une planche anatomique humaine, réalisés par M. Cho en première année d'université. Sur la seconde photo, on peut voir sa résolution, écrite de sa main, “Les yeux tournés vers la victoire ne regardent jamais sur les côtés”. Il a commencé ses dessins le 6 novembre 1968 et les a terminés le 6 janvier 1969.



- La question peut paraître idiote, mais pourquoi consacrez-vous vos recherches au visage humain ?
Les visages sont l'expression des gènes. Les informations génétiques y sont très visibles. De nombreux aspects sont mis en avant lors de l'étude de l'héritage ethnique ou familial d'une personne. L'apparence d'un visage est déterminée par un très petit nombre de gènes, alors que le cerveau humain est constitué d'environ 20 000 gènes. Les populations originaires du sud ont été les premières à occuper la péninsule coréenne. Les peuples du nord sont arrivés plus tard dans la région. Nos caractéristiques de base proviennent de ces ancêtres méridionaux. Pour simplifier, les visages des Coréens modernes sont apparus au cours de la période du royaume de Silla unifié (de 668 à 935). L'homogénéisation raciale du pays a eu lieu à cette époque. Dans le cas du Japon, les différences sont multipliées par 120 entre les visages des habitants des parties est et ouest. Néanmoins, ces deux régions présentent une très forte homogénéité. L'unification de Silla a constitué la base raciale d'origine des Coréens modernes. De même, selon les linguistes, la forme originelle de notre langue puise ses racines dans le royaume de Silla unifié.

- Est-ce que les gènes coréens portent encore la trace de caractéristiques différentes ?
Oui, ces gènes distincts existent encore. Les ossements humains datés de 6 000 ans qui ont été trouvés sur une petite île, près de la plage de Tongyeong, dans la province du Gyeongsang du Sud, nous rappellent que nous avons tous des origines africaines. L'arrière du crâne était surélevé, comme chez les Africains. On suppose aussi que ces populations avaient la peau plus sombre.

- À l'avenir, prévoyez-vous de grands changements dans l'aspect général du visage des Coréens ?
Les gens se déplacent peu. Les caractéristiques du visage ne sont pas difficiles à comprendre. Aujourd'hui, par exemple, dans le Chungcheong du Sud, environ 68 % des couples sont originaires de cette même province. Et, parmi les couples mariés, il s'agit de la plus faible proportion du pays. En effet, dans le Gyeongsang du Sud ou le Jeolla du Sud, notamment, environ 85 % des couples se forment au sein d'une même province. Le fonds génétique local n'est donc pas appelé à se modifier de façon significative. Les Coréens par naturalisation originaires d'Asie du Sud-Est s'établissent dans de nombreuses régions, mais il s'agit généralement de femmes, dont l'incidence sur le patrimoine génétique est moindre.

- Ne craignez-vous pas que votre méthode de classification vous fasse accuser de racisme ?
Les personnes qui pourraient penser cela ont une vision trop simpliste. En raison de la latéralisation des fonctions cérébrales chez les Coréens, il semble que le côté droit du cerveau puisse entraîner des conclusions hâtives. C'est pourquoi je me méfie beaucoup des préjugés. Je veux dire que c'est une réalité qui existe en Corée, même si elle ne s'applique pas à tous.

조용진 소장이 복원한 한반도 주민 모습. 왼쪽은 충북제천에서 발견된 황석리인. 2천3백년전 북유럽에서 이주한 것으로 추정된다. 가운데는 통영 앞바다의 연대도에서 발견된 남자인골을 복원한 두상. 아프리카인을 연상케 한다. 오른쪽은 서기 2100년에 예상되는 미래형 한국인 남성의 모습.

M. Cho a recréé l'aspect du visage des hommes ayant vécu dans la péninsule coréenne. Le visage de gauche est celui de l'homme trouvé à Hawngseong-ni, Jecheon, dans la province du Chungcheong du Nord (Chungcheongbuk-do). On estime qu'il est arrivé en Corée en provenance du nord de l'Europe il y a environ 2 300 ans. Le visage central est celui d'une personne ayant vécu sur l'île Yeondaedo, au large de la plage de Tongyeong. Ses traits évoquent des origines africaines. Le visage de droite présente la physionomie probable du Coréen du futur, aux environs de l'an 2100.



- Vous voulez donc dire qu'il n'y aura pas de modification majeure des caractéristiques génétiques de base, qui sont déjà fixées ?
La modification de ces caractéristiques nécessiterait un apport massif de nouveaux arrivants représentant environ 12 % de la population totale. Cela semble impossible ici. Pouvez-vous imaginer l'immigration de 10 millions de personnes en Corée ? Par conséquent, l'avenir est très largement prévisible. Chez les Coréens, le côté droit du cerveau entraînera aussi la latéralisation des fonctions cérébrales à l'avenir. Ils seront également un peu plus grands que les Japonais. Les maladies courantes chez les Coréens, telles que le diabète, la tuberculose et l'ostéoporose, continueront d'exister. Nous devrons faire face à l'avenir avec cohérence.

- Les habitudes linguistiques sont-elles liées aux activités cérébrales ?
Les langues d'Asie du Sud-Est comprennent de nombreux sons nasalisés. C'est un avantage de bénéficier de tous les phonèmes, sans que des aspects spécifiques ne prennent le dessus. En chinois mandarin, le son “[g]” n'est pas très fréquent. Les caractéristiques anatomiques sont ancrées dans la prononciation linguistique. Si on ne l'utilise pas, elle se dégrade. Nous devons aussi faire revivre les phonèmes sungyeongeum (순경음, 脣輕音) dans la langue coréenne. Il s'agit d'une série de sons légers formés par les lèvres en coréen ancien. Si nous cessons d'utiliser ces sons, nous arrêterons aussi d'utiliser la partie de notre cerveau qui y est associée, également liée à un comportement méticuleux. Le centre du langage du cerveau n'est pas seulement lié au fait de parler une langue, mais aussi à une façon méticuleuse de penser et d'agir. La langue étant une caractéristique culturelle qui a une incidence sur le cerveau tout au long d'une vie, nous devons approfondir nos recherches relatives à cet aspect de la langue coréenne. Puisque de nombreuses consonnes sont absentes en coréen, l'utilisation de la partie gauche du cerveau est relativement faible.

- Quel est l'objectif ultime de votre recherche relative au visage humain ?
Selon mes recherches, nous devons compenser nos lacunes par l'éducation. Par exemple, les sons longs et courts ont disparu de notre langue, et nous devons les enseigner à nos concitoyens dès que possible. La faible utilisation de la partie gauche du cerveau entraîne l'absence des sons longs et courts, et par conséquent, la multiplication des consonnes dures ou aspirées. Le vocabulaire de la langue s'appauvrit et le nombre d'expressions comparatives et superlatives utilisables s'amenuise également. Le côté droit du cerveau a un cortex mince, ce qui tend à accélérer la prise de décision et les actions. En revanche, le résultat final a tendance à manquer de rigueur. En coréen, l'accent porte souvent sur la première syllabe, et les syllabes suivantes sont ignorées. Habituellement, la gymnastique cérébrale pause donc problème aux locuteurs. Pour maintenir l'équilibre, nous devons stimuler l'utilisation de la partie gauche du cerveau.

Rédaction : Wi Tack-whan (whan23@korea.kr) & Yoon Sojung (arete@korea.kr) pour Korea.net
Photos : Wi Tack-whan
Version française : Bruno Ange