Par Lee Jihye et Jung Joo-ri, vidéo Chaîne YouTube officielle du Ballet de l'Opéra de Paris

En juin dernier, le ballet de l’Opéra national de Paris, vieux de 352 ans, a nommé étoile la danseuse coréenne Sae Eun Park. C'est la première fois qu'un danseur asiatique est étoilé depuis la création de la prestigieuse compagnie de danse classique en 1669. 

Aurélie Dupont, directrice de la danse à l’Opéra national de Paris qui a choisi Park comme étoile, a déclaré dans une interview : « Park est un cas exemplaire parfait avec une personnalité diligente et humble, une technologie et un sens artistique ».

La danseuse Sae Eun Park le 22 juillet pose pour une photo après l'interview avec Korea.net dans le district Songpa de Séoul. ⓒ Kim Sunjoo / Korea.net

Le 22 juillet, Park a accordé une interview à Korea.net dans un café du district Songpa de Séoul. Elle a déclaré : « c'était surréaliste au début, mais comme je reçois beaucoup de félicitations de Corée, j'ai commencé à réaliser que j'avais accompli quelque chose d'incroyable ».

Lorsqu'elle a rejoint la compagnie en tant que poste temporaire après avoir auditionné en 2011, être une étoile n'était pas dans ses considérations. Dix ans plus tard, lorsqu'elle a été nommée étoile, les directeurs et les collègues ont tous dit « Mérité ». Park a déclaré : « le mot que j'ai le plus entendu était "Mérité" et beaucoup ont dit que ce jour aurait dû arriver plus tôt ».

La danseuse Sae Eun Park se produit le 10 juin lors de la première représentation de « Roméo et Juliette » dans la version de Noureev à l’Opéra Bastille. ⓒ Ballet de l'Opéra de Paris

La compagnie du Ballet de l'Opéra de Paris est classée en 5 niveaux : quadrille, coryphée, sujet, premier danseur et étoile. Elle est la seule organisation qui dispose d'un système de promotion parmi les compagnies de ballet du monde entier. Elle est réputée pour la concurrence acharnée qu'elle suscite entre les danseurs, chaque niveau n'étant autorisé qu'à jouer certains rôles et à exécuter certaines danses. Park s'est efforcée de passer l'examen pour le deuxième niveau le plus élevé malgré sa blessure, mais elle a dû subir un effondrement extrême en raison de son échec. Elle a dit qu'elle a pu surmonter les difficultés grâce à son mari qui réside avec elle en France.

Les premiers danseurs sont sélectionnés par des examens d'entrée, mais les étoiles sont choisies par des discussions entre le directeur artistique et le conseil. À la question du journaliste sur les conditions à remplir pour devenir une étoile, Park a répondu : « je voudrais aussi demander à madame la directrice Dupont », ajoutant qu'il n'y a pas de critères précis. « Chaque collègue est excellent, mais j'aurais pu être plus adaptée aux caractéristiques de la directrice et aux styles de danse nécessaires dans les œuvres. »

Les privilèges de l'étoile comprennent un grand vestiaire avec un lit et une douche, ainsi qu'une secrétaire privée. Mais le mérite le plus excitant est la possibilité d'être sur scène pour toutes les pièces qu'elle souhaite. Elle a déclaré : « au cours des dix dernières années, je recevais les nouvelles de casting par le biais d'annonces, mais lorsque je suis devenue étoile, les directeurs m'ont demandé quelle œuvre je souhaitais jouer et avec qui ». Elle a également déclaré : « j'espère pouvoir présenter de bonnes performances avec des œuvres que je peux bien jouer et que j'aimerais jouer ».

La danseuse Sae Eun Park le 10 juin se produit lors de la première représentation de « Roméo et Juliette » dans la version de Noureev à l’Opéra Bastille. ⓒ Ballet de l'Opéra de Paris

Se spécialisant dans le ballet à la Seoul Arts High School et à l'Université nationale des arts de Corée (KARTS), Park a été appelée la « reine des concours », car elle a raflé des trophées dans trois des quatre meilleurs concours de ballet du monde - le USA International Ballet Competition à Jackson, aux États-Unis, le Prix de Lausanne en Suisse et le Concours international de ballet de Varna en Bulgarie - pendant son adolescence. 

En 2018, elle a remporté le titre de meilleure danseuse aux Benois de la Danse, une récompense appelée l'équivalent des Oscars dans le monde du ballet. Elle semble douée, mais ses réalisations n'ont été possibles que grâce à ses efforts. Son surnom est « ppakse », dérivé d'un jeune mot coréen signifiant qu'elle pratique de manière extrêmement intense. En tant qu'étoile, elle s'entraîne toujours neuf heures par jour sans repos. Elle a déclaré : « au début, je n'étais pas douée pour le ballet. Les directeurs me disent que je suis la danseuse qui montre la plus grande progression de ses capacités entre la première et la dernière représentation ».

Park a déclaré que le fait d'être coréenne était un facteur de croissance. Elle a déclaré : « comme les Français ont eu de si bonnes images de la Corée, j'ai pu danser en me sentant fière d'être coréenne ».

« Bien que l'on m'ait suggéré de me faire naturaliser française parce qu'il y a des restrictions pour jouer certaines pièces avec la nationalité coréenne, je n'y ai même pas pensé une seule fois. Je suis fière et reconnaissante d'être coréenne. »

En apprenant que les journalistes honoraires de Korea.net en France la soutiennent, Park a déclaré : « ceux qui apprécient mes efforts et aiment ma danse m'encouragent. Je veux devenir une danseuse plus appréciée du public français ».

« J'apprécie les fans coréens qui ne m'oublient pas et continuent de me soutenir même si je me produis loin de la Corée. Je souhaite les rencontrer lors de mes représentations en Corée l'été prochain », a-t-elle ajouté.

shaadiya1223@korea.kr